Want to create interactive content? It’s easy in Genially!

Get started free

CHAPITRE I

gilles.pierre.antoine

Created on September 19, 2021

COMMENT LA SOCIALISATION CONTRIBUE-T-ELLE À EXPLIQUER LES COMPORTEMENTS DES INDIVIDUS ?

Start designing with a free template

Discover more than 1500 professional designs like these:

Practical Presentation

Smart Presentation

Essential Presentation

Akihabara Presentation

Pastel Color Presentation

Modern Presentation

Relaxing Presentation

Transcript

SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

CHAPITRE I : COMMENT LA SOCIALISATION CONTRIBUE-T-ELLE À EXPLIQUER LES DIFFÉRENCES DE COMPORTEMENT DES INDIVIDUS ?

CHAPITRE I : COMMENT LA SOCIALISATION CONTRIBUE-T-ELLE À EXPLIQUER LES DIFFÉRENCES DE COMPORTEMENT DES INDIVIDUS ?

Ce chapitre nous permettra d'approfondir les notions abordées en classe de seconde afin de comprendre avec plus de finesse comment les environnements sociaux que traversent les individus finissent par les former et les transformer. Nous devrons remplir les objectifs d'apprentissages suivants :

Objectifs d’apprentissage :

  • Comprendre comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d’agir, de penser et d’anticiper l’avenir qui sont socialement situées et qui sont à l’origine de différences de comportements, de préférences et d’aspirations.
  • Comprendre comment la diversité des configurations familiales modifie les conditions de la socialisation des enfants et des adolescents.
  • Comprendre qu’il existe des socialisations secondaires (professionnelle, conjugale, politique) à la suite de la socialisation primaire.
  • Comprendre que la pluralité des influences socialisatrices peut être à l’origine de trajectoires individuelles improbables.

CHAPITRE I : COMMENT LA SOCIALISATION CONTRIBUE-T-ELLE À EXPLIQUER LES DIFFÉRENCES DE COMPORTEMENT DES INDIVIDUS ?

Plan du cours :

I. LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ SOCIALE A. La socialisation forme et transforme les individus… B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations II. DE LA SOCIALISATION PRIMAIRE À LA SOCIALISATION SECONDAIRE : CONTINUITÉ OU RUPTURE ? A. La socialisation secondaire renforce-t-elle les traits acquis lors de la socialisation primaire… B. … Ou au contraire permet-elle de s’en détacher ? III. LA SOCIALISATION PERMET D’EXPLIQUER LES TRAJECTOIRES INDIVIDUELLES A. Les trajectoires individuelles sont conditionnées par l’origine sociale… B. … mais les configurations familiales et la diversité des instances de socialisation peuvent produire des parcours inattendus.

I. LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ SOCIALE A. La socialisation forme et transforme les individus…

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

1) Qu'est-ce que la socialisation ?

Document 1 : Être isolé, est-ce ne plus être socialisé ? Consignes : lisez le texte suivant et cliquez sur le symbole regard afin de révéler les questions que vous devrez traiter. Imaginons - comme nous engage à le faire Norbert Elias - Robinson et Vendredi sur leur île déserte : isolés, démunis de tous les marqueurs extérieurs de leur place dans la société, sans richesse, objets, parents ou amis pour les différencier et les faire se sentir différents, ne sont-ils pas des hommes sans société ? [...] Et pourtant, « même Robinson porte la marque d'une certaine société, d'un certain peuple et d'une certaine catégorie sociale. [...] il adopte donc des comportements, forme ses souhaits, et conçoit ses projets tout autrement que Vendredi, même si sous la pression de la situation nouvelle, ils font tout pour s'adapter l’un à l'autre et se transforment mutuellement pour se rapprocher. Robinson, qui a été élevé dans la petite bourgeoisie anglaise, se procure sur son île déserte couteaux et fourchettes [...] le premier meuble qu'il se fabrique est une table, qu'il juge indispensable car sans elle il n'aurait pu écrire ni manger; il manifeste face au cannibalisme de Vendredi, la même horreur que ce dernier réserve au sel dont Robinson parsème ses aliments [...] il règle très précisément ses temps de travail, de sortie et de repos et ses journées sont rythmées par un calendrier immuable. [...] Le processus qui a ainsi produit Robinson, et ce Robinson-là, tout au long de son enfance et de son adolescence anglaise, on le nomme « socialisation » La socialisation, c'est donc en ce sens l'ensemble des processus par lesquels l'individu est construit- on dira aussi «formé», « modelé», « façonné», « fabriqué », « conditionné» - par la société globale et locale dans laquelle il vit, processus au cours desquels l’individu acquiert - « apprend», «intériorise», «incorpore», « intègre» - des façons de faire, de penser et d'être qui sont situées socialement. Muriel Darmon, La Socialisation, Armand Colin, 2007.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

