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Menons l'enquête sur Néron
Lourenço
Created on April 21, 2021
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Transcript
menons l'enquête sur...
néron
INDEX
Naissance
Jeunesse
Agrippine
Portrait
L'incendie
Britannicus
Mort
Video
Princeps
La naissance de néron
touché par la grâce
Une famille impériale
Néron est le descendant de César et d'Auguste. Sa mère, Agrippine, a épousé Cneius Domitius Ahenobarbus en 28 av JC. Elle a vu tous les membres de sa famille, sauf ses frères et soeurs, être décimés par Tibère. Lucius Domitius Ahenobarbus nait de cette union: il deviendra Néron. En 37, c'est le frère d'Agrippine, Caligula, qui monte sur le trône. Claude lui succède. A la mort de Domitius, Agrippine épouse Claude, son oncle, qui a un enfant d'un premier mariage: Britannicus.
"Les sages-femmes n'aiment pas les accouchements difficiles, surtout quand la parturiente est la soeur de l'empereur Caligula. Et un bébé se présentant par les pieds est toujours un mauvais présage. Le travail n'en finit pas mais Agrippine se montre d'une robustesse peu commune. Savoir que c'est un garçon l'aide à puiser en elle des forces insoupçonnables pour pousser les épaules et la tête hors d'elle. La sage-femme la laisse faire et récupère le petit corps braillard dans un linge propre aux premières lueurs de l'aube, comme si les rayons de l'astre du jour, en ce 15 décembre 37, caressaient le visage de l'enfant avant même de toucher le sol. Qu'elle ait créé ou non l'anecdote de toutes pièces, Agrippine nourrira la rumeur selon laquelle son fils est né avec le soleil. Il est l'élu de Phébus. Cela signifie qu'il est né pour être prince." Virginie Girod, La véritable Histoire des douze Césars, 2015
La naissance divine
Agrippina Minor
Agrippine la Jeune
La naissance divine: questionnaire
1. Qui est la mère de Néron ?
Agrippine l'Aînée
Agrippine la jeune
Octavie
La naissance divine: questionnaire
2. Qui est l'oncle de Néron ?
Caligula
Tibère
Claude
La naissance divine: questionnaire
3. Quel dieu aurait touché Néron à sa naissance?
Jupiter
Arès
Phébus
La naissance divine: questionnaire
4. Avec qui Agrippine se remarie-t-elle, à la mort de Cn. Domitius Ahenobarbus?
Britannicus
Tibère
Claude
Mauvaise réponse
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Félicitations !
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La jeunesse et l'éducation de néron
un empereur en devenir
Après son mariage avec Claude, Agrippine prépare son fils à l'avenir brillant qu'elle lui destine... "Lucius reçoit l'éducation d'un prétendant à la pourpre. Sa mère a fait revenir d'exil le grand philosophe Sénèque pour le lui donner comme précepteur et lui attirer la sympathie du sénat. Le Romain est épaulé dans sa tâche par des pédagogues orientaux. Les affranchis Anicetus et Beryllus le sensibilisent à la culture hellénistique avec son art et ses rois aussi puissants que des dieux. [...] Pendant que le jeune Lucius se forme à sa future fonction, Agrippine continue à tirer les ficelles dans l'ombre. [...] [Elle] parvient à convaincre Claude de l'adopter. La cérémonie a lieu le 25 février 50. Lucius devient à cette occasion Tiberius Claudius Néron. [...] Convaincu d'être l'héritier naturel de la pourpre, Néron est devenu un adolescent arrogant." Virginie Girod, La véritable Histoire des douze Césars, 2015
Pour en savoir plus sur Sénèque:
Pour découvrir le stoïcisme, la philosophie de Sénèque:
Sénèque
Le 13 octobre 54, Claude meurt.
Néron est empereur, il a 17 ans.
