Lectures d'été #4

Lectures d'été #4

Bientôt disponible à la Bpi

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, il ne faut pas s’attendre à une simple biographie de la grande Alicia Alonso, reine du ballet classique cubain, décédée en 2019. Trois histoires se font écho dans cette BD : celle d’Alicia bien sûr, notamment en l’année 1959 qui voit le triomphe de la révolution cubaine, mais aussi celle d’Amanda, jeune ballerine en formation en 2011, et enfin celle de Manuela, une amie de sa mère, au destin de danseuse contrariée.

Le récit d’Amanda et de son entrée dans une école de danse est l’occasion d’évoquer l’histoire de l’institution portée par l’emblématique Alicia Alonso, légende cubaine dont on raconte qu’elle continuait à danser une fois devenue aveugle. Mais c’est aussi le prétexte pour évoquer, sans jamais réellement les montrer, les conditions de vie des cubains et le régime révolutionnaire. Les dessins splendides et les couleurs pastel accompagnent l’histoire d’Alicia Alonso, propulsée par hasard sur le devant de la scène, et plus tard proche du pouvoir révolutionnaire qui fera du Ballet national, compagnie qu’elle a fondée, un outil de propagande. On découvre le parcours, moins simple qu’il n’y paraît, d’une ballerine antipathique qui s’accommode sans doute d’une situation politique lui permettant de conserver sa place dans une société en profonde mutation. Tout en démocratisant le ballet jusque dans les campagnes cubaines, elle applique dans sa propre compagnie des critères de sélection racistes. Les personnages secondaires, aussi intéressants que les héroïnes, apportent de multiples points de vue pour une belle lecture tout en subtilité.

Alicia, Prima Ballerina assoluta, Eileen Hofer, Mayalen Goust, Rue de Sèvres

Imaginez-vous à l’automne d’une vie bien remplie, devoir quitter la maison qui a connu vos joies et vos peines, qui a vu grandir vos enfants et accueilli vos petits-enfants. Dans cette maison se trouvent toutes les possessions et les souvenirs d’une existence que vous allez maintenant laisser derrière vous pour entamer l’ultime étape de votre vie.

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C’est ainsi que commence l’histoire d’Yvonne, mamie indépendante et espiègle de 80 ans, qui accepte d’entrer dans un EHPAD sur le conseil des ses enfants suite au décès de son mari. Se sentant d’abord en décalage avec les autres résidents, elle se trouve bientôt un groupe de nouveaux amis et même un nouvel amant, avec lesquels elle entend bien profiter de la vie jusqu’au bout. Du lien fort qui peut se tisser avec les soignants au quotidien très réglé et contrôlé de la résidence, cette BD superbement illustrée, à la lumière de fin de journée, n’entend pas masquer la réalité de la vie en EHPAD pour celles et ceux qui y séjournent. À travers le caractère bien trempé d’Yvonne sont évoquées des thématiques comme le rapport au corps, à la mort, à la sexualité, à la santé mentale et au déclin des personnes âgées. L’épisode final, qui appelle à la joie retrouvée, clôt de façon très mélancolique ce portrait émouvant car sans complaisance de celles et ceux qu’on oublie parfois d’écouter.

Le Plongeon, Séverine Vidal, Bamboo

Un mois après sa rentrée en 6e, la jeune Magali développe une appréhension et une fatigue croissantes. Elle commence à perdre ses moyens en cours, sa mémoire lui fait défaut et le simple fait d’aller au collège la rend peu à peu malade. Le verdict tombe quatre mois plus tard : elle souffre d’une phobie scolaire, qui la conduira à suivre ses cours à distance jusqu'à la fin de la 5e.

Au milieu de ce tourbillon phobique, Magali trouve d’abord refuge dans le cocon familial et dans ses activités extra-scolaires. Mais un jour, la révélation frappe à sa porte : sa sœur écoute un album qui lui donne instantanément des ailes. C’est un album des Beatles et c’est le début d’une grande et éternelle histoire d’amour. Très vite, Magali lit, écoute et collectionne tout sur le célèbre groupe britannique. Elle connaît les morceaux par cœur, se réfugie dans un dialogue imaginaire avec le groupe dès qu'elle en ressent le besoin et s'érige en plus grande fan des Beatles de tous les temps. Magali Le Huche livre avec Nowhere Girl un récit autobiographique pétillant et flamboyant. Les peurs liées à l’école, aux aléas de la puberté et à la reconstruction de relations sociales abîmées y sont constamment apaisées et sauvées par cet amour inconditionnel voué aux Beatles et par une délicieuse dose d’humour. À lire en écoutant les Beatles, évidemment !