1) Expliquer et illustrer. Que sont les marqueurs extérieurs de la place des individus dans la société ? Proposez des exemples. L’apparence des individus peut parfois indiquer la « place » qu’ils occupent au sein de la société. Une personne qui porte un bleu de travail dans le cadre de son activité professionnelle indique qu’elle exerce une activité manuelle. Une écharpe tricolore portée par une personne révèle qu’elle est élue de la république, il peut s’agir d’un(e) maire ou d’un(e) député(e) On peut aussi penser aux signes extérieurs de richesses ou de pauvreté qui peuvent indiquer la position d'une personne dans la distribution des revenus et des patrimoines.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

2) Relever et expliquer. Une fois sur l’île déserte, que fait Robinson ? Qu’est-ce qui le pousse à agir ainsi ? Ce qui est frappant dans cette situation, c’est qu’arrivé malgré lui sur une île dont il ignore tout, Robinson n’agit pas n’importe comment… Il cherche le plus rapidement possible à se procurer de quoi fabriquer des couverts, une table. Il organise très précisément son emploi du temps afin de mener à bien chacune de ses activités : travailler, explorer l’île, ou encore se reposer… Or, c’est une île tropicale, il est donc relativement facile de se procurer de l’eau ou de la nourriture. Il pourrait donc boire et manger à n’importe quelle heure, à même le sol et avec ses mains… Pourtant il mange à table, avec des couverts en respectant un emploi du temps parfaitement organisé où sont définis les horaires de repas… alors même que personne ne pourrait l’y obliger.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

2) Relever et expliquer. Une fois sur l’île déserte, que fait Robinson ? Qu’est-ce qui le pousse à agir ainsi ? C’est donc Robinson lui-même qui s’oblige à agir ainsi. On peut penser que c’est ce rythme de vie qui lui permet de garder un équilibre, d’être plus efficace...Ce qui lui permet de gagner en confort et de mieux maîtriser son environnement. Mais on réalise surtout que Robinson agit ainsi car il se sent incapable de faire autrement, il ne s’imagine pas pouvoir vivre différemment. En d’autres termes, ce qui pousse Robinson à agir ainsi, c’est la socialisation qu’il a reçu au cours de sa vie en Angleterre. La socialisation est un processus au cours duquel un individu apprend et intériorise tout au long de sa vie les éléments de la culture de son groupe sous l'influence d'instances de socialisation. Lors de la socialisation, l'individu intégre des normes et des valeurs propres aux milieux sociaux qu'il fréquente le plus souvent (ou qu'il chercher à intégrer) ce qui lui permettra de s’adapter à son environnement social

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

Rappels : Les valeurs sont des idéaux communs et partagés. Tout ce qui est considéré comme estimable et désirable. Par exemple : le respect, la politesse, la tolérance, la liberté. Les valeurs se manifestent dans des manières de penser (jugements, représentations, symboles) ou plus concrètement dans des façons d’agir (normes, rites, règles, etc.) des individus. Les valeurs orientent, guident les conduites, actions des individus. Les valeurs sont donc à l’origine des normes.

Normes : ce sont des règles de conduites assorties de sanctions positives et négatives. La norme sociale est l'ensemble des règles de conduite qu'il convient de suivre au sein d'un groupe social ou d'une société. Une norme peut être formelle et écrite (lois, règlements) ou bien informelle (traditions, liée à la morale, aux habitudes) et a pour but de garantir le bien vivre ensemble et la survie du groupe.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

Exemple de norme formelle : respecter le code de la route. Exemple de norme informelle : amener un présent lorsque l’on est invité à une fête d’anniversaire. Les normes sont assorties de sanctions afin d’encourager les individus à les respecter. En cas de respect des normes, les individus reçoivent des sanctions positives : encouragements, récompenses, marques de reconnaissance et d’affection. Par exemple : les félicitations sur un bulletin scolaire récompensent des bons résultats et un comportement adéquat en classe. En cas de non-respect des normes, les individus reçoivent des sanctions négatives : reproches, brimades, châtiments corporels ou de façon plus formelle des amendes, des peines de prisons etc… Par exemple : l’usage d’alcool et de stupéfiants au volant est punie d’une amende de 9000€ et d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 3 ans.Les normes découlent des valeurs primordiales du groupe et régissent les comportements de l'individu. Elles dictent ce que l'on attend de lui dans telle ou telle situation, ce qui lui est permis ou interdit de faire.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

