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La Religion et la Cité (base)

christian.barbaud

Created on March 10, 2021

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Transcript

La Religion et la Cité

Qu'est-ce que la religion pour un Romain?

Mais on n'est pas de la région...

Merci de l'avoir posée!

C'est une excellente question!

Avertissement

1) Vous arrivez ici pour la première fois ou vous n'avez pas encore atteint le chapitre Jupiter: ignorez cette page et continuez. 2) Vous avez commencé à découvrir les dieux majeurs et ne souhaitez pas refaire tout le trajet: empruntez un des raccourcis ci-dessous. 3) Vous avez fini de parcourir les chapitres consacrés aux dieux et vous intéressez au clergé ou aux rituels, ou vice-versa et réciproquement: cliquez ici.

Raccourci s

Mars

Diane

Vulcain

Pluton

Apollon

Minerve

Vesta

Cérès

Bacchus

Jupiter

Neptune

Junon

Vénus

Mercure

"Per angusta ad augusta." (Proverbe)

Ce travail n'a rien d'universitaire, ne tend pas à une inaccessible exhaustivité et ne cherche pas à ressembler à un manuel scolaire ou à répondre aux exigences utopiques de programmes officiels fluctuants; il s'agit simplement d'une promenade à travers notions, textes et éléments grammaticaux, modulable au gré de l'élève ou des recommandations d'un professeur, pour essayer de cerner quelques aspects d'une religion disparue mais qui a su satisfaire une partie non négligeable de l'humanité en répondant à des besoins spirituels et intellectuels toujours vivaces car archétypiques. L'accent est mis sur les croyances et pratiques latines, et les grandes lignes des mythes grecs sont supposées connues, même si des rappels sont parfois indispensables. La plupart des exercices d'analyse ou de traduction comportent un 'corrigé' inclus; certains demandent cependant une intervention extérieure. Leur longueur est variable, voire traîtresse... La touche humoristique est aussi personnelle qu'accessoire. Quod dicendum erat.

"Per aspera ad astra." (Proverbe très proche du précédent!)

Et d'abord, qu'est-ce que la religion pour les Romains?

Ce qu'en dit Cicéron:

Religio, onis, f:scrupule religieux, crainte pieuse, inquiétude de conscience.

"Religio est quae superioris cujusdam naturae, quam divinam vocant, curam caerimoniamque affert." (De Inventione, II, 53)

[Religio est] "quae deorum cultu pio continetur." (De Nat. Deorum, I, 42,117)

Vocabulaire?

Traductions des citations I et II

"La religion consiste dans le culte respectueux des dieux." (trad. personnelle)

"La religion nous enseigne à consacrer un hommage et un culte à une nature suprême, qu'on appelle divine." (trad. Liez)

Non, mais, M'sieur l'Ange, j'arrive pas à traduire... Franchement, c'est trop dur, là!

La religion apporte "le culte et la vénération d'une nature supérieure qu'on appelle divine." (trad. Gaffiot)

Tu vas y arriver, Jérôme, c'est une question de volonté!

Afin d'apprécier, veuillez immédiatement vous renseigner sur saint Jérôme!

Pause philosophique

Que ressort-il des citations précédentes?

-Il y a quelque chose au-dessus de l'homme. -Les dieux incarnent (littéralement "font chair", rendent matérielle[s]) cette force ou ces forces qui nous dépassent. -La religion consiste à honorer scrupuleusement ces dieux. -Les notions morales de bien et de mal ne sont donc pas d'ordre divin, ou plutôt on agit bien ou mal en fonction de la manière dont on s'acquitte du culte des dieux. -L'implication personnelle de chacun est minime: il importe surtout de suivre les règles cultuelles. -Si l'on va plus loin, on peut dire qu'il s'agit d'une conception formaliste et contractuelle de la religion: bien honorer un dieu implique en retour un comportement favorable de ce dieu.

Pause grammaticale

Une révision des deux premières déclinaisons s'impose ! (On relit une ou deux fois ces déclinaisons.) (Les Premières et Terminales revoient les cinq déclinaisons.)

Diantre, voilà qui tombe bien: j'ai ma grammaire ou mes notes sous la main.

Euh, désolé, je me promène rarement avec ça...

Ces révisions sont inutiles: je sais déjà tout!

La grammaire me donnant de l'urticaire, puis-je aller directement à la suite?

Ben non... Et voilà un petit supplément:

Analysez les formes surlignées (cas, genre et nombre) de cet extrait du Bellum Jugurthinum (XXIII) de Salluste (que vous pouvez aussi traduire si le coeur vous en dit):

"Jugurtha, ubi eos Africa decessisse ratus est, neque propter loci naturam Cirtam armis expugnare potest, vallo atque fossa moenia circumdat, turres exstruit easque praesidiis firmat. (...) Defensoribus moenium praemia modo, modo formidinem ostent[at]; suos hortando ad virtutem arrig[it]."

Première déclinaison / deuxième d./ troisième d. parisyllabique / troisième d. imparisyllabique

Africa: N ou V ou Abl sg (en l'occurrence Abl sg) naturam: Acc sg armis: D ou Abl pl (en l'occ. Abl pl) vallo: D ou Abl sg (en l'occ. Abl sg) fossa: N ou V ou Abl sg (en l'occ. Abl sg) moenia: N ou V ou Acc pl (en l'occ. Acc pl) turres: N ou V ou Acc pl (en l'occ. Acc pl) praesidiis: D ou Abl pl (en l'occ. Abl pl) Defensoribus: D ou Abl pl (en l'occ. Abl pl) moenium: G pl praemia: N ou V ou Acc pl (en l'occ. Acc pl) formidinem: Acc sg suos: Acc pl virtutem: Acc sg

Un peu de vocabulaire?

pius, a, um: pieux, qui éprouve un amour respectueux

affero, is, ferre, attuli, allatum: apporter

caerimonia, ae, f: vénération, culte

quidam, quaedam, quoddam: (adj.) un certain (connu mais non précisé)

contineo, es, ere, tinui, tentum: (au passif) <être contenu dans>, consister dans

"religio est quae": "la religion, c'est ce qui"

cura, ae, f: souci, soin

superior, oris: plus haut, plus élevé, supérieur

A retenir!

cultus, us, m: culte

voco, as, are, avi, atum: appeler

deus, i, m: dieu

Un peu de déclinaisons en musique?

Et en fonction de votre niveau...

Vous retournez à votre classeur ou votre grammaire à la fin pour vérifier, jusqu'à un sans-faute. Puis vous passez à la suite en cliquant ci-dessous.

1) Déclinez à haute voix (ou mentalement selon votre environnement!) "caerimonia, ae, f" (Seconde).

j'en veux plus

2) Déclinez "religio, onis, f" (Première).

3) Déclinez "cultus, us, m" (Première).

4) Déclinez le pronom relatif "qui, quae, quod" (Première).

Analysez les quelques formes nominales suivantes:

Niveau fin de Seconde/Première

Niveau début de Seconde

di

opera

caerimonia

naturae

religionibus

religioni

curis

cultus

deorum

opere

cultuum

solutions

Solutions:

caerimonia: N ou V ou Abl sg

naturae: G ou D sg / N ou V pl

cultus: N ou V ou G sg / N ou V ou Acc pl

opera: N ou V ou Acc pl de "opus, eris, n [N ou V ou Abl sg de "opera, ae, f"]

cultuum: G pl

curis: D ou Abl pl

opere: Abl sg

religioni: D sg

deorum: G pl

religionibus: D ou Abl pl

di [= dii = dei]: N ou V pl ["dei" (G sg) ne fait jamais "di"]

Les pratiques religieuses romaines sont liées à tous les événements, publics ou privés, de la fondation mythique de Rome au culte des empereurs.

A tel point que, même si l'on ne croit pas aux légendes mythologiques, on ne remet jamais vraiment en cause l'existence des dieux: l'athéisme, que quelques Grecs ont défendu, est une position intellectuelle étrangère aux Romains. "Plerique [philosophi] , quod maxime veri simile est, et quo omnes duce natura venimus, deos esse dixerunt."

Aller plus loin

Chouette! Encore un truc à traduire!

Querelle de spécialistes: les Quindecimviri pratiquaient-ils des rites romains, étrusques ou grecs? Réponse de Varron (De Lingua Latina, VII, 88) : "Dicimus XVI viros Graeco ritu sacra, non Romano, facere."

En pratiquant des rites d'inspiration grecque, les Romains ne faisaient qu'appliquer leur habituelle ouverture religieuse: tous les dieux sont acceptables pourvu qu'on puisse passer contrat avec eux, tous les rites sont bons pourvu qu'ils soient efficaces. Et les paroles des sibylles recensées dans les Livres Sibyllins sont fiables, comme le chante Tibulle (Elégies, II, 5, 17): "Te duce, Romanos numquam frustrata Sibylla."

Les Romains n'ont pas d'explication de la création du monde et des interactions divines (ils se servent chez les Etrusques ou les Grecs), mais des récits qui mêlent mythe et histoire, aux dimensions plus modestes et directement liés à la fondation de Rome (ou d'autres cités latines) et à son évolution: ils recherchent du concret, du pratique.

Mais fondamentalement, ces récits remplissent les mêmes fonctions que dans d'autres civilisations: distraire, souder et justifier les règles et coutumes de tout un peuple. Et les dieux jouent un rôle essentiel.

"La plupart [des philosophes] a dit, ce qui est tout à fait vraisemblable, et ce à quoi nous venons tous sous la conduite de la nature, que les dieux existaient."

"Plerique [philosophi], quod maxime veri simile est, et quo omnes natura duce venimus, deos esse dixerunt."

Cicéron, De Natura Deorum, I, 1, 2.

Satyre heureux d'être

Cicéron examine la question des dieux sous un angle rationnel: il vient de citer les Grecs Protagoras, Diagoras et Théodore qui ont remis en cause l'existence des dieux; mais il n'est manifestement pas d'accord et fait maintenant référence à la majorité écrasante des philosophes qui admettent leur existence. Leur opinion est présentée comme "maxime verisimile" (ce qui laisse encore intellectuellement une place au doute) et, surtout, c'est une conclusion à laquelle tout le monde ("omnes" + première personne du pluriel "venimus" qui inclut Cicéron) arrive "natura duce", c'est-à-dire par l'évidence du monde physique qui guide notre raison.

"Je danse donc je suis!"

Une religion polythéiste

Etymologiquement vôtre(grec): -"mono-": un seul -"poly-": plusieurs -"théi-/théo-": dieu

Les religions polythéistes dominent largement dans les sociétés antiques: Hittites, Egyptiens, Grecs, Romains, Perses, etc. Elles n'ont la plupart du temps pas de dogmes rigides, universels et fixés par écrit, mais s'appuient sur des récits légendaires et des rituels transmis de manières différentes selon les régions. Ainsi, les Romains vont beaucoup emprunter aux Grecs, au point de transformer certaines divinités typiquement italiques en leurs équivalents grecs. De plus, ils n'hésitent pas à autoriser le culte de dieux étrangers, voire à souligner leur correspondance avec les dieux latins ou à les adopter.

Les religions monothéistes les plus connues sont fondées sur le Livre, c'est-à-dire la Bible, et le Coran: judaïsme, christianisme, islam.

Vocabulaire et concepts: les numina

A côté de "deus, i, m" existe "numen, inis, n" pour désigner une divinité, le plus souvent mineure, ou sa volonté.

"Numen" vient du verbe "nuere" ("faire un mouvement de la tête pour manifester une volonté") que l'on ne rencontre guère qu'avec préfixe: -adnuo, is, ere, nui, nutum: (faire un signe pour) dire oui à; -abnuo, is, ere, nui, x: (faire un signe pour) dire non à. "Numen" signifie d'abord "volonté", en particulier "volonté divine, puissance agissante de la divinité" (Gaffiot), puis "majesté divine" et enfin plus concrètement et plus couramment "divinité, dieu".

Selon certains, "numina" était à l'origine le nom donné aux forces premières (aussi vagues qu' innombrables!) de la nature. Ainsi, la foudre aurait été un "numen" qui aurait évolué vers la forme élaborée de Jupiter dont elle ne serait plus qu'un aspect. D'autres voient plutôt le "numen" comme "notant un attribut déterminant de tout personnage divin" (J.-P. Brisson). Il n'est pas certain que les Romains eux-mêmes aient eu une idée claire de la question...

Citation du moment

"Deum agnoscis ex operibus ejus." (Cicéron, Tusc., 28, 70) "On connaît dieu à ses oeuvres," c'est-à-dire que la divinité laisse dans ses actes et créations une marque, voire une partie d'elle-même. Par extension, la formule proverbiale s'emploie aussi à propos des êtres humains.

Ah mon dieu, vraiment?

Opus, operis, n: <résultat d'un travail, matériellement constatable>, oeuvre, ouvrage.

Citation du moment

"Vos (...) ipsi dicere soletis nihil esse quod deus efficere non possit."

Cicéron, De Natura Deorum, III, 92; cf De Divinatione, II, 86.

"Vous-mêmes avez l'habitude de dire qu'il n'y a rien que la divinité ne puisse réaliser."

Je n'en doute point, mais laquelle?

Tu ne vas pas commencer à chipoter!

Citation du moment

"Tantaene animis caelestibus irae?" (Virgile, Enéide, I, 11)

"De si grandes colères sont-elles dans les âmes des cieux?"

Cette interrogation correspond à la fois à la croyance implicite que les dieux célestes doivent être bons par nature et au doute qui conduit à penser qu'ils sont aussi pétris de défauts que les hommes.

Vénus ayant égaré sa serviette

Citations du moment

"Di nos quasi pilas homines habent." (Plaute, Captivi, v. 22)

"Ludit in humanis divina potentia rebus." (Ovide, Pont., IV, III, v. 49)

Pfff... Et devinez qui va encore traduire?

Aidez saint Jérôme!

Citations du moment

"Di nos quasi pilas homines habent." (Plaute, Captivi, v. 22)

Les dieux nous considèrent comme des sortes de jouets.

Fresque de la villa del Casale (Piazza Armerina, IIIème ou IVème siècle).

Oui, c'est pas mal... Mais enfin, "pila, ae, f" veut dire "baballe" et non "jouet".

"Ludit in humanis divina potentia rebus." (Ovide, Pont., IV, III, v. 49)

Le pouvoir des dieux se joue des affaires humaines.

Citation du moment

"Otium sine litteris mors est et hominis vivi sepultura."

(Sénèque, Ep. ad Luc., LXXXII, 3)

Vocabulaire (à retenir):

homo, inis, m : homme, être humain littera, ae, f : lettre (au pluriel: les lettres, les études littéraires) mors, mortis, f: la mort otium, ii, n: <fait de ne plus avoir d'activité en matière de politique et de gestion de ses affaires>, loisir, inaction, tranquillité sine + ablatif: sans sepultura, ae, f: action d'ensevelir, sépulture vivus, a, um: vivant

TRAD.

