Hildegarde de Bingen
Josephine Btnct
Created on January 20, 2022
Carte de la vie d'une mystique du XIIe siècle et de ses relations
Over 30 million people build interactive content in Genially.
Check out what others have designed:
SLYCE DECK
Personalized
LET’S GO TO LONDON!
Personalized
ENERGY KEY ACHIEVEMENTS
Personalized
HUMAN AND SOCIAL DEVELOPMENT KEY
Personalized
CULTURAL HERITAGE AND ART KEY ACHIEVEMENTS
Personalized
DOWNFALLL OF ARAB RULE IN AL-ANDALUS
Personalized
ABOUT THE EEA GRANTS AND NORWAY
Personalized
Transcript
JARDIN
JARDIN
𝄞
En plus d'enseigner le chant et la musique, la religieuse compose plus de soixante-dix chants tout au long de sa vie. Ses compositions sont, selon ses dires, des retranscriptions de la musique céleste qu’elle entend lors de ses visions. De surcroît, elle emploie souvent des métaphores sonores voire musicales pour exprimer ses prophéties. Image : Hildegarde de Bingen, vitrail, abbaye de Sainte Hildegarde d’Eibingen Source : Narthex.fr
✎
Hildegarde est une femme d'influence. Hildegarde est réputée pour son travail d’écrivaine, pour sa vie politique mais aussi pour ses correspondances. On a plus de 344 lettres qui sont connues à ce jour. C’est une icône spirituelle pour ses contemporains, elle est une femme savante qui croise tous les savoirs. Au milieu du XIIe siècle, elle est écoutée par les plus grands de la chrétienté. Elle fait irruption dans les domaines réservés aux hommes, elle peut prêcher la réforme de l’Eglise et elle rappelle à l’ordre papes et empereurs. Elle est engagée en politique et notamment dans la réforme de l’église, c'est pourquoi elle est considérée comme une abbesse ‘combattante’. Listes de ses ouvrages : Scivias (Connais les voies) 1141 - 1151. Le Liber vitae meritorum (Le livre des mérites de la vie) 1158 - 1163. Le Liber divinorum operum (Livre des œuvres divines) 1163 - 1174. Causae et curae (Causes et remèdes). Liber subtilitatum diversarum naturarum creaturarum (Livre des subtilités des créatures divines d’Hildegarde de Bingen). Physica. Symphonia Armonie Celestium Revelationum (Symphonie de l’harmonie céleste révélée). Langua ignota (Langue inconnue). Image : Miniature de Hildegarde de Bingen, vision 3, folio 28, enluminure, Liber divinorum operum codex, vers 1230, Lucques, Bibliothéque d'État. Source : Narthex.fr
Hildegarde est une mystique qui a vécu une vie religieuse dès son enfance. Née en 1098, elle fut, à ses huit ans, offerte au cloître dépendant du monastère de Disibodenberg où elle reçut l’éducation de Jutta von Sponheim. Elle fonde l’abbaye de Rupertsberg en 1150 par envie d’indépendance, de se passer des hommes. Elle souhaite aussi se séparer de ses parents symboliques, l’abbé Kuno, qui ne voulait pas la laisser partir, et Jutta dont elle ne souhaite pas suivre les pratiques de modifications corporelles et de réclusion. En effet, elle ne se définit pas comme recluse car, à l’origine, elle ne l’a pas choisi. “J’ai enduré ces souffrances parce que je n’avais pas révélé la vision qui m’avait été faite, m’intimant de quitter avec mes filles le lieu où j’avais été offerte à Dieu, pour gagner un autre lieu. Je les ai endurées longtemps, jusqu’à ce que j’eusse nommé le lieu dans lequel je me trouve maintenant, et, sur-le-champ, ayant recouvré la vue, je me suis trouvée mieux.“ Elle voyagea notamment en 1160, où elle exerça le droit de prêcher dans les différentes villes de Rhénanie menacées par l’hérésie, notamment à Cologne en 1163. La même année, elle fonde l’abbaye d’Eibingen. Image : Ruines de l’abbaye de Disibodenberg, Odernheim am Glan, Allemagne Source : Wikimedia commons Image : Abbaye de Rupertsberg, Allemagne, vers 1620 Source : Wikimedia commons Image : Abbaye Sainte-Hildegarde d’Eibingen, Allemagne, Source : abtei-st-hildegard.de