3) Justifier. Montrer que Vendredi n’a pas reçu la même socialisation que Robinson. On remarque que Robinson et Vendredi ne partagent pas les mêmes normes (ni les mêmes valeurs). Pour Vendredi le cannibalisme est parfaitement acceptable tandis que pour Robinson c’est un acte horrifiant. Ce dégoût est lié à son éducation européenne tandis que cette pratique était courante dans la communauté dans laquelle a évolué Vendredi. 4) Argumenter. Isolés sur leur île, Robinson et Vendredi sont-ils vraiment des hommes sans société ? Même sur une île presque déserte, Robinson et Vendredi ne sont pas des hommes sans société. Ils sont par la force des choses isolés de leur environnement social habituel mais ne sont pas pour autant en rupture totale avec lui.D’une part, le comportement de Robinson montre que sa communauté d’origine agit encore sur lui. Même seul et à des milliers de kilomètres de sa terre natale, il continue des respecter des habitudes propres à la bourgeoisie anglaise de l’époque : « Il vit encore à l’heure anglaise ».Il en va de même pour Vendredi qui a incorporé par son éducation certains goûts (comme le dégoût pour la nourriture salée).Ces deux individus transportent avec eux leurs sociétés respectives et la reproduisent plus ou moins dans leur nouvel environnement social. D’autre part ils ne sont pas des hommes sans société car ils apprennent à communiquer et à échanger, ils réalisent des tâches ensemble et se mettent d’accord sur des règles à suivre. Ils vont donc réaliser des compromis afin de créer une « nouvelle société », certes à taille très réduite mais qui leur permet de compter l’un sur l’autre et de s’organiser au quotidien.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

2) Qui participe au processus de socialisation ? Nous avons donc rappelé la définition de la socialisation. Mais il faut aussi rappeler les acteurs qui contribuent à socialiser les individus : les instances de socialisation Une instance de socialisation est un acteur qui participe à la socialisation d'autres individus.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

3) Comment s’effectue le processus de socialisation ?

a) L’imitation : l’individu va reproduire des comportements qu’il observe autour de lui : la façon d’agir, de s’exprimer, de se tenir, de s’habiller… Il intègre ainsi les façons de faire et de penser propre à son environnement social. L’individu s’identifie à ses parents, ses amis, des célébrités mais également à des héros de fiction… Tout ce qui ressemble à un modèle de conduite. Exemples : adopter un accent propre à une région, pratiquer un sport populaire au sein de la communauté (comme le football en France ou le Hockey au Canada), reproduire la manière de danser ou de chanter d’un artiste connu.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

3) Comment s’effectue le processus de socialisation ? b) L’injonction : l’individu est contraint de respecter certaines règles ou d’obéir à des ordres qui proviennent d’instances de socialisation. Les normes et les valeurs sont ainsi transmises de façon explicite et cette méthode est systématiquement assortie de sanctions positives et surtout négatives. Exemples : Les nombreuses formules adressées aux enfants en bas âge comme « Dis bonjour », « Je n’ai pas entendu le mot magique » « Et qu’est-ce qu’on dit ? », « Merci qui ? » … sont des injonctions plus ou moins franches qui contraignent l’enfant à respecter des normes qui découlent d’une valeur qu’est la politesse.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

3) Comment s’effectue le processus de socialisation ? c) L’interaction : une interaction sociale est une influence réciproque entre au moins deux individus. Il y a interaction lorsque des individus communiquent des informations, partagent des émotions, échangent des biens, des services, ou encore se répartissent des tâches… Ces interactions peuvent se faire de façon verbale (une discussion avec un(e) ami(e)) ou non-verbale (un clin d’œil pour exprimer une complicité) … Mais aussi de façon directe (une poignée de main pour se saluer) ou indirecte (commander un produit à un commerçant sur internet). La différence que tentent de dresser les sociologues avec les deux précédentes formes de socialisation (imitation et injonction), c’est que l’interaction révèle le caractère réciproque des échanges. Une personne commence un échange, ce qui va provoquer une réaction chez son interlocuteur et cette réponse va aussi avoir un effet sur la personne à l’origine de l’échange. Ces réactions peuvent amener à reproduire à l’identique les comportements, les modifier légèrement, ou les abandonner.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

