Exposition Goulag
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Created on May 13, 2021
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Transcript
Exposition sur le Goulag
Par les élèves de 3E du collège Jean-Baptiste Clément de Colombes
Exposition Traces du Goulag
Par les élèves de 3E du collège Jean-Baptiste Clément de Colombes
Parcours de l'exposition virtuelle
1. Frise interactive de l'histoire du Goulag
3. Qui étaient les zeks ? Galerie des déportés
2. Carte interactive du Goulag & témoignage de Julius Margolin
4. Le laboratoire du Goulag : les îles Solovki
5. La Kolyma & les témoignages de Chalamov, Guinzbourg et Mandelstam
6. Les Juifs en URSS : arts et mémoire des crimes nazis et soviétiques
7. Et après ? Memorial et la dénonciation des crimes staliniens
Home
8. Bibliographie et sitographie
9. Les commissaires de l'exposition
Aide à la navigation
1. Histoire du Goulag
1905-1924 : Première Guerre mondiale et révolutions russes
1905
août 1914
fév. 1917
mars 1917
oct 1917
déc. 1917
fév. 1918
mars 1918
1921
mars 1921
jan. 1924
1923
déc 1922
Passez votre souris sur les points, les grandes périodes et la notice biographique pour lire les légendes associées.
Au début du XXe siècle, la Russie du Tsar Nicolas II compte 170 millions d’habitants. Une part considérable de ses moujiks (paysans) vit misérablement et « ont soif de terres ». En 1905, les paysans , les ouvriers, les bourgeois et les militaires se révoltent contre la misère, les conditions de travail, les faibles salaires, les défaites militaires et l’impossibilité de participer à la vie politique. Le Tsar crée une assemblée (la douma) censée représenter le peuple. Mais le Tsar ne joue pas le jeu et continue de gouverner seul.
Août 1914 : Le Tsar Nicolas II entraîne la Russie dans la guerre aux côtés de l'entente franco-anglaise. Dès le début de la guerre, la confrontation avec l’Allemagne révèle toutes les faiblesses de la Russie des Romanov : l'arriération de l'économie russe, qui combine usines ultramodernes dans quelques grandes villes et d'immenses territoires semi-féodaux, se montre incapable de nourrir, de chausser et d'armer ses troupes.
Février 1917 : les femmes défilent dans les rues de Pétrograd. Elles réclament du pain, la paix et le droit de vote. Elles sont rejointes par des ouvriers et les militaires chargés du maintenir de l’ordre.
Mars 1917 : Le Tsar Nicolas II abdique et un gouvernement provisoire est mis en place.
Octobre 1917 : Une seconde Révolution porte Lénine et les bolcheviks au pourvoir
20 Décembre 1917 : Création de la Tcheka, première police politique russe.
23 février 1918 : Création de l’Armée Rouge.
3 mars 1918 : Signature du traité de Brest-Litovsk entre la Russie soviétique et les Empires centraux menés par l'Allemagne. Celle-ci impose des conditions très dures au jeune Etat déjà confronté à la guerre civile : la Russie perd les pays baltes, la Biélorussie et l'Ukraine (son grenier à blé).
1918-1921 : Fin de la guerre civile entre les opposants au régime soviétique et les bolcheviks.
12 mars 1921 : Au cours du Xe Congrès du Parti Communiste, Lénine propose d’en finir avec le communisme de guerre. Il évoque la nécessité d’une nouvelle politique économique : la NEP (Novaïa Ekonomitcheskaïa Politika).
30 décembre 1922 : Un traité signé entre la République Socialiste Soviétique Fédérative de Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et la République de Transcaucasie donne naissance à l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes (l’URSS).
21 janvier 1924 : Mort de Vladimir Ilitch Lénine.
1918-1921 : Guerre civile entre les opposants au régime soviétique et les bolcheviks. Pendant cette période qualifiée de « communisme de guerre » Lénine impose la terreur rouge. 150.000 à 400.000 personnes qualifiées « d’ennemis du peuple » sont envoyés dans les « Katorgas » c’est-à-dire les camps de concentration hérités de l’époque tsariste.
1920 – 1923 : 25000 soviétiques sont regroupés dans 82 Kartogas soit un peu plus du tiers de la population carcérale en URSS.
Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine est né le 18 décembre 1878 a Gori. Lénine est un révolutionnaire communiste et un homme d’Etat. Après la Révolution russe de février 1917 il décide de quitter la Suisse où il vit en exil et de rentrer en Russie. Le 4 avril, il proclame qu’une deuxième révolution est à l’ordre du jour, que le prolétariat doit en prendre la tête et que les soviets doivent devenir les nouveaux organes du pouvoir. Lénine préconise l'action décisive pour prendre le pouvoir : « Maintenant ou jamais ». La majorité bolchevique, soutenue par l'aile gauche des socialistes-révolutionnaires, décide « la transmission du pouvoir aux soviets » Le conseil des commissaires du peuple est élu, avec Lénine à sa tête en octobre 1917. Les premiers décrets des bolcheviks sont la paix immédiate et la terre aux paysans. Les forces russes opposées au gouvernement soviétique (Blancs, socialistes modérés) et les puissances étrangères (Japon, France, Royaume-Uni, légion tchèque) interviennent mais la toute nouvelle armée rouge repousse tous les adversaires un à un. En mars 1921, Lénine instaure la NEP (Nouvelle Politique Economique) qui introduit une libéralisation économique, pour redynamiser le pays qui sort de la Première Guerre mondiale, d’une révolution ; d’une guerre civile et fait face à la famine. C’est une parenthèse dans la construction du communisme. En 1922l la Russie s’agrandit et devient l’Union de Républiques Socialistes et Soviétiques (URSS). Lénine meurt le 21 janvier 1924 d’une sclérose.
1. Histoire du Goulag
1924-1939 : L'URSS de Staline : un régime bureaucratique et un Etat totalitaire
1924
1924 : Staline succède à Lénine. Il devient le chef du parti communiste et de l’URSS.
nov 1927
1928
sept 1929
déc 1929
1930
avril 1930
1932
juil 1932
1936
août 1939
1938
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1924 : Staline succède à Lénine. Il devient le chef du parti communiste et de l’URSS.
12 novembre 1927 : Trotski, qui avec Lénine incarnait la révolution d’Octobre, est expulsé vers Alma-Ata, dans le Kazakhstan. Cet exil symbolise la victoire de Staline contre toute opposition et la mise en place de son pouvoir totalitaire.
1930 : Les autres cultures que la culture soviétique sont opprimées. L’enseignement en hébreu est interdit, les organisations sionistes (favorables à la création d’un Etat juif en Palestine) sont perquisitionnées et leurs membres sont arrêtés.
7 avril 1930 : Création de l’institution du Goulag. Le Goulag est l’organisme central gérant les camps de travail forcé en Union soviétique.
La loi du 7 juillet 1932 prévoit la peine de mort ou le goulag pour "toute escroquerie au préjudice d’un kolkhoze".
23 août 1939 : Signature du pacte germano-soviétique.
Septembre-décembre 1929 : Début de la politique de la collectivisation forcée en URSS.
1928 - 1930 : Des milliers de communistes, notamment ceux de la gauche liée à Léon Trotski sont déportés ou exécutés.
Iossif Vissarionovitch Djougachvili, dit Joseph Staline, est né le 21 décembre 1879. Il rejoint les bolcheviques de Lénine en novembre 1904. Après la prise du pouvoir par les bolcheviques, Staline est nommé commissaire du peuple aux Nationalités. Après la mort de Lénine, il mène un jeu patient d'intrigues souterraines et d'alliances successives avec les diverses factions du Parti, prend le pouvoir en supprimant ses principaux adversaires politique et fait déporter puis exiler Trotski. Il gouverne au nom du communisme mais il impose progressivement un pouvoir personnel absolu et transforme l'URSS en un Etat totalitaire. À partir de 1936, Staline s'engage dans de « grandes purges ». À la veille de la Seconde Guerre mondiale, le 23 août 1939, il signe avec Hitler le pacte de non-agression germano-soviétique. En 1941, Staline entre en guerre au côté des alliés. Les soviétiques remportent la bataille de Stalingrad contre l’armée allemande en février 1943. En 1945, Staline participe à la libération des camps nazis. Jusqu’à sa mort, Staline ne cesse de renforcer sa dictature personnelle, vivant dans la paranoïa du complot. Dans la nuit du 1er mars 1953, il est victime d'une hémorragie cérébrale. Il meurt le 5 mars 1953.