En plus d'enseigner le chant et la musique, la religieuse compose plus de soixante-dix chants tout au long de sa vie. Ses compositions sont, selon ses dires, des retranscriptions de la musique céleste qu’elle entend lors de ses visions. De surcroît, elle emploie souvent des métaphores sonores voire musicales pour exprimer ses prophéties. Image : Hildegarde de Bingen, vitrail, abbaye de Sainte Hildegarde d’Eibingen Source : Narthex.fr
Elle est la sainte patronne des médecines douces, elle enseigne même dans ce domaine. Si de son vivant les œuvres naturalistes et médicales ne sont pas aussi populaires que ses visions mystiques, elles sont aujourd’hui reprises et utilisées. Parmi ses différents ouvrages, trois concernent la nature et la santé. Le premier, le Liber subtilitatum diversarum naturarum creaturarum, est un recueil théologique et naturaliste des plantes, maladies et du corps. Le second, appelé Physica est un répertoire sur la faune et la flore associé à leurs aspects thérapeutiques. Enfin, le Causae et curae est un ouvrage répertoriant un grand nombre de remèdes. Elle produit des écrits surprenants sur l’accouchement, le plaisir, le désir qui sont par ailleurs assez inattendus dans le discours d’une religieuse du XIIe siècle. De plus, elle maîtrise la lithothérapie et le pouvoir des plantes. Elle cultive les plantes dans un très grand jardin botanique, et trouve que celles qui proviennent d’Orient sont très bénéfiques, car, pour elle, il s’agit d’une terre de bonne chose. Ses visions lui dictent également les fondements de l’art de soigner. La plupart des monastères bénédictins bénéficient d'une infirmerie ce qui a permis à Hildegarde d’exercer sa médecine douce.
Son travail d’autrice est inséparable de ses visions. Parmi ses écrits, elle fait rédiger le Scivias, le Liber vitae meritorium et le Liber divinorum operum qui sont tous les trois l'expressions de ses visions. La mise à l’écrit de ses expériences mystiques lui est ordonnée par Dieu lui-même dans l’une de ses visions alors qu’elle est âgée de quarante-trois ans. Ses visions commencent dès l’enfance, elle ne les voit pas comme des extases, bien au contraire, elle affirme être présente d'esprit et de corps lors de ces épisodes et elle insiste même sur l’effort physique qu’ils représentent. “Toute angoisse et toute tristesse disparaissent de telle sorte que je me sens comme une jeune fille innocente et non comme une vieille femme” Image : Miniature de Hildegarde de Bingen, vision 5, folio 38, enluminure, Liber divinorum operum codex, vers 1230, Lucques, Bibliothèque d'État. Source : Narthex.fr
Hildegarde est une femme d'influence. Hildegarde est réputée pour son travail d’écrivaine, pour sa vie politique mais aussi pour ses correspondances. On a plus de 344 lettres qui sont connues à ce jour. C’est une icône spirituelle pour ses contemporains, elle est une femme savante qui croise tous les savoirs. Au milieu du XIIe siècle, elle est écoutée par les plus grands de la chrétienté. Elle fait irruption dans les domaine réservé aux hommes, elle peut prêcher la réforme de l’Eglise et elle rappelle à l’ordre papes et empereurs. Elle est engagée en politique et notamment dans la réforme de l’église, c'est pourquoi elle est considérée comme une abbesse ‘combattante’. Listes de ses ouvrages : Scivias (Connais les voies) 1141 - 1151. Le Liber vitae meritorum (Le livre des mérites de la vie) 1158 - 1163. Le Liber divinorum operum (Livre des œuvres divines) 1163 - 1174. Causae et curae (Cause et remèdes). Liber subtilitatum diversarum naturarum creaturarum (Livre des subtilités des créatures divines d’Hildegarde de Bingen). Physica. Symphonia Armonie Celestium Revelationum (Symphonie de l’harmonie céleste révélée). Langua ignota (Langue inconnue). Image : Miniature de Hildegarde de Bingen, vision 3, folio 28, enluminure, Liber divinorum operum codex, vers 1230, Lucques, Bibliothéque d'État. Source : Narthex.fr
Conrad III de Hohenstaufen a été roi d’Italie de 1128 à 1135 et "roi des romains" de 1138 à 1152. Les lettres de Conrad III constituent le premier contact d'Hildegarde avec une autorité temporelle. Il lui écrit car il a appris pour ses visions et sa bienveillance et souhaite en savoir plus mais aussi obtenir des conseils. Image : Miniature de Conrad III d’Allemagne, enluminure, Chronica Regia Colonensis, Bruxelles, Bibliothèque Royale, Ms. 467, fol. 64v Source : Wikimedia Commons
