Want to create interactive content? It’s easy in Genially!
L'art de la laideur
rigal.m
Created on April 27, 2021
Start designing with a free template
Discover more than 1500 professional designs like these:
View
Animated Chalkboard Presentation
View
Genial Storytale Presentation
View
Blackboard Presentation
View
Psychedelic Presentation
View
Chalkboard Presentation
View
Witchcraft Presentation
View
Sketchbook Presentation
Transcript
Séance 4 - L'art de la laideur
Dans cette séance, nous allons explorer le thème de la laideur en art. Comment transforme-t-on le Laid en Beau ? Comment le regard de l’artiste parvient-il à transfigurer le laid pour en faire une œuvre ? A travers les poèmes et les tableaux que vous allez entendre et voir, je vous propose de réfléchir à ces questions. L’objectif est de voir comment l’artiste a le pouvoir de transformer « la boue » en « or », et donc de se faire alchimiste… Une fiche d’activités vous attend en fin de diaporama. Regardez donc les œuvres attentivement pour pouvoir ensuite répondre aux questions !
Texte 1 : Baudelaire, « Le désespoir de la vieille », Le Spleen de Paris, 1869 La petite vieille ratatinée se sentit toute réjouie en voyant ce joli enfant à qui chacun faisait fête, à qui tout le monde voulait plaire ; ce joli être, si fragile, comme elle, la petite vieille, et, comme elle aussi, sansdents et sans cheveux. Et elle s'approcha de lui, voulant lui faire des risettes et des mines agréables. Mais l'enfant épouvanté se débattait sous les caresses de la bonne femme décrépite, et remplissait lamaison de ses glapissements. Alors la bonne vieille se retira dans sa solitude éternelle, et elle pleurait dans un coin, se disant : - « Ah ! pour nous, malheureuses vieilles femelles, l'âge est passé de plaire, même aux innocents ; et nous faisons horreur aux petits enfants que nous voulons aimer ! ».
Texte 2 : Ponge, « Le Morceau de viande », Le Parti pris des choses, 1942 Chaque morceau de viande est une sorte d'usine, moulins et pressoirs à sang. Tubulure, hauts fourneaux, cuves y voisinent avec les marteaux-pilons, les coussins de graisse. La vapeur y jaillit, bouillante. Des feux sombres ou clairs rougeoient. Des ruisseaux à ciel ouvert charrient des scories avec le fiel. Et tout cela refroidit lentement à la nuit, à la mort. Aussitôt, sinon la rouille, du moins d'autres réactions chimiques se produisent, qui dégagent des odeurs pestilentielles.
Texte 3 : Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont, chant 4, strophe 4, Les Chants de Maldoror, 1874 Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpre ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais pas l’eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque, comme sur un fumier, pousse un énorme champignon, aux pédoncules ombellifères. Assis sur un meuble informe, je n’ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu’à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d’ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n’est plus de la chair. Cependant mon cœur bat. Mais comment battrait-il, si la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre (je n’ose pas dire corps) ne le nourrissaient abondamment ? Sous mon aisselle gauche, une famille de crapauds a pris résidence, et, quand l’un d’eux remue, il me fait des chatouilles. Prenez garde qu’il ne s’en échappe un, et ne vienne gratter, avec sa bouche, le dedans de votre oreille : il serait ensuite capable d’entrer dans votre cerveau. Sous mon aisselle droite, il y a un caméléon qui leur fait une chasse perpétuelle, afin de ne pas mourir de faim : il faut que chacun vive. Mais, quand un parti déjoue complètement les ruses de l’autre, ilsne trouvent rien de mieux que de ne pas se gêner, et sucent la graisse délicate qui couvre mes côtes : j’y suis habitué. […]
Texte 4 : Baudelaire, « A une mendiante rousse », Tableaux parisiens, Les Fleurs du mal, 1857. Blanche fille aux cheveux roux, Dont la robe par ses trous Laisse voir la pauvreté Et la beauté, Pour moi, poète chétif, Ton jeune corps maladif, Plein de taches de rousseur, A sa douceur ; Tu portes plus galamment Qu'une reine de roman Ses cothurnes de velours Tes sabots lourds. Au lieu qu’un haillon trop court, Qu’un superbe habit de cour Traîne à plis bruyants et longs Sur tes talons ; [...]
Munch, Le Cri, 1893 (carton, 91 x 73,5 cm, musée d’Oslo)
Courbet, L’Ivrogne d’Ornans, 1872 (Collection privée)
Soutine, Bœuf écorché 1925 (huile sur toile, 202 × 114 cm, musée de Grenoble)
Rembrandt, Bœuf écorché 1665 (huile sur bois, 94 × 69 cm, musée du Louvre).
Ricard, Eloge de la vieillesse, 1980
Goya, Les Vieilles ou Le Temps, 1808-1812
Bernard Buffet - Illustration pour l’Enfer de Dante
FICHE ACTIVITES Comment s’opère l’alchimie artistique/poétique, la sublimation (étymologie : sublimis : suspendu en l’air, enlevé de terre) au cœur de l’œuvre d’art ? - Quel texte du corpus préférez-vous ? Expliquez pourquoi. - Quel tableau vous interpelle ? Pourquoi ? Quels mots vous viennent à l’esprit en le regardant ? Que ressentez-vous ? - A travers l’étude des documents, comment l’artiste parvient à sublimer le laid, quels procédés utilise-t-il pour parvenir à transformer la boue en or ? - Synthèse (vers la dissertation) : En quoi la laideur peut être une source d’inspiration pour un artiste ? Le laid peut-il être beau ? - Ecrit d’appropriation : Devenez alchimiste à votre tour. Décrivez le tableau de votre choix de manière à sublimer la laideur en utilisant les procédés d’écriture repérés dans les textes du corpus.
Approfondissements !
La laideur en littérature
La littérature a largement exploité le thème de la laideur, de la difformité, de l'a-normalité. Parmi les romans les plus connus, vous connaissez peut-être: Hugo, L’Homme qui rit Hugo, Notre-Dame de Paris Nothomb, Attentat Vian, Et on tuera tous les affreux Shelley ,Frankenstein Süskind, Le Parfum Lowery, La Cicatrice
En peinture
Courbet a été qualifié à son époque (XIXe siècle) de « peintre du laid », mais la laideur est toujours un thème qui intéresse aujourd'hui..
La laideur au cinéma
- Elephant man- Freaks
La laideur en chansons chansons de Gainsbourg « Des laids, des laids », « L’Homme à tête de chou »