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Explication Colchiques

e.veyronduplan

Created on May 9, 2021

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Transcript

Les Colchiques

Séquence 4 : Alcools, Apollinaire, 1913

Explication linéaire n°2

Introduction

Recueil Alcools : paraît en 1913. Poèmes composés entre 1898 et 1912. Renouvellement de l'écriture poétique (absence de ponctuation, richesse lexicale, renouvellement des motifs lyriques traditionnels...) Poème "Les Colchiques" : cycle d'Annie Pleyden ; inséré après célèbre poème "La Chanson du Mal-Aimé". Lyrisme mélancolique : évoque échec amoureux d'Apollinaire, délaissé par la jeune gouvernante rencontrée lors de son séjour en Allemagne. Court poème de 15 vers, répartis en 3 strophes de plus en plus brèves. Apollinaire associe yeux de la femme aimée à une fleur vénéneuse, le colchique.

Premier mouvement : v. 1 à 7-> Description du pré et comparaison entre la fleur et les yeux de la femme aimée

.01

Analyse

V. 1

Procédés

Le pré est vénéneux mais joli en automne

Alexandrin -> paysage ambivalent ("vénéneux", adj. qui évoque la mort / "joli" adj. mélioratif) -> opposition soulignée par conjonction "mais" Hiatus ("pré est", "joli en") -> dissonance, accentuée par assonance en (é) Trouble qui caractérise ce paysage bucolique. Automne : évoque mort de la nature ; souvent associée en poésie à la fin du sentiment amoureux -> élément traditionnel. 1er vers, auquel fera écho le dernier vers : structure circulaire du poème -> paysage comme enfermé sur lui-même, atmosphère étouffante, tout au long du poème.

.02

Analyse

V. 2

Procédés

Les vaches y paissant

Vers de 6 syllabes = hexasyllabe -> pas de nouvel alexandrin -> rupture avec tradition poétique. V. 2 et 3 de longueur égale : semblent rappeler la longueur de l'alexandrin, qu'Apollinaire aurait choisi de scinder en deux (vers 2 isolé par sa rime orpheline). Rupture de l'alexandrin crée aussi un effet de suspens : attente du verbe dont le sujet est "les vaches". Lenteur du rythme (forme en -ant, liaison "vaches" et pronom "y"), qui semble faire écho à celle de l'animal bovin -> dimension triviale -> recherche de modernité d'Apo, qui mêle les tonalités, à la fois lyrique et prosaïque. Contraste entre paysage bucolique et évocation de la mort.

.03

Analyse

V. 3

Procédés

Lentement s'empoisonnent

Ralentissement du rythme : adverbe "lentement", assonance en (an). Ecriture musicale, à la manière de Verlaine ("Chanson d'automne").Décor d'abord bucolique (poème à la manière d'une églogue, cf. cadre de pastorale) -> tonalité se fait soudain plus sombre -> mort soudain présente : menace qui va peser tout au long du poème. Si l'on associe les v. 2 et 3, car le v. 2 ne rime avec aucun autre et est incomplet sur le plan syntaxique, on constate que l'on peut ainsi compter 14 vers au lieu de 15. Ce nombre peut faire écho à la forme traditionnelle du sonnet, qu'Apollinaire aurait ainsi démantelée en trois strophes de longueur inégale (au lieu des deux quatrains et du sizain habituels).

.04

Analyse

V. 4

Procédés

Le colchique couleur de cerne et de lilas

Lexique du poison : adj. "vénéneux" v. 1 ; verbe "s'empoisonner" v. 3 // avec l'image du "colchique", fleur mortelle si on la consomme. Allitération en (k) ("colchiques", "couleur") accentue la menace qui plane. Zeugme associant de façon inattendue un terme mélioratif ("lilas") et un terme péjoratif ("cerne"), un élément floral et un terme du lexique du corps : association de la fleur aux yeux de la femme aimée. Apollinaire s'inscrit dans une tradition poétique, en prenant une partie du corps, les yeux, comme objet de ses vers. Mais il en fait un éloge ambivalent -> recherche de modernité.

.05

Analyse

V. 5

Procédés

Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là

Effet d'enjambement v. 4 / 5 : description cadre spatial et flore -> puis évocation femme aimée. Apollinaire s'inscrit dans une tradition poétique, en associant les yeux de la femme aimée à la fleur. Mais il en fait un éloge ambivalent puisqu'il s'agit d'une fleur toxique. Comparaison entre les yeux de la femme et le colchique évoque la Colchide, patrie de Médée, célèbre pour avoir tué ses deux enfants après avoir été délaissée par Jason. Médée : aussi célèbre pour ses pouvoirs d'empoisonneuse, de magicienne, de sorcière. Adresse à la femme aimée, cf. dét. possessif "tes". Mais la femme est absente, comme déjà en allée.

.06

Analyse

V. 6

Procédés

Description des yeux se poursuit : disposition en chiasme de l'expression "couleur de cerne et de lilas" (v. 4) avec comparaison "violâtres comme leur cerne" (v. 6).Suffixe péjoratif "-âtre" : donne aux yeux comme paysage dépeint une coloration inquiétante, presque mortifère. Comparaison "comme leur cerne et comme cet automne" elle aussi péjorative : le cerne connote la maladie, la fatigue, tout comme la saison automnale, saison du déclin, fait écho au thème de la mort. Rythme en 7 / 6 du vers => 13 syllabes => déséquilibre, instabilité. Automne : inscription dans une tradition littéraire (saison de la mélancolie, cf. poètes romantiques, Verlaine...). -> Colchique : contamine peu à peu ensemble du poème et du paysage.

