La disparition d'Honoré Subrac
de Guillaume Apollinaire
Mme Stouder
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Index
5. L'artiste : Liu Bolin
1. L'auteur : Apollinaire
6. Images à analyser
2. Texte et questions
3. Exercice final
7. Synthèse sur l'art de l'illusion
8. Vidéo making-of en cliquant sur l'oeil...
4. Synthèse à remplir
Vous répondrez aux questions posées après avoir lu le texte à chaque page. Écrivez sur une feuille de classeur le titre et l'auteur de la nouvelle en haut de la feuille puis répondez à chaque question en faisant des phrases.
L'auteur : Guillaume Apollinaire
Apollinaire
Le poète Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky naît à Rome le 25 août 1880. Il est le fils d'une Polonaise et d'un père inconnu (un officier italien, selon l'hypothèse la plus probable). Son nom complet est : Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky. En 1901, il est engagé comme précepteur en Allemagne et tombe amoureux de la gouvernante Annie Playden, qui refuse ses avances. Ses premiers poèmes portent la trace de sa douleur d'homme éconduit. Il rentre à Paris en 1902 et commence à publier de nombreux contes et poèmes, en signant "Guillaume Apollinaire". Le poète se fait connaître dans les milieux artistiques et devient ami avec Pablo Picasso, se rapprochant du mouvement cubiste. Cette même année est publié son premier recueil de poèmes, "Alcools". Il veut s'engager dans l'armée française dès 1914, mais ne possède pas la nationalité et doit être naturalisé. Il est tout de même affecté en décembre 1914 dans l'artillerie et continue d'écrire. Transféré dans l'infanterie en 1915, il est naturalisé en début d'année 1916. Il est blessé quelques jours plus tard par un éclat d'obus et est trépané à Paris. En convalescence, il se remet à écrire et crée le terme de "surréalisme". En 1917, Apollinaire sort une pièce de théâtre dédiée à ce nouveau mot : "Les mamelles de Tirésias". Il meurt de ses blessures de guerre 2 jours avant l'armistice de 1918...
La disparition d’Honoré Subrac
page 201 de votre manuel
En dépit des recherches les plus minutieuses, la police n’est pas arrivée à élucider le mystère de la disparition d’Honoré Subrac. Il était mon ami, et comme je connaissais la vérité sur son cas, je me fis un devoir de mettre la justice au courant de ce qui s’était passé. Le juge qui recueillit mes déclarations prit avec moi, après avoir écouté mon récit, un ton de politesse si épouvantée que je n’eus aucune peine à comprendre qu’il me prenait pour un fou. Je le lui dis. Il devint plus poli encore, puis, se levant, il me poussa vers la porte, et je vis son greffier, debout les poings serrés, prêt à sauter sur moi si je faisais le forcené. Je n’insistai pas. Le cas d’Honoré Subrac est, en effet, si étrange que la vérité paraît incroyable. On a appris par les récits des journaux que Subrac passait pour un original. L’hiver comme l’été, il n’était vêtu que d’une houppelande et n’avait aux pieds que des pantoufles. Il était fort riche, et comme sa tenue m’étonnait, je lui en demandai un jour la raison : - C’est pour être plus vite dévêtu, en cas de nécessité, me répondit-il. Au demeurant, on s’accoutume vite à sortir peu vêtu. On se passe fort bien de linge, de bas et de chapeau. Je vis ainsi depuis l’âge de vingt-cinq ans et je n’ai jamais été malade. Ces paroles, au lieu de m’éclairer, aiguisèrent ma curiosité.
- Pourquoi donc, pensai-je, Honoré Subrac a-t-il besoin de se dévêtir si vite ? Et je faisais un grand nombre de suppositions…
Qui est le narrateur?Justifiez votre réponse.
Peut-on dire que cet incipit est un début de roman policier? Pourquoi?
Quels éléments troublants remarquez-vous? Citez le texte.
