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EL_"Le Lombric"

Bak

Created on December 29, 2021

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Transcript

Le LombRic

Étude linéaire n°10

Introduction

Approche

Reprendre les éléments du livret, page 17

Présentation

Au sein d’un recueil adressé aux enfants et composé de portraits d’animaux, le poème adopte la forme traditionnelle et contraignante du sonnet en alexandrins mais prenant pour sujet un animal rare en poésie = le ver de terre, dont Roubaud se sert pour donner une leçon sur la conception de son métier (il faut garder en tête le sous-titre du poème).

Lecture

Une proposition de lecture... Je n'ai pas trouvé mieux.

Mouvements du texte

Vous avez compris (jespère) que le poème repose sur une métaphore filée (le poète comme un ver de terre) Strophes 1 et 2 - La vie du lombric : du réveil à la mortStrophes 3 et 4 - Comparaison entre le lombric et le poète- explication, v. 9-12- leçon, v. 13-14 → Une structure plutôt claire et facile à comprendre pour le destinataire (un enfant de 12 ans)

Problématique

Comment Roubaud fait-il l'éloge du travail du poète à travers un animal (le ver de terre) peu valorisé ?

→ Et c'est parti pour l'étude linéraire

Le Titre

Le titre rappelle un peu un titre de fable (déterminant + majuscule) Or, les fables ont une morale → le poème va probablement nous donner à réfléchir... Le sous-titre rappelle bien : - cette volonté didactique : il s'adresse à un enfant. - une dimension méta-textuelle (un texte qui parle de la manière dont on le fabrique)...

Le LombricConseils à un jeune poète de douze ans

Nous avions déjà vu ça avec un autre texte, te souviens-tu lequel ?

La vie du lombric

§1-2

v.1 : Le cadre spatio-temporel est rapidement posé v.2 : l'animal qui donne son titre au poème sera le sujet de tous les verbes pendant près de la moitié du texte (6,5 vers), ce qui confirme qu’il occupe une place importante. * Il est personnifié, comme dans les fables : 1ère série d’actions v. 2-3 décrit son réveil à l’image d’un être humain et les étirements dans des mottes qualifiées de « molles » (paronomase humoristique) peuvent évoquer les oreillers… + pronom personnel "il" comme une vraie personne. Énumération de vb d'actions le pose comme actif. * Le poème mime bien la vie du lombric, comme un cycle.

Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,Le lombric se réveille et bâille sous le sol,Étirant ses anneaux au sein des mottes mollesIl les mâche, digère et fore avec conscience. Il travaille, il laboure en vrai lombric de FranceComme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,Il le connaît. Il meurt. La terre prend l'oboleDe son corps. Aérée, elle reprend confiance.

La vie du lombric

§1-2

* MAIS le lombric est un être à part : son réveil se produit la nuit (CCT) → à contretemps de la plupart des hommes + les CCL contribuent à la dissimulation du ver : c’est un être discret et solitaire, qu’on ne remarque pas.* Les activités du ver : champ lex de l’alimentation (préparée par l’allitération en [m] qui imite la mastication + locution « herbes de Provence » employée au v. 1 dans un sens décalé puisqu’elle y décrit des odeurs alors qu’elle évoque un goût dans l’usage courant. Les verbes choisis (« mâcher », « digérer ») décrivent l’alimentation en termes physiques et non gustatifs ; mais la personnification est bien présente dans le CC de manière qui redonne de la valeur à ces activités primaires du ver en soulignant le sérieux et le soin qu’il y met.

Dans la nuit parfumée aux herbes de Provence,Le lombric se réveille et bâille sous le sol,Étirant ses anneaux au sein des mottes mollesIl les mâche, digère et fore avec conscience. Il travaille, il laboure en vrai lombric de FranceComme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,Il le connaît. Il meurt. La terre prend l'oboleDe son corps. Aérée, elle reprend confiance.