Claude
Le portrait de Néron
1) Statura fuit prope justa, corpore maculoso et fetido, subflavo capillo, vultu pulchro magis quam venusto, 2) oculis caesis et hebetioribus, cervice obesa, ventre projecto, gracillimis cruribus, valitudine prospera; 3) nam qui luxuriae immoderatissimae esset, ter omnino per quattuordecim annos languit, 4) atque ita ut neque vino neque consuetudine reliqua abstineret; 5) circa cultum habitumque adeo pudendus, ut comam semper in gradus formatam peregrinatione Achaica etiam pone verticem summiserit 6) ac plerumque synthesinam indutus ligato circum collum sudario in publicum sine cinctu et discalciatus.
1) Sa taille approchait de la moyenne ; son corps était couvert de taches et sentait mauvais. Il avait les cheveux blonds et un visage plus beau qu'agréable. 2) Ses yeux étaient bleuâtres et faibles, son cou était très gros, et son ventre proéminent. Ses jambes étaient très maigres, mais sa santé excellente. 3) De fait, alors qu'il vécut dans une débauche complètement démesurée, il ne fut malade que trois fois en quatorze ans de règne. 4) Aussi ne s'abstint-il pas de boire du vin et de poursuivre ses autres habitudes. 5) Concernant son habillement et son attitude, il manquait tellement de dignité qu'il avait toujours une coiffure à plusieurs étages, laissant ses cheveux longs sur la nuque pendant son voyage en Achaïe. 6) Bien souvent, il parut en public vêtu d'une robe de chambre, avec un mouchoir noué autour du cou, sans ceinture et nu-pieds.
Questions :1) Le portrait de Néron par Suétone est-il plutôt flatteur ou péjoratif ?2) Quelles qualités Suétone attribue-t-il à Néron ?3) Quels défauts physiques relève-t-il ?4) Relevez des passages du texte, en latin si possible et en français, qui soulignent le manque d’hygiène et de pudeur de l’empereur.5) Néron apparait-il digne de sa fonction ?
la mort de britannicus
menons l'enquête
Affiche de la pièce "Britannicus" de Jean Racine, représentée au Théâtre de la Manufacture
Turbatus his Nero et propinquo die quo quartum decimum aetatis annum Britannicus explebat, volutare secum modo matris violentiam modo ipsius indolem, levi quidem experimento nuper cognitam, quo tamen favorem late quaesivisset. Festis Saturno diebus, inter alia aequalium ludicra regnum lusu sortientium, evenerat ea sors Neroni ; igitur ceteris diversa nec ruborem allatura : ubi Britannico jussit exsurgeret progressusque in medium cantum aliquem inciperet, irrisum ex eo sperans pueri sobrios quoque convictus, nedum temulentos, ignorantis, ille constanter exorsus est carmen, quo evolutum eum sede patria rebusque summis significabatur. Unde orta miseratio manifestior quia dissimulationem nox et lasciva exemerat. Nero, intellecta invidia, odium intendit, urgentibusque Agrippinae minis, quia nullum crimen neque jubere caedem fratris palam audebat, occulta molitur, pararique venenum jubet, ministro Pollione Julio, praetoriae cohortis tribuno, cujus cura attinebatur damnata veneficii nomine Locusta, multa scelerum fama. Nam, ut proximus quisque Britannico neque fas neque fidem pensi haberet, olim provisum erat. Primum venenum ab ipsis educatoribus accepit, tramisitque exsoluta alvo, parum validum sive temperamentum inerat ne statim saeviret. Sed Nero, lenti sceleris impatiens, minitari tribuno, jubere supplicium veneficae, quod, dum rumorem respiciunt, dum parant defensiones, securitatem morarentur. Promitentibus dein tam praecipitem necem quam si ferro urgeretur, cubiculum Caesaris juxta decoquitur virus, cognitis antea venenis rapidum. Tacite, Annales, XIII, 15 - 16