La disparition d’Honoré Subrac
page 202 de votre manuel
Une nuit que je rentrais chez moi – il pouvait être une heure, une heure un quart – j’entendis mon nom prononcé à voix basse. Il me parut venir de la muraille que je frôlais. Je m’arrêtai désagréablement surpris.- N’y a-t-il plus personne dans la rue ? reprit la voix. C’est moi, Honoré Subrac. - Où êtes-vous donc ? m’écriai-je, en regardant de tous côtés sans parvenir à me faire une idée de l’endroit où mon ami pouvait se cacher. Je découvris seulement sa fameuse houppelande gisant sur le trottoir, à côté de ses non moins fameuses pantoufles. - Voilà un cas, pensai-je, où la nécessité a forcé Honoré Subrac à se dévêtir en un clin d’œil. Je vais enfin connaître un beau mystère. Et je dis à haute voix : - La rue est déserte, cher ami, vous pouvez apparaître. Brusquement, Honoré Subrac se détacha en quelque sorte de la muraille contre laquelle je ne l’avais pas aperçu. Il était complètement nu et, avant tout, il s’empara de sa houppelande qu’il endossa et boutonna le plus vite qu’il put. Il se chaussa ensuite et délibérément, me parla en m’accompagnant jusqu’à ma porte.
Dans quelles circonstances se passe la rencontre entre le narrateur et Honoré Subrac?
La disparition d’Honoré Subrac
page 202 de votre manuel
- Vous avez été étonné ! dit-il, mais vous comprenez maintenant la raison pour laquelle je m’habille avec tant de bizarrerie. Et cependant vous n’avez pas compris comment j’ai pu échapper aussi complètement à vos regards. C’est bien simple. Il ne faut voir là qu’un phénomène de mimétisme… La nature est une bonne mère. Elle a départi à ceux de ses enfants que des dangers menacent, et qui sont trop faibles pour se défendre, le don de se confondre avec ce qui les entoure… Mais, vous connaissez tout cela. Vous savez que les papillons ressemblent aux fleurs, que certains insectes sont semblables à des feuilles, que le caméléon peut prendre la couleur qui le dissimule le mieux, que le lièvre polaire est devenu blanc comme les glaciales contrées où, couard autant que celui de nos guérets, il détale presque invisible. C’est ainsi que ces faibles animaux échappent à leurs ennemis par une ingéniosité instinctive qui modifie leur aspect. Et moi, qu’un ennemi poursuit sans cesse, moi, qui suis peureux et qui me sens incapable de me défendre dans une lutte, je suis semblable à ces bêtes : je me confonds à volonté et par terreur avec le milieu ambiant.
De quel don Honoré Subrac est-il pourvu?Comment l'a-t-il reçu?
Que pensez-vous des explications qu'il donne?
La disparition d’Honoré Subrac
page 204 de votre manuel
J’ai exercé pour la première fois cette faculté instinctive, il y a un certain nombre d’années déjà. J’avais vingt-cinq ans, et, généralement, les femmes me trouvaient avenant et bien fait. L’une d’elles, qui était mariée, me témoigna tant d’amitié que je ne sus point résister. Fatale liaison !... Une nuit, j’étais chez ma maîtresse. Son mari, soi-disant, était parti pour plusieurs jours. Nous étions nus comme des divinités, lorsque la porte s’ouvrit soudain, et le mari apparut un revolver à la main. Ma terreur fut indicible, et je n’eus qu’une envie, lâche que j’étais et que je suis encore : celle de disparaître. M’adossant au mur, je souhaitai me confondre avec lui. Et l’événement imprévu se réalisa aussitôt. Je devins de la couleur du papier de tenture, et mes membres s’aplatissant dans un étirement volontaire et inconcevable, il me parut que je faisais corps avec le mur et que personne désormais ne me voyait. C’était vrai. Le mari me cherchait pour me faire mourir. Il m’avait vu, et il était impossible que je me fusse enfui. Il devint comme fou, et, tournant sa rage contre sa femme, il la tua sauvagement en lui tirant six coups de revolver dans la tête. Il s’en alla ensuite, pleurant désespérément. Après son départ, instinctivement, mon corps reprit sa forme normale et sa couleur naturelle. Je m’habillai, et parvins à m’en aller avant que personne ne fût venu…
Qu'arrive-t-il à Honoré Subrac?En quoi le mimétisme lui sauve-t-il la vie?