1930 – 1932 : 2 millions de paysans sont déportés dans des villages d’exilés.
1936 – 1938 : La Grande Terreur est une période de répressions politiques massives en Union soviétique dans la seconde moitié des années 1930. Des procès sont organisés à Moscou par Staline pour éliminer ses anciens rivaux politiques en URSS ainsi que diverses personnalités tombées en disgrâce. Plusieurs vétérans bolcheviks de premier plan, acteurs de la révolution d'Octobre, sont condamnés lors de ces procès truqués. Le Parti communiste utilise alors à grande échelle l'emprisonnement, la déportation et la peine de mort pour éliminer ses opposants politiques réels ou supposés.
1. Histoire du Goulag
1939-1945 : L'URSS durant la Seconde Guerre mondiale
sept 1939
juin 1941
sept 1941
fév 1943
mai 1945
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17 septembre 1939 : L’URSS entre en guerre aux côté des Alliés.
Juin 1941 : L’Allemagne nazie envahit l’URSS.
29-30 septembre 1941 : Massacre de Babi Yar. La totalité de la population juive de Kiev est exterminée par les nazis.
Mai 1945 : L’URSS sort victorieuse de la guerre. Entre l’été 1944 et mai 1945 les troupes soviétiques et les armées alliées font reculer la ligne de front et libèrent peu à peu les camps de concentration nazis.
Juin 1941-Février 1943 : Bataille de Stalingrad et victoire soviétique.
1. Histoire du Goulag
1945-1953 : Apogée du Goulag
1945
1946
1947
1949
1950
fév 1950
1953
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1948
1945 : La conférence de Yalta est une réunion des principaux responsables de l’URSS, des États-Unis, du Royaume-Uni . Durant cette conférence ces Etats décident la création de l’ONU, adoptent une stratégie commune afin de hâter la fin de la Seconde Guerre Mondiale, régler le sort de l’Europe après la défaite du Troisième Reich et garantir la stabilité du nouvel ordre mondial après la victoire.
1946 : Les 4,2 millions d'anciens prisonniers de guerre soviétiques en Allemagne sont suspectés d'avoir collaboré. Si la majorité de ces anciens détenus rentrent chez eux, 8,5 % d’entre eux sont envoyés au Goulag pour trahison de la patrie. Le NKVD est scindé en deux et le Goulag dépend désormais du MVD.
1947 : C’est le début de la Guerre Froide, dans sa doctrine Jdanov dénonce les Américains comme des impérialistes qui défendent l’économie.
1949 : Les Etats-Unis écrivent un rapport à l’ONU qui dénonce les camps de concentration soviétiques.
1950 : Les détenus sont désormais plus de deux millions. La course à l’armement causée par la Guerre froide nécessite de plus en plus de main d’œuvre alors les détenus sont obligés de travailler de plus en plus dur.
14 février 1950 : Signature du pacte sino-soviétique.
1953 : On estime que plus de 200 000 personnes ont été employés par le Goulag. Le Goulag gérait 146 camps. Mort de Staline.
Hiver 1949-1950 : Les prisonniers de la Kolyma se soulèvent.
1948 – 1953 : Début du complot des blouses blanches, on accuse deux médecins juifs d’avoir tué deux dirigeants soviétiques. Cela provoque l’arrestation et l’exécution de plusieurs médecins dans le cadre d’un antisémitisme d’Etat orchestré par Staline.
1. Histoire du Goulag
1953-1991 : De la mort de Staline à la fin du Goulag
1953
mars 1953
fév 1956
oct 1957
mars 1958
1964
1985
1985 : Gorbatchev accède au pouvoir. Il précipite la fin de la Guerre Froide et met en place deux réformes : la Perestroïka et le Glasnost.
janv 1989
sept 1991
déc 1991
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Frises et notices réalisées par Nahim, Issra, Walid & Julien
5 mars 1953 : Mort de Staline
27 mars 1953 : Des amnisties de masse sont prononcées. 1,2 millions de détenus sont libérés.
24 février 1956 : le rapport Khrouchtchev dénonce les crimes de Staline.
4 octobre 1957 : L’URSS place en orbite le premier satellite artificiel de l’histoire appelé « Spoutnik ».
Mars 1958 : Khrouchtchev évince Boulganine et prend sa place à la tête du gouvernement.
1964 : Brejnev succède à Khrouchtchev.
1985 : Gorbatchev accède au pouvoir. Il précipite la fin de la Guerre Froide et met en place deux réformes : la Perestroïka et la Glasnost.
Janvier 1989 : Fondation de l’ONG Memorial Memorial est une organisation qui a pour objectifs de promouvoir une société de droits fondée sur le respect des droits de l’homme, de prévenir le retour du totalitarisme et enfin de faire la vérité sur les actions passées et leurs victimes.
Septembre 1991 : 50e anniversaire du massacre de Babi Yar. Inauguration d'un monument en mémoire des victimes de la Shoah.
1991 : Chute de l’URSS. Fermeture du dernier camp, Perm-35, en 1992.
Nikita Khrouchtchev est né le 15 avril 1894. Après avoir participé à la révolution bolchevique en 1917, il entame une carrière politique qui lui fait intégrer le Comité central du Parti communiste d'URSS en 1934 et le Soviet suprême en 1937. Suite à son rôle actif dans la Seconde Guerre mondiale où il participe notamment à la défense de l'Ukraine et de Stalingrad, il est nommé Général. En 1953, il succède à Staline comme premier secrétaire du Parti communiste d'URSS et mène une politique de "déstalinisation", dénonçant le culte de la personnalité instauré par son prédécesseur. Khrouchtchev devient Premier ministre en 1958, mais ses réformes agricoles sont un échec, de même que sa politique étrangère qui mène à la crise des missiles de Cuba. Il est démis de ses fonctions en 1964. Il meurt d’une crise cardiaque le 11 Septembre 1971.
Léonid Ilitch Brejnev est né le 18 décembre 1906 à Dnipropetrovsk, en Ukraine, dans un milieu ouvrier. Il entre aux jeunesses communistes en 1923, puis au Parti en 1938. Il entame sa carrière sous la protection de Khrouchtchev. En 1964, il se retourne contre son maître. La Troïka contraint Khrouchtchev à démissionner de ses responsabilités à la tête du pays, pour le remplacer par Brejnev. Le long règne de Brejnev (18 ans) est marqué par le retour aux oripeaux de l'époque stalinienne. Vis-à-vis des pays de l’Est, Brejnev fait écraser dans le sang « les rêves de socialisme à visage humain » portés par la révolte de 1968 en Tchécoslovaquie et contribue à l'écrasement de la révolte de 1981 en Pologne. Sur le plan économique, la période Brejnev est faite de changements sociaux importants, ouvrant des possibilités légales pour un certain enrichissement privé. Sur le plan international, Brejnev poursuit la détente avec les États-Unis, signant les importants accords de non-prolifération nucléaire (SALT I et II) et ceux d’Helsinki en 1975 qui ouvrent la voie à une coopération économique et un respect stratégique entre les deux camps. L’ère Brejnev est pourtant loin d’être pacifique : en 1979 Brejnev entraîne l'URSS et sa jeunesse dans le bourbier afghan. Sa tendance au culte de la personnalité s’accentue dans les dernières années de son règne. Le 10 novembre 1982, Léonid Brejnev meurt le 10 novembre 1982 au terme d'une longue agonie.
Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev naît le 2 mars 1931, dans un milieu paysan puis kolkhozien marqué par le stalinisme, à Privolnoïe (village du Nord-Caucase). En mars 1985, il devient secrétaire général du comité central du Parti communiste. Très vite, il évoque la nécessité de réformes profondes du système. Il est l’artisan de la « Perestroïka » (« restructuration » en russe : libéralisation de l’économie) et de la « Glasnost » ( « transparence » en russe : libéralisation politique ). À l’international, Gorbatchev ouvre le dialogue avec le président américain Reagan sur les armes nucléaires. En 1988, il décide le retrait des troupes russes d’Afghanistan. Un an après la chute du mur de Berlin, il reçoit en octobre 1990 le prix Nobel de la paix. Sa politique le confronte à la montée des autonomies nationales et aux nationalismes qui finiront par faire imploser l'URSS. Le 20 novembre 1991, il est victime d’un putsch organisé par les ultras conservateurs du parti. Le putsch est déjoué, mais il est contraint de céder le pouvoir à Boris Eltsine. Son nom reste associé à la fin de la Guerre froide et à l’effondrement du système soviétique.