Avoir du loisir sans activité littéraire, c'est mourir et être enterré vivant.

Citation du moment

"Oderunt peccare boni uirtutis amore;tu nihil admittes in te formidine poenae;sit spes fallendi, miscebis sacra profanis."

Horace, Epistulae, I, XVI, 52-4.

Si verba tibi desunt, hic preme!

Si significatio, illic!

"Miscere sacra profanis" signifie donc faire n'importe quoi pour arriver à ses fins, n'avoir aucune retenue morale.

Citation du moment

"Fabricando fit faber."

(Proverbe dont l'origine est incertaine.)

La brièveté, l'allitération en [f], l'isolexisme (ici: deux mots de la même famille) expliquent le succès de ce proverbe post-classique, que l'on traduit par: "C'est en forgeant qu'on devient forgeron".

Quelques variations sur le thème: « C'est en forgeant qu'on devient forgeron. C'est en limant qu'on devient limaçon. C'est en polissant qu'on devient polisson. C'est en lisant qu'on devient liseron. C'est en aimant qu'on devient hameçon.» Cavanna, Les Pensées (2012) « Le proverbe empirique qui dit: « C'est en forgeant qu'on devient forgeron » est un proverbe de vérité, car il est plutôt rare, en effet, qu'en forgeant, un forgeron devienne petit télégraphiste ou mannequin de haute-couture. » Citation non datée de Pierre Dac

Citation du moment

Pulvis es et in pulverem reverteris.

(Genèse, 3, 19)

Ce sont les paroles de Dieu lorsqu'il punit Adam et Eve en les chassant du paradis. La formule est très souvent reprise et fait partie du rituel catholique, en particulier lors des enterrements. Parfois, 'cinis, eris, m' remplace 'pulvis, eris, m'.

"Tu es poussière (cendre) et tu retourneras à la poussière (cendre)."

Citation du moment

"Cedant arma togae, concedat laurea linguae*!"

Cicéron, vers isolé du fragmentaire De Consulatu meo.

Sachant que "cedo" et "concedo" ont quasiment le même sens ici (céder à, céder devant), que ces deux verbes sont au subjonctif (valeur injonctive), qu'il s'agit d'un hexamètre dactylique sans piège, qu'il faut accorder une valeur symbolique aux noms, et que vos talents de latiniste sont à leur apogée, traduisez!

HELP

*Variante: "laudi" remplace parfois "linguae", mais la formule perd de sa force.

Citation du moment

Quod erat demonstrandum = traduction latine de la formule grecque qui terminait un raisonnement d'Euclide. Littéralement, <[ce] qui était devant être démontré>. En français, CQFD ("ce qu'il fallait démontrer").

NB: Quand son raisonnement était raté, Euclide (ci-contre, détail d'une gravure du XVIème siècle), très déçu, s'adressait à lui-même avec des expressions moins policées.

Crasse de quiche! Face de Débile!

"Que les armes le cèdent à la toge, et les triomphes à l'éloquence!"

La même colombe, vue par Picasso (1949).

L'expression s'emploie quand on passe de la guerre à la paix, que la force brute passe le relais aux lois et que le pouvoir militaire doit s'effacer devant le pouvoir civil.

Citations du moment

Voltaire et Piron avaient fait un pari: composer la phrase la plus courte en latin. On s'amusait comme on pouvait... Piron dit en premier: "Eo rus." A quoi Voltaire répondit: "I !" * Vos connaissances de la conjugaison du verbe 'eo' vous permettent désormais d'apprécier. Sinon, une petite révision s'impose...

* A. Dumas fait allusion à cette anecdote dans Le comte de Monte-Cristo, au chapitre 'Le caveau de la famille Villefort'.

Citation du dernier moment

"O quantum est in rebus inane !"

(Perse, Saturae, I, 1.)

"Combien la réalité est vide!" (R. Tozi) "Dans toute la vie quel néant!" (abbé Le Monnier) "O que les choses sont creuses! (trad. personnelle)

Vous l'aurez compris, c'est une condamnation morale du monde matériel et des activités qui s'y rattachent, assez proche du "Vanitas vanitatum, et omnia vanitas!" de l'Ecclésiaste (I, 2).

Citation du petit jour

"Nihil est (...) quod deus efficere non possit." "Dicere soletis nihil esse quod deus efficere non possit."

Sentence du familier de Jéjé: "Traduire la parole de Dieu, c'est faire luire l'auréole du vieux!"

(Cicéron, De Divinatione, II, XLI et De Natura Deorum, III, 92.)

La toute-puissance des dieux est un lieu commun des religions et des formules de ce genre existent dans toutes les langues. Aussi ne vous ferai-je pas l'injure de donner la traduction. (Juste une remarque: n'oubliez pas la valeur du subjonctif en traduisant "possit"!)

Citation du moment

"Ad majorem Dei gloriam!"

C'est la devise de la Compagnie de Jésus, fondée en 1539, que l'on trouve en général abrégée en A. M. D. G. et dont la source antique est grecque (saint Paul, première Epître aux Corinthiens, 10, 31; seconde Ep. aux Cor., 4, 15 et Ep. aux Philippiens, 1, 11). Les Jésuites, très proches du pape, ont mené des missions d'éducation et d'évangélisation très actives, non sans arrière-pensées politiques. La Compagnie a été plusieurs fois interdite mais existe toujours, "pour la plus grande gloire de Dieu", selon cette citation.

Jésuite en habit de ville (fin XVIIIème s.)

Citation du dernier moment

"Omnium rerum, heus, vicissitudost."

Térence, Eunuchus (c. -161), v. 276.

Toutes les choses, hélas, connaissent des hauts et des bas...

Hélas! tout est sujet aux vicissitudes!

Un peu de culture générale dans ce monde de brutes?

RIP en latin est l'acronyme de "requiescat in pace" ("qu'il repose en paix").

RIP* en anglais, celui de "rest in peace" ("repose en paix").

Et moi, je me repose quand?

*Ne pas confondre avec "to rip", n'est-ce pas Jack?

Les dieux majeurs forment le concile des dieux

concilium, ii, n : réunion, assemblée, concile

major, or, us: comparatif de magnus, a, um

travail

solution

travail

solution

Exemple tiré des Chronica Albrici Monachi Trium Fontium :

« Ibis redibis non morieris in bello »

Il s'agit d'une réponse donnée à un soldat qui allait partir en campagne et qui demandait s'il allait survivre. Il n'y pas de ponctuation dans les textes latins: selon la manière de ponctuer cette citation, on peut en comprendre deux sens radicalement opposés, que vous allez trouver par vous-mêmes.

Lisez: "Ibis, redibis, non morieris in bello."

Ils sont forts, ces Romains!

sos vocab.

Lisez: "Ibis, redibis non, morieris in bello."

one more ?

Cela dit, il ne faut rien exagérer: si les Grecs (le phénomène est nettement plus hellène que romain) avaient assez peu confiance dans les oracles (beaucoup d'auteurs les tournent en dérision, mais peu sur leur ambiguïté), les réponses étaient en général satisfaisantes* et l'on n'hésitait pas à demander des précisions sur le même sujet lors d'autres consultations.

Si c'est comme ça, mettons que je n'ai rien dit!

*Ce qui ne veut pas dire exactes, mais acceptables par le consultant!

L’un des exemples les plus connus est la réponse de l’oracle à Crésus, roi de Lydie. Celui-ci envisageait une guerre contre les Perses et consulta la Pythie. "Un grand empire sera détruit" répondit en substance l'oracle. Crésus fut vaincu. Prisonnier de Cyrus, roi des Perses, il demanda des comptes à la Pythie, qui l'envoya joliment promener en lui rappelant que le "grand empire" qui allait disparaître n'avait pas été précisé et qu'il ne devait s'en prendre qu'à lui-même (Hérodote, Histoires, I, 53 et 91).

Sur le modèle pythique, inventez un système question-réponse dans lequel la réponse ne peut être prise en défaut.

Exemple

Exemple gratuit:

"Vais-je avoir mon bac?"

"Tu finiras par l'avoir."

Précautions: L' année n'est pas précisée. En cas de décès avant obtention de l'examen, on dira avec une mauvaise foi sybilline qu'il s'agissait du "bac" de Charon, le nocher des morts...

Quelques exemples:

Et un contre-exemple de taille:

Les Romains tolèrent toute religion, tant qu'elle ne s'oppose pas directement à leurs dieux et au culte de l'empereur (donc à partir du Ier s. après JC). Les chrétiens, auxquels on reprochait déjà un certain repli communautaire, refusèrent d'honorer l'empereur comme une divinité, au nom du Dieu unique du monothéisme. S'ensuivirent des persécutions jusqu'en 313 (l'empereur Constantin, lui-même converti, autorise le christianisme).

Vénus est une ancienne divinité latine, sans doute liée à la nature; elle est assimilée à Aphrodite vers le IIème siècle avant JC. Faunus, dieu bienfaisant, protecteur des bergers et des troupeaux, se confond avec Pan. (Puis, curieux dédoublement, il sera considéré comme un mortel, roi du Latium bien avant la fondation de Rome!)

Le culte d'Isis (déesse égyptienne) se répand dans le monde gréco-romain dès le IIème s. avant JC; celui de Mithra (dieu indo-iranien), au Ier s. après JC.

Faunus-Pan

Un panthéon touffu

+ de 30 000 dieux selon Varron!

12 dieux majeurs (hérités des Grecs) ...

5 enfants de Cronos et Rhéa Jupiter (Zeus) Neptune (Poséidon) Cérès (Déméter) Junon (Héra) Vesta (Hestia)

6 enfants de Jupiter (mère variable) Minerve (Athéna) Apollon (Apollon!) Diane (Artémis) Vulcain (Héphaïstos) Mars (Arès) Mercure (Hermès)

Je te disais bien qu'on n'était pas chez nous!

Mais le Veda du Routard disait que...

1 fils de Cronos et Rhéa + 1 fils de Jupiter s'ajoutent parfois aux précédents Pluton (Hadès) Bacchus (Dionysos)

Valhalla être ici?

1 cas particulier : 2 versions de sa paternité Vénus (Aphrodite)

Pourquoi?

... et une foule de divinités de moindre importance ...

Des groupes

Des espèces de groupes

Des individualités

Des espèces

les Furies les Parques les Muses etc.

les Génies Les Manes les numina etc.

Proserpine Cupidon Esculape etc.

les nymphes les satyres les dieux-fleuves etc.

Vous êtes à la bonne page, troisième colonne, premier sous-groupe, place 6258 bis.

Lulu, naïade; désolée, je suis un peu en retard.

Et rhabillez-vous s'il vous plaît!

... qui posent des problèmes de classement ...

Urgent: dieux à ranger

Les "majorum gentium dii" (Cicéron, Tusc. I, 13) opposés aux "dii minorum gentium": les 14 dieux majeurs vs tous les autres?

Des "numina" multiformes: divinités animistes vs dieux élaborés?

Les Dii Indigetes: dieux locaux vs dieux d'importation?

(Sur le modèle des patriciens de vieille souche par opposition aux familles patriciennes plus récentes.)

... dans un labyrinthe généalogique

Les légendes et leurs variantes sont innombrables, parfois contradictoires; la référence première est en général Hésiode ou Homère, donc grecque, mais les Romains ont à leur habitude adapté leurs propres croyances.

C'est tout de même mal indiqué dans la région...

Cliquez ici après avoir pris une aspirine.

Les chrétiens, dans leur combat contre le paganisme, dénoncent cette pléthore de dieux, Lactance ou Saint Augustin en particulier.

Par syncrétisme , des intellectuels ont cherché sous l'Empire à unifier un panthéon surpeuplé. Ainsi, Apulée voit dans Isis une déesse majeure adorée sous de multiples noms.

Il n'empêche que, parfois, je me sens un peu seul...

Complémént sur Isis

Dans la mythologie égyptienne, Isis est la soeur-épouse d'Osiris, dieu bénéfique. Après le démembrement de celui-ci par Seth, elle le reconstitue et le ramène à la vie; avec leur fils Horus, elle combat et vainc Seth. Son culte apparaît en Egypte au milieu du troisième millénaire avant JC et se diffuse dans tout le bassin méditerranéen vers le quatrième siècle (avant JC). Les Grecs l'adoptent et l'assimilent à Déméter. Le noir associé au manteau de la déesse sous l'Empire romain n'est pas négatif mais symbolise le cosmos.

Statue d'Isis noire (remaniée plusieurs fois), atelier romain du IIème siècle (Louvre-Lens).

Si les Romains n'ont pas de cosmogonie ni de théologie propres (ils empruntent aux autres peuples: Etrusques, Grecs, conquêtes diverses; cf supra!), et bien que les rares dieux indigètes fassent pâle figure, ils sont toutefois fiers de leur "pietas": "Pietate ac religione atque hac una sapientia, quod deorum numine omnia regi gubernarique perspeximus, omnes gentes nationesque superavimus."

Traduction à préparer sans aide (solution page suivante).

"Pietate ac religione atque hac una sapientia, quod deorum numine omnia regi gubernarique perspeximus, omnes gentes nationesque superavimus." (Cicéron, De Haruspicum Responsis, IX)

"C'est par la piété, la religion et cette sagesse par excellence qui consiste à voir clairement que tout est régi et gouverné par la volonté des dieux que nous l'avons emporté sur toutes les races et tous les peuples."

Non mais, la mauvaise foi! J'y crois pas!

Vous me permettrez de ne pas tout à fait partager ce point de vue.

Statue (inversée) de Cicéron (musée du Louvre) par J.-A. Houdon (1803)

sentiment qui fait reconnaître et accomplir tous les devoirs envers les dieux, la famille, la patrie; devoir; dévotion; piété; patriotisme; affection tendre, bienveillance.

pietas, atis, f:

pius,a, um:

qui reconnaît et remplit lesdits devoirs.

Déclinaison mentale: -"pietas" au pluriel -"pius" au neutre singulier

La Piété, personnification divine, avait son temple à Rome sur le forum holitorium.

Avers d'un denier, pièce courante émise sous Septime Sévère (193-211)

La Piété, drapée, dépose de l'encens sur un autel allumé. L'inscription: "PIETAS AUGG", abréviation de "pietas augustorum", signifie "la piété des augustes", titre utilisé couramment pour désigner les empereurs depuis le premier, Auguste.

Enée, l' "ancêtre" de la fondation de Rome, est un prince troyen qui s'enfuit de sa cité dévastée par les Grecs avec son fils Ascagne, son père Anchise (qu'il porte sur ses épaules car le vieillard ne peut plus marcher) et sa femme Créüse (qu'il perd en cours de route!). Son histoire est le sujet de L'ENEIDE, l'épopée de Virgile. Il est souvent qualifié de "pius" (épithète homérique) pour le respect qu'il a montré envers son père et l'acceptation de sa destinée mouvementée. "At pius Aeneas...": "De son côté, le pieux Enée..." (En. , I 305).