La disparition d’Honoré Subrac
page 204 de votre manuel
Cette bienheureuse faculté, qui ressortit au mimétisme, je l’ai conservé depuis. Le mari, ne m’ayant pas tué, a consacré son existence à l’accomplissement de cette tâche. Il me poursuit depuis longtemps à travers le monde, et je pensais lui avoir échappé en venant habiter Paris. Mais, j’ai aperçu cet homme, quelques instants avant votre passage. La terreur me faisait claquer les dents. Je n’ai eu que le temps de me dévêtir et de me confondre avec la muraille. Il a passé près de moi, regardant curieusement cette houppelande et ces pantoufles abandonnées sur le trottoir. Vous voyez combien j’ai raison de m’habiller sommairement. Ma faculté mimétique ne pourrait pas s’exercer si j’étais vêtu comme tout le monde. Je ne pourrais pas me déshabiller assez vite pour échapper à mon bourreau, et il importe, avant tout, que je sois nu, afin que mes vêtements, aplatis contre la muraille, ne rendent pas inutile ma disparition défensive. » Je félicitai Subrac d’une faculté dont j’avais les preuves et que je lui enviais…
En quoi pouvez-vous dire que le registre fantastique et le roman policier s'entremêlent dans cette nouvelle?
La disparition d’Honoré Subrac
page 206 de votre manuel
Les jours suivants, je ne pensai qu’à cela et je me surprenais, à tout propos, tendant ma volonté dans le but de modifier ma forme et ma couleur. Je tentai de me changer en autobus, en Tour Eiffel, en Académicien, en gagnant du gros lot. Mes efforts furent vains. Je n’y étais pas. Ma volonté n’avait pas assez de force, et puis il me manquait cette sainte terreur, ce formidable danger qui avait réveillé les instincts d’Honoré Subrac… Je ne l’avais point vu depuis quelque temps, lorsqu’un jour, il arriva affolé : - Cet homme, mon ennemi, me dit-il, me guette partout. J’ai pu lui échapper trois fois en exerçant ma faculté, mais j’ai peur, j’ai peur, cher ami. Je vis qu’il avait maigri, mais je me gardai de le lui dire. - Il ne vous reste qu’une chose à faire, déclarai-je. Pour échapper à un ennemi aussi impitoyable : partez ! Cachez-vous dans un village. Laissez-moi le soin de vos affaires et dirigez-vous vers la gare la plus proche. Il me serra la main en disant : - Accompagnez-moi, je vous en supplie, j’ai peur !
Quel conseil donne le narrateur à Honoré Subrac? Pourquoi?
La disparition d’Honoré Subrac
page 206-207 de votre manuel
Dans la rue, nous marchâmes en silence. Honoré Subrac tournait constamment la tête, d’un air inquiet. Tout à coup, il poussa un cri et se mit à fuir en se débarrassant de sa houppelande et de ses pantoufles. Et je vis qu’un homme arrivait derrière nous en courant. J’essayai de l’arrêter. Mais il m’échappa. Il tenait un revolver qu’il braquait dans la direction d’Honoré Subrac. Celui-ci venait d’atteindre un long mur de caserne et disparut comme par enchantement. L’homme au revolver s’arrêta stupéfait, poussant une exclamation de rage, et, comme pour se venger du mur qui semblait lui avoir ravi sa victime, il déchargea son revolver sur le point où Honoré Subrac avait disparu. Il s’en alla ensuite, en courant … Des gens se rassemblèrent, des sergents de ville vinrent les disperser. Alors, j’appelai mon ami. Mais il ne me répondit pas. Je tâtai la muraille, elle était encore tiède, et je remarquai que, des six balles de revolver, trois avaient frappé à la hauteur d’un cœur d’homme, tandis que les autres avaient éraflé le plâtre, plus haut, là où il me sembla distinguer, vaguement, les contours d’un visage.