Néron, troublé par ces propos et voyant apparaître le jour où Britannicus aurait quinze ans accomplis, réfléchit tantôt à la violence de sa mère, tantôt au caractère de celui-ci qui s’était révélé récemment, au cours d’une petite expérience, suffisante pour valoir à celui-ci de larges sympathies.Aux fêtes des Saturnales, parmi d’autres jeux pratiqués entre camarades qui tiraient au sort la royauté, celle-ci était échue à Néron. Il avait donné à d’autres divers ordres, qu’ils n’avaient pas à rougir d’exécuter ; puis il commanda à Britannicus de s’avancer au milieu du groupe et de chanter ; il espérait ainsi faire rire de l’enfant qui n’avait pas l’habitude des réunions sobres, à plus forte raison de celles où l’on s’enivrait. Celui-ci d’une voix ferme commença un poème qui laissait entendre qu’il avait été chassé de la demeure paternelle et du souverain pouvoir. Ce chant suscita une compassion trop manifeste du fait que la nuit et l’excitation du plaisir avaient banni toute dissimulation.Néron comprit l’odieux de sa conduite ; sa haine s’en accrut ; les menaces d’Agrippine le pressaient. Mais il n’avait aucun grief à faire valoir contre on frère et n’osait ordonner publiquement son exécution. Il prépare donc un coup sournois, caché et ordonne de préparer du poison : il était secondé par Julius Pollion, tribun d’une cohorte prétorienne, qui avait la garde de Locuste, inculpée d’empoisonnement, femme célèbre par ses crimes. Car on avait pourvu depuis longtemps à ce que tout l’entourage de Britannicus n’eût ni foi ni loi.Il reçut le premier poison de ses propres pédagogues, mais celui-ci passa par le flux du ventre, soit qu’il fût peu énergique, soit qu’on l’eût mélangé pour que son action ne fût pas instantanée. Mais Néron, exaspéré de la lenteur apportée au crime, se répand en menaces contre le tribun, ordonne l’exécution de l’empoisonneuse : " Ils songeaient, disait-il, à la rumeur publique, se préparaient des moyens de défense et en attendant retardaient sa sûreté. " Ils lui promettent alors une mort aussi rapide que si on la donnait d’un coup d’épée, et le produit foudroyant est préparé près de la chambre de César au moyen de poisons déjà expérimentés.
Turbatus his Nero et propinquo die quo quartum decimum aetatis annum Britannicus explebat, volutare secum modo matris violentiam modo ipsius indolem, levi quidem experimento nuper cognitam, quo tamen favorem late quaesivisset. Festis Saturno diebus, inter alia aequalium ludicra regnum lusu sortientium, evenerat ea sors Neroni ; igitur ceteris diversa nec ruborem allatura : ubi Britannico jussit exsurgeret progressusque in medium cantum aliquem inciperet, irrisum ex eo sperans pueri sobrios quoque convictus, nedum temulentos, ignorantis, ille constanter exorsus est carmen, quo evolutum eum sede patria rebusque summis significabatur. Unde orta miseratio manifestior quia dissimulationem nox et lasciva exemerat. Nero, intellecta invidia, odium intendit, urgentibusque Agrippinae minis, quia nullum crimen neque jubere caedem fratris palam audebat, occulta molitur, pararique venenum jubet, ministro Pollione Julio, praetoriae cohortis tribuno, cujus cura attinebatur damnata veneficii nomine Locusta, multa scelerum fama. Nam, ut proximus quisque Britannico neque fas neque fidem pensi haberet, olim provisum erat. Primum venenum ab ipsis educatoribus accepit, tramisitque exsoluta alvo, parum validum sive temperamentum inerat ne statim saeviret. Sed Nero, lenti sceleris impatiens, minitari tribuno, jubere supplicium veneficae, quod, dum rumorem respiciunt, dum parant defensiones, securitatem morarentur. Promitentibus dein tam praecipitem necem quam si ferro urgeretur, cubiculum Caesaris juxta decoquitur virus, cognitis antea venenis rapidum. Tacite, Annales, XIII, 15 - 16
Quand le crime est-il commis?
Relève et traduis les mots du champ lexical du crime.
Relève et traduis les mots du champ lexical du poison.