Les grands témoignages et leur retentissement
1949
Voyage au pays des ze-KA DE julius margolin
+info
Julius Margolin fut le premier à témoigner de la réalité des camps de travail soviétiques. Il raconte la réalité des camps de travail soviétiques et du Goulag. Le livre, écrit alors que Margolin était en Palestine, est interdit à la publication et l’auteur est arrêté par le NKVD en 1939 à Pinsk lors de l’invasion soviétique. Il est publié en 1949 en France par les éditions Calmann-Lévy. Il n’a pas eu beaucoup de succès même si c’était le premier témoignage du goulag à cette époque.
1962
une journee d'IVAN DENISSOVITCH D'ALEXANDRE SOLJENITSYNE
+info
Initialement intitulé « Chtch-854, une journée d'un zek », le roman décrit les conditions de vie dans un camp du Goulag au début des années 1950 à travers les yeux du prisonnier Ivan Denissovitch Choukhov (matricule CH-854), que l'on suit au cours d'une journée. Rédigé en 1959, le roman paraît en 1962 dans le numéro 11 de la revue russe Novy Mir sous l'impulsion de Khrouchtchev lui-même. Au début de 1963, le roman connaît deux autres éditions séparées, la première dans la revue Roman-Gazeta tirée à 700 000 exemplaires et l'autre aux éditions Sovietski Pissatel tirée à 100 000 exemplaires. Cependant, même si le roman a fait l'effet d'une bombe, de nombreux passages ont été soumis à la censure. La première traduction en français est due à Léon et Andrée Robel et Maurice Decaillot, accompagnée d'une préface de Pierre Daix, elle comporte également des passages censurés. La seconde traduction, complète cette fois, paraît en 1973.
1966
recits de la kolyma DE varlam chalamov
+info
Cette immense fresque évoque essentiellement son expérience du Goulag à la Kolyma mais il revient aussi plus brièvement sur ses passages en prison et sa première expérience au camp de la Vichera, et encore plus brièvement sur son retour à Moscou. Ces récits, dans leur édition complète, ont été écrits de 1954 à 1973. Ils ont été publiés pour la première fois dans la revue russe Nouvelle Revue à New York en 1966. La première traduction française à partir de la traduction allemande date de 1969. En URSS Chalamov est interdit de publication jusqu'à sa mort. Seules les revues anti-soviétiques coordonnées par des émigrés russes le publient à l'étranger. Le recueil complet de ses récits paraît en Angleterre en 1978. Ce n'est qu'avec la Perestroïka que les textes de Chalamov commenceront à paraître en URSS. L'édition russe date de 1989 seulement.
1973
l'ARCHIPEL DU GOULAG d'ALEXANDRE SOLJENITSYNE
+info
L'Archipel du Goulag traite du système carcéral et de travail forcé mis en place en URSS. Soljenitsyne l'écrit de 1958 à 1967 dans la clandestinité et se veut le porte-parole des victimes des goulags : l'ouvrage est écrit à partir de 227 témoignages de prisonniers ainsi que de l'expérience de l'auteur. Soljenitsyne précise que « ce livre ne contient ni personnages ni événements inventés. Hommes et lieux y sont désignés sous leurs vrais noms ». Il est toléré par le régime, alors en pleine "déstalinisation". Mais il se sent de plus en plus menacé et ses écrits sont censurés. Acculé, Soljenitsyne décide de le publier rapidement en 1973 à l'Ouest : le KGB avait en effet saisi une copie du manuscrit. L'ouvrage est finalement en 1989 dans la revue Novy Mir après une circulation clandestine sous forme de samizdat. La lecture de L'Archipel du goulag fait aujourd'hui partie du cursus des lycéens russes et a permis la reconnaissance de l'existence des Goulags.
19491973
Par Walid
2. Carte interactive des camps du Goulag
Par Camille la cartographe, Sami & Youssef
Le terme GOULAG est un acronyme apparu en 1930 et formé d’après le russe Главное управление лагерей, Glavnoïé oupravlénié laguéreï qui signifie « Direction générale des camps et des lieux de détentions ». Le Goulag est communément désigné comme un camp soviétique ou une prison mais c’est en réalité un organisme concentrationnaire qui réunit plus de 30 000 lieux de détention en URSS. En tout au moins 20 millions de prisonniers y étaient enfermés et plus de 1,7 millions de prisonniers y ont perdu la vie.
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Camp spécial de Solovski (Elephant) : « Auschwitz Polaire » Surnommé le « Grand père » de tous les camps De 1923 à 1933 Travaux des Zeks : Coupe de forêts, construction de routes et asséchement des marécages. Nombre de détenus : 71 800 Climat : Polaire
Camps de travaux forcés du Belbaltlag Lieu : Carélie au Nord de Moscou (1100 Km) De 1932 à 1941 Nombre de prisonniers : 108 000 Prisonniers morts : 12 000 Travaux des Zeks : Construction d’un canal de 227 Km reliant la mer Blanche et le lac Onega Climat : Froid et glacial
Camp de travaux forcés Dmitrovski (Dmitrovlag) Lieu : région de Moscou 1932-1938 Nombre maximum de prisonniers : 192 000 personnes Tâche : Construction du Canal Moscou-Volga « Le camp de Dmitrovski était une sorte de vitrine du Goulag. Le taux de mortalité y était plutôt faible, les journées de travail étaient supportables, il y avait un salaire et des libérations anticipées », explique Ilia Oudovenko, chercheur principal au Musée d’histoire du Goulag.
Camp de travaux forcés Magistrale Baïkal-Amour (BAMlag) Lieu : Région de l’Amour à l’est de Moscou (7700 Km) De 1932 à 1938 Nombre de prisonniers : 200 000 Travaux des Zeks : construction de chemin de fer Baïkal-Amour (BAM) Superficie : 361 913 km²
Camp de travaux forcés Norillage Lieu : Norilsk au Nord-est de Moscou De 1935 à 1956 Nombre de prisonniers : 72 000 personnes Tâche : Exploitation minière de métal et usinage de cuivre et de nickel Climat : Froid et glacial
Camp de travaux forcés de DallagLocalisation : Sibérie orientale Nombre maximum de prisonniers : 112 000 11 Juillet 1929 → 1939 Production polyvalente mais surtout extraction de charbon/minerais, traitement du bois et construction Destiné aux prisonniers politiques Climat : Grand froid
Karaganda (Karlag) Camp permanent 1931-1939 Tâche : Fournir de la nourriture, des vêtements et d’autres produits primaires (bois, céréales, blé, eau) du nord du Kazakhstan. Nombre maximum de prisonniers : 65 000 (1507 enfants y sont nés) Climat : Grand froid
Camp de Travaux forcés du Nord-Est (Sevvoshag)Région de la Kolyma 1932-1952 Tâche : Extraction d'or Nombre maximum de prisonniers : 190 000 (au moins 50 000 personnes y sont mortes) Climat : Grand froid Édouard Pétrovitch Berzine était un militaire russe, il est surtout connu pour avoir créé et dirigé le système de camps de travail forcé de la Kolyma (1931-1937). Il fut accusé d’espionnage au profit du Royaume-Uni et de l’Allemagne et aussi d’avoir préparé la prise de Maganda. Il est donc fusillé le 1er Août 1938 à Moscou.
Camp de travaux forcés de Vorkouta (Vorkoutlag)Lieu : Vorkouta au Nord-est de Moscou De 1938 à 1960 Climat : Froid et glacial Nombre de prisonniers détenus : 72 900 personnes Tâche : Exploitation de charbon et détention de criminels
2. Plongée dans les camps avec Julius Margolin
Ecoutez ces deux passages de son témoignage Voyage au pays des Ze-ka lus par Sami et Youssef.