Frédéric Ier de Hohenstaufen, aussi appelé Frédéric Barberousse, est le roi de Germanie, d’Italie et de Bourgogne et possède d’autres titres encore. Il est notamment empereur du Saint-Empire entre 1155 et sa mort, en 1190. Au début de son règne, Hildegarde est invitée dans son palais. Il s’adresse à elle en la nommant “ta sainteté”. Les lettres d’Hildegarde à son attention portent sur la surveillance des mœurs des prélats puis, avec la lutte entre l’Eglise et l’Empire, lors de la querelle des investitures, la correspondance change de ton. La querelle des investitures est un conflit qui voit s’affronter papes et empereurs du Saint-Empire-Romain-Germanique à la fin du XIe siècle et le début du XIIe siècle. La querelle se déclenche dans le contexte de la contre-réforme de l’Eglise, en réaction au protestantisme la papauté désire, entre autres, réformer les mœurs des clercs. Pour cela, l’Eglise veut pouvoir être en charge de la nomination des évêques, fonction jusque-là accordée aux empereurs dans le Saint-Empire, qui eux ne souhaitent pas être dépossédés de ce pouvoir. Image : Miniature de Frédéric, empereur du Saint-Empire en tant que croisé, enluminure, Historia Hierosolymitana, Robert le moine, Bibliothèque du Vatican, vers 1188 Source : Wikimedia Commons
Henri Felix Ier Von Harburg fut archevêque de Mayence de 1142 à 1153. Il a notamment aidé à la fondation du monastère de Bingen. Hildegarde lui écrit, avant de contacter le pape Eugène III, pour lui demander de garder à l'abbaye de Rupertsberg, les deux jeunes moniales, Richardis et sa sœur Adélaïde, qui devait partir sous l’injonction de leur frère, Hartwig. Il est aussi en contact avec l’empereur Conrad III, le pape Eugène III ainsi que l’abbé Clairvaux. Image : Portrait Heinrich I, gravure, Wilhem, 1760 Source : Wikimedia Commons
Christian Ier von Buch fut archevêque de Mayence de 1160 à 1161. Hildegarde fît enterrer une personne dans son monastère et refusa d’exhumer un homme excommunié, ce qui lui fît encourir la désapprobation de Christian Ier. Il jeta alors l’interdit sur le Rupertsberg, ce qui poussa Hildegarde à écrire une longue lettre, comportant une leçon d'orthodoxie et un petit traité sur la musique, qui mènera Christian Ier à lui donner raison et même lui présenter des excuses.
“Rejette l’avarice, choisis l’abstinence, ce que le Roi des rois aime vraiment” "Prends garde que le Souverain Roi ne te renverse à terre par suite de l’aveuglement de tes yeux qui ne voient pas droitement comment tu tiens dans ta main le sceptre de ton règne !" Lettre de Hildegarde à Frédéric Barberousse.
Bernard de Fontaine, abbé de Clairvaux, est né en 1090 et mort en 1153 à l'abbaye de Clairvaux. Sa spiritualité est marquée par la pénitence, il fait subir à son corps des traitements cruels mettant sa santé en danger, ce qui n’est pas en accord avec les principes de Hildegarde de Bingen. Mais comme lui, elle sera très impliquée dans la politique de son temps. En effet, au synode de Trèves en 1148, il obtient, pour elle, la reconnaissance du pape Eugène III qui lui permet de jouir d’une grande autorité pour intervenir dans la vie politique. Il dira d’elle que ses visions sont comme "une lampe pour l’Eglise". Il l’encourage alors à obéir aux injonctions de la voix divine et de recueillir son message. En 1147, ils débutent une correspondance qui mènera à plus de quatre cents lettres que l’on conserve encore aujourd'hui. Image : Portrait de Bernard de Clairvaux dans une lettrine, enluminure, manuscrit de la Légende dorée, vers 1267 - 1276 Source : Wikimedia Commons