Menez l'enquête! Honoré Subrac est-il mort? Relevez les indices qui vous indiquent sa mort ou sa survie et confrontez vos hypothèses.Pour cela vous remplirez le tableau de la page suivante.
Disparaître, est-ce mourir?
Recopiez et remplissez ce tableau sur votre feuille de classeur afin de répondre à la dernière question...
Remplissez cette synthèse en trouvant les mots manquants (il faudra se souvenir de ces mots !)
Correction
La disparition d'Honoré Subrac est une _________________ fantastique. L'___________________ (= le début > « Il commence » en latin) semble celui d'un récit _______________________ (avec une enquête qui intrigue).
Le __________________ non-identifié (ne jamais dire que c'est l'auteur) se présente comme le principal témoin d'une affaire mystérieuse de disparition. Des éléments très _____________________ ancrent l'intrigue dans la réalité : le mari jaloux et violent, le __________________________ de l'enquête de police, le décor réaliste et banal. Néanmoins des éléments ____________________ apparaissent rapidement qui font basculer le récit dans le genre ______________________ : folie, étrangeté, vérité incroyable, vêtements étonnants. Ainsi le lecteur s'attend à une aventure particulière dans ce cadre réaliste avec un personnage atypique. On apprend assez rapidement qu'Honoré Subrac est doué du ____________________
___________________________ ou de camouflage parfait. La nouvelle propose alors une _________________________ simple et efficace qui se concentre sur cet élément fantastique : Honoré Subrac est menacé de mort dans une affaire d'adultère et doit disparaître à plusieurs reprises pour y échapper. La tension et le _________________ s'accélèrent jusqu'à une fin rapide.
L'ultime péripétie est la mystérieuse _____________ d'Honoré Subrac. Néanmoins cet _____________________ (= la toute fin d'une histoire > « Il termine » en latin) est une _________________ (inattendue) et ne propose pas d'explication claire aux événements. Le lecteur ne peut décider si la disparition est définitive ou s'il s'agit d'une mort surnaturelle (avec disparition du corps). Le narrateur lui-même hésite entre _____________________ et _________________________. Ce ______________ est typique du récit fantastique.
Vous répondrez aux questions posées (page 205 de votre manuel) après avoir choisi une des images proposées. Écrivez sur votre feuille de classeur le titre et l'auteur de l'image puis répondez à chaque question en faisant une courte phrase.
Liu Bolin
Liu Bolin 劉勃麟
Liu Bolin (né en 1973 dans la province de Shandong, Chine) est un artiste chinois. Il vit et travaille à Pékin.
Artiste performer, activiste et contestataire, connu internationalement pour ses photographies de lui-même dissimulé dans ses paysages, ce qui lui vaut le surnom de « l'homme invisible ». Exposant dans les musées et galeries à travers le monde, ses œuvres les plus populaires sont Hiding in the city (« caché dans la ville »), une série photographique qui a débuté en tant que performance en 2005. Son message ? L'homme est devenu transparent dans la société. Comme annihilé par le pouvoir suprême de la consommation, l'individu s'efface, ne compte plus. Ceci est encore plus vrai de l'artiste contemporain oppressé par le régime chinois...
Choisissez une des oeuvres (en cliquant dessus) et répondez rapidement aux questions posées :
Bonus :
Liu Bolin, Hommage à Charlie Hebdo, Série Target, « Charlie », 2015
Recopiez cette synthèse en remplissant les blancs du texte (ou imprimez le documents en PJ sur Pronote)
Le trompe-l'oeil est un procédé utilisé en peinture et en photographie. Il consiste à jouer sur la confusion de la perception du spectateur. Il donne l'illusion d'une réalité en jouant sur des reliefs. Cette technique est également utilisée en architecture, notamment pour imiter des matériaux nobles (tels que le marbre, le bois...) et pour jouer avec les volumes.