Chaque jour à l’aube, vers quatre heures en été, l’hiver à six, la sirène hurle l’appel au travail dans les milliers de camps soviétiques disséminés sur l’espace infini de l’océan Arctique à la frontière chinoise et de la mer Baltique à l’océan Pacifique. La multitude des corps humains est saisie d’un tremblement. A cette minute se réveillent des êtres qui me sont chers et proches et que je ne reverrai probablement jamais. Des millions d’hommes se lèvent, aussi détachés de notre monde que s’ils habitaient une autre planète.
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Les colis n'étaient pas seulement précieux par leur valeur matérielle. Ils ne contenaient pas seulement des objets et des aliments. C'était souvent, provenant de plusieurs milliers de kilomètres, le salut de la maison natale, une preuve d'amour, un témoignage de fidélité. Chaque objet, soigneusement empaqueté, rayonnait de chaleur et de tendresse. Nous nous sentions de nouveau des hommes et nous découvrions en nous de nouvelles forces pour la résistance. Dans un colis, je trouvais une vieille boite de "thé anglais", en fer-blanc, qui, pendant vingt ans, était resté sur un rayon dans la cuisine de ma mère. La vue de cette boite rouge laquée, avec des geishas et des petits bateaux, me réjouit comme si j'avais retrouvé mon meilleur ami. Et la timbale en émail bleu ! Et mes chaussettes avec mes initiales ! Dans quelle atmosphère de serre, d'amour et de chaleur nous avions vécu jusqu'au jour où le hasard nous jeta sous le pouvoir d'hommes pour qui votre vie n'avait aucune valeur ! Était-ce vraiment le hasard, ou la vie dans les camps, au contraire, n'était-elle pas la véritable école des mœurs humaines tandis que le climat dans lequel nous avions vécu jusqu'alors n'était qu'une exception ?
1
2
Par Omar
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8 destins de déportés anonymes du Goulag
Grigori Kovaltchouk
Domas Laurinskas
Il naît en 1944 en Ukraine occidentale. Il est déporté avec sa mère, ses frères et sa sœur, à la sortie de la guerre, dans la région d’Arkhangelsk, sur dénonciation d’un voisin. On accuse son père d’avoir fait partie des banderovci (les membres d'un assortiment d'organisations extrémistes de droite et antisémites en Ukraine). Après deux ans de déportation, sa mère décide de s’enfuir avec ses enfants et de revenir dans son village. Elle achète un billet de train contre son foulard et fait un long voyage, passant par Moscou, qu’elle traverse d’une gare à l’autre en camion, et Kiev. Ils restent tous quelque temps dans leur village, puis se font à nouveau dénoncer par un voisin et sont déportés au même endroit.
Il naît en 1935 dans le village Mankiškė en Lituanie dans une famille pauvre. Les propriétaires terriens qui embauchaient le père de Laurinskas ont quitté la Lituanie au moment du retrait de l’armée allemande, craignant d'être déportés. Le 22 mai 1948 les parents de Domas sont déportés dans le village qui avait été peuplé par les prisonniers de guerre japonais. Domas se mit à travailler à la coupe du bois, puis fut embauché pour les travaux de construction. Jusqu’en 1951, il a été ouvrier non qualifié, puis a appris le métier de grutier. Domas Laurinskas est resté en Sibérie, bien qu’il soit allé à plusieurs reprises en Lituanie.
Par Rokia
Silva Linarte
Henry Welch
Silva Linarte naît en 1939 en Latgale (région au sud-est de la lettonie)Sa famille était très pauvre. En juin 1941 son père est arrêté car il a refusé de dénoncer des collègues instituteurs. Il est condamné aux travaux forcés au Vitlag (goulag) et meurt en 1942. Après cette condamnation, ses sœurs et sa mère sont reléguées dans la région de Krasnoïarsk (en Sibérie). En 1947 ses sœurs ont une autorisation pour rentrer en Lettonie. Après un long périple en train, ses sœurs semi orphelines sont placées dans un orphelinat à Riga et dans des familles d’accueil. En 1950 toute la famille est en Sibérie. Sa mère meurt d’un cancer.
En novembre 1933, Henry Welch naît à Łódź, en Pologne, d’une famille juive aisée. Son père est homme d’affaires. Entre eux, ils parlent polonais chez les grands-parents yiddish. En février 1939, le père d’Henry quitte la Pologne pour s’installer au Brésil. Il pense faire venir sa femme et son fils, mais la guerre rendra impossibles leurs retrouvailles. Quand les nazis rentrent en Pologne en septembre 1939, Henry et sa mère fuient à l’est du pays, à Bialystok, puis à Pinsk.
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Lors de la passeportisation (qui vise à donner un passeport aux seuls citadins dument enregistrés) que les Soviétiques commencent en février 1940, la mère d’Henry refuse de prendre la citoyenneté soviétique, espérant rentrer à Łódź où elle a laissé sa famille, sa maison et ses biens. En juin 1940, des fonctionnaires de la police politique, le NKVD, viennent les chercher, leur ordonnent de préparer leurs bagages et de les suivre. Après un très long voyage, ils arrivent à Kotlas, dans le Grand Nord russe, où ils sont divisés en plusieurs groupes et envoyés dans différents villages. Henry, sa mère, sa tante et son oncle sont assignés à l’abattage du bois dans le village de Nierčuga, dans la région d’Arkhangelsk. Sa famille a également survécu au camp d’Auschwitz où avait été envoyée la tante d’Henry.
Zofia Helwing
Vanda Valiuté
Elle est née en 1927 et arrêtée en 1946 car ses parents aidaient un oncle et un cousin qui se cachaient dans la forêt et qui luttaient contre les soviétique. Elle est condamnée à 10 ans de camp puis envoyée plusieurs fois dans des différents camps. Elle tombe amoureuse d’un autre détenu appelé Lucas dans un camp voisin. Elle a essayé de s’échapper plusieurs fois pour rentrer en Lituanie mais toutes ses tentatives ont échoué. Après avoir fait des travaux de forcés, elle est affectée à un atelier où elle peut mettre en œuvre son talent d’artiste peintre ; elle a été libérée peu après la mort de Staline ; elle est restée vivre dans les environs du camp et a été témoin à l’extérieur, de la répression et de la révolte qui s’y déroule l’été 1954.
Elle est née en 1925 en Volynie (Ukraine), elle est de nationalité polonaise. En septembre 1939 pendant que son père et son frère se trouvent à Varsovie, Zofia et sa mère sont expulsées de la propriété familiale par l’armée rouge et ensuite arrêtées et déportées en juin 1940 dans la région d'Arkhangelsk où elles travaillent à la coupe de bois. Sa mère y organise des cours du soir pour empêcher la soviétisation des enfants des déportés.
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Fin août 1941, elles sont amnistiées et rentrent en Russie occidentale. Arrivées à Kamichine, elles travaillent dans une unité de dépense de la ville. En 1942, à cause de la rupture des relations entre les gouvernements soviétique et polonais en exil, elles sont de nouveau arrêtées et envoyées au Kazakhstan. Au Kazakhstan elles doivent réaliser des travaux de construction des canaux d'irrigation. Isolées, elles n'apprennent que tardivement la création de l'Union des patriotes polonais (UPP) avec qui zofia entre en contact. L'UPP les aide à se rapprocher de la Pologne et elles s'installent à Srnila (Ukraine occidentale). En Mars 1946, elles arrivent à Wraclaw en Silésie, désormais polonaise. Sans logement et au chômage et après le décès de son mari, mort au combat lors de la défense de Varsovie, sa mère plonge dans la dépression. Zofia doit s'occuper de sa mère et d'elle-même. Elle termine ses études en cours du soir et devient l'une des instigatrices de la création en 1989 de l'Union des anciens de Sibérie. Ses mémoires ont été parmi les premiers à être publiées dans le circuit officiel.
Juozas Miliautskas
Elena Petrovna
Né en 1934 dans la région de Kaunas, en Lituanie, il vit à la campagne avec ses parents. Son père est ouvrier, sa mère ne travaille pas. À partir de 1947, la famille sent la menace de l’arrestation. Un frère de son père a rejoint les partisans. Le 17 mars 1949 quatre soldats du NKVD, parlant entre eux lituanien, viennent les prendre. Ils sont transportés dans une charrette jusqu’à la gare, puis enfermés dans un wagon de marchandises. Ils ont juste pris avec eux un demi-sac de farine. Le train les conduit dans la région d’Irkoutsk. De là, ils sont transportés en camion, puis en traîneau à Tchitchek, au bout de nulle part.