Henri II est roi d'Angleterre de 1154 à 1189, il possède aussi les titres de duc de Normandie, comte d'Anjou, du Maine et de Touraine et duc d'Aquitaine, titre qu'il partage avec sa femme Aliénor. On conserve une lettre de Hildegarde à chacun d’eux entre 1154 et 1170. Dans ses lettres nous voyons qu'elle offrait ses conseils et prémonitions même aux plus puissants d’Angleterre. Image : Henri II et Aliénor, détail d’une miniature, manuscrit des Grandes Chroniques de France, vers 1332-1350 Source : British Library
Le pape Adrien IV, de son vrai nom Nicolas Breakspear, devint pape en 1154, à la mort d'Anastase IV et mourut en 1156. Comme les deux papes précédents, il sollicite Hildegarde de Bingen afin de lui adresser des éloges et d’obtenir ses recommandations divines. Elle répond la plupart du temps de manière prophétique et elle met d’ailleurs en garde Adrien IV contre les dangers à venir. Image : Portrait imaginaire d’Adrien IV, mosaïque, Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, milieu XIXe siècle Source : Vatican.va
Le pape Alexandre III, de son vrai nom Rolando Bandinelli, devint pape en 1159, à la mort d'Adrien IV et mourut en 1181. C’est Hildegarde qui décide de le contacter car elle connaît ses difficultés et elle souhaite l'aider. Image : Portrait imaginaire d’Alexandre III, mosaïque, Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, milieu XIXe siècle Source : Vatican.va
Le pape Eugène III, de son vrai nom Bernardo Paganelli di Montemagno, est un disciple de Saint Bernard, moine de Clairvaux. Il fut pape de 1145 à 1153. Il soutiendra Hildegarde dans les premières années de son entreprise littéraire en l'autorisant en 1148 à écrire ses visions. Hildegarde lui écrit afin de garder à l'abbaye de Rupertsberg, les deux jeunes moniales, Richardis et sa sœur Adélaïde, qui devaient partir sous l’injonction de leur frère, Hartwig. Image : Portrait imaginaire d’Eugène III, mosaïque, Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, milieu XIXe siècle Source : Vatican.va
Le pape Anastase IV, de son vrai nom Corrado del Suburra, fut couronné pape en 1153 et mourut en 1154. Il écrivit à Hildegarde après avoir entendu parler de ses visions. La considérant comme receveuse directe de la voix de Dieu, il lui demandera alors des conseils de vie et de piété. Image : Portrait imaginaire d’Anastase IV, mosaïque, Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, milieu XIXe siècle Source : Vatican.va
“C’est pourquoi nous prions encore et nous demandons de façon suppliante que tu fasses mémoire de nous devant Dieu et de tous ceux qui se sont joints à nous en compagnie spirituelle. Nous en effet prions assidûment pour toi, pour que tu sois confortée dans le bien, instruite dans les choses intérieures, et que tu te diriges vers celles qui demeurent” Lettre de Bernard de Clairvaux à Hildegarde. “Moi, malheureuse et plus que malheureuse, en mon nom de femme depuis mon enfance, j’ai vu de grandes merveilles que ma langue ne peut proférer, si ce n’est autant que l’enseigne l’Esprit de Dieu pour la façon dont je puis les dire. Ô Père très sûr et très doux, écoute-moi, ton indigne servante, en ta bonté, moi qui jamais depuis mon enfance n’est vécu en sécurité. Dans ta piété et ta sagesse, comprends en ton âme selon ce que tu auras reçu de l'Esprit saint puisque les choses qui t'ont été dites de moi sont de cette nature : je sais en effet dans leur texte l'intelligence intérieure de ce que nous exposent les psaumes, l'Evangile et autres volumes qui me sont montrés dans cette vision qui touche mon coeur et brûle mon âme comme une flamme, m'instruisant de ce qu'il y a de profond en ces ouvrages” « Je veux, Père, que pour l'amour de Dieu tu aies souvenir de moi dans tes prières. Il y a deux ans, moi, je t'ai vu dans cette vision comme un homme qui regarde le soleil, et cela sans crainte, mais avec beaucoup d'audace, et j'ai pleuré de ce que moi je suis timide et sans audace. Bon et très doux Père, place-moi en ton âme, prie pour moi car j’ai grandes souffrances en cette vision afin que je dise ce que je vois et ce que j’entends” Lettre de Hildegarde à Bernard de Clairvaux.