La vie du lombric

§1-2

* L’activité du lombric prend une dimension collective : il a une nationalité et une famille. Son action acquiert un intérêt social et nourricier + « rôle » en contre-rejet → il remplit une fonction au sein d’un ensemble : l’utilité de l’animal est ici mise en lumière. Idée d'une responsabilité, qu'il a eue en héritage.* Le propos est valorisant, mais le poète évite l’éloge trop grandiloquent : l’adj « vrai » indique le patriotisme du ver qui agit au service de la France, mais le poète exagère avec humour (décalage héroï-comique* : on parle d’un sujet bas sur un mode grandiose)

Il travaille, il laboure en vrai lombric de FranceComme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,Il le connaît. Il meurt. La terre prend l'oboleDe son corps. Aérée, elle reprend confiance.

La vie du lombric

§1-2

* v. 7-8, la mort du lombric est aussi présentée de façon méliorative :- aucun pathos : termes simples, passage bref (1 phrase de 2 syllabes qui contraste avec les enjambements avt et après). - ce sont plutôt les conséquences qui sont dvlpées : à la rime sont placés des mots laudatifs. ✔ mort du ver (mise en valeur par l'enjambement) comme un sacrifice offert à la terre, rime avec « rôle » ce qui établit une équivalence entre la mission du ver et cette offrande.✔ fait écho à « conscience » au v. 4 par paronomase → lien entre le travail soigneux du ver et le résultat positif qu’il produit pour la terre.+ cet effet d’écho entre action du ver et bénéfice se retrouve dans « meurt » et « aérée », en milieu de vers, isolés par la ponctuation (comme un lien de cause à effet).

Il travaille, il laboure en vrai lombric de FranceComme, avant lui, ses père et grand-père ; son rôle,Il le connaît. Il meurt. La terre prend l'oboleDe son corps. Aérée, elle reprend confiance.

Comparaison lombric / poète

§3-4

* comme souvent dans un sonnet, les tercets amènent un changement : le lombric qui était jusqu’ici le sujet principal du poème passe au second plan derrière le poète – celui-ci occupe la fonction sujet dans la nouvelle phrase tandis que l’animal est relégué au rang de comparant. * MAIS ce n'est pas pour autant un sonnet classique : on compte deux vers de 13 syllabes (→ à toi de les trouver !) * L'auteur entre dans une démarche d’explication :- emploi du pr perso P2 = adresse directe au destinataire ("un jeune poète) à qui il donne des "conseils"- pst de vérité générale, celui qu’on utilise dans les leçons- élargissement du propos : de « Provence » v. 1 à « France » v. 5 jsq « monde » v. 14→ registre didactique, comme dans la morale des fables; le poème cherche à être clair et s'adresse bien à un enfant.

Le poète, vois-tu, est comme un ver de terreIl laboure les mots, qui sont comme un grand champOù les hommes récoltent les denrées langagières; Mais la terre s'épuise à l'effort incessant !Sans le poète lombric et l'air qu'il lui apporteLe monde étoufferait sous les paroles mortes.

Comparaison lombric / poète

§3-4

V.9-12 : explication de la comparaison La comparaisonpoète/lombric peut paraître surprenante < un animal appartenant à un domaine prosaïque, mais elle montre une humilité de la part de Roubaud : il ne compare pas le poète à un animal réputé noble, mais les quatrains ont redonné de la valeur au lombric, et en se mettant au même niveau qu’un animal qui vit dans la terre, il redonne tout son sens au mot «humilité » dérivé du latin humus = la terre, humilis = à hauteur de terre. On est loin de la vision du poète magicien (comme avec Orphée) ou du poète déchiffreur (comme Baudelaire, qui se pose comme intermédiaire entre le monde sensible et le monde des idées)

Comparaison lombric / poète

§3-4

Le poète, vois-tu, est comme un ver de terre

Roubaud choisir d'ailleurs d’employer "ver de terre" et non plus "lombric". On peut y voir plusieurs explications : - terme plus courant, ce qui s’accorde avec l’humilité de la comparaison. - « ver de terre » permet de mieux percevoir l’homophonie entre "ver" (lombric) et "vers" (poétique), ce qui rapproche encore l’animal et le poète. Au-delà du jeu de mots, « vers de terre » confirme poétiquement l’ancrage dans la terre de la poésie de Roubaud.- en dépeignant le lombric et le poète comme des laboureurs (v. 5 et 10), R. exploite l’étymologie du mot « vers » comme motivation supplémentaire du rapprochement avec le ver : le mot "versus" en latin signifie le "sillon creusé dans la terre".