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Née en 1937 en Ukraine. En 1944 ou 1945 son père est arrêté par les soviétiques car il porte un prénom à consonance allemande : il est donc considéré comme partisan de Bandera, un ultranationaliste ukrainien. Son père est envoyé dans un camp dans le Grand Nord sibérien, à Norilsk. Elle et sa mère sont déportées en Sibérie. Seul son frère en réchappe, car il était absent lors de la venue des soldats. Sa mère travaille dans une exploitation forestière, comme beaucoup de déportés de ces régions et ses talents de couturière lui permettent d’améliorer leur quotidien et de vivre mieux que le commun des déportés.
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Là, ils exploitent la terre, sont rémunérés en troudodni par le kolkhoze. Ses parents pointent une fois par mois, auprès du commandant. Les voisins les aident, avec quelques pommes de terre ou tout autre chose précieuse. Ils parlent lituanien entre eux, mais Juozas apprend le russe avec les jeunes. Il abandonne le travail à la pelle pour devenir tractoriste, puis chauffeur, ce qui rend sa situation plus aisée. En 1956 il est libéré de son statut de déporté spécial et en 195, il rentre avec ses parents en Lituanie. Mais il est déjà Sibérien. « Il n’y avait nulle part où vivre », « On n’était plus des leurs », dit-il. Au bout de six mois, il décide de retourner d’où il venait, en Sibérie, et reprend ses activités agricoles, puis se déplace à Bratsk, un ancien village devenu une ville industrielle. Il y réside encore aujourd’hui.
Son père écrit régulièrement à sa mère, certaines lettres, écrites peu avant la fin de la guerre, se terminent une célébration du « grand Staline ». Staline décède le 5 mars 1953 et son père meurt peu après alors qu'il allait être bientôt libéré. Un jour sa mère dira simplement à Elena : « On est libre. » Elena n’a pas parlé de son histoire à ses enfants. Elle a demandé que son récit soit anonyme. Sa fille a cherché à reconstituer ses origines, sa vie et le parcours de sa famille.
8 destins de déportés célèbres du Goulag
Varlam Chalamov
Julius Margolin
C'est un écrivain soviétique né le 5 juin 1907 à Vologda et mort le 17 janvier 1982 à Moscou. Il a été envoyé au Goulag de Djelgala dans la Kolyma après avoir été arrêté et accusé d’être un trotskiste et un contre-révolutionnaire. Après sa sortie du Goulag, il meurt dans un hôpital psychiatrique. Il a écrit plusieurs livres sur son expérience concentrationnaire comme les Récits de la Kolyma.
Né en Biélorussie le 14 octobre 1900, il meurt le 21 janvier 197. Il passe son enfance et sa jeunesse à Ekaterinoslavle. Il est Israélien, Polonais et Russe. Il était journaliste et écrivain. Après la Seconde Guerre mondiale, il était impossible de publier un témoignage sur le Goulag. Son livre, La Condition inhumaine, a finalement été imprimé en France en 1949 par Calmann-Lévy. Dans ce livre, il raconte les cinq ans qu'il a passés dans les camps de concentration soviétiques
Des écrivains et intellectuels
Par Adlane
Evguénia Guinzbourg
Ossip Mandelstam
Elle est née le 7 décembre 1904 à Moscou et morte le 25 mai 1977. C'est une écrivaine soviétique, principalement connue pour avoir raconté son expérience des prisons du NKVD et des camps du Goulag après avoir été arrêtée le 15 février 1937. Elle tire de son expérience une autobiographie en deux parties : Le Vertige et Le Ciel de la Kolyma.
Il est né le 3 janvier 1891 à Varsovie et mort le 27 décembre 1938 à Vladivostok. C'était un poète et un essayiste russe. Il écrit en 1933 une épigramme contre Staline, qui lui vaut arrestation, exil, et finalement mort durant sa déportation vers la Kolyma alors qu'il était dans un camp de transit à Tcherdyne
Une intellectuelle
Un grand poète
Jozef Czapski
Margarete Buber-Neumann
Józef Czapski est né le 3 Avril à Prague, en Autriche-Hongrie et est mort le 12 Janvier 1993 à Maisons-Laffite en France. C’est un intellectuel, écrivain, peintre et critique d’art polonais appartenant au cercle du célèbre mensuel de la dissidence polonaise Kultura édité en France. Il a écrit Terre inhumaine, œuvre majeure de la littérature polonaise, et qui est l'un des premiers témoignages sur l'horreur du Goulag.
Ecrivaine et journaliste allemande née le 21 octobre 1901 à Postdam et morte le 6 novembre 1989 à Francfort, Margarete Buber-Neumann était une militante communiste. Elle survécut aux camps du Goulag et aux camps de concentration nazis en Allemagne. Elle témoigna de son expérience dans son livre Prisonnière de Staline et d'Hitler.
Un intellectuel
Une journaliste
Sergueï Korolev
Nikolaï Vavilov
Sergueï Pavlovitch Korolev est né le 30 décembre 1906 à Jytomyr (Empire russe) et mort le 14 janvier 1966 à Moscou, c’est un ingénieur et il est aussi le fondateur du programme spatial soviétique. Grâce à son génie visionnaire, sa force de caractère, ses capacités de travail et ses talents d'organisateur, l'Union soviétique acquiert une position dominante dans le domaine spatial à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Il est enfermé à la prison de Boutyrka pour trotskisme.
Vavilov est né le 13 novembre 1887 à Moscou et mort le 26 Janvier 1943 à Saratov; Fils d’un riche commerçant de Moscou. Il devient un botaniste et généticien russe et soviétique, fondateur et directeur de l’Institut Pansoviétique de culture de plantes qui porte désormais son nom. Il est arrêté en 1940 pour participation à une organisation anti soviétique, sabotage et espionnage alors même que les Grandes Purges touchent à leur fin. Il meurt au Goulag trois ans plus tard.
Des scientifiques
Photographie du monastère des îles Solovki intact. Les Russes sont orthodoxes. D’une superficie totale d’environ 300km², les six îles de l’archipel Solovki se trouvent dans la partie occidentale de la mer Blanche. Elles furent peuplées dès le Ve millénaire avant J.-C. et conservent d’importants vestiges d’une occupation humaine remontant au IIIe millénaire. A partir du XVe siècle, l’archipel a connu une activité monastique intense et il conserve plusieurs églises construites entre le XVIe et le XIXe siècle.
4. Les îles Solovki : le laboratoire du Goulag
Exposition de photographies par Farah, Alexandre & Zakaria
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L'histoire du monastère prend un nouveau tournant après la révolution bolchevique de 1917. Le bâtiment est réquisitionné pour la création d'un complexe qui se révélera être le premier Goulag (camp de travail forcé).
Les détenus travaillent jusqu’à épuisement, de six heures du matin jusqu’à minuit, voire une heure du matin. Il n’y a ni dimanche ni jour de repos. Chaque jour est une journée travaillée. Au moment des grandes fêtes, on augmente le temps de travail pour offenser les sentiments des croyants. Les prisonniers doivent abattre des troncs d’arbres dans le but de la construction de la construction du canal Mer Blanche-Baltique.
Avril 1918 : les autorités bolchéviques de Carélie ont envoyé un premier détachement de gardes rouges débarquer aux Solovki. Le nom de Garde rouge (en russe : Красная гвардия), dans l'histoire de la Russie, désigne les détachements ouvriers armés formés au cours de la révolution de 1917.
Juin 1920 : Débarquement d’une équipe de spécialistes d’art sur l’île pour établir un inventaire précis des œuvres d’art religieuses. Les plus précieuses, cette fois sont expédiées sous protection armée dans les musées nationaux de Leningrad et de Moscou. Nous voyons sur l’image de gauche une icône, un type d'œuvre religieuse. Cette icône est une Vierge à l'enfant : elle montre Jésus et sa mère Marie.
Le monastère est ensuite transformé en « sovkhoze » (une ferme appartenant à l'État dans l'ex-Union soviétique) ; les moines et les laïcs qui ont accepté de rester se retrouvent avec le statut « d’ouvriers agricoles », sous la tutelle d’une administration chargée de « mettre activement en valeur les richesses naturelles de l’archipel : forêts, pêcheries, élevage d’animaux à fourrure ».