3) Comment s’effectue le processus de socialisation ? Exemple d'interaction : Un enfant qui pleure et se roule par terre en hurlant pour obtenir un jouet. L’enfant pense pouvoir attirer la compassion de ses parents grâce à ses pleurs et donc obtenir ce qu’il souhaite. Fréquemment, les parents ignorent totalement celles-ci, car ils savent pertinemment qu’il s’agit d’un caprice et qu’il ne faut pas y céder. Au bout de plusieurs essais et face à tant d’indifférence, l’enfant finit par comprendre qu’un tel comportement est inefficace et bien souvent contreproductif et finit par l’abandonner. Par interaction, les individus s’adaptent les uns aux autres, ce qui fait évoluer leurs comportements…Mais aussi les normes et les valeurs communes ! Par l’interaction, les règles de la vie collective sont constamment renégociées. Autres exemples : le langage et la pratique d’une langue. Même si une langue possède des règles (grammaire, syntaxe, orthographe) et un vocabulaire spécifique, on constate que les règles évoluent à travers le temps (comme la simplification de certaines orthographes) et de nouvelles expressions apparaissent et se diffusent. Ainsi même si la famille et surtout l’école insistent sur l’importance d’avoir des règles communes afin que l’on puisse communiquer efficacement, ces règles sont respectées avec plus ou moins de rigueur selon le milieu social, la génération et sont susceptibles de se transformer au cours de l’existence d’un individu.

I. A. La socialisation forme et transforme les individus...

3) Comment s’effectue le processus de socialisation ? On voit ici que l’interaction est la forme la plus courante de socialisation (puisque nous avons des milliers d’interactions au quotidien) mais aussi que la socialisation n’est pas juste une simple copie, ou plus précisément une simple reproduction de ce qui existait auparavant. C’est ce qui explique notamment la diversité les comportements, en particulier d’un milieu social à un autre et d’une génération à une autre.

FIN DE LA SÉANCE ! Tout est clair pour vous ?Alors testez vos connaissances en cliquant ici : Code d'accès : 1537 1086 En cas de problème avec le lien allez sur joinmyquiz.com et entrez ce code 1537 1086 Ce quizz sera disponible pendant 2 semaines pour vous entraîner. Si vous rencontrez des difficultés n'hésitez pas à reprendre les points précédents ou à contacter le professeur via Pronote.

I. LA CONSTRUCTION DE L’IDENTITÉ SOCIALE

B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

I.B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

Si le caractère imprévisible des interactions contribue à faire émerger des nouveaux comportements, la diversité de ces derniers provient surtout du fait que les sociétés fonctionnent en attribuant des statuts mais aussi rôles très différenciés.

Statut : Position sociale occupée par un individu dans la structure sociale. Selon les cas, le statut social peut être caractérisé par différents critères : profession, propriété foncière, revenus, pouvoir, appartenance ethnique, etc. À noter que chaque individu se situe dans plusieurs statuts et possède tout un répertoire de rôles. Exemple : professeur, président de la république, père, épouse, membre d’un syndicat, etc…

La somme de ces statuts correspond à l'identité sociale de l'individu.

I.B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

Rôle : Modèle de comportement attendu par les autres membres de la société envers un individu occupant un certain statut social. Le rôle est donc prescrit, c’est-à-dire que le milieu social va exprimer des attentes précises en termes de comportements chez un individu qui jouit d’un certain statut.

Quand le rôle est mis en acte, il y a un accomplissement d’exigences sociales et de séries de tâches associées à celui-ci.

Exemple : Un "bon" serveur dans un restaurant doit être poli, réactif et attentionné vis-à-vis de la clientèle.

I.B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

Activité : travail de l'argumentation

À l'aide de la méthode AEI rédigez un pararaphe argumenté pour répondre au sujet suivant :

Montrez que les rôles sont à la fois une contrainte pour les individus mais aussi une nécessité pour la société.

Ce travail devra être remis dans le casier numérique du professeur sur Pronote avant dimanche minuit.

I.B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

Si les individus ont plusieurs statuts et incarnent différents rôles, cette distribution n'est pas vraiment liée au hasard... Mais n'est pas non plus inévitable !