Tableau de P. Batoni, 1753

Un exemple: Proserpine

Tu reprendras bien une coupe de grenadine?

La légende officielle

Travail de recherche : Retrouvez la légende de Cupidon ou d'Esculape.

Travail sur soi: Arrêtez de protester, ce n'est pas si long à faire!

Hadès et Perséphone, fond d'une kylix (-Vème s.)

Rossetti, Proserpine (1874)

Un exemple: les Génies

genius, ii, m: on reconnaît la racine indo-européenne *gen exprimant l'idée de naissance, de création de l'être physique.

Chez les Romains, ces entités personnifient l'essence vitale et spirituelle de chaque être vivant (homme, dieu, animal, etc.), d'une collectivité (collège, cité, empire, etc.) ou d'un lieu (ville, carrefour, maison, etc.), peut-être même d'un objet . Ils naissent (et meurent?) avec l'être physique ou moral qu'ils accompagnent et protègent. Un homme, comme un dieu, a son génie; une femme n'a pas de Genius mais son équivalent, une Juno (Juno, onis, f: comme la déesse du même nom incarnant la féminité). Les génies des empereurs ont un culte officiel. Les Lares ou les Pénates font aussi partie de cette catégorie. On offrait à son Génie vin, fleur, encens le jour de son anniversaire. Il était représenté sous la forme d'un enfant, d'un jeune homme ailé, d'un vieillard, d'un serpent.

APPROFONDISSEMENT

Les Lares (Lar, laris, m) sont un cas particulier de génie.

D'origine vraisemblablement étrusque, leur culte, rural puis urbain, fondé par le roi mythique Servius Tullius (lui-même fils du Lare de la maison des Tarquin!), était répandu dans toute l'Italie. Ils sont attachés à un lieu ("Genii loci"), non à une personne, mais protègent les usagers de ce lieu. Privés ou publics (Romulus et Rémus sont les Lares de Rome, qui a aussi des Penates publici), ils sont régulièrement honorés.

Unique, double, parfois trente pour un seul endroit, ils se subdivisent en de nombreuses catégories. Nous prendrons deux exemples: -le Lar Familiaris ; -les Lares Augusti .

Lare trouvé à Famars (Nord), d'époque gallo-romaine.

Un exemple: le Lar Familiaris

Il appartient au culte domestique privé et assure la prospérité du foyer, c'est-à-dire de toute la familia, donc aussi des esclaves. Il se distingue ainsi des deux Pénates (Penates, ium, m; de "penus" [déclinaison variable]: les provisions, le garde-manger) qui sont attachés au pater familias et sont spécialisés dans la nourriture. Le Lar Familiaris, souvent doublé sous l'Empire (on parle fréquemment des Lares), est honoré, de manière propre à chaque pater familias, dans le laraire, modeste autel souvent décoré, près duquel on entretenait toujours du feu dans le "focus patrius" ("foyer paternel"; focus, i, m), avec niches ou petits placards abritant les statuettes des divinités (Lare[s], Pénates, premier ancêtre). Les offrandes consistent en fleurs, encens, gouttes de vin ou de miel, gâteaux...

Oui, je veux absolument voir le laraire le plus connu!

Oui, je veux absolument les paroles d'un Lar Familiaris!

Lar et la manière: le Lar Familiaris dans son laraire

Pour certains, on distingue ici deux dieux Lares, portant des rhytons en guise de cornes d'abondance et encadrant un personnage en toge qui incarne l'ancêtre fondateur de la gens (ou son Génie), et le serpent représente le Génie du propriétaire. D'autres y voient le Lar Familiaris entouré des Pénates, le serpent symbolisant le genius de l'ancêtre alpha ou de l'actuel pater familias. Le laraire se trouve d'ordinaire dans l'atrium.

Laraire de la maison des Vettii à Pompéi en forme de petit temple (Ier siècle ap. JC)

C'est tellement beau qu'il m'en faut un autre!

Un exemple: le Lar Familiaris

La représentation des Lares s'est standardisée sous la République: un jeune homme en vêtements courts, esquissant un mouvement dansant, souvent couronné, portant une corne d'abondance (parfois "réduite" à un rhyton ) et une patère .

"Vosque Lares tectum nostrum qui funditus curant!"

Vers attribué à Ennius, An., frag. 620, à traduire.

Lare en bronze du Ier s. ap. JC (Espagne)

Un peu d'aide?

Quintus Ennius (239-169): poète latin considéré comme une référence, bien qu'il ne nous reste que des fragments. Virgile s'en est inspiré. Il a "inventé" l'hexamètre dactylique latin (sur le modèle du vers homérique car Ennius admirait homère et parlait grec) et écrit des pièces de théâtre, des satires et une épopée (les Annales).

Vocabulaire: vos: pronom personnel (2ème pers. du pl.) au nominatif ou vocatif tectum, i, n: le toit (métonymie) funditus: de fond en comble, totalement curo, as, are, avi, atum: prendre soin de

Ennius imaginé par Raphaël dans un détail de la fresque du Vatican intitulée Le Parnasse (1509-11).

Toujours des problèmes? Franchement, vous exagérez...

Traduction

"Et vous, Lares, qui prenez soin de notre maison dans ses moindres recoins!"

Les Lares sont parmi nous! Certaines de ces créatures ont assuré leur survie en se fondant dans la population.

Le saviez-vous?

Ainsi, à Trèves, en Allemagne, on a retrouvé la trace d'un certain

Lars von Trier, reconnaissable à ses problèmes de pellicules...

Et je crois que je vais maintenant aller prendre mes médicaments...

Un exemple: les Lares Augusti

Si les Lares Familiares appartiennent au culte privé, les Lares Augusti relèvent du public. Passez par la case départ et recevez 2000 heures de travail: .

Départ

Les Compitalia, fête des Lares Compitales fondée par Servius Tullius (sixième roi mythique de Rome), avaient lieu à date mobile, en hiver (fin des travaux des champs). Très populaires, elles s'accompagnaient des "ludi compitalici", sortes de fêtes foraines, et les esclaves avaient le droit de se comporter comme des hommes libres. Auguste, en ajoutant son Génie à ces Lares, fixa les Compitalia en mai et en août, et en réforma le clergé. Il semble toutefois que les anciennes fêtes aient perduré.

Je prends la place du milieu.

Tout juste, Auguste!

Célébration de Compitalia

Statue du Génie d'Auguste

Qui sunt Lares Augusti?

Quid si Latinae linguae exercitationes et philosophi sententias mihi opus sunt?

Ubi est occulta machinatio cujus beneficio Apulei scripta quaedam intellegere possim?

Un exemple: les Génies

Quelques approches en langage vernaculaire :

[majores nostri] "singulis enim et Genium et Junonem dederunt. " (Sénèque, Lettres à Lucilius, CX, 1)

"(...) Genius, natale comes qui temperat astrum, naturae deus humanae, mortalis in unum quodque caput, vultu mutabilis, albus et ater." (Horace, Epîtres, II, 187-9)

"Genium dicebant antiqui naturalem deum, uniuscujusque loci vel rei aut hominis." (Servius, scolie à Virgile, En., I, 302)

vocab.

trad.

Un exemple: les Génies

Les monnaies impériales font souvent figurer le Génie du peuple romain sur le revers. Ci-contre, représentation classique sur une pièce de bronze du début du IVème siècle (fin du règne de Dioclétien, qui figure sur l'avers): le génie est quasi nu; sur sa tête, une couronne est surmontée d'une tour; il tient dans la main droite une patère et une corne d'abondance dans la gauche.

Les génies sont souvent confondus avec l'individu lui-même, avec son bien-être ou ses goûts.

L'inscription est: GENIO POPULI ROMANI ('au génie du peuple romain') S/F (?/?) PTR ([officina] P[rima] TR[revirensis]: première officine [où l'on frappe la monnaie] de Trèves)

Pour ceux qui veulent voir ces sens dans les textes...

Quelques mots...

albus, a, um: blanc ater, atra, atrum: noir antiqui, orum, m: les anciens astrum, i, n: astre, étoile comes, itis, m: compagnon in + acc.: (ici =) à l'égard de, envers majores, um, m: les ancêtres mutabilis, is, e: changeant natalis, is, e: de la naissance, natal quisque, quaeque, quodque: chaque singuli, ae, a: chacun en particulier, un à un tempero, as, are, avi, atum: régler, équilibrer, modérer unusquisque, etc.: cf quisque vultus, us, m: visage

Le Génie de la Liberté (place de la Bastille, Paris), réalisé par A. Dumont en 1836. Il couronne la Colonne de Juillet, élevée en commémoration de la révolution de juillet 1830.

Traductions

Génie de l'empereur Domitien, avec l'égide et la corne d'abondance (Ier ou IIème s. ap. JC)

Sénèque: [nos ancêtres] ont donné en effet à chaque homme son Génie et sa Junon.

Servius: Les anciens disaient qu'un Génie était un dieu de la nature, [attaché à] chaque lieu, chose ou bien être humain.

Horace: « Le Génie (...), ce compagnon qui règle l'action de notre astre natal, ce dieu de l'humaine nature [OU à l'humaine nature ], mortel avec chaque individu, au visage changeant, tour à tour blanc et noir. » (Trad. F. Villeneuve)

Un exemple: les Furies

"Démons du monde infernal" (Dictionnaire de la Mythologie, P. Grimal) à l'origine chez les Romains, elles s'assimilent rapidement aux Erinyes grecques. Avant de commenter le tableau, cliquez sur Vanth.

  1. Renseignez-vous sur le personnage d'Oreste.
  2. Quel moment de la légende ce tableau illustre-t-il?
  3. A quoi reconnaît-on les Furies?

W.-A. Bouguereau, Les Remords d'Oreste, 1862

Vanth est une divinité étrusque. Elle a été assimilée aux Erinyes: femme, souvent ailée et porteuse d'une torche, associée à la mort. Cependant, elle apparaît comme un guide bienveillant des âmes et non une cruelle vengeresse. Les lanières sur sa poitrine dénudée, le repli du vêtement sur le ventre et les bottes lui sont propres.Toujours est-il qu'on peut supposer que l'identification entre divinités proches était tentante.

Détail d'une urne funéraire étrusque représentant le démon féminin Vanth (-IIème s.)

et on traduit

on enchaîne

Daemonia Nymphe (Δαιμόνια Νύμφη) est un groupe de musique grec créé en 1994 par Spyros Giasafaki et Evi Stergiou, qui s'inspire de la musique hellène antique.Un petit coup d'oreille?

Un exemple: les nymphes

Les nymphes sont filles de:

-ou Zeus (cf par ex. Homère, Od., XVII, 240);

-Gaïa (par parthénogenèse) selon Hésiode (Théog., 130);

-ou d'autres divinités, comme les dieux-fleuves ou Nérée;

-ou d'ailleurs: les Méliades, doyennes de l'espèce, seraient nées de la mutilation d'Ouranos, comme Aphrodite (Hésiode, en pleine contradiction, Théog., 187).

-ou d'un croisement avec des humains;

En d'autres termes, c'est assez confus...

suite

Ce sont des divinités secondaires de la nature qui habitent et protègent les champs, les bois, les montagnes, les eaux, les airs. Difficile d'unifier leurs origines car, vu leur popularité, il existe des multitudes de légendes locales et, entre une nymphe de mer et sa cousine attachée à un arbre, les relations ne sont pas évidentes.

Je crois que je me suis coincé le pied dans ce foutu chêne...

Les filles, vous venez danser?

Trop crevant, la terre ferme...

Dryades (arbre, surtout chêne), hydriades (eaux), alséides (bocage), hyades (pluie), Hespérides ("nymphes du Couchant" écrit Hésiode), elles se subdivisent en plus de vingt catégories.

Leur statut est ambigu, comme une sorte de catégorie intermédiaire: "Ces déesses, on ne les compte ni parmi les êtres mortels, ni parmi les immortels: elles vivent longtemps, goûtent à l'aliment divin [= ambroisie], et dansent gracieusement en choeur avec les Immortels."

Leurs occupations sont partagées entre la protection du lieu ou de l'élément auquel elles sont associées (certaines dryades naissent et meurent avec l'arbre qu'elles protégent selon l' Hymne à Aphrodite), l'escorte de leur dieu tutélaire (les océanides forment la cour de Neptune au fond de la mer), l'intervention dans les affaires humaines au hasard d'une rencontre (folklore local) et une vie amoureuse très active (avec les divinités de la nature comme les satyres, Pan, Priape, etc.; parfois les dieux majeurs [cf Cyrène qui s'unit à Apollon et enfante Aristée]; ou les hommes dont elles s'éprennent [cf Narcisse, Hylas, Echo, ... ]).

A. Cabanel

Echo, 1874

Y a quelqu'un?

Jupiter, premier des dieux

Juppiter, Jovis, m

("le père du jour" étymologiquement )

Assimilé à Zeus [dont la légende grecque est supposée connue], il est représenté le plus souvent avec le foudre (c'est l'arme de Zeus forgée par les Cyclopes, qui lance la foudre) et un aigle. Il jouissait d'un culte ancien, antérieur à la domination romaine sur le Latium.

Erreur de casting, man...

Roi des dieux, il est aussi le roi des adultères ... La colline du Capitole lui est consacrée.

Je me disais aussi...

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Jupiter

Hygin énumère les enfants les plus célèbres du dieu volage. Et puisque vous êtes ici, profitez-en pour chercher qui est Hygin et vous renseigner sur un de ses rejetons, à votre choix.

Hygin, Fabulae, 155. CLV. JOVIS FILII. Liber ex Proserpina, quem Titanes carpserunt. Hercules ex Alcumena. Liber ex Semele Cadmi et Harmoniae filia. Castor et Pollux ex Leda Thestii filia. Argus ex Nioba Phoronei filia. Epaphus ex Io Inachi filia. Perseus ex Danae Acrisii filia. Zethus et Amphion ex Antiopa Nyctei filia. Minos, Sarpedon et Rhadamanthus ex Europa Agenoris filia. Hellen ex Pyrrhe Epimethei filia. Aethlius ex Protogenie Deucalionis filia. Dardanus ex Electra Atlantis filia. Lacedaemon ex Taygete Atlantis filia. Tantalus ex Plutone Himantis filia. Aeacus ex Aegina Asopi filia. Aegipan ex capra. (...) Arcada ex Callisto Lycaonis filia. [Etolus ex Protogenia Deucalionis filia]. Pirithous ex Dia Deionei filia.