Violâtres comme leur cerne et comme cet automne

.07

Analyse

V. 7

Procédés

Synecdoque des yeux (pour désigner femme aimée) se déploie tout au long des vers : thème de l'envoûtement, de l'emprisonnement. Rappel de la figure de Médée, présente en filigrane : la femme est associée à un danger, à une menace.P1 / P2 présentes à travers les possessifs ("ma vie" / "tes yeux" -> poète semble se consumer pour celle qu'il aime). Effets d'échos, jeux de répétitions : cf. polyptote, cf. verbe "s'empoisonne" (déjà présent au pluriel au v. 3), adverbe "lentement" répété également + retour de l'assonance en (an) -> langueur qui gagne le poète et contamine les vers. Le poète est donc associé au ruminant -> Tous deux sont passifs et victimes d'une lente agonie qui s'annonce. Ironie, également, du poète, forcé de constater l'extinction du lyrisme traditionnel.

Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Deuxième mouvement : v. 8 à 12-> Intrusion d'éléments extérieurs et poursuite de la comparaison

.08

Analyse

V. 8-9

Procédés

Monde de l'enfance introduit dans le poème -> irruption sonore (cf. sens de l'ouïe ("fracas" et "harmonica" placés à la rime), allitération en (k) aux v. 8 et 9 -> arrivée soudaine et brutale, intrusion qui semble inattendue). Nouvelle cacophonie, qui rompt avec le cadre bucolique précédemment évoqué. Rythme du v. 9 : 13 syllabes (rythme impair, qui crée un déséquilibre avec l'alexandrin qui précède). Lexique prosaîque et populaire ("école", "hoquetons" = vestes de toile grossière -> cadre urbain, contraste avec l'univers de la pastorale). Verbes d'action, au présent de narration ("viennent", "cueillent") : enfants s'opposent à la passivité des vaches dans la strophe 1.

Les enfants de l'école viennent avec fracasVêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica

.09

Analyse

V. 10-11

Procédés

Disparition du "je" : poète comme extérieur à son tableau. Présence de la P2, cf. possessif "tes" : la femme, inquiétante, menaçante, figure encore dans cette strophe quand le "je" poétique s'en est allé -> Mise à mal de l'écriture lyrique, sur laquelle pèse un danger (cf. image de Médée toujours présente en filigrane, présence des enfants, associés à un danger latent : cueillent la fleur toxique). Enjambement qui associe les deux vers : comparaison qui souligne l'association fleur / femme ("comme des mères / Filles de leurs filles") -> cf. étrangeté de la fleur // ambiguïté figure féminine, à la fois attirante et inquiétante. Lexique du regard toujours présent : "yeux" v. 5 et 7, "cerne" v. 6, "paupières" v. 11 -> associé à celui de la fatigue : lassitude de la femme aimée, qui s'éloigne peu à peu.

Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières

.10

Analyse

V. 12

Procédés

Danger de plus en plus prégnant, cf. répétition du verbe "battre", sonorités incisives (allitération en (t), personnification du "vent dément" : folie associée à la menace déjà latente causée par le poison des colchiques. Imagée de la fleur associée aux yeux est encore filée, cf. comparaison paupières / fleurs.

Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Troisième mouvement : v. 13 à 15-> Le pré est déserté

.11

Analyse

V. 13

Procédés

Tjrs la même inscription dans la tradition du poème bucolique, qui remonte à l'Antiquité (univers de la pastorale : bergers et bergères).Analogie poète / gardien du troupeau : le pré qui sera plus tard déserté semble refléter l'abandon d'une ancienne poésie. Figure du "gardien" peut aussi faire écho à celle d'Orphée, figure tutélaire du lyrisme. Cf. rythme régulier de ce vers (alexandrin 6 / 6). // thème de la fuite du temps, présent dans de nombreux poèmes du recueil et renouvelé par Apollinaire -> dimension mélancolique du poème.

Le gardien du troupeau chante tout doucement

.12

Analyse

V. 14-15

Procédés

Pré peu à peu déserté par tous. Le dernier vers au rythme régulier (3/3/3/3) semble reproduire le départ du troupeau. Assonance en (an) ("lentes", "meuglant", "abandonnent", "grand") -> musicalité + rappel des premiers vers, dans lesquels cette sonorité était déjà présente. Jeux de répétitions lexicales, cf. adverbe "lentement" v. 3 // adj. "lentes" au v. 14. Meuglement des vaches (dimension triviale -> modernité) semble avoir fait disparaître le chant du poète-gardien. Lexique du départ ("abandonnent"), associé à celui de la finitude ("pour toujours") -> mort du lyrisme traditionnel. Description simple du pré, plus prosaïque, comme si la poésie avait disparu ("ce grand pré mal fleuri" -> évocation toujours ambivalente).

Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnentPour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne

.13

Conclusion

Bilan

Ronsard : comparaison femme / rose (Les Amours, 1584) ; Apollinaire : colchiques / figure féminine lointaine, menace qui plane. L'association femme - fleur ne reflète pas la jeunesse et l'amour mais le danger, la malédiction, l'épuisement, la mort -> mise à mal du lyrisme traditionnel. Mélancolie qui habite le texte : le chant poétique s'amoindrit peu à peu dans un cadre mortifère, pour s'éteindre définitivement. Le poète fait face au temps qui passe, à l'oubli : seuls ses vers lui permettront de perdurer.

Ouverture

// avec "Automne malade. -> nostalgie du temps qui passe, renouvellement du paysage état d'âme -> lyrisme novateur.