Document 2 : Rôles masculins et féminins : données naturelles ou culturelles ? Chez les Arapesh, tout semble organisé dans la petite enfance pour faire en sorte que le futur Arapesh, homme ou femme, soit un être doux, sensible, serviable. Alors que dans la tribu des Mundugomor, la conséquence du système d'éducation est plutôt d'entraîner la rivalité, voire l'agressivité, que ce soit chez les hommes, chez les femmes ou entre les sexes. Dans la première société, les enfants sont choyés sans distinction de sexe ; dans la seconde les enfants sont élevés durement car ils ne sont pas désirés, qu'ils soient garçon ou fille. Ces deux sociétés produisent, de par leurs méthodes culturelles, deux types de personnalité complètement opposés. En revanche, elles ont un point commun : ne faisant pas de distinction entre « psychologie féminine » et « psychologie masculine », elles n'en génèrent pas de personnalité ou de rôle spécifiquement masculine ou féminine.

Source : Denis Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, 2004 ; d’après Margaret Mead, Sex and Temperament in Three Primitive Societies (1935)

Questions

1. Comment expliquer les différences de caractères chez les individus selon les tribus ?

2. À l'aide du concept de socialisation différenciée selon le genre expliquez le dernier constat de Margaret Mead et la différence entre ces tribus et les sociétés occidentales modernes.

I.B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

Document 2 bis: Rôles masculins et féminins : données naturelles ou culturelles ? Selon la conception ordinaire dans notre société, l'Arapesh, homme ou femme, nous semble doté d'une personnalité plutôt féminine et le ou la Mundugomor d'une personnalité plutôt masculine, mais présenter ainsi les faits serait un contresens. À l'inverse, les Chambuli, le troisième groupe, pensent comme nous qu'hommes et femmes sont profondément différents dans leur psychologie. Mais, contrairement à nous, ils sont persuadés que la femme est, par « nature », entreprenante, dynamique, solidaire avec les membres de son sexe, extravertie ; et que l'homme est, en revanche, sensible, moins sûr de lui, très soucieux de son apparence, facilement jaloux de ses semblables. C'est que, chez les Chambuli, ce sont les femmes qui détiennent le pouvoir économique et qui assurent l'essentiel de la subsistance du groupe, alors que les hommes se consacrent principalement à des activités cérémonielles et esthétiques, qui les mettent souvent en compétition les uns avec les autres. Forte de ces analyses, la sociologue Margaret Mead peut affirmer que « les traits de caractère que nous qualifions de masculins ou de féminins sont pour bon nombre d'entre eux, sinon en totalité, déterminés par le sexe d'une façon aussi superficielle que le sont les vêtements, les manières et la coiffure qu'une époque assigne à l'un ou l'autre sexe ».

Source : Denis Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, 2004 ; d’après Margaret Mead, Sex and Temperament in Three Primitive Societies (1935)

Question

Quelles sont les particularités de la socialisation chez les Chambuli ?

I.B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

1. Comment expliquer les différences de caractères chez les individus selon les tribus ? Les différences de caractères observées par M. Mead peuvent s’expliquer par le fait que ces individus n’ont pas reçu la même socialisation. Ils ont été façonnés dans des milieux sociaux distincts par des individus qui ont une certaine vision du monde, exprimée par des normes, des valeurs des rituels et des coutumes.

2. À l'aide du concept de socialisation différenciée selon le genre expliquez le dernier constat de Margaret Mead et la différence entre ces tribus et les sociétés occidentales modernes. On constate que chez les Arapesh et les Mundugomor, la socialisation différenciée selon le genre n’existe pas. En effet les comportements des Hommes et des Femmes sont sensiblement les mêmes au sein de chaque tribu respective, bien qu’ils soient très différents d’une tribu à l’autre. Et au-delà de la personnalité, les rôles attribués aux Hommes et aux Femmes ne sont pas spécialement distincts, ce qui offre un contraste saisissant avec les sociétés modernes occidentales. Car dans ces dernières, les hommes et les femmes ne sont pas socialisés de la même façon, ce qui engendre des différences de comportements, et surtout cela implique que les hommes et les femmes n’ont pas les rôles au sein de la société.