Dictionnaire de latin Gaffiot:
Néron avait peur. Peur de perdre son pouvoir, mais peut-être ses craintes allaient-elles au-delà de ce qu’il éprouvait pour lui-même. Comme moi autrefois, comme tous ceux qui avaient eu, à quelque moment, la responsabilité de l’Empire il retrouvait la grande terreur des Romains, celle de la guerre civile. Cela, je le comprenais fort bien. C’était cette peur qui avait maintenu au pouvoir les princes qui s’étaient succédé. Une idée s’était fait jour depuis le temps d’Auguste : que les Destins condamnaient toute chose à périr, les cités et les Empires aussi bien que les mortels, qu’il surgirait toujours un ennemi pour consommer leur perte. Mais la puissance de Rome défiait n’importe quel ennemi. Pour que le destin s’accomplît, il fallait que Rome se déchirât de ses propres mains à elle, qu’elle tournât ses propres forces contre elle-même. Ce qui s’était effectivement produit lorsque Pompée et César s’étaient affrontés. Un miracle avait fait que notre perte ne s’en était pas suivie. Etait-elle seulement différée ? Tout cela, je le comprenais fort bien et je ne me reprochai d’avoir ravivé de vieilles terreurs. Mes paroles, dictées par la colère, avaient éveillé trop d’échos. Et puis, il y avait eu une imprudence de Britannicus lui-même, qui n’avait fait qu’empirer les choses. Cela se passa au cours d’un dîner de fête, pendant les Saturnales qui avaient suivi la mort de Claude. Nero jouait avec les autres jeunes gens à ce jeu traditionnel en la fin de l’année, qui consiste à tirer au sort un roi du festin. Nero avait été désigné. A ce titre, il ordonnait à chacun de ses compagnons d’accomplir tel ou tel acte, le plus souvent plaisant, qui ne risquait de choquer personne. Quand vint le tour de Britannicus, son frère lui demanda de s’avancer au milieu de la salle et de se mettre à chanter. Pourquoi eut-il cette idée, je ne sais. Peut-être parce que, grand amateur de chant lui-même, il se plut à établir entre Britannicus et lui une comparaison qui serait tout à son avantage. Quoi qu’il en soit, Britannicus obéit ; il se leva et, entre les lits de table, prit l’attitude d’un acteur. Il choisit alors de chanter un canticum de théâtre où il était question d’un jeune prince qu’une guerre malheureuse avait chassé du rang qui lui appartenait. Exilé, infortuné, dépouillé de tout, ce prince de légende disait ses malheurs. La ressemblance entre cette situation et celle de Britannicus lui-même fut évidente à tous. Ce chant fut écouté dans le plus profond silence et avec une vive émotion. Quelques-uns des jeunes gens versèrent même des larmes. Il était clair que tout le monde plaignait le jeune prince, celui du canticum, mais aussi le chanteur lui-même. Il fallut quelque temps avant que la gaieté revînt parmi les convives. L’impression que cet incident avait produite sur Néron fut probablement décisive. Sur le moment, il resta silencieux et se contenta de féliciter son frère pour son talent de chanteur. Mais ce fut probablement en cet instant même qu’il se résolut au crime. Moins de deux mois plus tard il l’exécuta, dans les conditions que j’ai dites. Il s’assura pour cela les services de Lucusta, que nous tenions toujours prisonnière dans la prison du palais. Il exigea d’elle qu’elle lui remît un poison foudroyant, qui ne laissât à son frère aucune chance de survivre, la menaçant, si elle n’obéissait pas, de la faire mettre aussitôt à mort. Cette fois encore Lucusta sauva sa vie. Pierre Grimal, Mémoires d’Agrippine, p. 354-355.
Question: Quel plan échaffaude Néron? Fonctionne-t-il?