Bravo, vous êtes arrivés au bout de ce cours...
Subrac-Bolin
me.stouder
Created on May 9, 2021
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La disparition d'Honoré Subrac
de Guillaume Apollinaire
Mme Stouder
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Index
5. L'artiste : Liu Bolin
1. L'auteur : Apollinaire
6. Images à analyser
2. Texte et questions
3. Exercice final
7. Synthèse sur l'art de l'illusion
8. Vidéo making-of en cliquant sur l'oeil...
4. Synthèse à remplir
Vous répondrez aux questions posées après avoir lu le texte à chaque page. Écrivez sur une feuille de classeur le titre et l'auteur de la nouvelle en haut de la feuille puis répondez à chaque question en faisant des phrases.
L'auteur : Guillaume Apollinaire
Apollinaire
Le poète Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky naît à Rome le 25 août 1880. Il est le fils d'une Polonaise et d'un père inconnu (un officier italien, selon l'hypothèse la plus probable). Son nom complet est : Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky. En 1901, il est engagé comme précepteur en Allemagne et tombe amoureux de la gouvernante Annie Playden, qui refuse ses avances. Ses premiers poèmes portent la trace de sa douleur d'homme éconduit. Il rentre à Paris en 1902 et commence à publier de nombreux contes et poèmes, en signant "Guillaume Apollinaire". Le poète se fait connaître dans les milieux artistiques et devient ami avec Pablo Picasso, se rapprochant du mouvement cubiste. Cette même année est publié son premier recueil de poèmes, "Alcools". Il veut s'engager dans l'armée française dès 1914, mais ne possède pas la nationalité et doit être naturalisé. Il est tout de même affecté en décembre 1914 dans l'artillerie et continue d'écrire. Transféré dans l'infanterie en 1915, il est naturalisé en début d'année 1916. Il est blessé quelques jours plus tard par un éclat d'obus et est trépané à Paris. En convalescence, il se remet à écrire et crée le terme de "surréalisme". En 1917, Apollinaire sort une pièce de théâtre dédiée à ce nouveau mot : "Les mamelles de Tirésias". Il meurt de ses blessures de guerre 2 jours avant l'armistice de 1918...
La disparition d’Honoré Subrac
page 201 de votre manuel
En dépit des recherches les plus minutieuses, la police n’est pas arrivée à élucider le mystère de la disparition d’Honoré Subrac. Il était mon ami, et comme je connaissais la vérité sur son cas, je me fis un devoir de mettre la justice au courant de ce qui s’était passé. Le juge qui recueillit mes déclarations prit avec moi, après avoir écouté mon récit, un ton de politesse si épouvantée que je n’eus aucune peine à comprendre qu’il me prenait pour un fou. Je le lui dis. Il devint plus poli encore, puis, se levant, il me poussa vers la porte, et je vis son greffier, debout les poings serrés, prêt à sauter sur moi si je faisais le forcené. Je n’insistai pas. Le cas d’Honoré Subrac est, en effet, si étrange que la vérité paraît incroyable. On a appris par les récits des journaux que Subrac passait pour un original. L’hiver comme l’été, il n’était vêtu que d’une houppelande et n’avait aux pieds que des pantoufles. Il était fort riche, et comme sa tenue m’étonnait, je lui en demandai un jour la raison : - C’est pour être plus vite dévêtu, en cas de nécessité, me répondit-il. Au demeurant, on s’accoutume vite à sortir peu vêtu. On se passe fort bien de linge, de bas et de chapeau. Je vis ainsi depuis l’âge de vingt-cinq ans et je n’ai jamais été malade. Ces paroles, au lieu de m’éclairer, aiguisèrent ma curiosité. - Pourquoi donc, pensai-je, Honoré Subrac a-t-il besoin de se dévêtir si vite ? Et je faisais un grand nombre de suppositions…
Qui est le narrateur?Justifiez votre réponse.
Peut-on dire que cet incipit est un début de roman policier? Pourquoi?
Quels éléments troublants remarquez-vous? Citez le texte.