Oui, cela fait beaucoup à dire sur un seul vers...

Comparaison lombric / poète

§3-4

* Lien poète/lombric : - répétition de « comme » v. 9 et 10 + métaphore filée : il emploie le mm vb que pour l’activité du lombric. → R. conçoit l’activité poétique comme un travail (≠ inspiration divine ou génie) → comme le lombric, il l’accomplit seul (≠ pluriel aux "hommes") avec soin et dans l’intérêt de tous.- matière sur laquelle il travaille, les mots // celle sur laquelle travaille le ver, la terre- résultat commun (v. 11) : ce travail est nourricier (le ver rend la terre fertile et contribue ainsi à nourrir physiquement les hommes / le poète leur prodigue une nourriture + intellectuelle)- risque, souligné par l’exclamation à valeur d’avertissement est le même : à force d’usage intensif, la terre, comme le langage, peuvent perdre leur vitalité – la rime est d’ailleurs pauvre ici.

Le poète, vois-tu, est comme un ver de terreIl laboure les mots, qui sont comme un grand champOù les hommes récoltent les denrées langagières; Mais la terre s'épuise à l'effort incessant !Sans le poète lombric et l'air qu'il lui apporteLe monde étoufferait sous les paroles mortes.

Comparaison lombric / poète

§3-4

Mais la terre s'épuise à l'effort incessant !Sans le poète lombric et l'air qu'il lui apporteLe monde étoufferait sous les paroles mortes.

* Le distique final réaffirme l’utilité du poète assimilé au lombric en un nom composé :- la métaphore de la respiration souligne que leur fonction est vitale : il s’agit d’oxygéner le monde, au sens propre pour le lombric, en un sens figuré pour le poète (= il donne un nouveau souffle à la langue en utilisant différemment les mots de tous les jours, en remotivant le sens de certains mots, en leur en prêtant de nouveaux…) – d’ailleurs le membre de l’OuLiPo qu’est Roubaud s’est peut-être amusé à faire figurer de nombreuses fois la lettre 0, symbole chimique de l’oxygène (OK, j'avoue que je suis allé la chercher loin, celle-là...). - la mort comme conséquence de l’inexistence des poètes et lombrics est envisagée au conditionnel, avec l'équivalent d'un CCCondition → manière de dire que le poète est bel et bien là. - Final à la hauteur de cette image héroïque : rimes riches (≠ suffisantes ds le reste) : la régénération a bien eu lieu. Le poète a sauvé le langage, mais aussi, à travers les mots, "le monde".

Conclusion (ouf...)

Ce texte emprunte à la forme du sonnet et rappelle le genre de la fable, mais derrière l’apparente simplicité d’une fable et non sans une part d’autodérision, c'est une leçon de poésie originale qui s’appuie sur une analogie pour faire comprendre ce que fait un poète selon Roubaud. Il s'agit d'un travail : - concret : retourner le sens, le son, l’étymologie des mots pour les faire entendre autrement C'est un vrai travail. La poésie est plus affaire de travail que de talent (c'est peut-être là qu'est le conseil de Roubaud). - humble : ancré dans le réel, même s’il est dégoûtant/salissant comme peuvent l’être un lombric, la terre, la boue- essentiel : permet de régénérer les contraintes poétiques, + largement le langage, renouvelle l’image du lombric et du poète (souvent méprisé aujourd’hui) → transfigure l’humble réalité en mettant en lumière leur intérêt, leur noblesse, leur beauté.

Ouverture

Bilan

- Orphée (si vous n'en avez pas parlé) qui véhicule une image bien plus grandiloquente du poète.- « L’Albatros » de Baudelaire : il s'agit aussi d'une analogie avec un animal aérien ("prince des nuées") pr exprimer une vision pessimiste du statut du poète comme génie incompris. Avec Roubaud, la poésie semble au contraire à la portée de tous...

FIN

(n'hésitez pas à me consulter pour toute question !)