Mos habebatur principum liberos cum ceteris idem aetatis nobilibus sedentes vesci, in aspectu propinquorum, propria et parciore mensa. Illic epulante Britannico, quia cibos potusque ejus delectus ex ministris gustu explorabat, ne omitteretur institutum aut utriusque morte proderetur scelus, talis dolus repertus est. Innoxia [...] ac praecalida et libata gustu potio traditur Britannico ; dein, postquam fervore aspernabatur, frigida in aqua affunditur venenum, quod ita cunctos ejus artus pervasit ut vox pariter et spiritus raperetur. Trepidatur a circumsedentibus : diffugiunt imprudentes ; at quibus altior intellectus, resistunt defixi et Neronem intuentes. Ille, ut erat reclinis et nescio similis, solitum ita ait per comitialem morbum, quo prima ab infantia afflictaretur Britannicus, et redituros paulatim visus sensusque. At Agrippinae is pavor, ea consternatio mentis, quamvis vultu premeretur, emicuit ut perinde ignaram fuisse atque Octaviam, sororem Britannici, constiterit : quippe sibi supremum auxilium ereptum et parricidii exemplum intellegat. Octavia quoque, quamvis rudibus annis, dolorem, caritatem, omnes affectus abscondere didicerat. Ita post breve silentium, repetita convivii laetitia. Tacite, Annales, XIII, 16
A l'aide du vocabulaire, traduisez la partie écrite en bleu.
talis, e: un tel, une telledolus, i, m : ruse, stratagème ; reperio, is, ire, reperi, repertum : trouver, inventer (ici au parfait); innoxius, a, um: inoffensif praecalidus, a, um: très chaud potio, -onis (f): boisson libata gustu: goûtée par l'esclave traditur: fut présentée dein: ensuite postquam: après que fervor, oris, m : chaleur ; aspernor, aris, ari : repousser (ici à l'imparfait) frigidus, a, um: froid affundo, is, ere, undi: verser (au parfait, voix passive) quod: qui (reprend "venenum") ita…ut : si ... que; pervado, is, ere, vasi : pénétrer, entrer ; cuncti, ae, a: tous artus, us (n): membres vox, vocis (f): la voix spiritus, us (m): l'esprit pariter : en même temps, d’un même coup ; rapio, is, ere, rapui : enlever, ôter .
Voici la traduction du texte: C'était l'usage que les fils des princes mangeassent assis avec les autres nobles de leur âge, sous les yeux de leurs parents, à une table séparée et plus frugale. Britannicus était à l'une de ces tables. Comme il ne mangeait ou ne buvait rien qui n'eût été goûté par un esclave de confiance, et qu'on ne voulait ni manquer à cette coutume, ni déceler le crime par deux morts à la fois, voici la ruse qu'on imagina. (2) ........................... Tout se trouble autour de lui: les moins prudents s'enfuient; ceux dont la vue pénètre plus avant demeurent immobiles, les yeux attachés sur Néron. Le prince, toujours penché sur son lit et feignant de ne rien savoir, dit que c'était un événement ordinaire, causé par l'épilepsie dont Britannicus était attaqué depuis l'enfance; que peu à peu la vue et le sentiment lui reviendraient. (4) Pour Agrippine, elle composait inutilement son visage: la frayeur et le trouble de son âme éclatèrent si visiblement qu'on la jugea aussi étrangère à ce crime que l'était Octavie, soeur de Britannicus: et en effet, elle voyait dans cette mort la chute de son dernier appui et l’exemple du parricide. Octavie aussi, dans un âge si jeune, avait appris à cacher sa douleur, sa tendresse, tous les mouvements de son âme. Ainsi, après un moment de silence, la gaieté du festin recommença.
Burrhus rapporte ceci à Agrippine : Ce dessein s’est conduit avec plus de mystère : A peine l’empereur a vu venir sons frère, Il se lève, il l’embrasse, on se tait ; et soudain César prend le premier une coupe à la main : « Pour achever ce jour sous de meilleurs auspices, Ma main de cette coupe épanche les prémices, Dit-il ; Dieux, que j’appelle à cette effusion, Venez favoriser notre réunion. » Par les mêmes serments Britannicus se lie. La coupe dans ses mains par Narcisse est remplie ; Mais ses lèvres à peine en ont troublé les bords, Le fer ne produit point de si puissants efforts, Madame : la lumière à ses yeux est ravie ; Il tombe sur son lit sans chaleur et sans vie. Jugez combien ce coup frappe tous les esprits : La moitié s’épouvante et sort avec des cris ; Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage Sur les yeux de César composent leur visage. Cependant sur son lit il demeure penché, D’aucun étonnement il ne paraît touché : « Ce mal dont vous craignez, dit-il, la violence A souvent, sans péril, attaqué son enfance. » Narcisse veut en vain affecter quelque ennui, Et sa perfide joie éclate malgré lui. Pour moi, dût l’empereur punir ma hardiesse, D’une odieuse cour j’ai traversé la presse ; Et j’allai, accablé de cet assassinat, Pleurer Britannicus, César et tout l’Etat. Racine, Britannicus, V, 5
En 1669, le dramaturge Jean Racine crée une tragédie intitulée Britannicus, qui reprend l'épisode de la mort du jeune prince.