La disparition d’Honoré Subrac
page 202 de votre manuel
Une nuit que je rentrais chez moi – il pouvait être une heure, une heure un quart – j’entendis mon nom prononcé à voix basse. Il me parut venir de la muraille que je frôlais. Je m’arrêtai désagréablement surpris.- N’y a-t-il plus personne dans la rue ? reprit la voix. C’est moi, Honoré Subrac. - Où êtes-vous donc ? m’écriai-je, en regardant de tous côtés sans parvenir à me faire une idée de l’endroit où mon ami pouvait se cacher. Je découvris seulement sa fameuse houppelande gisant sur le trottoir, à côté de ses non moins fameuses pantoufles. - Voilà un cas, pensai-je, où la nécessité a forcé Honoré Subrac à se dévêtir en un clin d’œil. Je vais enfin connaître un beau mystère. Et je dis à haute voix : - La rue est déserte, cher ami, vous pouvez apparaître. Brusquement, Honoré Subrac se détacha en quelque sorte de la muraille contre laquelle je ne l’avais pas aperçu. Il était complètement nu et, avant tout, il s’empara de sa houppelande qu’il endossa et boutonna le plus vite qu’il put. Il se chaussa ensuite et délibérément, me parla en m’accompagnant jusqu’à ma porte.
Dans quelles circonstances se passe la rencontre entre le narrateur et Honoré Subrac?
La disparition d’Honoré Subrac
page 202 de votre manuel
- Vous avez été étonné ! dit-il, mais vous comprenez maintenant la raison pour laquelle je m’habille avec tant de bizarrerie. Et cependant vous n’avez pas compris comment j’ai pu échapper aussi complètement à vos regards. C’est bien simple. Il ne faut voir là qu’un phénomène de mimétisme… La nature est une bonne mère. Elle a départi à ceux de ses enfants que des dangers menacent, et qui sont trop faibles pour se défendre, le don de se confondre avec ce qui les entoure… Mais, vous connaissez tout cela. Vous savez que les papillons ressemblent aux fleurs, que certains insectes sont semblables à des feuilles, que le caméléon peut prendre la couleur qui le dissimule le mieux, que le lièvre polaire est devenu blanc comme les glaciales contrées où, couard autant que celui de nos guérets, il détale presque invisible. C’est ainsi que ces faibles animaux échappent à leurs ennemis par une ingéniosité instinctive qui modifie leur aspect. Et moi, qu’un ennemi poursuit sans cesse, moi, qui suis peureux et qui me sens incapable de me défendre dans une lutte, je suis semblable à ces bêtes : je me confonds à volonté et par terreur avec le milieu ambiant.
De quel don Honoré Subrac est-il pourvu?Comment l'a-t-il reçu?
Que pensez-vous des explications qu'il donne?
La disparition d’Honoré Subrac
page 204 de votre manuel
J’ai exercé pour la première fois cette faculté instinctive, il y a un certain nombre d’années déjà. J’avais vingt-cinq ans, et, généralement, les femmes me trouvaient avenant et bien fait. L’une d’elles, qui était mariée, me témoigna tant d’amitié que je ne sus point résister. Fatale liaison !... Une nuit, j’étais chez ma maîtresse. Son mari, soi-disant, était parti pour plusieurs jours. Nous étions nus comme des divinités, lorsque la porte s’ouvrit soudain, et le mari apparut un revolver à la main. Ma terreur fut indicible, et je n’eus qu’une envie, lâche que j’étais et que je suis encore : celle de disparaître. M’adossant au mur, je souhaitai me confondre avec lui. Et l’événement imprévu se réalisa aussitôt. Je devins de la couleur du papier de tenture, et mes membres s’aplatissant dans un étirement volontaire et inconcevable, il me parut que je faisais corps avec le mur et que personne désormais ne me voyait. C’était vrai. Le mari me cherchait pour me faire mourir. Il m’avait vu, et il était impossible que je me fusse enfui. Il devint comme fou, et, tournant sa rage contre sa femme, il la tua sauvagement en lui tirant six coups de revolver dans la tête. Il s’en alla ensuite, pleurant désespérément. Après son départ, instinctivement, mon corps reprit sa forme normale et sa couleur naturelle. Je m’habillai, et parvins à m’en aller avant que personne ne fût venu…
Qu'arrive-t-il à Honoré Subrac?En quoi le mimétisme lui sauve-t-il la vie?