Printemps 1922 : Confiscation des biens des églises et arrestation des religieux, ces derniers sont condamnés à la peine capitale et déportés dans des camps de rééducation par le travail. Nous observons sur l’image des religieux, qui se sont fait arrêter et réalisent du travail forcé, un garde à droite les surveille.
En mai 1923, un incendie ravage durant trois jours le monastère. C’est sur ces lieux dévastés qu’arrivent, en juillet 1923, plusieurs milliers de détenus avant même que le décret de création du « camp à destination spéciale des Solovki » n’ait été promulgué, le 13 octobre 1923, selon le procès-verbal de la réunion du Conseil des commissaires du peuple tenue ce même jour. La première tâche qui leur est assignée est de reconstruire, avant l’hiver, les bâtiments ravagés par l’incendie.
1923 : Une partie des détenus est entassée dans ce qui reste du monastère, une autre partie est envoyée dans les divers ermitages, églises et chapelles qui parsèment les six îles de l’archipel. Nous voyons des hommes et des femmes dans de mauvaises conditions, les femmes sont réparties à gauche tandis que les hommes à droite. Ils préparent du poisson séché. En 1924-1925 on compte environ 5 000 détenus. La progression, pour les années suivantes, est rapide : près de 13 000 en 1927, 22 000 en 1929.
Le 10 novembre 1925 Gueorgui Piatakov, le vice président du Conseil suprême de l’Economie nationale écrit à Félix Dzerjinski, président de cet organisme et chef du GPOU. Piatakov propose de créer un vaste réseau de « colonies de travail forcé […] dans quatre régions riches en ressources naturelles et vides d’habitants : dans la région de l’Lénisseï septentrional, au-delà du cercle polaire, secteur riche en graphite, cobalt, nickel, platine, osmium ; dans l’archipel de Sakhaline, riche en pétrole ; l’Altaï, riche en plomb, cuivre et étain ; dans la région sibérienne de Nertchinsk, riche en pétrole.
Dès 1927, la surpopulation carcérale est telle sur les petites îles de l’archipel qu’une partie des détenus est transférée sur le continent. 40 % des détenus du camp des Solovki travaillent en fait sur le continent, près de Kem, dans des « camps volants » qui suivent la progression des chantiers forestiers de coupe de bois. Les détenus sont répartis en trois grandes catégories. Nous voyons ici des détenus catégorisés comme « invalides », ils travaillent ensemble en construisant des murs mais n'ont pas les forces physiques suffisantes pour effectuer de plus gros travaux.
Voici la catégorie « aptes à un travail physique lourd », ici même nous ne voyons que des hommes et non des femmes ce qui signifie que le travail lourd est pris en charge par les hommes. Nous voyons aussi que ces hommes creusent sous terre avec des pelles, un peu plus à la gauche, nous voyons un objet les servant à remonter et à notre droite nous pouvons voir aussi un garde rouge qui les surveille. Le travail est organisé, des hommes en haut, au milieu et en bas.
Enfin, nous avons la dernière catégorie, les « aptes à un travail léger ». Nous pouvons voir sur l’image qu’il y a des femmes qui prennent des bouts de terre pour récolter de la tourbe. La ration accordée au détenu est en fonction de son travail : s’il parvient à remplir les normes, il perçoit une ration de 800 gr de pain noir par jour, en plus d’une soupe claire où flottent quelques bouts de poisson. S’il ne parvient pas à remplir la norme, la ration diminue drastiquement, jusqu’à 400 ou 500 grammes.
La Kolyma
Un gigantesque complexe concentrationnaire en Sibérie
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5. Situation géographique
La Kolyma se situe au nord-est de l’URSS, en Sibérie orientale.Les prisonniers étaient déportés à la Kolyma à partir de 1000, 1500 ou 2000 prisonniers. Ils embarquaient au port de Vladivostok. Ils faisaient la traversée à bord d’un bateau. La traversée en mer durait 10 à 12 jours avant que les prisonniers n’arrivent à Magadan, la capitale de la région. Le premier chef de la Kolyma était Edouard Berzine, il est considéré comme le fondateur de Magadan.
Organisation du complexe
La Kolyma désigne en réalité tout un réseau de camps du Goulag. A l’époque du goulag Magadan était un gigantesque camp, il a été construit avec un plan rappelant fortement Saint-Pétersbourg. Les plus grands camps pouvaient contenir plusieurs milliers de détenus, les plus petits camps étaient isolés. Certains camps étaient liés à des usines, certains au travail agricole. La nature d’un camp dépend également de son activité, certains camps étaient temporaires (pour construire des routes ou des voies ferrées). La plupart des camps avaient des plans rectangulaires ou carrés. A l’entrée il y avait des portes de contrôle et des panneaux où il était inscrit « D’un poignet de fer, nous conduirons l’humanité vers le bonheur » ou encore « Par la force du travail la liberté ». Quand le directeur de Dalstroï est remplacé des centres de mise à mort sont créés tout autour de Magadan.
Le travail à la Kolyma
La principale activité de travail des zeks consistait à extraire du charbon dans les mines. Il a dû y avoir des milliers de morts pour que la compagnie Dalstroï devienne l’un des tout premiers producteurs d’or au monde. Dalstroï est une organisation soviétique créée en 1931 par le NKVD et chargée de gérer la construction de routes et l'exploitation des mines d'or dans la région de la Kolyma et s'étendant jusqu'à la péninsule Tchouktche. C’est une compagnie qui s’enrichissait en exploitant le travail des déportés.
Conditions de survie à la Kolyma
Sous Berzine tout se passait de façon presque "humaine" : les prisonniers étaient payés comme des gens libres et si les prisonniers purgeaient leur peine pendant un an sans commettre d'infraction ils avaient le droit de se loger librement sur le territoire de la colonie. Après Berzine, il y eut Palvo et cette époque est connue sous le nom de la période Garanine : les camps de la Kolyma deviennent alors des camps "d’extermination". Des personne sont fusillées chaque nuit sur ordre du colonel Garanine.
Baraque de prisonniers
Bilan victimaire
Berzine se fait arrêter en 1937 et est inculpé pour activités anti soviétiques et espionnage au profit du Japon. Il est fusillé le 1er août 1938. Entre 1937 et 1938 il y a 45% des fonctionnaire des camps qui sont arrêtés. A la fin de l’année 1937 et toute l’année 1938 les exécutions avaient lieu à Serpentine (Serpentine n’est pas le vrai nom de cette route, on l’appelait ainsi car elle était en zigzag et rappelait un serpent). Une route est construite entre Magadan et Iakoutsk. Les évasions du Goulag étaient possibles mais extrêmement compliquées et la plupart du temps les prisonniers qui avaient essayé de s’évader ont été tués.
Plus de 11000 morts ont eu lieu à la Kolyma. Pendant la Seconde Guerre mondiale 4 millions de soldats soviétique sont faits prisonniers par les nazis, seulement 2 millions sont rentrés en URSS après la guerre. 15% d’entre eux sont suspectés d’avoir trahi la patrie et seront expédiés au goulag. Une guerre éclate même, elle est appelée guerre des chiennes : elle oppose des truands, elle durera près de 10 ans et elle fit des milliers de morts.
Par Mickele
Ossip Mandelstam
Ossip Mandelstam était un très grand poète russe né en 1891. Il sera arrêté pour avoir rédigé des poèmes critiquant Staline. On appelle « épigramme » un poète satirique contre quelqu’un. Mandelstam fut tout d’abord arrêté et exilé à Voronej en 1935 puis déporté en Sibérie en 1938 suite à une seconde arrestation. Il a travaillé dans un camp de triage près de Vladivostok où il mourut quelques mois plus tard seulement. Voici un des poèmes qui lui aura valu son arrestation.Pour lire l'épigramme :
En hommage au poète, Varlamov Chalamov a rédigé dans ses Récits de la Kolyma un texte s'intitulant Chery-Brandy.Pour lire cet hommage :
Ecoutez Kahina lire et commenter ces deux textes.