Dans l'extrait suivant de l'acte V, relevez les éléments qui soulignent l'hypocrisie de Néron et la violence du crime commis.
Cliquez ici si vous voulez voir la pièce:
Britannicus, de Jean Racine
Britannicus mourut comme si son existence avait été tranchée par une épée. […] Personne, ni au palais ni même dans la ville, n’eut le moindre doute sur la cause réelle de cette mort. Au demeurant, les gens du prince n’avaient guère pris de précautions pour la dissimuler. Circonstance qui ne passa pas inaperçue, les funérailles de Britannicus eurent lieu le soir même de sa mort, après la tombée de la nuit, et il apparut que tous les préparatifs nécessaires avaient été accomplis déjà au cours de la soirée, à une heure où le jeune prince était encore vivant ! Le bûcher funèbre avait été préparé à l’emplacement réservé à cet effet dans l’enclos du tombeau d’Auguste, et c’est dans le monument de ce dieu que furent déposées les cendres de celui qui était l’un de ses petits-neveux. Il s’en fallut de peu que le bûcher funèbre ne pût être allumé. Le temps était épouvantable. Nous étions au début de février, à la saison où se produisent tant d’averses violentes. Celle de ce soir-là précipita sur la Ville non seulement des torrents d’eau, mais aussi des rafales de neige, tandis que des éclairs parcouraient le ciel et que se faisait entendre le tonnerre. La colère divine semblait évidente. Contre qui était-elle dirigée ? Etait-ce contre Néron lui-même, en raison du crime ? Ou, plus grave encore, contre Rome, théâtre de telles abominations, et qui les tolérait ? Contre moi, peut-être, qui en avais précipité l’exécution ? Mais s’agissait-il vraiment de colère ? Peut-être les divinités voulaient-elles seulement marquer la fin de la famille des princes issus de Livie et, par elle, des Claudii. Du moins je me le persuadai. Contre moi, contre mes tentatives pour ramener mon fils à plus de complaisance à mon égard, les dieux nous signifiaient que seul comptait désormais pour eux Néron, issu du sang de Julia et, par elle, de celui d’Auguste. Les éclats du tonnerre que l’on avait entendus ce soir-là marquaient ni le désaccord ni la colère des dieux mais sanctionnaient le retour définitif et sans contestation possible du pouvoir impérial à cette branche des Julii dont Néron était le seul représentant, depuis que Silanus avait péri. En faisant mourir Claude puis Silanus, j’avais œuvré pour les Destins. Néron lui-même avait mis le sceau final sur mon ouvrage en empoisonnant Britannicus. C’est ainsi que je me rassurai. De son côté Néron adressait aux citoyens un message dans lequel il expliquait que, si les funérailles de son frère avaient été célébrées sans délai, et pendant la nuit, la raison en était la coutume ancienne voulant que les obsèques d’un être jeune soient soustraites à la lumière du jour et ne comportent ni cortège ni éloge funèbre. Néron concluait en déplorant d’avoir été privé du secours que son frère aurait pu lui apporter dans l’administration de l’Empire et en demandant au sénat et au peuple de l’entourer lui-même de leur affection. Il ajoutait, à la fin du message, qu’il était d’autant plus à plaindre qu’il restait le seul représentant d’une famille destinée à assumer le rang suprême dans l’Etat. Cette conclusion me plut tout particulièrement. Elle proclamait ce que j’avais toujours revendiqué, ce droit divin de ma race à régir l’Empire et l’univers. Elle soulignait habilement qu’il n’y avait plus aucune place dans l’Etat pour un rival, ce qui signifiait que la paix civile était revenue, que, grâce à l’empereur, le cauchemar qui hantait les Romains était exorcisé. Pierre GRIMAL, Mémoires d’Agrippine, p. 356-357
Dans le roman de Pierre Grimal, Mémoires d'Agrippine, la mère de Néron raconte la suite des événements. Que ressent-elle?