Jupiter

Sur le Capitole, à Rome, il possède trois sanctuaires. Le plus ancien est celui de Jupiter Férétrien*, fondé par Romulus, comme celui de Jupiter Stator**, un peu plus tard. Le troisième est le plus connu et avait été transporté du Quirinal sur le Capitole : on y honorait "Jupiter Optimus Maximus", aux côtés de Junon et Minerve, qui formaient ainsi la triade capitoline***. Auguste en fit bâtir un quatrième à Jupiter Tonnant.

travail

Corrigé

facultatif

*Férétrien: de "feretrum, i, n" = le brancard (pour transporter les offrandes), dérivé de "fero, fers, ferre, tuli, latum" (porter, apporter). **Stator: "[is] qui sistit" ("celui qui arrête"), en référence au combat contre les Sabins (épisode de l'enlèvement des Sabines); les Romains étaient débordés et Romulus promit un temple à Jupiter s'il arrêtait les Sabins, ce qui arriva aussitôt. ***Cf la page sur les dieux Indigètes, article "Quirinus".

Jupiter

Ses attributions sont multiples:

Dieu du ciel, du jour, de la foudre, de la puissance royale, de la parole donnée, il a dans toute ville romaine digne de ce nom un temple (avec Junon et Minerve, reconstituant la triade) construit sur un Capitole naturel ou artificiel, qui forme le centre religieux de la cité.

de trad.

de test

d'art

de trad.

d'art

de test

Jupiter a une vie sexuelle très dynamique et très fertile; comme les nombreuses légendes sur ces activités sont essentiellement grecques et peu romaines, nous nous contenterons pudiquement d'un exemple: .

Jupiter

Un berger commence un concours de poésie:

"Ab Jove principium, Musae; Jovis omnia plena; ille colit terras; illi mea carmina curae." Virgile, Bucoliques, III, 60-61.

Pour faciliter la compréhension:

Ab Jove principium [sit ], Musae [ ]; omnia [sunt] plena Jovis; ille colit terras; illi mea carmina curae [sunt ].

trad.?

"Que Jupiter soit le début [de mon chant]; tout est rempli de Jupiter; il veille sur les terres; il se soucie de mes vers."

Remarques: "Colo, is, ere, colui, cultum" signifie à la fois "habiter" (sens redondant de celui de la proposition précédente), "cultiver", "prendre soin de, protéger". Une divinité en tant que présente dans l'ensemble du monde est une idée philosophique (panthéisme) partagée entre autres par les pythagoriciens et les stoïciens. Virgile y revient dans les Géorgiques, IV, 219 & sq et L'Enéide .

Jupiter version planète (divinité incluse).

Jupiter

L'une des sept merveilles du monde antique: la statue chryséléphantine de Jupiter de 13m de haut environ, sculptée par Phidias dans les années -430 pour le temple de Zeus à Olympie.

Sculpture romaine (fin Ier s.) musée de l'Ermitage

Le temple ne résista pas aux tremblements de terre mais la statue, transportée à Constantinople, fut conservée jusqu'au Vème siècle (elle fut détruite dans un incendie).

Vue d'artiste par Quatremère de Quincy (1815), d'après des descriptions antiques.

Couronné d'un rameau d'olivier, le dieu tenait une Niké (déesse de la Victoire) dans sa main droite et un sceptre avec un aigle au sommet dans la gauche. Trône et himation (manteau) étaient richement décorés.

Jupiter

Petit travail de comparaison: Ingres a peint Napoléon Ier à la fois comme un Christ en majesté et un Olympien antique, en s'inspirant visiblement du modèle de Phidias.

Retrouvez les éléments qui font penser à Zeus et vérifiez ensuite ici:

J.-Aug.-D. Ingres Napoléon sur le trône impérial (1806)

12 ou 14 grands dieux?

Sexisme primaire!

Les "dii Consentes" ( "qui sont ensemble") ou "dii complices" ("qui sont unis") forment le conseil divin des "dei majorum gentium" présidé par Jupiter. Ils sont toujours douze et considérés comme un tout, mais la liste des individualités variait, selon par exemple que l'on tenait compte de la puissance (Pluton et Bacchus alors s'imposaient) ou de la parité des sexes (Vesta et Cérès détrônaient les précédents). La liste officielle et définitive semble avoir été fixée en -217, par couples .

Mars et Vénus virilité et féminité, sans compter leur liaison

Jupiter et Junon roi et reine des dieux

Vulcain et Vesta rapprochés par le feu

Tout à fait d'accord!

Mercure et Cérès associant commerce et production agricole

Neptune et Minerve couple assez étrange, vu leur rivalité athénienne

Apollon et Diane jumeaux

Pause grammaticale avant de passer à Junon.

Première conjugaison

Deuxième conjugaison

Mixage

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Pause grammaticale n°1 avant de passer à Diane.

Révisions I

Révisions II

MEMENTO de secours (conjugaisons)

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Petit test récapitulatif sur Apollon

SOLUTIONS

Pause grammaticale avant de passer à Vesta.

Commencez par réviser ici,

et ici.

Puis allez là,

et là.

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Pause grammaticale n° 2 avant de passer à Diane.

On révise le passif des deux premières conjugaisons.

On vérifie que tout est assimilé.

Là.

Ici.

On n'oublie pas la citation du moment.

Là-bas.

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Pause avant de passer à Neptune.

Petite récapitulation sur Diane?

Conjugaison

MEMENTO

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Pause avant de passer à Vulcain.

MEMENTO: déclinaisons

Comme vous semblez en forme, révision rapide de la troisième conjugaison (actif et passif) et de la troisième déclinaison.

Ex. 1

Ex. 2

Ex. 3

Une petite citation du moment?

MEMENTO: conjugaisons

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Pause avant de passer à Pluton.

Révisions de la quatrième conjugaison et de la conjugaison dite mixte (à l'actif).

MEMENTO

ENTRAINEMENT

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Révision des pronoms-adjectifs démonstratifs via le Memento ci-dessous.

Pause avant de passer à Cérès.

MEMENTO

EXERCICE

Quand votre conscience vous sussure qu'ils sont sus, que vous êtes sûrs du succès, et qu'à votre insu nulle fissure assurément n'insuffle en vous de suspicion sur l'issue de l'exercice, passez à la suite ci-dessus.

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Easy

Pause avant de passer à Mars: SUM et ses composés.

Moins facile

Normal

Pro

MEMENTO

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Pause avant de passer à .

MEMENTO

Pause avant de passer à Minerve.

MEMENTO

Entraînement I

Entraînement II

Trop longtemps sans citation?

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Le verbe 'eo' et tous ses amis composés.

Pause avant de passer à Mercure.

MEMENTO

Gagne un million!

Gagne une céphalée!

Citation-détente

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Lisez d'abord le memento!

Pause avant de passer à Bacchus.

MEMENTO

Exercice 1

Exercice 2

Moins de grammaire et plus de fun! Encore que...

Exercice 3

Exercice 4

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Susis, suae quemque sues delectant crassae atque Crassus susque deque suos suaque habere ausus est.

Récapitulons!

Pause avant de : -revenir au sommaire -revenir au carrefour avant les dieux majeurs -retenir une citation

Enfin c'est fini!

Junon

Juno, onis, f

Déesse italique, à l'origine incarnant la lumière lunaire (et donc plus proche d'Artémis que d'Héra), elle fait partie de la triade capitoline qui passe du Quirinal au Capitole. Epouse et soeur de Jupiter, dont elle a quatre enfants dans la plupart des versions, elle est assimilée à Héra [dont la légende grecque est supposée connue].

Faire-part

Les souverains célestes ont le bonheur mitigé et consanguin de vous annoncer en vrac les naissances d'Arès, Hébé, Héphaïstos et Ilithye.

A. Carrache, Jupiter et Junon (1597)

Junon

Reine des dieux, elle défend toute forme de féminité à travers toutes les épiclèses qu'elle porte. On retient surtout, à cause de l'influence grecque, l'image d'une déesse trompée qui cherche à se venger de son infidèle époux et des maîtresses qu'il collectionne.

On la reconnaît le plus souvent à son diadème, son sceptre (insignes royaux), son voile (rappelant les femmes romaines), le paon (cf légende d'Argus ), la grenade (symbole de fécondité), sa posture hiératique (plus ou moins oubliée par les artistes postérieurs à l'antiquité).

C'était vraiment indispensable d'étaler nos querelles conjugales?

Fallait y penser avant...

Statue de Junon (IIème s. ap. JC), fortement restaurée (musée du Louvre).

Junon

Quelques épiclèses

Juno Sospita: protectrice, libératrice [en particulier pour les femmes en train d'accoucher] (de l'adjectif "sospes, sospitis": sauveur / sauvé). Juno Regina: aspect royal ("rex, regis, m": roi; "regina, ae, f": reine). Juno Pronuba: qui préside aux mariages ("nubo, is, ere, nupsi, nuptum" + datif: épouser). Juno Lucetia: porteuse de lumière (nocturne, en écho à Jupiter; de "lux, lucis, f": la lumière). Juno Matrona: protectrice des femmes mariées (sens de "matrona, ae, f"). Juno Lucina: (épiclèse partagée avec Diane/Hécate) qui préside aux accouchements. Juno Moneta: "qui avertit" ("moneo, es, ere, monui, monitum"). Etc.

Junon

Juno Moneta

De "moneo, es, ere, monui, monitum": avertir. En -390, la Ville est attaquée par des Gaulois et les Romains se réfugient dans la citadelle (arx, arcis, f) du Capitole. Les assiégeants, une nuit, essaient une attaque surprise, mais des oies, dans le sanctuaire de Junon, donnent l'alerte et l'assaut est repoussé.

réciter

réciter

MEMENTO

traduire

traduction

Pause avant de contempler Vénus

La citation du moment

Les deux dernières déclinaisons

sur les déclinaisons

Exercice récapitulatif

SOMMAIRE UNIQUEMENT

Pause avant d'admirer Apollon

Citation du moment

Encore un peu de verbes (Révisez la 3ème conjug.)

Chronologiquement vôtre

Un peu de nostalgie historique?

Visa pour Rome

!SOMMAIRE UNIQUEMENT!

1) Récitez

-"moneo" à l'imparfait du subj. actif -"habeo, es, ere, habui, habitum" (avoir) au parfait de l'indic. actif -"deleo, es, ere, delevi, deletum" (détruire) au futur de l'indic. actif

2) Analysez

-monebat -ciebamus -habuisse-delevere -tenuit -timent-manseram -fleretis -sedisti

Teneo, es, ere, tenui, tentum: tenir / cieo, es, ere, civi, citum: faire bouger, faire venir, appeler / timeo, es, ere, timui, x: craindre /

maneo, es, ere, mansi, mansum: rester / fleo, es, flere, flevi, fletum: pleurer / sedeo, es, ere, sedi, sessum: être assis, siéger

Vocabulaire (Tite-Live, V, 47)

A mémoriser!

Abstineo, es, ere, tinui, tentum : s'abstenir de (+ ablatif); ici, passif impersonnel = "on s'était abstenu de" / ala, ae, f : aile / animal, animalis, n : être vivant, animal / anser, eris, m : oie / arma, orum, n pl : armes / arripio, is, ere, arripui, arreptum : entraîner, saisir brusquement / canis, is, m ou f : chien(ne) / ceteri, ae, a : (tous) les autres / cibus, i, m : nourriture / cieo, es, ere, civi, citum : appeler / clangor, oris, m : cri / crepitus, us, m : bruit sec, cliquetis / custos, odis, m : gardien / evado, is , ere, evasi, evasum : s'échapper de, arriver à / excito, as, are, avi, atum : réveiller, exciter / excitus, a, um : réveillé / fallo, is, ere, fefelli, falsum : tromper, échapper à / inopia, ae, f : manque de qqc / namque : de fait ('en effet' renforcé) / ne ... quidem : même ... ne ... pas / sacer, sacra, sacrum : sacré, consacré à (ici: + génitif) / salus, utis, f: salut (aliquid est saluti [alicui]: qqc sauve [qqn]) / silentium, ii, n : silence / sollicitus, a, um : inquiet de, attentif à (ad + accusatif) / strepitus, us, m : vacarme, tumulte / summum, i, n : point le plus haut, sommet / tamen : cependant / vado, is, ere, x, x : s'avancer (contre qqn).

Traduction (Tite-Live, V, 47)

"Ils parvinrent jusqu'au sommet. Ils gardaient un si profond silence, qu'ils trompèrent non seulement les sentinelles, mais même les chiens, animal qu'éveille le moindre bruit nocturne. Mais ils ne purent échapper aux oies sacrées de Junon, que, malgré la plus cruelle disette, on avait épargnées; ce qui sauva Rome.Car, éveillé par leurs cris et par le battement de leurs ailes, Marcus Manlius (...) s'arme aussitôt, et s'élance en appelant aux armes ses compagnons." (Trad. Nisard légèrement modifiée)

Junon

Juno Moneta

[Galli] "tanto silentio in summum evasere ut non custodes solum fallerent, sed ne canes quidem, sollicitum animal ad nocturnos strepitus, excitarent. Anseres non fefellere quibus sacris Junonis in summa inopia cibi tamen abstinebatur. Quae res saluti fuit; namque clangore eorum alarumque crepitu excitus M. Manlius (...), armis arreptis, simul ad arma ceteros ciens, vadit (...)." (Tite-Live, V, 47)

vocab.

trad.

Vénus

Elle est vénérée en Italie avant la fondation de Rome (divinité, comme souvent, liée à la végétation, attribut qu'elle gardera de manière discrète) puis, à partir du IIème siècle avant JC, elle se confond avec Aphrodite [dont la légende est supposée connue!]. Déesse de l'amour , de la féminité, de la beauté, de la séduction, de l'union (adultère mais aussi conjugale), ses attributions s'élargissent à la fin de la République: Venus Genitrix , Venus Victrix , etc. . Comme la plupart des grandes divinités, elle se diversifie en fonction des épisodes de sa légende qui ne forme pas un tout cohérent.

Cicéron, pour une fois modeste, en compte quatre principales dans une énumération rapide: . Sa plante favorite est le myrte .

Qu'est-ce que le myrte?

"Myrte commun (Myrtus communis), symbole de Vénus:Le myrte commun (Myrtus communis), appelé aussi nerte, évoque le bassin Méditerranéen (Corse, Sicile, Sardaigne...) où il pousse à l'état sauvage dans la garrigue et les bois. Cet arbuste buissonnant au port dressé a pour particularité d'être très odorant, par ses feuilles comme par ses fleurs. Il a longtemps été utilisé pour les couronnes et les bouquets de mariées et dans les décorations florales lors des mariages. " (https://jardinage.lemonde.fr)

Pourquoi est-il lié à Vénus?

Ah boooon...