I.B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

La socialisation différentielle dans la tribu des Chambuli va générer des différences de comportements entre hommes et femmes mais va surtout produire une répartition des rôles sociaux et donc des positions sociales dans la tribu selon le genre de ses membres. Les femmes sont éduquées pour être fortes, entreprenantes et extraverties afin qu’elles puissent avoir de l’assurance pour gérer de la tribu. Ce sont les femmes qui sont à la tête du système économique et du pouvoir de la tribu. En revanche, les hommes sont éduqués pour éveiller chez eux le souci du beau, de l’esthétique afin qu’ils assurent des fonctions secondaires, liées à la décoration des cérémonies et des rituels.

I.B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

Deux constats : 1) Les caractères féminins et masculins sont donc essentiellement liées à la façon dont les hommes et les femmes sont socialisés dans un environnement social donné et à un moment donné dans l’histoire et ne relèvent pas de données génétiques. Ce sont donc des comportements acquis et non innés. 2) Dans les sociétés où une socialisation différenciée s’effectue, on constate des distinctions dans la distribution des rôles et des statuts sociaux qui entraînent des différences de traitement et des discriminations. Cette socialisation différenciée est donc à l’origine d’inégalités sociales.

Une inégalité est une différence d’accès à une ressource valorisée par la société (la richesse, une position sociale, le prestige…). Autrement dit c’est une différence entre des individus qui entraîne des avantages/désavantages pour les individus concernés. Remarque : toutes les différences ne fondent pas des inégalités… Mais toutes les inégalités reposent sur des différences !

I.B. La socialisation explique les différences de comportements et d’aspirations

II. DE LA SOCIALISATION PRIMAIRE À LA SOCIALISATION SECONDAIRE : CONTINUITÉ OU RUPTURE ?

A. La socialisation secondaire renforce-t-elle les traits acquis lors de la socialisation primaire…

II.A. La socialisation secondaire renforce-t-elle les traits acquis lors de la socialisation primaire…

Document 6 : de la socialisation primaire à la socialisation secondaire. On sait que les différents moments de socialisation dans la vie d'un individu ne sont pas équivalents. La sociologie s'est efforcée ainsi de différencier les temps et les cadres de la socialisation en séparant notamment la période de socialisation dite « primaire », essentiellement familiale, de toutes celles qui suivent et que l'on nomme « secondaires ›› (écoles, groupes de pairs, univers professionnels, institutions politiques, religieuses, culturelles, sportives, etc.). Cette distinction est importante en ce qu'elle rappelle que, dans les premiers moments de la socialisation, l'enfant incorpore dans la plus grande dépendance socio-affective à l'égard des adultes qui l'entourent « le monde, le seul monde existant et concevable, le monde tout court » et non un univers perçu comme relatif. L'impossibilité de prendre conscience des influences socialisatrices est d'autant plus grande que la socialisation est précoce et sans comparaison. On peut parler ici d'une véritable « amnésie de la genèse » (Pierre Bourdieu). Le fait que la socialisation familiale soit à la fois précoce, intense, durable et, pendant un temps plus ou moins long, sans concurrence, explique le poids de l'origine sociale (même lorsqu'elle est grossièrement appréhendée à partir de la catégorie socioprofessionnelle des parents) dans un très grand nombre de comportements ou de préférences étudiés (scolaires, professionnels, culturels, sportifs, alimentaires, esthétiques, etc.). (…) Suite page suivante Source : Bernard Lahire, Dans les plis singuliers du social : Individus, institutions, socialisations, La Découverte, 2013

II.A. La socialisation secondaire renforce-t-elle les traits acquis lors de la socialisation primaire…

Même si elle détient de moins en moins fréquemment le monopole de l'éducation enfantine, la famille ne reste jamais inerte par rapport aux autres cadres socialisateurs potentiels : elle peut être plus ou moins contrôleuse en matière de « fréquentations ›› et de sorties (contrôlant la composition du groupe des pairs fréquentables et limitant le temps passé hors de tout contrôle familial), exercer un rôle de filtre par rapport aux médias et à diverses instances culturelles extrafamiliales et se charger plus généralement d'un travail, insensible mais permanent, d'interprétation et de jugement sur tous les domaines de la vie sociale.(…) Mais la distinction entre les socialisations « primaire ›› et « secondaire ›› n'est pas sans poser problème. Elle conduit bien souvent à se représenter le parcours individuel comme un passage de l'univers familial homogène, constitutif des structures mentales et comportementales les plus fondamentales, aux multiples univers sociaux que fréquente ultérieurement un être social déjà constitué et qui résiste fortement - esprit de conservation oblige - aux forces de modification. Source : Bernard Lahire, Dans les plis singuliers du social : Individus, institutions, socialisations, La Découverte, 2013