“Ton esprit est semblable à un mur plongé dans un tourbillon de nuages. Tu regardes tout autour de toi, mais tu ne trouves pas le repos. Fuis cela et reste ferme et stable, avec Dieu comme avec les hommes, et Dieu alors t’aidera dans toutes tes tribulations. Qu’il t’accorde sa bénédiction et son aide dans toutes tes entreprises!” Lettre de Hildegarde à Aliénor
“Suivant ses traces, nous avons tenu à t’écrire car nous désirons recevoir de toi une réponse, car nous recherchons ce que Dieu a fait en toi, bien que nous n’allions qu’en boitant vers les biens auxquels nous soupirons, autant par lassitude de corps que d’esprit” Lettre de Anastase IV à Hildegarde. “O personnage qui es armure éminente et sommet d'autorité de la cité très ormée qui est instituée en Epouse du Christ, écoute celle qui n'a pas commencé à vivre, mais ne se laisse abattre par ce qui lui manque. O homme aveuglé de ta science t'es lassé de réprimer la jactance de l'orgueil chez les hommes qui sont placés sous ta protection, pourquoi ne fais-tu pas revivre les naufragés qui ne peuvent émerger de leurs difficultés s'ils ne reçoivent pas d'aide ? Et pourquoi ne tranches-tu pas la racine du mal qui étouffe les herbes bonnes et utiles, celle qui ont goût de douceur et suave odeur ? Tu négliges la fille du roi, c'est-à-dire la justice, qui est aimée des puissances supérieures et qui t'avait été confiée. Tu permets que cette fille de roi soit jetée à terre, que le diadème et l’ornement de sa tunique soient ravagés par la grossièreté de moeurs étranges de ces hommes qui aboient à la manière des chiens et, à la manière des coqs qui tentent de chanter parfois dans la nuit, émettent l'inepte appel de leur voix. Ceux-là sont des simulateurs qui parlent de paix de façon feinte, mais entre eux grincent des dents dans leur cœur, comme le chien qui salue en remuant la queue les compagnons qu'il connaît, mais mord à belles dents l'honnête soldat qui est utile dans la maison du roi. [...] » « Toi donc, ô homme, puisque tu sembles avoir été constitué pasteur, lève-toi et cours plus vite vers la justice de façon que devant le Médecin suprême tu ne sois fié ta bergerie de sa malpropreté et ne l'avoir pas ointe d'huile. [...] Toi donc, homme, tiens-toi sur le droit chemin et tu te sauveras de façon qu'il te ramène dans la voie de la bénédiction et de l'élection et que tu vives pour l'éternité. » Lettre de Hildegarde à Anastase IV.
“Nous nous réjouissons, ma fille, et nous exultons dans le Seigneur de ce que le renom de ta vertu se soit répandu si loin et si largement que tu es pour beaucoup comme un parfum de vie pour la vie et que la foule des peuples fidèles clame envers toi sa louange” Lettre d’Adrien IV à Hildegarde. “Mais le glaive de Dieu les tuera de façon que parmi eux se lève un bon chef. A présent, je te recommande d’imposer un frein à ceux qui te sont soumis, et de ne pas leur permettre de mal parler contre toi” “Veille donc avec zèle à ce qu’exige l’état des mœurs du peuple en ce temps. Ô Père très doux, souviens-toi que tu es homme sur terre et ne crains pas que Dieu te délaisse, puisque tu verras sa lumière.” Lettre de Hildegarde à Adrien IV.
Hartwig Ier de Stade fut archevêque de Brême de 1148 à 1168. Il est le fils de la Marquise de Stade et le frère de Richardis et Adélaïde. En 1151, il fait nommer Richardis comme abbesse du monastère de Saxe dans le diocèse de Brême lui ordonnant alors de quitter le monastère de Rupertsberg. Cette décision déplut fortement à Hildegarde, ce qui donna lieu à de nombreuses correspondances. Un an après Richardis meurt et c’est Hartwig qui en informe Hildegarde. Dans ses lettres, elle exprime sa tristesse et son amour pour la jeune moniale.
Richarde est la fille de la marquise de Stade et la sœur de Hartwig Ier et d’Adélaïde. Elle est la secrétaire et conseillère d’Hildegarde, elle l’aide dans la conception et la rédaction du Scivias. Cependant Hildegarde perd son soutien car elle est obligée par son frère de quitter le Rupertsberg pour devenir abbesse du monastère de Saxe dans le diocèse de Brême. Elle est la protégée d’Hildegarde, cette amitié est très importante pour Hildegarde. La séparation est donc une grande douleur, un grand malheur marquant dans sa vie. Elle demande de l’aide à Henri Ier archevêque de Mayence puis au pape Eugène III pour la garder auprès d'elle. Cette relation amicale est passionnelle et de nombreux écrits en découlent. Image : Miniature de Wolmar, Hildegarde de Bingen et Richardis, vision 1, enluminure, Liber divinorum operum codex, vers 1230, Lucques, Bibliothéque d'État. Source : Narthex.fr
Adélaïde est la fille de la marquise de Stade et la sœur de Hartwig Ier et de Richardis. Elle est une des proches d’Hildegarde. Au même titre que sa sœur, elle doit quitter le Rupertsberg sous les ordres de son leur frère, Hartwig. Hildegarde essaie de la garder auprès d’elle, mais semble quand même moins proche qu'avec sa sœur Richardis.