Nowhere Girl, Magali Le Huche, Dargaud

Tout commence par un coup de foudre : Marie-Claude se retrouve dans la voiture de Michel Magne en faisant du stop, puis devient sa compagne. C'est à travers le regard de Marie-Claude que l'on découvre l'histoire du château d'Hérouville, joyeusement hanté par les amours de George Sand et Frédéric Chopin. Dans ce lieu, une vie bouillonnante émerge bientôt autour de Michel Magne, malgré le scepticisme de ses proches.

Tout le monde veut briller à Paris, personne ne viendra enregistrer un album dans cet endroit perdu du Val d'Oise, lui répète-t-on sans répit. Mais Michel Magne persévère et le château devient le lieu de toutes les rencontres et le studio d'enregistrement le plus prestigieux des années soixante-dix. Le jardin du château accueille le premier concert français des Grateful Dead, les festivités se multiplient et la crème de la musique s'y retrouve. Magma, Elton John, Johnny Hallyday, T. Rex, David Bowie, Iggy Pop, Jacques Higelin et tant d'autres écrivent avec Michel Magne les pages légendaires de l'histoire du château d'Hérouville… jusqu'à la chute tragique. Yann Le Quellec et Romain Ronzeau retracent avec précision le destin brisé de Michel Magne, compositeur mythique de musique de films, peintre à ses heures perdues et artiste polyvalent qui s'associe à tout le monde, de Françoise Sagan à Jean Yanne en passant par Boris Vian... Photos et archives à l'appui, les auteurs nous embarquent dans un graphisme pop parfaitement en phase avec l'histoire fascinante du château d'Hérouville.

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Les amants d'Hérouville, Yann Le Quellec, Romain Ronzeau, Delcourt

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« La jeunesse portugaise déchante sur un air de fado », La BD de Barral frappe fort ! Portugal, 1968, Fernando Pais, personnage solaire et frivole, est le témoin de son époque tourmentée.

De ses années d’étudiant en médecine à ses péripéties de praticien confirmé, Fernando croise le chemin de deux femmes déterminantes. Ces deux rencontres amoureuses, à dix ans d’intervalle, tracent son chemin vers la liberté. « Il faudra un jour étudier l’influence des hormones sur l’action révolutionnaire », reconnaît-il avec humour. C’est par les camaïeux d’ocre et de sépia que nous voyageons dans l’histoire et les souvenirs du personnage. Le contraste est saisissant entre la beauté lumineuse de Lisbonne, les espoirs, les passions qu’elle suscite, et l’aridité d’un régime autoritaire sous le joug duquel elle doit vivre. Les exactions de la police politique de Salazar surgissent dans le récit comme autant de fausses notes dans la vie du personnage. Les lecteurs de Pereira Prétend devrait apprécier cet hommage à Tabucchi.

Sur un air de Fado, Barral, Dargaud

Carte des environs de Québec, Thomas Jefferys, 1759, Domaine public, Gallica.bnf

Le repas des canards, Mary Cassatt Domaine public, Bibliothèque de l'Institut National d'Histoire de l'Art

Gravure extraite de la Revue horticole, G. Severeyns, L. Descamps-Sabouret, 1894, Domaine public, Bibliothèque de la Société nationale d'horiculture de France

Poissons, écrevisses et crabes de diverses couleurs et figures extraordinaires que l'on trouve autour des îles Moluques et sur les côtes des terres australes, Louis Renard, 1719, Domaine public, Gallica.bnf

Histoire naturelle des orangers, Antoine Risso, 1818, Domaine public, Gallica.bnf

Tōkaidō shinagawa gotenyama no fuji / Zen-hokusai-iitsu-hitsu, Hokusai, 1831-1834, Domaine public, Gallica.bnf

Mlle Lenglen [joueuse de tennis à Wimbledon], Agence Rol, 1924, Domaine public, Gallica.bnf

Enfants jouant dans l'eau sur une plage, Agence Rol, 1919, Domaine public, Gallica.bnf

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