Traduction

Vénus

Cicéron, De natura Deorum, III, 59:

"Venus prima Caelo et Die nata [est], cujus Eli delubrum vidimus; altera, spuma procreata [est], ex qua et Mercurio Cupidinem secundum natum [esse] accepimus; tertia, Jove nata [est] et Diona, quae nupsit Volcano, sed ex ea et Marte natus [esse] Anteros dicitur; quarta Syria Cyproque concepta [est], quae Astarte vocatur, quam Adonidi nupsisse proditum est."

Vous souffrez d'un manque de vocabulaire? Allez ici: Vous souffrez d'un manque de travail? Allez là: Vous souffrez d'une paresse dramatique? Allez plutôt de ce côté: Vous n'avez mal nulle part? Félicitations, continuez dans cette voie!

Vénus

Vocabulaire (à retenir)

accipio, is, ere, cepi, ceptum: recevoir / apprendre, savoir (de qqn) que (+ prop. inf.) Adonis, idis, m: Adonis delubrum, i, n: temple Eli: (forme peu attestée) "en Elide" (région du Pélopponèse en Grèce) ou "à Elis" (ville principale de l'Elide) nascor, eris, i, natus sum: naître nubo, is, ere, nupsi, nuptum: épouser qqn (+ datif) prodo, is, ere, prodidi, proditum: rapporter que (+ prop. inf.) procreo, as, are, avi, atum: engendrer, produire spuma, ae, f: écume voco, as, are, avi, atum: appeler

La proposition infinitive: petite révision =>

Vénus

Deux traductions surprenantes:

"On tient que la première Vénus, celle qui a son temple en Élide, naquit du Ciel et de la Lumière. Que la seconde, sortie de l'écume de la mer, a eu de Mercure le second Cupidon. Que la troisième, fille de Jupiter et de Dioné, épousa Vulcain; mais que de Mars et d'elle naquit Antéros. Que la quatrième est la Syrienne, née à Tyr, qui se nomme Astarté, et à qui l'on donne Adonis pour époux. " (Trad. Nisard)

"La première Vénus est fille de Caelus et de Diès et j’ai vu son temple à Élis; la seconde a été engendrée par l’écume de la mer et c’est d’elle et de Mercure, selon la tradition, qu’est né le second Cupidon. La troisième, fille de Jupiter et de Dioné, épousa Vulcain mais c’est de Mars qu’elle eut, dit-on, son fils Anteros ; la quatrième, conçue par Syria et Cypros, est appelée Astarté et, selon la tradition, elle épousa Adonis. " (Trad. Auvray-Assayas)

commentaire

Venus Genitrix

Le Grec Callimaque en sculpte la statue qui servira de modèle au -Vème siècle (cf le travail sur les statues).

La gens Julia prétend descendre de Iule (Iulus, i, m, autre nom d'Ascagne), le fils d'Enée et de Créüse; or Enée a pour père Anchise (un mortel) et Vénus. Jules César, et son fils adoptif Auguste, sont donc d'origine divine et protégés par une déesse majeure... Ainsi, César aménage un forum Julium (ou forum Caesaris), sur lequel il fait construire un temple à Venus Genitrix, sa lointaine ascendante.

Vers le temple

Vers les statues

V. G. (copie romaine du Ier siècle), musée de l'Ermitage

Vers de terre

Oh, vous ne saviez pas qu'il y avait un travail sur les statues?

La planète Vénus est nettement moins attirante.

Pline l'Ancien nous parle de la Vénus de Cnide: comme si vous y étiez!

Cela ne fait rien, vous êtes les bienvenus!

Mais si vous préférez commencer par des représentations picturales...

Vérifiez la qualité de vos travaux (seulement quand vous avez fini!).

What did you expect?

Temple de Venus Genitrix

En -48, César affronte Pompée à la bataille de Pharsale; l'enjeu est le pouvoir quasi absolu à Rome. César jure à Vénus de lui construire un temple s'il remporte la victoire et il remplit sa promesse.

Rhôôô, fallait pas!

Pour toi, arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-maman!

Au fond de la cella, l'abside abritait la statue de Vénus sculptée pour l'occasion par Arkésilaos, perdue aujourd'hui. Sur la longue esplanade devant le temple se dressait sans doute une statue équestre de César regardant vers le sanctuaire.

Virgile et l' Enéide

Composée à partir de -29 jusqu'à la mort du poète (-19), cette épopée de presque 10 000 vers aurait dû être brûlée selon la volonté de Virgile, car imparfaite à ses yeux (il manque quelques vers et le poète n'a pas eu le temps de faire les ultimes corrections). Le premier empereur, Auguste en personne, s'y opposa et la fit publier. Elle nourrissait en effet ses visées politiques: en exaltant l'ancêtre des fondateurs de Rome et de la gens Julia, à laquelle Auguste appartenait par adoption, elle participait à la légitimation du nouveau régime, en soulignait la grandeur et montrait qu'il s'inscrivait dans la continuité de l'histoire de Rome. A l'image des épopées homériques pour les Grecs, elle fournissait aussi une assise légendaire nationale et un vivier de grammaire, de lecture, de récitations, d'exempla où les jeunes Romains pouvaient apprendre la langue et les valeurs latines.

C'est quoi, des exempla?

On veut des textes!

Quel rapport avec Homère?

Z'avez rien de plus moderne?

Virgile, Apulée, Lucrèce:

des textes et des aspects épiques ou vénusiens variés...

En français

En latin

En bilingue

En bilingue commenté

Vénus et Junon favorisent les amours de Didon et Enée. Plaque en émail de Limoges, peinte (vers 1530). Les amours de Didon et Enée sont le fil directeur des quatre premiers chants de L'Enéide.

Aequalis Venus horum temporum*

L'héritage vénusien est à l'image de la déesse: -une féminité axée sur l'entretien sexiste de la beauté, que l'on peut retrouver par exemple à travers la gamme "Vénus" de Gillette (rasoirs pour dames) ou l'institut "Vénus beauté" du film de Tonie Marshall (1999);

-mais aussi l'aspect universel, qui fait de la déesse une force cosmique, comme l'évoque la musique psychédélique du groupe grec contemporain InnerSonar (Ode à Vénus ).

Affiche

Juniqe

*"Vénus de notre temps", mais vous aviez compris.

Manes, Manium, m: les mânes

Ce sont des divinités "infernales", secondaires et nombreuses ("dii inferi": dieux d'en bas, chtoniens), proches des Génies.

Dans l'imaginaire populaire, elles sont assimilées aux âmes des morts enterrées selon les rites et divinisées. Etymologiquement, leur nom vient de "manus, a, um" : "bon", "bienveillant" : c'est une manière de s'en protéger, d'attirer leur neutralité ou leur bienveillance. Les Larves (larvae, arum, f) correspondent plutôt aux défunts sans sépulture rituellement correcte, et les Lémures (lemures, um, m) soit aux victimes de mort terrible, soit aux criminels ne pouvant trouver le repos. Ces deux dernières catégories ressemblent à nos spectres, fantômes et autres âmes errantes. Il faut honorer, apaiser, éloigner tous ces êtres qui ont cessé d'appartenir au monde des vivants.

Mânes, fantômes et farfafouilles (suite)

Voici une des "leges de religione" selon Cicéron, dans un latin archaïque (De Leg., II, VII):

"Deorum Manium iura sancta sunto. Humanos leto datos diuos habento. Sumptum in ollos luctumque minuunto."

"Que les droits des Dieux mânes soient saints; que ceux que la mort possède soient tenus pour divins; que l'on diminue pour eux la dépense et le deuil."(Trad. Nisard)

« Que les droits des dieux mânes soient inviolables ; que ceux qui sont morts soient tenus pour divins ; que l'on diminue à leur égard la dépense et le deuil. »(Trad. Ch. Appuhn)

Travail: Commentez ces trois règles, en particulier la dernière, puis passez à la page suivante: .

Mânes, fantômes et farfafouilles (suite)

Voici un rituel pour conjurer les lémures (à l'occasion des Lemuria):

Des journées étaient consacrées à honorer les morts et à les rendre inoffensifs: les Lemuria (en mai) et les Parentalia (en février) dont le dernier jour constituait les Feralia . Les activités humaines sont mises en sommeil et des offrandes simples sont données dans le cadre privé (Lemuria et Parentalia) ou public (Feralia): sel, vin, blé, fleurs ou fruits.

D'une manière générale, on fait très attention à ne pas contrarier les défunts, aussi bien sur les tombes que lors de la fondation d'une ville .

Mânes, fantômes et farfafouilles (suite)

Pour Cicéron, les mânes sont des divinités ("deorum"), détentrices d'une autorité, d'un pouvoir tirés des lois naturelles ("jura") auxquels on ne peut pas toucher ("sacra"). Il s'agit bien des morts divinisés en passant dans l'au-delà. Et il faut les honorer non pas dans le faste et le luxe (allusion à certains tombeaux luxueux de l'époque), mais plus modestement ("minuunto"), sans exagération ostentatoire ("luctum" désigne surtout les manifestations extérieures du deuil, non l'affliction intime).

Tombeau monumental et travaillé de l'affranchi Eurysacès, boulanger à Rome (v. -30).

Cherchons la petite bête!

Un éditeur adopte la leçon "bonos" au lieu de "humanos" (le manuscrit devait être endommagé):

"<Bo>nos leto datos divos habento."

D'où cette traduction possible:

"Que les hommes de bien qui sont morts soient tenus pour des dieux."

Les Mânes seraient dans ce cas les âmes des hommes bons uniquement. Et l'on retombe dans une certaine confusion avec les Larves et les Lémures...

On barbote dans le pas clair, là...

Passons aux dieux majeurs avec Jupiter.

Ou retournons aux composantes de base de la religion romaine.

Ou, soyons fous, conjuguons!

Ou une petite citation?

Apollon: Apollo, inis, m

L'artiste

Le beau gosse

Le mystérieux

Le frère solaire

Le berger

Le tueur médecin

L'inspirateur prophétique

Apollon et Auguste

Auguste, le premier empereur qui régna de -27 à +14, se plaça sous la protection d'Apollon, auquel il érigea un temple sur le Palatin; il prétendait même que sa victoire à Actium sur Antoine (-31) lui était due, et une croyance populaire le faisait fils du dieu. Il confia à Horace la rédaction du Carmen Saeculare, en grande partie consacré à Apollon.

Quintus Horatius Flaccus (-65/-8): Horace, dont la carrière rebondit avec cette commande.

Carmen Saeculare

Apollon:

Le berger

Peut-être est-ce une de ses anciennes attributions, ou le souvenir d'un autre dieu qu'il a phagocyté en prenant de l'importance? Il possède en tout cas un troupeau dans l' Hymne homérique à Hermès. Et lorsque Zeus le punit pour le meurtre des Cyclopes , il devient un bouvier exemplaire au service du roi Admète. Sa proximité avec la nature apparaît aussi dans ses nombreuses amours et les métamorphoses florales qui en sont souvent la conclusion.

Apollon:

Le tueur médecin

Il est redouté, même de ses homologues, qui ne restent pas assis quand il arrive -sauf Zeus et Léto, sa mère, qui le désarme rapidement . Car de son arc, il sème la mort de loin (comme sa soeur Artémis d'ailleurs), et il n'épargne personne dans sa colère: ni les Grecs lors de la guerre de Troie, ni les Niobides, ni le géant Tityos ou le dragon Python . Ambigu, il peut envoyer des maladies (la peste sur le camp grec ) ou éradiquer des fléaux (cf ses épiclèses de tueur de rats ou de sauterelles) et soigner les malades (voir l'article sur Esculape, son fils spécialisé dans la médecine, qui personnifie cette fonction paternelle).

Les Niobides (enfants de Niobé)

Tityos: petite précision digressive

Apollon Païôn

Apollon:

Le beau gosse

Apollon est le dieu de la beauté: toujours jeune, avec des cheveux bouclés, grand, aux proportions parfaites (même si les canons esthétiques ont varié).

Profil Tinder. 06 non communiqué.

Des photos!

Non, mais vous voyez vraiment ce qu'il a de plus que moi?

Des aventures amoureuses?

Si Versailles m'était conté...

Apollon:

Le beau gosse

Du mannequinat avant l'heure!

trad.

Traductions des citations du lien précédent.

On ne se lasse pas de ses formes, mais on aime aussi la morphologie grammaticale.

Pline:

Praxitèle " fit aussi un jeune Apollon en train de guetter avec une flèche un lézard se glissant près de lui, et qu'on appelle Sauroctone. "

Horace:

"Qu'on n'aille donc pas rougir de la Muse adroite à manier la lyre ni d'Apollon musicien."

Martial:

"(Ou) qui fut plus beau que le visage d'Apollon?"

Un peu de rab.

Martial Ep., XIV, 172

CLXXII Sauroctonos Corinthius. "Ad te reptanti, puer insidiose, lacertae Parce: cupit digitis illa perire tuis."

Vocabulaire: Repo, is, ere, repsi, reptum: ramper / insidiosus, a, um: <qui tend des pièges>, malicieux, joueur / lacerta, ae, f: lézard / parco, is, ere, peperci, parsum + datif: épargner / cupio, is, ere, cupi(v)i, cupitum + infinitif: désirer / pereo, is, ire, perii, peritum: périr, mourir / digitus, i, m: doigt.

traduction

Martial Ep., XIV, 172

CLXXII. - LE CORINTHIEN SAUROCTONE "Ne tue pas d'une flèche, malicieux enfant, ce lézard qui rampe vers toi : ce n'est qu'entre tes doigts qu'il veut mourir." (Trad. C. Dubos.)

"Ne tue pas d'une flèche" est plus clair que la traduction littérale ("Parce" en rejet suivi de "perire" souligne l'antithèse mais heurte un peu la logique.); la mention d'une flèche est induite par le "sauroctone" du titre et la statuaire codifiée. De même, la restriction "ne ... que" rend mieux l'idée centrale du poème en français. Au passage, et sans plus d'explication, j'espère que l'allusion sexuelle ne vous a pas échappé.

Apollon

est beau, séduisant, charmeur.

Il a donc connu de nombreuses aventures, mais aussi pris beaucoup de , , et autres , ce qui en consolera certains.

succes

echecs

Asclépios maîtrisa si bien la médecine qu'il arrivait à ressusciter les morts (Hippolyte, le fils de Thésée, par exemple). Il disposait d'échantillons de sang de la Gorgone que lui avait donnés Athéna: l'un était un poison universel, l'autre une panacée; et le toucher de son bâton avait des vertus guérisseuses. Mais il ramena trop de mortels à la vie et l'équilibre du cosmos s'en trouvait menacé: Zeus le foudroya... Apollon, furieux, massacra les Cyclopes qui forgeaient la foudre divine et le roi des dieux le condamna, pour se purifier, à être l'esclave d'Admète, le roi de Phères en Thessalie, pendant un an.

Facile! Et sans bâton!

Un bâton magique?

Giotto, La résurrection de Lazare (1306).