La marquise de Stade est la mère de Hartwig, Richardis et Adélaïde. Matriarche d’une famille puissante, elle fut un grand soutien d’Hildegarde et l’aida à fonder le monastère de Bingen.
Elizabeth de Schönau est une mystique allemande née en 1129 et qui mourut en 1129 au monastère de Schönau. Elle présente des similarités avec Hildegarde. Toutes deux furent des visionnaires, cloîtrées, qui nous ont laissé des écrits de leurs visions. Cependant, lors de ses visions Elizabeth connait l’extase tandis que Hildegarde les vivait ancrée dans le présent. De plus, nous avons beaucoup moins de textes d’Hildegarde. Les deux femmes se sont liées d’amitié et Hildegarde lui rendait visite. Elle écrit à Hildegarde pour lui demander conseil car ses paroles sont moquées par certains clercs. Image : Elisabeth de Schönau, gravure, anonyme Source : Bibliothèque nationale autrichienne
1151 “O mon très cher, ta parenté rend ton âme particulièrement digne d’amour à mes yeux. À présent, écoute-moi, prosternée à tes pieds, dans les larmes et dans les peines, car mon âme à moi est bien affligée: un être odieux a fait fi de ma décision et de ma volonté, ainsi que de celle de mes sœurs et de mes amis au sujet de notre bien-aimée fille Richarde, et, n’écoutant que sa témérité, il l’a arrachée à notre cloître”. Lettre de Hildegarde à Hartwig. 1152 “Je t’informe que notre soeur, la mienne mais plus encore la tienne, mienne par la chair, tienne par l’âme, est entrée de la voix de toute chair et [...] s’étant pieusement et saintement confessée, et ointe d’huile sainte après sa confession, se comportant pleinement en chrétienne, elle qui avait pleuré ton cloître avec beaucoup de larmes de tout son coeur, se remettant au Seigneur, avec sa Mère et saint Jean, et signée du signe de la croix, confessant la Trinité et l’unité en parfaite foi de Dieu, en espérance et en charité, nous en sommes certain, est morte le quatrième jour des calendes de novembre. Je te prie donc si je suis digne, autant que je le peux, que tu lui gardes ton amour autant qu’elle t’a aimée, et s’il te semble qu’elle est commis faute en quelque chose, de ne pas lui imputer, mais à moi, tenant compte de ses larmes qu’elle a versées après avoir quitté ton cloître, comme beaucoup de témoins peuvent l’attester. Et si la mort ne l’en avait empêchée, dès qu’elle en aurait obtenu la permission, elle serait venue à toi. Et sache que puisqu’elle en est empêchée par la mort, moi je viendrai te rendre visite s’il plaît à Dieu.” Lettre de Hartwig à Hildegarde. “ A présent, écoute : ainsi il a été fait de ma fille Richardis, que j’appelle ma fille, car en mon âme il y eut pleine charité envers elle, puisque la Lumière vivante, en une très forte vision, m’a appris à l’aimer comme moi-même. Écoute : Dieu la tint dans un zèle tel que l’attrait du siècle n’a pu la retenir, mais il l'assaillit bien qu’elle-même apparût dans la symphonie de ce siècle comme une fleur en sa beauté et sa splendeur. Mais au temps où elle vivait toujours en son corps, j’ai entendu dire d’elle en vision charitable : “Ô virginité, tiens-toi dans la chambre royale.” Elle, en effet, a été dans l’ordre très saint des vierges et a eu compagnie avec elles, dont se réjouissent les filles de Sion [...] C’est pourquoi Dieu n’a pas voulu donner son amie à l’amateur ennemi, c'est-à-dire au monde. A présent, toi, ô très cher, assis à la place du Christ, accomplis la volonté même de ta soeur comme l’exige la nécessité de l'obéissance, et de même qu’elle fut toujours préoccupée de toi, ainsi maintenant sois-le pour son âme et fais de bonnes oeuvres selon le zèle qui fut le sien.” Lettre de Hildegarde à Hartwig.