Pour les siècles futurs, leur grondante valeur, Pour la race des hommes altière, On m’a pris tout ensemble et la joie et l’honneur, Et ma coupe au festin de mes pères. Et le siècle chien-loup me bondit sur le dos, Mais un loup je ne suis : qu’on m’enfouisse Comme on glisse un bonnet dans sa manche plutôt, Sibérie, dans ta chaude pelisse. Ne plus voir le poltron ni gluante la boue, Ni les os pleins de sang dans la roue, Mais que brillent sur moi les renards argentés Dans leur originelle beauté. Mène-moi dans la nuit où mugit l’Iénisséi, Où le pin se mesure à l’étoile, Car un loup je ne suis par le sang et je sais Que peut seul me tuer mon égal. Ossip Mandelstam, 17-28 mars 1931
Le poète se mourait. Ses grandes mains gonflées par la faim, aux doigts blancs, exsangues et aux ongles sales, longs et recourbés, reposaient sur sa poitrine sans qu'il les protégeât du froid. Avant, il les cachait sous son caban, contre sa peau nue ; mais, à présent, son corps ne gardait plus assez de chaleur. Ses moufles, on les lui avait volées depuis longtemps : les vols se faisaient en plein jour, pour peu que le voleur ait du toupet. Un soleil électrique blafard, souillé par les mouches et encastré dans un treillis métallique, était fixé au plafond, très haut. La lumière tombait aux pieds du poète : il était couché comme dans un tiroir, dans la profondeur obscure des châlits communs à deux étages, sur la rangée inférieure. De temps à autre, ses doigts bougeaient, claquaient comme des castagnettes, palpaient un bouton, une boutonnière ou un repli de son caban, époussetaient une saleté et s'immobilisaient à nouveau. Le poète se mourait depuis si longtemps qu'il avait cessé de comprendre que c'était la mort. Parfois, une idée simple et forte se frayait un chemin à travers son cerveau, douloureuse et presque palpable : qu'on lui avait volé le pain qu'il avait mis sous sa tête. Cette idée effroyable le brûlait, au point qu'il était prêt à se disputer, à jurer, à se battre, à chercher, à démontrer. Mais il n'avait pas de force pour le faire et l'idée du pain s'effaçait... Et, immédiatement, il pensait à autre chose. Il pensait qu'on devait leur faire traverser la mer, mais que le bateau était en retard, allez savoir pourquoi, et que c'était bien d'être là. Et, toujours aussi légère et changeante, sa pensée se fixait sur le grand grain de beauté que le chef de baraque avait au milieu de la figure. La plupart du temps, il songeait aux événements qui emplissaient sa vie d'ici. Les visions qui lui apparaissaient n'étaient pas des images de son enfance, de sa jeunesse ou de ses succès. Toute sa vie, il s'était hâté vers quelque but. Et c'était merveilleux de ne pas avoir à se dépêcher, de pouvoir réfléchir lentement. […] Le poète se mourait […]. Le poète se mourait depuis si longtemps qu’il avait cessé de comprendre que c’était la mort. […] La vie entrait toute seule en lui […] : il ne l’appelait pas, mais elle n’en pénétrait pas moins son corps, son cerveau, elle entrait comme la poésie, comme l’inspiration. Et pour la première fois, la signification de ce mot lui fut révélée dans toute sa plénitude. La poésie était la force créatrice dont il vivait. […] Il ne vivait pas pour la poésie, il vivait par elle.
Evguenia Guinzbourg
Evguenia Guinzbourg est née le 7 décembre 1904 à Moscou, elle est issue d’une famille juive. Sa famille quitte Moscou en 1909 pour s’installer à Kazan où Evguenia Guinzbourg fait ses études. Elle donne ensuite des cours à l’université fédérale et c’est là qu’elle rencontre son futur mari Pavel Axionov en 1932. Son mari est, comme elle, membre du bureau politique et du Parti communiste de l’Union soviétique. Ils ont eu deux enfants. Au moment des Grandes Purges, qui touchent notamment les intellectuels, elle est arrêtée en février 1937 car elle n’a pas voulu dénoncer un collègue trotskyste. Elle n’a plus le droit d’enseigner et elle est ensuite condamnée en 1939 à dix ans de travaux forcés dans les camps de la Kolyma.
Ecoutez Pavitra lire deux extraits de son témoignage.
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Info
Et les commentaires proposés par Pavitra et Kahina.
Info
La région de la Kolyma se situe au nord-est de l’URSS, sa capitale est Magadane, elle est en contact avec l’océan glacial arctique. Là-bas Guinzbourg est affectée notamment comme infirmière dans un camp pour enfants. Dans un autre camp de travail elle rencontre un médecin, Anton Walter, qui deviendra son deuxième mari. Elle est libérée du goulag en 1947 mais elle doit rester vivre en Sibérie pendant 20 ans, elle est finalement réhabilitée en 1955. Guinzbourg est plus particulièrement connue pour avoir raconté son expérience des prisons politiques du NKVD et des camps du goulag. Ses deux témoignages s’intitulent Le Vertige et Le Ciel de la Kolyma. Elle meurt à Moscou le 25 mai 1977.
EXTRAIT 1 Pendant plusieurs années il n’eut plus à la place de l’ulcère béant qu’un petit bleu opiniâtre. Mais peu avant le début de 1960, à la suite du surmenage moral et du choc physique représenté par la réhabilitation et le retour sur le continent, cet ulcère trophique se rouvrit en vertu de mystérieuses lois naturelles et s’étala à nouveau, béant, sur sa jambe. Comme un sceau, le sceau avec lequel tant et tant de détenus étaient morts à la Kolyma. A la fin de 1959, deux jours avant sa mort, Anton, hospitalisé à l’Institut thérapeutique de Moscou, disait avec un sourire amer : « On reconnait les anciens d’Auschwitz, et de Dachau à leur numéro tatoué sur le bras. Les anciens de la Kolyma, on peut les reconnaître à cette marque tatouée par la faim ». (extrait du chapitre « L’ire et l’amour de nos seigneurs… », Le Ciel de la Kolyma)
EXTRAIT 2 J’ai gardé un souvenir particulièrement net de mon étude des « jeux créatifs ». Une heure était réservée, entre le goûter et le dîner, aux activités que l’on appelait ainsi. Les enfants avaient le droit de jouer à ce qu’ils voulaient et comme ils voulaient. Les éducateurs se tenaient à l’écart et devaient seulement éventuellement ramener le calme, veiller au bon usage des jouets communs, et surtout noter ensuite sur leur cahier, dans la colonne « bilan », à quoi avaient joué les enfants et comment s’étaient manifestés dans leurs jeux l’attachement à la patrie soviétique, la haine envers nos ennemis, etc. (extrait du chapitre « Noble labeur » dans lequel l’auteur raconte son expérience d’éducatrice à Magadan peu après sa libération des camps de travaux forcés).
La blessure d’Anton se rouvre des années après son passage au Goulag, comme si finalement ses blessures ne s’effaceront jamais et que c’était la marque de leurs souffrances. Guinzbourg nous fait comprendre la différence entre les camps nazis et le Goulag : dans les camps nazis, les déportés sont marqués à vie par un tatouage, un numéro alors qu’à la Kolyma, ils sont marqués à vie par leurs blessures. Le souvenir du Goulag reste donc très douloureux dans la mémoire et dans les corps.
On peut dire que l’expression « jeux créatifs » est ironique car les jeux constituent une sorte d’évaluation pour les enfants, on cherche à leur inculquer l’amour de leur patrie et la haine de l’ennemi. Pour un régime totalitaire, il est important d’endoctriner la jeunesse qui représente l’avenir et les futurs citoyens.
Varlam Chalamov
Varlam Chalamov est né le 18 juin 1907 et a passé une grande partie de sa vie dans les camps.Chalamov est arrêté pour la première fois en 1929, il est envoyé dans le camp de Vichéra pour avoir diffusé le texte de Lénine connu sous le nom de « Lettre au Congrès » appelé « Testament de Lénine ». Ce texte est interdit car dans ce texte Lénine exprimait ses réserves sur le choix de Staline pour lui succéder. Lors de sa deuxième arrestation en 1932 il est marié et père d’une petite fille, il est déjà l’auteur de quelques récits, publiés ou inédits.Il est finalement condamné à 5 ans d’après l’article 58 (« activité contre-révolutionnaire trotskiste »), il est envoyé à la Kolyma. Chamalov survit à la période Garanine, extrêmement répressive envers les zeks mais la faim et les journées de travail de seize heures sur les gisements aurifères l’ont transformé en un « crevard », littéralement « celui qui est au bout », mot qui désigne un état humain particulier, entre la vie et la mort.