Serpents, bâton et coupe:

Ne pas confondre le bâton d'Esculape:

avec le caducée de Mercure:

ou la coupe d'Hygie (fille d'Esculape):

plus connue sous cette forme:

Serpents, bâtons et coupe: symbolisme

Le bâton d'Esculape autour duquel s'enroule un serpent (une couleuvre en principe) est un symbole-outil de soin: le dieu en touchait ceux qu'il guérissait, voire ressuscitait. Il ressemble étrangement au 'Nehushtan' biblique de Moïse.

Le caducée est une baguette de laurier ou d'olivier surmontée de deux ailes et entourée de deux serpents entrelacés se faisant face; il a été offert à Mercure par Apollon (en échange de la lyre ou de la syrinx); il symbolise l'union, la jonction du ciel (les ailes) et de la terre (les serpents, animaux chtoniens par excellence). Iris, autre messagère des dieux, porte aussi le caducée.

La coupe d'Hygie est un récipient à remèdes (une patère d'après la statuaire). Le serpent s'y associe (animal aux pouvoirs de guérison selon de très anciennes croyances), représente un malade s'apprêtant à boire (ou le serpent sur le point de cracher un venin bénéfique?), ou encore symbolise l'harmonie entre la terre (le reptile) et les pratiques médicinales. En fait, beaucoup d'interprétations sont possibles...

Apollon don Juan

Des Muses, qu'il ne faisait pas que conduire, il aurait eu, selon une tradition certes assez peu représentée, Orphée et Linos, c'est-à-dire les musiciens les plus accomplis du passé légendaire.

Avec Manto, fille de Tirésias, prophétesse qui fut Sybille à Delphes, il engendra (dans certaines versions) Mopsos, le meilleur devin après son grand-père.

La nymphe Cyrène lui donna Aristée, apiculteur qui se repentit d'avoir tenté de violer Eurydice .

Etc.

Apollon piteux tueur de Python

Cassandre

Daphné

Y a pas que la beauté qui compte...

Marpessa

Hyacinthos

Cyparissos

Coronis

Etc.

Daphné

Toute l'histoire:

Un peu de travail:

Si vous avez du courage:

Jakob Auer, Apollon et Daphné (1685).

Coronis

Coronis est la fille de Phlégyas, roi des Lapithes. Elle cède à Apollon mais, enceinte de lui, elle le trompe et épouse Ischys, un des sujets de son père, car elle craignait qu'Apollon ne la délaisse quand elle serait devenue vieille (cf Marpessa). Le dieu outragé tue les amants et sauve in extremis son fils (cf Ovide, Métamorphoses, II, 551 & sq). L'enfant, Esculape (Asclépios en grec), futur dieu de la médecine, est envoyé en apprentissage chez le centaure Chiron .

A découvrir

Solution de facilité

Complément sur Esculape

Cassandre

"Quem (...) vates Cassandra moveret?"

Cassandre, la fille de Priam et d'Hécube, est intimement et tragiquement liée à la ville de Troie. Elle devait se donner à Apollon, qui s'était épris d'elle, en échange d'une formation en divination. Une fois instruite, Cassandre se déroba et le dieu, pour la punir, la condamna à ne jamais être crue. Ainsi, au moment où le cheval farci de soldats grecs est amené dans la cité, elle est la seule à mettre les Troyens en garde.

texte

Un exemple de la malédiction de Cassandre:

Virgile, Enéide, II, 246-9:

"Tunc (...) fatis aperit Cassandra futurisora, dei jussu non umquam credita Teucris.Nos delubra deum miseri, quibus ultimus essetille dies, festa velamus fronde per urbem."

Notes: "fatis (...) futuris": datif d'intérêt; Teucri, orum, m: les Troyens (descendants des sujets de Teucer, premier roi de la Troade); traduire comme s'il y avait "a Teucris"; "deum" = "deorum".

Un exemple de la malédiction de Cassandre:

Virgile, Enéide, II, 246-9:

"Alors (...) Cassandre ouvre la bouche pour prédire nos destins, prêtresse que le dieu toujours défendit aux Teucères de croire. Et nous, malheureux, en ce jour qui devait être pour nous le dernier jour, nous allons par la ville orner de feuillage de fête les sanctuaires [des dieux]." (Trad. M. Rat.)

Préparez un petit commentaire linéaire oral de ces quatre vers (même méthode que pour l'oral de français).

Hyacinthos et Cyparissos

Comme souvent chez les dieux gréco-romains (beaucoup moins que chez les déesses, soit dit en passant), la bisexualité va de soi: Apollon a donc eu des aventures avec de jeunes hommes, dont les plus célèbres ont assez mal tourné.

Hyacinthos

Cyparissos

Le frère solaire

Le "Brillant" ('Phoibos' en grec, latinisé en Phébus) ne l'était sans doute pas vraiment à l'origine, car Apollon ne devient solaire qu'à partir du Vème siècle avant JC. (L'astre matériel est plutôt assimilé à Hélios ou à son père Hypérion, deux Titans.) Il fait pendant à sa soeur, Artémis (Diane), qualifiée de 'Phoibè' elle aussi, pour sa brillance lunaire . L'aspect solaire intervient d'ailleurs très peu dans son culte.

Son rôle "sidéral" apparaît dans la version la plus connue de sa naissance: Zeus, son père, lui ordonne d'aller à Delphes et le confie à un attelage de cygnes. Mais Apollon (désobéissance ou caprice des volatiles?) se rend d'abord en Hyperborée, où il reste un an, puis seulement à Delphes, où son arrivée est dignement fêtée. Chaque année (ou tous les 19 ans selon une autre tradition), il part à la fin de l'automne dans le grand Nord pour revenir au printemps en Phocide.

Un peu de texte?

Toute une évolution résumée

Le frère solaire

Dieu d'origine assez mystérieuse, Apollon se fait solaire, puis si populaire qu'il tend à rassembler tous les dieux, dans un syncrétisme proche de celui d'Isis (mais les deux pratiques cultuelles n'ont rien à voir) et dans une unification-simplification monothéiste qui rappelle le christianisme. A tel point que dans les derniers siècles de l'Empire, Apollon se superpose parfois à la figure du Christ. Le "dies natalis Solis Invicti" (littéralement: 'anniversaire du Soleil Invincible' ou 'invaincu') tombait d'ailleurs le 25 décembre (solstice d'hiver approximatif)...

Apollon:

Le mystérieux

L'origine d'Apollon fait grand débat, à l'image de son épiclèse "lycien", que l'on peut dériver de 'Lycie' (région de l'actuelle Turquie) ou de 'lykos' (le loup en grec).

Ses attributions et fonctions semblent trop variées pour appartenir à un seul dieu d'autant plus qu'elles évoluent et s'étoffent au fil du temps... Ainsi, Apollon est lié à l'orphisme et au néo-pythagorisme . Ou d'après le poète grec Callimaque (IIIème siècle avant JC), il intervient dans la fondation des villes...

Je fais aussi le café à l'occasion.

Sans sucre, merci.

Apollon:

L'inspirateur prophétique

Maître de la divination et des oracles ambigus, il est qualifié de "loxias", d' "oblique", c'est-à-dire d'ambigu, sibyllin, à double sens. Son sanctuaire principal est à Delphes, mais, hormis celui de Dodone, dédié à Zeus, la plupart des grands sanctuaires oraculaires lui sont consacrés. Car Delphes est la première destination du dieu, à la demande de son père, et malgré le détour chez les Hyperboréens . La conquête de ce territoire comporte de multiples versions.

Exemples de réponses "obliques"

Version latine habituelle

Apollon:

L'inspirateur prophétique

La conquête de ce territoire comporte de multiples versions; la plus populaire rapporte que là vivait un serpent-dragon, enfant de Gaïa, que dut tuer Apollon. Le cadavre pourrissant du reptile fut appelé 'Pytho' (du grec 'puthein': pourrir) et la prêtresse du sanctuaire fondé par le dieu, la Pythie . Pour attirer un clergé suffisant, Apollon, sous la forme d'un dauphin , détourna un bateau crétois et amena l'équipage à Crisa, ville proche dont dépendait le territoire qui prend alors le nom de Delphes.'..

Python 1

Python 2

Apollon:

L'artiste

Apollon musagète, le "conducteur des Muses", Apollon citharède, "joueur de cithare", Apollon et sa lyre, cadeau de Zeus à sa naissance ou présent d'Hermès qui devait se faire pardonner un vol de boeufs : la musique et les arts en général lui sont étroitement liés.

Petit jeu: Retrouvez les titres des pages où figurent ces deux photographies (et leurs références!).

Apollon:

L'artiste

Apollon est un remarquable musicien qui n'aime pas être surpassé, ni voir mise en doute l'excellence de son instrument favori.

Apollon vs Pan

Apollon vs Marsyas

Apollon vs Pan pour les nuls

Apollon vs Marsyas pour les pauvres de traduction

Apollon:

L'artiste qui inspire

Apollon musagète, ballet d'I. Stravinsky (1928, puis un certain nombre de ramniements)

Apollon sur le fronton occidental du temple de Zeus à Olympie ("style sévère", 2ème quart du Vème s. avant JC).

Hommage par le nom.

Apollon gravit le parnasse, suivi de trois Muses; sa mère, Léto, en bas, souffre de la séparation.

Vesta, ae, f

"La plus ancienne, la plus belle et la plus pure des divinités romaines" (G. Hacquard). Elle est la protectrice du foyer (focus, i, m) public de chaque cité . Ses temples de forme ronde rappellent les anciennes cabanes du Latium, avant la fondation de Rome, bien que la tradition rapporte que c'est Romulus, ou son fils Numa Pompilius, qui aurait initié son culte dans la Ville. Enée l'aurait apporté de Troie en Italie. Autre argument en faveur de l'ancienneté locale de Vesta: son animal fétiche, l'âne, est typiquement méditerranéen (au rebours du cheval, indo-européen) .

Par sa fonction même de gardienne du foyer, Vesta ne vit pas de grandes aventures comme les autres divinités majeures.

Vesta, ae, f

Vesta est assez peu représentée: simple feu sacré au départ semble-t-il, elle prend plus tard la figure d'une matrone: jeune, voilée, vêtue de la stola, tenant à la main un objet variable. Elle est souvent représentée sur des monnaies.

Denier d'argent (circa 65): Néron sur l'avers, Vesta dans son temple au revers.

Vesta version Lego (Exposition Briqu'antiques, Bavay, 2020)

Vesta, ae, f

Déesse de la chasteté, de la pudeur propre à la femme mariée, Vesta n'est pas gardienne de la virginité, contrairement à Hestia, son homologue grecque: une matrone vierge n'aurait aucun sens. Ses prêtresses, les vestales, étaient cependant contraintes de rester vierges sous peine d'être emmurées vivantes. Un phallus était représenté dans son temple: le mariage doit être fertile.

Hestia/Vesta Copie romaine (IIème siècle) d'un original grec du Vème siècle avant JC.

Détente: la citation du moment.

Diane

L'identification à Artémis [dont la légende est supposée connue] de la déesse italique se fait tôt, peut-être dès le -VIème siècle . A Rome, elle est officiellement assimilée à son homologue grecque en -399 .

Elle est étroitement associée à Apollon, son frère : elle aide à son accouchement, reçoit comme lui de Zeus arc et flèches, ainsi qu'un cortège de nymphes, participe à l'éradication de Python, suit son cadet en Thessalie pour expier la mort du serpent, etc. Mais si Apollon rejoint Delphes, elle préfère la giboyeuse Arcadie riche en sources, dans le Péloponnèse. Ils partagent tout de même beaucoup d'attributions.

Elle avait un temple sur l'Aventin.

Et gna gna gna, et gna gna gna... Toujours à ressacer cette vieille histoire!

Diane

Comme Apollon, elle est musagète, ou manifeste des pouvoirs de guérison à l'occasion : c'est une part de son côté "Artémis", assez peu reprise par les Latins.

Pour les Romains, Diane est avant tout une divinité: -de la Lune; -des carrefours et voyages; -des accouchements; -de la virginité; -de la chasse; -des animaux et de la nature sauvage.

Le poète Catulle vous la présente ici.

Diane

Cela fait beaucoup, même pour une enfant de Jupiter, dont le frère souffrait de la même abondance d'attributions: la Diane que nous connaissons est sans doute la synthèse, plus ou moins cohérente comme souvent, de plusieurs divinités. Sur le plan caractériel, la violence domine: "apolloussa" ("la destructrice" en grec ) est l'un des adjectifs accolés à Artémis; ses décisions semblent souvent impulsives et excessives (cf Actéon, Agamemnon en Aulide, etc.); elle tue sans état d'âme (cf aux côtés de son frère, ou quand elle chasse); les guerrières Amazones se sont placées sous sa protection; etc.

Le massacre des Niobides. Cratère attique de style classique (Vème siècle avant JC).

Diane susceptible?

Diane exotique!

Diane romaine

Diane lunaire

La racine *dei du début de son nom signifie briller . Il existait une déesse Luna (comme Séléné en grec) qui incarnait l'astre physique, et qui avait aussi un temple sur l'Aventin, deux raisons pour devenir un aspect de Diane.

Luna sur son char, cantonnée dans l'illustration des cycles temporels. (Assiette d'argent de Parabiago, entre IIème et Vème siècle.) Outre son char attelé de taureaux, qui fait écho au char du Soleil, elle arbore un diadème en croissant de lune que l'on retrouve chez Diane.

Diana Noctiluca ("qui luit la nuit"):

"Triformis" ou "triplex", la déesse est : -Diane (Artémis) = croissant de lune = naissance; -Luna (Séléné) = pleine lune = maturité; -Hécate (Hécate aussi) = nouvelle lune = mort ou renaissance. Elle rythme donc le temps humain et marque des moments clés de l'existence, protégeant les mortels au passage, en particulier les jeunes gens. Sous la forme d'Hécate, elle prend une forme plus mystérieuse.

Hécate

Bienveillante chez Hésiode ou dans l'Hymne homérique à Déméter, elle se fait plus effrayante en devenant déesse de la magie, liée au monde des morts, capable de se transformer en animal. Sa statue orne les carrefours (parfois les portes), c'est-à-dire des lieux considérés comme des frontières entre les mondes (vivants/morts, terre/ciel, dedans/dehors, etc.).

Qui suis-je exactement?

Prière à Hécate

Vous me reconnaissez?

Diana Lucina

Lucine est la déesse des accouchements, et comme Ilithye, son homologue grecque, elle se confond avec une épiclèse tantôt de Junon (cf l'article à ce sujet), tantôt de Diane. Artémis a aidé à la naissance de son frère dans certaines versions du mythe, d'où cet aspect particulier. "Lucine" pourrait d'autre part venir de "lux" et renvoyer à la lumière de notre satellite, (ainsi qu'aux aptitudes médicales de la lunaire Hécate). Enfin, des études ont montré que Diane, de manière diffuse, était attachée aux moments importants de la vie humaine, dont la naissance fait évidemment partie.