“On ne doit pas placer ses désirs dans une personne de haut rang qui vient à manquer comme une fleur qui tombe. Et j’ai transgressé ce précepte pour l’amour d’une noble personne. Et maintenant je te dis à nouveau: Hélas, hélas, ma mère, hélas, ma fille, pourquoi m’as-tu abandonnée comme une orpheline? J’ai aimé ta noblesse morale, ta sagesse, ta chasteté, ton âme et l’ensemble de ta vie, à tel point que beaucoup ont dit: Mais que fais-tu donc? À présent, qu’ils pleurent tous avec moi ceux qui ont un chagrin semblable au mien, ceux qui, dans l’amour de Dieu, ont éprouvé pour un être, dans leur cœur et dans leur esprit, un amour comme celui que je t’ai porté, et qui leur a été arraché en un instant, comme tu m’as été arrachée” Lettre de Hildegarde à Richardis.
“J’avoue avoir conçu quelques nuages de perturbation dans l’âme, récemment à cause de propos ineptes de gens qui disent beaucoup de choses à mon sujet, lesquelles ne sont pas vraies. Mais je supporterais facilement les propos de la foule si ceux-là aussi qui se promènent en habit religieux ne contristaient plus gravement encore mon esprit. Car parmi eux, agités de je ne sais quel zèle, il y en a qui tournent en dérision la grâce de Dieu qui est en moi et qui ne craignent pas de juger témérairement de choses qu’ils ignorent. J’entends dire que quelques-uns présentent, ici et là, des lettres écrites selon leur esprit sous mon propre nom. Ils me diffament, disant que j’ai prophétisé au sujet du Jugement, ce que certe je n’aurais jamais eu la présomption de faire, puisque cette arrivée défie la connaissance de tous les mortels.” Lettre d’Elizabeth de Schönau à Hildegarde. “Ô ma fille, Dieu fasse de toi un miroir de vie. Quant à moi, qui demeure dans les frayeurs de la crainte, parfois seulement en sonnant un peu comme un petit son de trompette sous l’action de la Lumière vivante, que Dieu m’aide pour que je demeure à Son service”. Lettre de Hildegarde à Elizabeth de Schönau.
L’abbé Kuno est une figure d’autorité dans le monastère bénédictin de Disibodenberg. Il soupçonne Hildegarde d’hérésie du fait de ses visions et la consigne au silence. En effet, les visions sont perçues soit venant du divin soit de Satan, l’abbé est donc suspicieux. Hildegarde respecta ses consignes et écrira “Jusqu’à ma quinzième année d’existence je vis beaucoup de choses, et j’en racontai certaines avec simplicité, mais ceux qui les entendaient s’émerveillaient à tel point qu’ils se demandaient d’où elles venaient et de qui... C’est pourquoi je m’émerveillai moi-même et je cachai ma Vision, autant que possible”. Elle lutte afin d’avoir la permission de l’abbé pour pouvoir fonder le monastère de Rupertsberg. En effet, lui veut qu’elle reste au Disibodenberg car sa présence permet de recueillir de riches dotes dû aux vocations.
Jutta Von Sponheim est née en 1092, elle est la fille de Sophia et du comte Stéphane de Spanheim. Pour échapper à sa famille, en 1106, elle obtient l’habit religieux et la protection épiscopale ce qui lui permet en 1112 de rentrer au réclusoir du Disibodenberg. Alors âgée de vingt ans, elle rencontre Hildegarde, qui en avait huit, et devient l’enseignante de la jeune. À la mort de Jutta vers 1140, une des visions d’Hildegarde la pousse à commencer sa rédaction. Elle hérite de son titre d’enseignante et forme une communauté cénobitique attenante à celle des moines. Lorsqu'elle lava le corps de Jutta, la vue des traces de la passion la détourna des modifications corporelles et de la réclusion. Lorsqu'elle fonde le Rupertsberg, elle s’éloigne donc de cette mère spirituelle Selon Wolmar, c’est Hildegarde qui commande la Vitta Juttae, un ouvrage sur la vie de son enseignante. Image : Hildegarde présentée à Jutta, détail de l’autel, sculpture, chapelle Saint Roch de Bingen, Allemagne, XIXe Source : Ville de Bingen am Rhein
Wolmar, ou Volmar est un moine du monastère de Disibodenberg. Il est le secrétaire personnel d’Hildegarde, elle lui dicte ses visions et son histoire ce qui lui permet de rédiger et d’illustrer plusieurs de ses ouvrages. De plus, il est son confident, ils possèdent un lien intime. Il se représente auprès d’Hildegarde dans le Scivias seu Visionnes et dans le Liber divinorum operum. Il meurt vers 1170, lors de la rédaction de ce dernier. Image : Hildegarde recevant l’inspiration divine, observée par Wolmar, enluminure, Scivias, vers 1150 Source : Narthex.fr
Guibert de Gembloux est un moine. Lors d’un voyage il rencontre Hildegarde de Bingen qui l’aide spirituellement. Il décide alors de s’installer à Rupertsberg en 1777. Il prend la suite de Wolmar et, par correspondance, il cherche à en savoir plus sur elle et ses visions alors elle lui écrit des descriptions de ses visions directes. Il la pousse à tirer les fils de sa vie et à chercher à mieux comprendre son don de vision.