Lingua latina
Préparons-nous à une partie de cluedo latin
Lisez la leçon sur les mots interrogatifs en latin, puis celle sur l'interrogation simple. Faites ensuite le Quizlet:
Après avoir regardé le documentaire sur la mort de Britannicus et lu les textes, - quelles sont vos conclusions? - Néron a-t-il assassiné Britannicus? - Est-il monstrueux?
Néron empereur
Au début de son règne, Néron est épaulé par sa mère, son tuteur, le philosophe Sénèque, et Burrus, le préfet du prétoire. Les Romains sont heureux, ils croient au retour d'un nouvel Age d'or. Néron décerne même à Agrippine le titre de "optima mater", la meilleure mère.Mais le jeune empereur n'abandonne pas ses activités adolescentes: le jour, il organise des jeux, des namachies, des représentations théâtrales; la nuit, il va anonymement en ville pour boire, se battre avec des passants ou s'offrir les services de prostituées.Lisez cet extrait de la Vie de Néron par Suetone (26.2) et répondez aux questions:
Post crepusculum statim, adrepto pileo vel galero, popinas inibat circumque vicos vagabatur ludibundus, nec sine pernicie tamen, siquidem redeuntes a cena verberare ac repugnantes vulnerare cloacisque demergere adsueverat, tabernas etiam effringere et expilare.
A quel temps ces deux verbes sont-ils conjugués?
Post crepusculum statim, adrepto pileo vel galero, popinas inibat circumque vicos vagabatur ludibundus, nec sine pernicie tamen, siquidem redeuntes a cena verberare ac repugnantes vulnerare cloacisque demergere adsueverat, tabernas etiam effringere et expilare.
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Imparfait de l'indicatif
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Le verbe "adsueverat" est conjugué au plus-que-parfait et il commande 5 verbes à l'infinitif. Lesquels?
Post crepusculum statim, adrepto pileo vel galero, popinas inibat circumque vicos vagabatur ludibundus, nec sine pernicie tamen, siquidem redeuntes a cena verberare ac repugnantes vulnerare cloacisque demergere adsueverat, tabernas etiam effringere et expilare.
verberare, vulnerare, demergere, effringere, expilare
adrepto, redeuntes, pernicie, repugnantes, tabernas
Voici le vocabulaire de l'extrait. A vous de le traduire!
Post crepusculum statim, adrepto pileo vel galero, popinas inibat circumque vicos vagabatur ludibundus, nec sine pernicie tamen, siquidem redeuntes a cena verberare ac repugnantes vulnerare cloacisque demergere adsueverat, tabernas etiam effringere et expilare.
- sine + abl: sans - pernicies, ei (f): destruction, perte, ruine - tamen: pourtant - siquidem: puisque - adsuesco, adsuescis, adsuescere, -suevi: avoir l'habitude de - redeuntes a cena: ceux qui rentraient d'un dîner - verbero, as, are: frapper, battre - ac: et en plus - repugnantes: ceux qui résistaient - vulneo, as, are: blesser - demergo, is, ere: plonger, jeter (+ abl) - cloaca, ae (f): égout - effringo, is, ere: briser, ouvrir par effraction - taberna, ae (f): boutique - etiam: même - expilo, as, are: piller, voler
- statim (adv): aussitôt - adrepto: ayant été saisi - pileus, i (m): bonnet d'affranchi - vel: ou - galerus, i (m): bonnet de poil - ineo, inis, inire: aller dans, pénétrer dans (+acc) - popina, ae (f): taverne - vagor, vagaris, vagari: errer - circum + acc: autour de - vicus, i (m): quartier - ludibundus, a, um: tout joyeux
Adieu agrippine
L'assassinat d'Agrippine Extrait de la BD Alcibiade Didascaux chez les Romains, t.2
L'assassinat d'Agrippine Extrait de la BD Alcibiade Didascaux chez les Romains, t.2
Voyant venir à elle des hommes de Néron, armés, Agrippine aurait dit:
Frappez au ventre, là où j'ai porté ce monstre!