Léto accouchant d'Artémis et Apollon, gravure de D. Scultori d'après un tableau de G. Romano (c. 1560)

Trivia, ae, f: Diane des carrefours.

Tres, tres, tria (trois) + via, ae, f (la route). Trivium, ii, n: carrefour de trois routes, puis simplement lieu très fréquenté.

Les statues d'Hécate aux carrefours sont fréquentes, on l'a vu. Elle est à la croisée des routes, comme des décisions, sans en privilégier de particulières: le choix appartient à l'homme; elle est à la frontière des mondes et accompagne donc le voyageur. Les Phocéens qui fondent la colonie de Marseille se placent par exemple sous sa garde.

"Ipse ego velatus filo tunicisque solutis Vota novem Triviae nocte silente dedi." Tibulle, Elégies, I, 5, v. 15-6.

Vocabulaire

Traduction

Perdu sans vocabulaire et dans l'espace personne ne t'entend crier?

filum, i, n: fil, tissu; mais aussi filament ou cordelette entourant le bonnet du flamine; solutus, a, um: délié, flottant; Trivia, ae, f: emploi qui montre que le nom a perdu sa valeur étymologique; il n'est pas fait référence aux carrefours et le contexte nocturne désigne plutôt Hécate (d'autant plus que le rituel magique vise à soigner la maîtresse du poète). tunica, ae, f: tunique (vêtement de dessous); le pluriel soit est poétique (donc équivaut à un singulier), soit montre qu'on pouvait porter plusieurs tuniques en même temps.

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Traduction littérale (et personnelle):

Ibam obscurus sola sub nocte per umbram...

Moi, en personne, voilé de tissu et la tunique au vent, j'ai neuf fois adressé des voeux à Hécate dans le silence de la nuit.

A traduire aussi, et sans aide cette fois!

Diane, déesse de la virginité

'Dea virgo' ou 'Virgo' tout court: Diane (peut s'appliquer aussi à Minerve, voire à Vesta); 'Virgines': les Vestales; 'virgo, inis, f': la jeune fille encore vierge, la chaste jeune fille.

Dans une version du mythe où Artémis naît avant Apollon, la déesse aurait été si émue par les douleurs de l'enfantement éprouvées par sa mère qu'elle aurait demandé à rester vierge. Elle impose la même condition à ses nymphes, et ne badine pas sur ce point.

Légende de Callisto

Légende d'Actéon

L'Echo de l'Empyrée Diane la prude aurait eu un amant? Un article de notre grand reporter Thersite.

Le Tartare Post La vérité enfin traduite! Par notre génial Ly.

F. Boucher, Diane sortant du bain (1742). Diane pourrait presque être confondue avec Vénus. De fait, une tradition picturale insiste sur la beauté de la jeune fille et les attitudes lascives des nymphes qui l'escortent.

Diane déesse des animaux et de la nature sauvage

On peut rester quelque peu sceptique sur son amour des animaux qu'elle massacre allégrement. Mais le même paradoxe se retrouve chez certains chasseurs de toutes les époques. On la décrit parfois montée sur un taureau ou un cerf (ou sur un char tiré par ces mêmes animaux); ses chiens l'accompagnent presque toujours .

Elle est particulièrement vénérée dans les régions forestières et montagneuses (Arcadie, Laconie, etc.).

Diane et les bêtes

Juvénal rappelle sur le mode de la plaisanterie qu'elle est bien la patronne des animaux .

Ouais, ben méfiance quand même...

Diane et les sources (fons, fontis, m)

Diane la chasseresse

Farouche, toujours dans les bois, les vallons, les bocages, les pentes, les sources cachées, Diane chasse à l'arc, accompagnée de ses nymphes et de ses chiens, parfois d'un cerf qui n'est pas rancunier (la déesse tue allégrement des cerfs...). Elle a obtenu de son père cette arme dès sa naissance et les artistes ont réalisé encore plus de Diane chasseresse que de Diane au bain.

Je chasse donc je suis.

(A répéter très vite.)

Diane déesse des sources et eaux thermales : Diane se délasse de la chasse en se baignant, toujours dans une source à l’écart (et malheur à qui l’aperçoit : cf Actéon). Elle transforma d’autre part la nymphe Aréthuse en fontaine (cf Ovide, Mét., V, 572-641). D’où sa protection sur les sources (et singulièrement des sources thermales, ce qui rejoint ses attributions de guérisseuse). Ainsi, à Wiesbaden, elle portait le surnom de Mattiaca, du nom des eaux de la station thermale locale: Aquae Mattiacae.

On trouve dans les forêts européennes des restes d’autel à Diane comme celui-ci, d’autant plus que les Romains assimilèrent à celle-ci, comme à leur habitude, les déesses locales protectrices des forêts.

Artémis d'Ephèse

Ephèse est une ville d'Asie Mineure (Turquie actuelle), port actif pendant l'antiquité, dont l'Artémision (temple consacré à Artémis) était considéré comme une des sept merveilles du monde. On y adorait une Artémis peu classique: couronnée d'une tour (comme Cybèle?), ornée d'une grappe de mamelles (certains y voient des testicules de taureau), enveloppée d'une robe (un chitôn) serrée et décorée d'animaux et de fleurs, les mains ouvertes, il s'agit sans doute d'une Déesse Mère protectrice venue de l'Est, associant nature et fécondité, assimilée à Artémis mais conservant une part de son originalité.

Copie romaine, restaurée, en albâtre (premier tiers du IIème siècle) de l'original vénéré à Ephèse (musée de Naples).

Diane romaine

Elle avait deux antiques sanctuaires italiques: l'un à Capoue, l'autre à Aricie, au bord du lac Nemi (près de Rome). S'y rattachent des légendes locales, enrichies par l'identification à Artémis.

Diana Nemorensis (Aricie)

Diana Tifatina (Capoue)

J.-M. Nattier, Madame de Maison-Rouge en Diane (1756). Il était à la mode à cette époque de se faire représenter déguisé en personnage antique ou mythologique.

Neptunus, i, m

Poséidon est l'un des dieux majeurs du panthéon grec, frère cadet de Zeus à l'âge classique, mais son aîné dans les récits plus anciens . Il a reçu en partage la mer, ou plutôt les eaux en général (sauf les fleuves, qui ont leur divinité propre et ne s'entendent pas toujours avec lui) . Il peut déchaîner tempêtes et tsunamis, voire tremblements de terre ("l'Ebranleur de la terre" est l'une des périphrases pour le désigner), ou plus pacifiquement créer des sources. Il commande aux créatures créature marines . Paradoxalement, ce dieu si puissant n'est pas le personnage principal d'une foule de légendes.

N'est pas Jupiter qui veut... Pourtant, lui, il aurait pu être à la place de Zeus...

Gros plan de

Reproduction (fin XXème siècle) de la statue ci-contre, près du palais de l'Europe à Strasbourg.

Neptune est roi de l'Atlantide, que nul ne lui conteste pour une fois , une île fabuleuse s'étendant devant les colonnes d'Hercule (l'actuel détroit de Gibraltar) et qui a inspiré beaucoup de fantasmes .

Deux tentatives de visualisation de l'Atlantide, d'après les "indications" de Platon.

Neptunus, i, m

Comme son illustre frère, il a une épouse officielle, Amphitrite, et une vie amoureuse aussi débordante que marquée par un goût douteux, qui lui donne une descendance nombreuse mais d'une qualité souvent discutable. Ainsi est-il le seul dieu à s'unir à Méduse, l'une des trois Gorgones; tuée par Persée, elle enfantera de son sang Chrysaor (lui-même futur papa d'enfants assez violents) et Pégase, le cheval ailé; il engendrera aussi le cyclope Polyphème, le bandit Sciron, etc.

J'ai su voir sa beauté intérieure, bande de Béotiens!

Méduse par Le Bernin (entre 1638 et 1648).

Neptunus, i, m

Lorsque les mortels s'organisèrent en cités, les dieux en briguèrent la tutelle afin d'y être davantage honorés; quelques revendications conflictuelles les opposèrent. Systématiquement, Poséidon les perdit: à Corinthe (contre Hélios), à Delphes (contre Apollon), à Trézène (contre Athéna), à Egine (contre Zeus), à Naxos (contre Dionysos), à Argos (contre Héra) et bien sûr à Athènes face à Athéna.

Athéna vs Poséidon

Illustration pour la marque de tabac Neptune (E.-U., c. 1866).

Round 1

Round 2

Neptunus, i, m

On le représente avec un trident, sur un char tiré par des sortes d'hippocampes, mi-chevaux mi-dragons, entouré de dauphins, de Néréides, de poissons et d'hybrides divers.

Mosaïques du IIème ou IIIème siècle de la maison de Sorothus (musée de Sousse).

MORE?

Vulcain: Vulcanus (ou Volcanus), i, m

Titre 2

Dieu du feu avant tout, et dieu des volcans, de tout ce qui touche à la métallurgie (sans doute plus par contamination d'Héphaïstos que par sa nature italique), Vulcain est un formidable inventeur-constructeur .

On l'appelle aussi Mulciber , ou on le qualifie de Tardipes . Son culte aurait été introduit à Rome par Romulus ou Titus Tatius .

F. Bassano le Jeune, La Forge de Vulcain (2ème moitié du XVIIème siècle).

Vulcain

Il réside sous l'Etna ou sous le volcan de l'île de Vulcano, avec les Cyclopes qui l'aident à forger ses multiples inventions et les foudres de Jupiter. Virgile nous le confirme: .

A gauche, l'Etna et son cratère toujours en activité (à l'est de la Sicile); ci-dessus, l'île de Vulcano, une des îles éoliennes au nord de la Sicile, dont le nom actuel vient directement du dieu.

Vulcain

Les Vulcania ou fêtes vulcanales, commençaient le 23 août et se célébraient pendant huit jours. Elles marquaient la fin des grosses chaleurs de l'été.

"Volcanalia a Volcano, quod ei tum feriae et quod eo die populus (...) in ignem animalia mittit. " Varron, De Lingua Latina, VI, 20. " 'Volcanalia' vient de Vulcain, parce que les fêtes de ce moment lui sont consacrées et que, ce jour-là, le peuple (...) jette des animaux dans le feu." (Trad. personnelle)

Vulcain, deus faber

La citation du moment

Vulcain est en quelque sorte la version divine de Dédale, l'Artiste par excellence, aussi habile artistiquement que techniquement .

Forgeur d'armes

Faiseur de pièges

Fabricant universel

Vulcain, bronze romain du Ier siècle.

Vulcain forgeur d'armes

Le bouclier d'Achille

Le bouclier d'Enée

Complément I

Complément I

Tria Romana scuta.

Complément des compléments

Complément II

Complément II

Complément d'objets

Vulcain, le piégeur

Comme tous les dieux majeurs, Vulcain a un caractère très proche de l'humain: il peut être jaloux, rancunier, naïf... Par deux fois, il essaie de tirer vengeance des humiliations qu'il a subies et voit sa ruse tourner à son désavantage.

Chérie, tu ne l'auras pas volé!

Charles Antoine Bridan, Vulcain (1781)

Maman, tu vas payer!

Pluton

En grec, Hadès se dit aussi Ploutôn et se confond parfois avec Ploutos, le dieu des richesses, ce qui correspond au Dis Pater latin . Dans le partage cosmique qui suivit la victoire de Zeus & consorts sur les Titans, Hadès hérita du monde souterrain , où il vit retiré dans les Champs Elysées avec son épouse, sans enfant.

F. de Nomé, Les Enfers (1622)

Vulcain, interviewé pour le Vincta Anas : "Car je suis moi aussi un dieu jaloux!"

Récit 1

Traduction du Récit 1

Récit 2

Notre photographe confirme!

P. Bordone, Mars et Vénus surpris par Vulcain (1549).

Pluton

Il y a peu de récits légendaires centrés sur Pluton; le plus fréquent concerne la manière dont il a enlevé sa future épouse, sujet que les artistes ont abondamment repris.

1) Rappel: ce que vous avez déjà lusur Proserpine/Perséphone.

2) La version d'Ovide dans Les fastes.

3) Cicéron s'en mêle!

Cest un drame de la solitude et on ne va pas y passer la nuit...

4) Ovide, encore, dans les Métamorphoses cette fois.

5) La conclusion revient à Hygin

Pluton

Il règne sur les Enfers et leurs habitants, en compagnie de Proserpine; un grand nombre de créatures gravitent autour d'eux.

  1. La carte Virgichelin du 'monde d'en bas'.
  2. Payez le passeur!
  3. Cave canem!
  4. Judices tres ...
  5. ... at damnati plurimi.
  6. Quelques touristes.

D. Dosso, Les Champs Elysées (1522).

Pluton

Ni les Grecs ni les Romains n'ont une vision claire des Enfers. Homère et Hésiode donnent certaines indications, mais c'est Virgile qui en fournit la description la plus organisée, au chant VI de l'Enéide .

Vidéo (Attention: ce que dit le vidéaste n'engage que lui!)

Achille trempé dans le Styx, tapisserie du XVIIème siècle, d'après un tableau de Rubens.

Cartographie

Charon Profession: nocher infernal.

Génie ou démon infernal, il fait passer le Styx aux âmes qui peuvent le payer. Brutal, sans aucune pitié, il trie et frappe les défunts. On le représente le plus souvent comme un horrible vieillard décharné, à la barbe hirsute et au regard brûlant, vêtu de haillons .

Mais par pitié une version s'il vous plaît!

Charon, illustration de G. Doré (1832-83) pour La divine Comédie de Dante.

OK Jéjé, ça faisait longtemps!

En principe, on ne ressort pas des Enfers (sauf pour ceux qui croient à la métempsychose ); Pluton et Proserpine sont inflexibles. Toutefois, quelques héros ont réussi. Félicitations à:

G. C. Cammarano, Cupidon et Psyché (1821).

Le soigneur Iapyx retire une pointe de flèche de la cuisse d'Enée (fresque de Pompéi, Ier s. ap. J.-C.).

  • Enée
  • Héraclès
  • Orphée
  • Thésée
  • Ulysse
  • Psyché

Même les animaux écoutent Orphée (B. Pedruzzi, salle de la frise de la villa Farnesina, 1508).

Ulysse résiste aux sirènes (détail d'un stamnos du début du Vème s.).

A.-L. Barye, Thésée combattant le Minotaure (1843).

Héraclès terrasse le lion de Némée (amphore attique, c. 540 avant J.-C.).