Hiltrude est une moniale qui écrit sous la dictée de l’abbesse, notamment lorsqu'elle est trop malade pour le faire. Elle prend la suite de Wolmar, que ce soit dans la rédaction ou dans la présence amicale.
Gottfried est un moine. Il entame la rédaction de la vie d’Hildegarde lorsqu’elle a soixante-seize ans, vers 1170.
L'écriture En plus d’entretenir de nombreux liens épistolaires, Hildegarde fait rédiger ses pensées et ses visions. Elle est représentée écrivant sur des plaques de cire, peut être écrivait elle des brouillons. Ses ouvrages portent sur ses découvertes scientifiques, sa pensée religieuse et ses visions. On perçoit de nombreuses caractéristiques communes au sein de ses différents textes. Dans les textes d’Hildegarde, les mots "lumière", "lumineux", "soleil", "illumination", "clarté", reviennent comme la clé d’interprétation de la création. Elle justifie ses écrits par la parole divine, jusqu’à utiliser le ‘je’ pour elle et pour Dieu. Dans les prologues, elle se présente comme "homo" et non comme "femina" ou "mulier". Elle ne décrit pas physiquement la faune et la flore mais plutôt tout ce que l'œil ne voit pas mais qu’elle sait grâce à Dieu. Lorsqu’elle exprime ses visions, elle en mentionne l’effet, l’effort physique que cela représente. De plus, elles lui permettent de révéler sa vie, elle ancre ses récits dans le temps de sa propre vie, elle mentionne son âge et ses souvenirs d’enfance. C’est un vrai récit de soi et ce souci d’autoportrait se retrouve dans ses lettres qui peuvent être considérées comme des "correspondances manipulées" car elles sont retravaillées sous sa direction. Sa condition de femme influe sur ses travaux. Elle se fait plus modeste et moins érudite qu’elle ne l’est. Elle se mentionne comme “pauvre petite forme féminine” cela lui permet de capter la sympathie du lecteur. Elle dit aussi ne pas savoir lire mais ses écrits montrent souvent le contraire.
Les illustrations Elle se fait représenter dans ses manuscrits et notamment dans les écrits de ses visions et dans l'incipit de manière hors cadre. Les portraits sont de petites tailles. Depuis le VIe siècles, les portraits d'auteurs sont représentés comme des personnes assises en train d'écrire en présence du divin. Les portraits de Hildegarde correspondent à ce stéréotype, cependant, elle réduit la distance avec le divin afin de d'établir un lien direct, elle se représente comme aussi importante que la figure divine. Dans le même objectif, elle se place sur un fond or qui représente le divin, son corps dépasse le cadre, elle regarde directement sa vision. Cela marque encore plus son lien étroit avec le divin, elle se différencie des autres personnes illustrées à ses côtés car eux ont les yeux baissés, détournés de la vision et sont plus petits. Elle se valorise dans la représentation, de plus ces portraits constituent des exemples des premiers portraits d’auteur féminin au travail. Image : Miniature de Hildegarde de Bingen, vision 5, folio 38, enluminure, Liber divinorum operum codex, vers 1230, Lucques, Bibliothéque d'État. Image : Miniature de Wolmar, Hildegarde de Bingen et Richardis, vision 1, enluminure, Liber divinorum operum codex, vers 1230, Lucques, Bibliothéque d'État. Source : Narthex.fr