Ecoutez Elias lire et commenter des extraits de son témoignage Récits de la Kolyma.
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Il doit sa survie à son écriture, il est convoqué chez un juge d’instruction après le travail, il transcrit des documents une fois par semaine. En décembre 1938 Chalamov est conduit à Magadane pour être interrogé dans le cadre d’une « affaire des juristes » fabriquée de toutes pièces, il a été condamné à mort mais sauvé in extremis. Après cette affaire il est emmené dans une baraque de transit. De là, quelque mois plus tard, il sera transféré dans une prospection géologique sur le Lac Noir, puis sur un gisement aurifère de la région d’Arkagala. En 1942, sa peine est prorogée jusqu’à la fin de la guerre. En 1943 il est envoyé au camp disciplinaire de Djelgala pour avoir dit que Bounine était un grand écrivain russe. Cette nouvelle condamnation le sauvera car dans son dossier le sigle meurtrier KRDT (activité contre-révolutionnaire trotskiste) sera remplacé par l’alinéa 10 (« propagande antisoviétique »). Après le procès à lagodnoïe Chalamov travaille dans une mission de vitamines. En 1945 Chalamov est envoyé dans un autre camp où les prisonniers n’ayant pas rempli la norme ne reçoivent pas le pain. Il le quitte à pied et rejoint lagodnoïe. Après cette tentative d’évasion, il est renvoyé à Djelgala. Libéré en 1951, il doit rester comme aide-médecin à la Kolyma. Il commence à écrire des poèmes et correspond avec l’écrivain et poète Boris Pasternak. Il va même jusqu’à parcourir cinq cents kilomètres pour aller chercher une de ses lettres. Chalamov quitte enfin la Kolyma en novembre 1953 mais il n’a pas le droit de résider à Moscou. Il se sépare de sa femme et s’installe dans la région de Kalinine où il travaille dans une exploitation de tourbe. Il entreprend la rédaction de ses Récits de la Kolyma. Il meurt en 1982 dans un hôpital psychiatrique.
Nous en avions tous assez de la nourriture du camp : nous étions au bord des larmes quand nous apercevions les grands chaudrons en zinc pleins de soupe qu’on apportait dans la baraque, suspendus sur des bâtons. Nous étions prêts à pleurer de peur que la soupe fût claire. […] L’amour, l’amitié, la jalousie, l’amour du prochain, la charité, la soif de gloire, la probité, tous ces sentiments nous avaient quittés en même temps que la chair que nous avions perdue pendant notre famine prolongée. […] Nous savions que si nous survivions, nous nous rencontrerions à contrecœur. Il nous serait désagréable de nous rappeler cette faim qui nous rendait à moitié fous, la destruction des poux dans les boîtes de conserve qui nous servaient de gamelles, les affabulations irrépressibles auprès du feu – affabulations-désirs –, les fables gastronomiques, les disputes et nos rêves identiques, car nous faisions tous et toujours le même rêve : des miches de pain d’orge passant près de nous comme des bolides ou comme des anges. […] Le Nord nous avait empoisonnés pour toujours et nous le comprenions. (récit « Ration de campagne »)
Je m’endormis, et dans mon sommeil agité d’affamé je rêvai de la boîte de lait condensé de Chestakov : une boîte colossale avec une étiquette bleu foncé comme un nuage. Cette boîte immense, bleue comme un ciel nocturne, était transpercé en mille endroits ; le lait en jaillissait et s’écoulait pour former le large flot de la Voie lactée. Et j’arrivais facilement à atteindre le ciel de mes mains, et je mangeais le lait sucré, le lait sidéral.
Non, il ne neigera pas. Le pin nain ne s’est pas encore couché. Les journées s’écoulent, il n’y a pas de neige, les nuages vagabondent quelque part derrière la montagne, un petit soleil pâle s’est levé dans le ciel immense et c’est toujours l’automne… Mais le pin nain se recourbe. De plus en plus bas, comme sous un fardeau infini, sans cesse grandissant. Il égratigne la pierre de son faîte et se presse contre terre en écartant ses pattes d’émeraude. Il s’aplatit. Il ressemble à une pieuvre avec des plumes vertes. Ainsi couché, il attend un jour ou deux ; le ciel blanc déverse enfin une neige poudreuse et le pin nain s’enfonce dans son hibernation comme un ours.
La culture juive en URSS
6. Les Juifs en URSS
Les Juifs d’Europe centrale et orientale parlent et écrivent en yiddish, il s’agit d’une langue germanique ayant la particularité de s’écrire avec l’alphabet hébreu. Cette langue est un mélange entre l’allemand (80%), l’hébreu et les langues slaves (russe, polonais). Aujourd’hui c’est une langue très rare depuis l'extermination de 6 millions de Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
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Alexei granowski
Mikhoels, Chagall et le théâtre yiddish
Il existe des artistes juifs soviétiques très connus comme Alexeï Granowski qui est le fondateur du réputé théâtre juif GOSET à Moscou ainsi que le metteur en scène de nombreuses pièces comme « La sorcière d’Abraham Goldfaden ».Salomon Mikhoels était un célèbre acteur juif qui jouait dans ses pièces, il a par exemple joué dans des pièces de William Shakespeare et Chagall était le peintre des décors du Théâtre GOSET.
En 1926, on peut apercevoir des affiches « A bas l’antisémitisme, vive l’Union des travailleurs de toutes les nationalités » comme l'affiche ci-contre. Plus bas, on peut lire « Honte à celui qui sème la discorde contre les Juifs, qui sème la haine contre les autres nations ! ». En bas de l’affiche, on voit à gauche des travailleurs juifs soviétiques qui représentent la situation présente et à droite des images de pogromes et une caricature de Juif avare représentant le passé avec comme titre « L’antisémitisme instrument de la contre-révolution. »L’URSS lutte donc d’abord contre l’antisémitisme et ce en réaction aux nombreux pogromes (mouvements de haines spontanés contre les juifs accompagnés de massacres et de pillages). L’antisémitisme est alors considéré comme un instrument de la contre-révolution
Les Juifs et les révolutions de 1917
La littérature juive soviétique
A partir de 1930, avec l'arrivée de Staline au pouvoir, les cultures autres que la culture soviétique sont opprimées. Les juifs pouvaient parler en URSS yiddish, hébreu ou bien la langue du pays où ils habitaient. Désormais, l’enseignement de l’hébreu est donc interdit, les organisations sionistes (favorables à la création d’un état juif en Palestine) sont perquisitionnées et leurs membres sont arrêtés à l'initiative même des sections juives du parti communiste. Seule la langue yiddish subsiste tant que les livres défendent les idées du parti communiste. Les livres Yiddish favorables aux idées communistes sont mis en avant. L'illustration ci-contre est celle d'un livre pour enfants de Leib Kvitko publié en 1937 à Odessa en Ukraine.
Un antisémitisme d'Etat
Le complot des blouses blanches
« Les traces du crime » par les Koukriniksy, Krokodil, 30 janvier 1953
Pour écouter une analyse de cette caricature par la chercheuse Lisa Vapné dans la RevueAlarmer, le 23 mars 2021
7. La mémoire du Goulag
Découvrez la brochure de l'association Memorial avec Estelle & Rayan
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Cette interview nous a montré que les résistances à la mémoire du Goulag ont été nombreuses.
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Interview d'une historienne sur la difficile reconnaissance du Goulag en URSS et en Occident
Par Neyla & Younes
Bibliographie & Sitographie
Padlet de ressources conçu pour les élèves
Tomasz Kizny, Goulag, éd. Balland, Acropole & Géo, 2003
Site Archives sonores - Mémoires européennes du Goulag
Patrick Rotman, Goulag - Une histoire soviétique (3 volets), 2017
Michaël Prazan, Goulag(s), documentaire, 2018
Site de Lumni, URSS Chronologies et portraits
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Les élèves de 3Eavec l'aide de Mmes Laloyaux & Abssi 2021
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IssraNahimWalid Julien
CamilleSami Youssef
OmarAdlaneRokia
FarahAlexandreZakaria
KahinaEliasMickelePavitra
YacineKyraYasser
EstelleRayanNeylaYounes