La disparition d’Honoré Subrac
page 204 de votre manuel
Cette bienheureuse faculté, qui ressortit au mimétisme, je l’ai conservé depuis. Le mari, ne m’ayant pas tué, a consacré son existence à l’accomplissement de cette tâche. Il me poursuit depuis longtemps à travers le monde, et je pensais lui avoir échappé en venant habiter Paris. Mais, j’ai aperçu cet homme, quelques instants avant votre passage. La terreur me faisait claquer les dents. Je n’ai eu que le temps de me dévêtir et de me confondre avec la muraille. Il a passé près de moi, regardant curieusement cette houppelande et ces pantoufles abandonnées sur le trottoir. Vous voyez combien j’ai raison de m’habiller sommairement. Ma faculté mimétique ne pourrait pas s’exercer si j’étais vêtu comme tout le monde. Je ne pourrais pas me déshabiller assez vite pour échapper à mon bourreau, et il importe, avant tout, que je sois nu, afin que mes vêtements, aplatis contre la muraille, ne rendent pas inutile ma disparition défensive. » Je félicitai Subrac d’une faculté dont j’avais les preuves et que je lui enviais…
En quoi pouvez-vous dire que le registre fantastique et le roman policier s'entremêlent dans cette nouvelle?
La disparition d’Honoré Subrac
page 206 de votre manuel
Les jours suivants, je ne pensai qu’à cela et je me surprenais, à tout propos, tendant ma volonté dans le but de modifier ma forme et ma couleur. Je tentai de me changer en autobus, en Tour Eiffel, en Académicien, en gagnant du gros lot. Mes efforts furent vains. Je n’y étais pas. Ma volonté n’avait pas assez de force, et puis il me manquait cette sainte terreur, ce formidable danger qui avait réveillé les instincts d’Honoré Subrac… Je ne l’avais point vu depuis quelque temps, lorsqu’un jour, il arriva affolé : - Cet homme, mon ennemi, me dit-il, me guette partout. J’ai pu lui échapper trois fois en exerçant ma faculté, mais j’ai peur, j’ai peur, cher ami. Je vis qu’il avait maigri, mais je me gardai de le lui dire. - Il ne vous reste qu’une chose à faire, déclarai-je. Pour échapper à un ennemi aussi impitoyable : partez ! Cachez-vous dans un village. Laissez-moi le soin de vos affaires et dirigez-vous vers la gare la plus proche. Il me serra la main en disant : - Accompagnez-moi, je vous en supplie, j’ai peur !
Quel conseil donne le narrateur à Honoré Subrac? Pourquoi?
La disparition d’Honoré Subrac
page 206-207 de votre manuel
Dans la rue, nous marchâmes en silence. Honoré Subrac tournait constamment la tête, d’un air inquiet. Tout à coup, il poussa un cri et se mit à fuir en se débarrassant de sa houppelande et de ses pantoufles. Et je vis qu’un homme arrivait derrière nous en courant. J’essayai de l’arrêter. Mais il m’échappa. Il tenait un revolver qu’il braquait dans la direction d’Honoré Subrac. Celui-ci venait d’atteindre un long mur de caserne et disparut comme par enchantement. L’homme au revolver s’arrêta stupéfait, poussant une exclamation de rage, et, comme pour se venger du mur qui semblait lui avoir ravi sa victime, il déchargea son revolver sur le point où Honoré Subrac avait disparu. Il s’en alla ensuite, en courant … Des gens se rassemblèrent, des sergents de ville vinrent les disperser. Alors, j’appelai mon ami. Mais il ne me répondit pas. Je tâtai la muraille, elle était encore tiède, et je remarquai que, des six balles de revolver, trois avaient frappé à la hauteur d’un cœur d’homme, tandis que les autres avaient éraflé le plâtre, plus haut, là où il me sembla distinguer, vaguement, les contours d’un visage.