Brûler Rome
Suétone
Tacite
L'incendie de Rome
Le 18 juillet 63, un incendie éclate à Rome. Il va brûler pendant 6 jours et 7 nuits et ravager 10 des 14 régions de la ville. Néron n'est pas sur place mais revient aussitôt et ouvre les portes des jardins de son palais pour accueillir les citoyens sinistrés. Cependant, cet incendie tombe trop bien puisqu'il a décidé de lancer des travaux de rénovation de la Ville... On raconte aussi qu'on l'a vu chanter sur sa terrasse, en contemplant le feu...
Les accusés
Suétone, Vie de Néron:
Comme offensé par la laideur des anciens édifices, ainsi que par les rues étroites et tortueuses, Néron mit le feu à la Ville si ouvertement que plusieurs personnages consulaires n'osèrent s'attaquer aux domestiques de l'empereur surpris dans leurs propres demeures avec des mèches et des torches. [...] Pendant six jours et sept nuits ce désastre fit rage, la plèbe fut refoulée dans les refuges de monuments publics et des tombeaux. [...] Néron, contemplant cet incendie du haut de la tour Mécène, et charmé, disait-il, de la "beauté des flammes", chanta La prise de Troie dans sa fameuse tenue de comédien.
Tacite, Annales:
Mais, comme consolation au peuple chassé et fugitif, [Néron] ouvrit le Champ de Mars, les monuments d'Agrippa, et jusqu'à ses propres jardins. Et il fit construire des édifices improvisés pour recevoir la multitide indigente. [...]Ces actes, quoique populaires, manquaient leur effet, car une rumeur s'était répandue selon laquelle, en même temps que la Ville brûlait, il était monté sur son théâtre privé et avait chanté la ruine de Troie, cherchant, dans les anciens désastres, des allusions au désastre présent.
Il faut désigner un coupable... Rome est meurtrie, les citoyens sont perdus, Néron est pointé du doigt.Pour se protéger, il doit trouver un bouc émissaire:
En conséquence, pour étouffer la rumeur, Néron produisit comme inculpés et livra aux tourments les plus raffinés des gens, détestés pour leurs turpitudes, et que la foule appelait "chrétiens". A leur exécution on ajouta des dérisions, en les couvrant de peaux de bêtes pour qu'ils périssent sous la morsure des chiens, ou en les attachant à des croix, pour que, après la chute du jour, utilisés comme des torches, ils fussent consumés.Tacite, Annales, XV, 44
La mort de néron
le récit de sa mort
- Les débauches et exactions de Néron finissent par lui attirer de nombreuses haines.
- Galba, le futur empereur, a avec lui l'armée.
- Un proche de Galba convainc Néron qu'il est seul et n'a plus aucn soutien: il doit se suicider.
- Il veut fuir, se suicider mais hésite longuement, par peur.
- Il demande à ce qu'on lui amène Spiculus, un gladiateur, pour qu'il l'aide à mourir par le fer, mais celui-ci ne vient pas. Personne ne se porte volontaire. Il s'écrie alors "Je n'ai donc ni ami ni ennemi?".
- Il finit par s'enfuir dans la maison de son affranchi Phaon, en banlieue. Il apprend qu'il a été déclaré ennemi public: quiconque le souhaite peut l'assassiner.
- Citant un vers d'Homère ("Le galop des chevaux aux pieds rapides frappe mes oreilles"), il se plante un poignard dans la gorge. C'en est fini de Néron.