Menez l'enquête! Honoré Subrac est-il mort? Relevez les indices qui vous indiquent sa mort ou sa survie et confrontez vos hypothèses.Pour cela vous remplirez le tableau de la page suivante.
Disparaître, est-ce mourir?
Recopiez et remplissez ce tableau sur votre feuille de classeur afin de répondre à la dernière question...
Remplissez cette synthèse en trouvant les mots manquants (il faudra se souvenir de ces mots !)
Correction
La disparition d'Honoré Subrac est une _________________ fantastique. L'___________________ (= le début > « Il commence » en latin) semble celui d'un récit _______________________ (avec une enquête qui intrigue). Le __________________ non-identifié (ne jamais dire que c'est l'auteur) se présente comme le principal témoin d'une affaire mystérieuse de disparition. Des éléments très _____________________ ancrent l'intrigue dans la réalité : le mari jaloux et violent, le __________________________ de l'enquête de police, le décor réaliste et banal. Néanmoins des éléments ____________________ apparaissent rapidement qui font basculer le récit dans le genre ______________________ : folie, étrangeté, vérité incroyable, vêtements étonnants. Ainsi le lecteur s'attend à une aventure particulière dans ce cadre réaliste avec un personnage atypique. On apprend assez rapidement qu'Honoré Subrac est doué du ____________________ ___________________________ ou de camouflage parfait. La nouvelle propose alors une _________________________ simple et efficace qui se concentre sur cet élément fantastique : Honoré Subrac est menacé de mort dans une affaire d'adultère et doit disparaître à plusieurs reprises pour y échapper. La tension et le _________________ s'accélèrent jusqu'à une fin rapide. L'ultime péripétie est la mystérieuse _____________ d'Honoré Subrac. Néanmoins cet _____________________ (= la toute fin d'une histoire > « Il termine » en latin) est une _________________ (inattendue) et ne propose pas d'explication claire aux événements. Le lecteur ne peut décider si la disparition est définitive ou s'il s'agit d'une mort surnaturelle (avec disparition du corps). Le narrateur lui-même hésite entre _____________________ et _________________________. Ce ______________ est typique du récit fantastique.
Vous répondrez aux questions posées (page 205 de votre manuel) après avoir choisi une des images proposées. Écrivez sur votre feuille de classeur le titre et l'auteur de l'image puis répondez à chaque question en faisant une courte phrase.
Liu Bolin
Liu Bolin 劉勃麟
Liu Bolin (né en 1973 dans la province de Shandong, Chine) est un artiste chinois. Il vit et travaille à Pékin. Artiste performer, activiste et contestataire, connu internationalement pour ses photographies de lui-même dissimulé dans ses paysages, ce qui lui vaut le surnom de « l'homme invisible ». Exposant dans les musées et galeries à travers le monde, ses œuvres les plus populaires sont Hiding in the city (« caché dans la ville »), une série photographique qui a débuté en tant que performance en 2005. Son message ? L'homme est devenu transparent dans la société. Comme annihilé par le pouvoir suprême de la consommation, l'individu s'efface, ne compte plus. Ceci est encore plus vrai de l'artiste contemporain oppressé par le régime chinois...
Choisissez une des oeuvres (en cliquant dessus) et répondez rapidement aux questions posées :
Bonus :
Liu Bolin, Hommage à Charlie Hebdo, Série Target, « Charlie », 2015
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Le trompe-l'oeil est un procédé utilisé en peinture et en photographie. Il consiste à jouer sur la confusion de la perception du spectateur. Il donne l'illusion d'une réalité en jouant sur des reliefs. Cette technique est également utilisée en architecture, notamment pour imiter des matériaux nobles (tels que le marbre, le bois...) et pour jouer avec les volumes.
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