La "nékuia" d'Ulysse

Au chant XI de L’Odyssée, Ulysse, sur les conseils de Circé (fin du chant X), cherche à consulter le devin Tirésias. Ce n’est pas à proprement parler une descente aux Enfers : au pays des Cimmériens, à une extrémité du monde connu, frontière poreuse entre mondes des vivants et des défunts, il va évoquer les morts (« Nékuia » en grec signifie « sacrifice pour évoquer les morts ».) sans se rendre physiquement dans le monde d’en bas. Le rituel pratiqué, le comportement des âmes, la variété des rencontres sont extraordinaires. Je renvoie à une traduction sur l'excellent site de M. Remacle: .

Ulysse sacrifie un bélier pour invoquer Tirésias, avec à sa gauche Eurylochos et à sa droite Périmède (détail d'un cratère lucanien, IVème s. avant J.-C.)

Portrait robot / photo de famille

La mine sévère (pas de pitié pour les morts, mais aucune injustice non plus), barbu, couronné ou casqué de la kunée , il tient d'ordinaire un sceptre, une pique, une fourche ou une corne d'abondance; Cerbère ou Proserpine l'accompagne fréquemment. Les victimes qu'on lui sacrifie sont noires.

Groupe reconstitué (milieu du IIème siècle): Proserpine en Isis et Pluton en Sérapis [explications déjà données].

Racisme primaire!

Cérès

Etymologiquement, son nom est apparenté à la racine de "cresco" . Ancienne divinité de la végétation, elle se confond avec Déméter, dont le culte aurait été introduit, avec celui de Bacchus, en -496, après consultation des Livres Sibyllins, pour favoriser les Romains dans leur conflit avec les Etrusques. Elle incarne la terre cultivée, nourricière et particulièrement productrice de blé (d'où un culte particulier dans les régions frumentaires comme la Sicile ou la Campanie).

P. P. Rubens et F. Snyders, Cérès et Pan (1615).

Elle est associée au mariage en tant que "producteur" d'enfant, institution liée à la fertilité.

Cérès

La déesse est honorée d'une fête particulière aux Cerealia (en avril), au retour du printemps . Elle est souvent associée à Bacchus (nourriture solide et boisson obtenues par la culture), au point de passer en proverbe . On la représente en général avec des cheveux blonds (comme les blés), assise et tenant une torche allumée, une corne d'abondance ou une gerbe de blé .

Youpi! un peu de traduction!

Cérès et Bacchus

Vocabulaire (Virgile)

Vocabulaire (Térence)

Liber et alma Ceres, vestro si munere tellusChaoniam pingui glandem mutavit arista,poculaque inventis Acheloia miscuit uvis... Virgile, Géorgiques, I, v. 7-9.

Sine Baccho et Cerere friget Venus, J. Wtewael (1566-1638), date inconnue.

"Sine Cerere et Libero friget Venus." Térence, Eunuchus, v. 732.

Traductions

Cérès

L'épisode clé de sa légende est l'enlèvement de sa fille par Hadès (cf Pluton: , mais attention: il n'y a pas de raccourci pour revenir ici). Pour une nouvelle péripétie de la quête: . Cérès apparaît de manière plus rapide et anecdotique dans des récits divers.

Aréion

Iasion

Pélops

Erysichton

Triptolème

Cérès

Cicéron rappelle l'importance de son culte:

"Sacra Cereris (...) summa majores nostri religione confici caerimoniaque voluerunt; quae cum essent adsumpta de Graecia, et per Graecas curata sunt semper sacerdotes, et Graeca omnino nominata." Cicéron, Pro Balbo, XXIV.

Déméter, copie romaine (début du IIIème s. de notre ère) d'un originalgrec sculpté pour le sanctuaire d'Eleusis (c. 425-420).

Aide lexicale

Traduction

Erysichthon

Petite lecture, petit travail

Petite traduction

Petite citation

Mars

(Mars, Martis ou Mavors, Mavortis, m)

L'empereur Hadrien en Mars (IIème siècle)

Assimilé à l'Arès des Grecs [dont les grandes lignes de la légende sont supposées connues], Mars est pourtant un dieu italique très lié à l'histoire de Rome: -il est le père de Romulus et Rémus ; -il figure dans la triade précapitoline ; -il reste très honoré même quand la triade capitoline ne mentionne plus son nom.

Mars en Hadrien, ne se rendant pas compte que c'est raté (XXIème siècle)

Petit détour douaisien

Mars

Par son antique souche italique, Mars est un dieu de la végétation, comme bon nombre de dieux indigènes; son aspect guerrier provient surtout de son assimilation à Arès, mais il avait déjà Bellone, déesse de la guerre, comme parèdre (soeur, épouse ou fille selon les légendes). Comme un bon Romain cultive sa terre et défend sa patrie, Mars conserve son importance, même si, sous la République, après son éviction de la triade capitoline, il est récupéré par l'aristocratie militaire.

Guerre

et paix

Claude AUDRAN II , dit Audran le Jeune, Le char de Mars tiré par des loups (1673 )

Mars est bien sûr le dieu de la guerre... Il est honoré au Champ de Mars (Campus Martius), hors de l'enceinte de Rome, le pomerium tracé par Romulus, dans laquelle on ne pénètre pas en armes, du moins jusqu'à Auguste qui bâtit un temple sur son forum à Mars Ultor (Mars Vengeur). Octave (le futur Auguste) l'avait promis s'il parvenait à vaincre les meurtriers de son père adoptif, Jules César, à la bataille de Philippes (42 avant J;-C.). Selon une coutume sabine, des jeunes hommes, en âge de faire la guerre et sous le patronage de Mars, quittaient la cité pour fonder une autre ville ou tenter l'aventure, guidés dit-on par des loups ou des piverts, deux animaux consacrés au dieu guerrier.

Avec des photos exclusives!

Mars: meilleur amant que guerrier? Une enquête objective de Thersite, notre envoyé spécial sur l'Olympe!

"En tout cas, Didite, je connais la prochaine tête qui va tomber..."

Demandez à une experte: Vénus

Mars polygame

Minerve: le scandale étouffé

Les confidences de Rhéa Silvia

Breaking News

Ils l'ont tué! Thersite assassiné! On a voulu le faire taire!

"La mère est connue, le père est douteux." Telles sont les dernières paroles de notre journaliste, odieusement assassiné, à notre rédaction. Par respect pour son travail, nous avons continué son enquête sur le dieu Mars.

L'ultime enquête de notre confrère

But who killed Thersite?

Les indices

Agamemnon pris à partie par Thersite

Les suspects

Achille traînant Thersite par les cheveux

Ulysse bastonnant Thersite

Les restes de la victime

La scène de crime

Un inconnu entraperçu

Le mois de Mars était le premier de l'ancien calendrier romain (avant la réforme de César); le jour de Mars ("Martis dies") est toujours le mardi.

Digression sur le calendrier romain

Reproduction des Fasti Antiates Majores (Fastes d'Antium): restes du seul calendrier romain antérieur (de 10 ou 20 ans) à la réforme julienne.

FAQ

-Si je croise Mars, à quoi puis-je le reconnaître?

Mars est un guerrier musclé, le plus souvent équipé d'un casque, d'une lance et d'un bouclier. Il est souvent accompagné d'un loup. Il est déconseillé de le bousculer.

-Mars peut-il m'aider dans une bataille?

Mars ne donne pas la victoire, il donne des coups: la violence du combat est son plaisir, le combattant ne l'intéresse guère. Essayez plutôt sa version agricole, moins agitée.

Exposition Briqu'antiques de Bavay (2020): Mars en LEGO.

-Déguisé en Mars, ai-je une chance de trouver ma Vénus, un chien loup, mes ennemis éventrés?

Et un Mars?

Minerve

C'est sans doute la moins romaine des divinités majeures: si Varron en fait un héritage sabin , elle appartient à la triade capitoline, donc assez tardive, au tournant des VIème et Vème siècles avant J.-C., bien que, d'après Plutarque, ce soit Numa Pompilius qui l'ait introduite; elle n'a pas de légende proprement latine. Athéna, à laquelle elle est vite assimilée , impose ses traditions.

La triade capitoline: Minerve (avec la chouette), Jupiter (avec l'aigle), Junon (avec l'oie). Groupe sculpté trouvé près de Rome (160-180).

Minerve

L'un de ses plus anciens temples se trouve sur le Caelius, là où Caelius Vibenna, chef étrusque, avait secouru Romulus alors en guerre contre le sabin Titus Tatius. Il est dédié à Minerva Capta ("Minerve capturée"); sans doute abritait-il une statue de Minerve, protectrice de la ville ennemie de Faléries (capitale des Falisques) dont les Romains s'étaient emparé.

Ph.-L. Roland, Athéna dans la cour carrée du Louvre (1806)

Bas-relief d'Athéna dite contemplative

Minerve

Ses attributions sont assez variées, mais leur point commun est la nécessité d'une réflexion, d'un savoir et d'une habileté pratique: ce sont les concepts sous-jacents de la 'sophia' (en grec ancien, 'sagesse', pour résumer en simplifiant). Pour commencer, Ovide passe en revue les compétences de la déesse: . Creusons ensuite un peu:

Les vertus et talents d'Athéna sont encore invoqués: Sa statue couronne la fontaine devant le parlement autrichien (XXème s.).Cf celle du palais Bourbon, à Paris.

Ecole

Sciences et Arts pacifiques

G u e r r e

M d c n é e i e

Corrigé du petit travail sur Ovide

Traduction de Juvénal

Minerve

Minerve, contrairement à son père, n'a aucun intérêt pour le sexe ou le mariage; elle est très attachée, au contraire, à sa virginité. D'autre part, son caractère bien trempé et ses tendances guerrières font d'elle une déesse farouche.

Quelques précisions avant de lire les légendes de:

Arachné

Aglauros

G. Klimt, Pallas Athéna (1898)

Minerve

Les traditionnels éléments iconographiques d'Athéna (Minerve n'apporte pas de modification sensible de sa représentation) sont le casque, la lance, le bouclier avec la tête de Méduse, l'égide, la chouette, l'olivier.

Compléments grecs

Une statue à part: le Palladium

Reproduction moderne de l'Athéna Parthénos de Phidias par A. LeQuire (1990), à Nashville, Tennessee.

Mercure: Mercurius, ii, m

E. Le Sueur, L'Amour ordonne à Mercure d'annoncer son pouvoir à l'univers, (1664); assurément, Le Sueur était plus doué pour la peinture que pour les titres...

Mercure n'est pas vraiment un dieu indigète, mais plutôt un dieu importé par l'hellénisation et romanisé , aux alentours du début du IVème siècle avant J.-C.; son premier temple, bâti dans le Circus Maximus, au pied de l'Aventin, en dehors du pomerium, remonte selon la légende à -496 ou -495. Son nom latin dérive de merx, mercis, f (la marchandise) et le rattache évidemment aux activités commerciales.

Laissons Mercure être présenté : -via Plaute => CLIC -via J. Offenbach => CLIC + clic -via le peintre de Tithonos => CLIC -via Appia => RE-CLIC

Pff... Et si on laissait bêtement la parole au dieu de l'éloquence?

Vue actuelle de la Via Appia (antica), qui allait de Rome en Campanie, puis jusqu'à Brindes, soit près de 500 km. Elle n'a bien entendu aucun rapport particulier avec Mercure.

Hermès vêtu d'une chlamyde (manteau de voyageur) et d'un pétase , et tenant en main un bâton de héraut (le caducée). Les sandales ailées aux pieds sont caractéristiques du dieu. Scène attribuée au peintre de Tithonos et peinte sur un lécythe (vase élancé contenant huile, vin ou parfum) attique (480-470 avant J.-C.).

Pour ceux qui auraient oublié ce qu'est le caducée, qui est un 'héraut' ou pourquoi il tient un bâton, aucun rafraîchissement mémoriel n'est offert, mais un bouquet de vifs encouragements à consulter leurs notes ou le dictionnaire (encyclopédique) le plus proche.

Un pétase (petasus, i, m; du grec 'petasos') est à l'origine un chapeau de voyageur à larges bords, souvent ailé chez Mercure; il a évolué vers une forme proche de celle d'un casque militaire moderne.

Casque britannique Tommy Brodie de la seconde guerre mondiale (reproduction).

Plaute, Amphitruo, v. 11-12 (Prologue): MERCURIUS : Nam vos quidem id iam scitis concessum et datum mi esse ab dis aliis, nuntiis praesim et lucro.

Si vous voulez du vocabulaire...

Et puis quoi encore? Pourquoi pas la traduction?!

"Car vous savez bien ce que m'ont accordé et donné les autres dieux: je suis à la tête de la poste et du commerce."

Mot à mot: "Car, vous du moins, vous savez déjà que m'a été concédé et donné par les autres dieux cela, à savoir de présider aux messages et au profit."

Helping words : -quidem : du moins, au moins (porte sur le mot précédent) ; -iam = jam ; -concedere : accorder, concéder ; -mi = mihi ; -dis = diis ; -nuntius, ii, m : messager / message, nouvelle ; -praesim : on réfléchit et on trouve ; -lucrum, i, n : gain, profit, bénéfice.

0rphée aux Enfers est un opéra bouffe de J. Offenbach sur un livret de H. Crémieux et D. Halevy (1858; mais le passage enregistré appartient à la version en quatre actes de 1874). Dans cette mise en scène d'Y. Beaunesne au festival d'Aix-en-Provence (2009), Mercure entre en scène sur un vélo muni de petites roulettes:

« Je suis le commissionnaire Et des déesses et des dieux ; […] Je suis le dieu de l'éloquence, Les avocats sont mes enfants, Ils me sont d'un secours immense Pour flanquer les mortels dedans. Je dois comme dieu du commerce Détester la fraude et le dol, Mais je sais par raison inverse

Les aimer comme dieu du vol, Car j'ai la main fort indirecte Et quelquefois le bras trop long : Quand il était berger d'Admète J'ai chipé les bœufs d’Apollon. Tout en étant le dieu des drôles, Je suis le plus drôle des dieux, J'ai des ailes sur les épaules Aux talons et dans les cheveux. »

Mercure: Mercurius, ii, m

Comme tout dieu majeur, il cumule les fonctions :

-dieu des bergers -dieu des carrefours et des voyageurs -dieu du commerce et des voleurs -dieu de l'éloquence -messager des dieux, voire serviteur personnel de Jupiter -dieu psychopompe

C'est tout moi, ça!

Messager des dieux et fidèle compagnon de Jupiter, il a pour homologue féminin, surtout chez les Grecs, Iris, déesse de l'arc-en-ciel, qui relie le ciel à la terre, et servante très appréciée de Junon. Il participe à certaines 'expéditions' du roi des dieux: ainsi, dans l'Amphitruo de Plaute (-187), il tient le rôle de Sosie, esclave-à-tout-faire, et doit s'assurer que rien ne dérange les amours de son maître. Il l'accompagne aussi dans le conte de Philémon et Baucis (Ovide, Métamorphoses, VIII, 627-8) : Juppiter huc specie mortali cumque parente venit Atlantiades positis caducifer alis.

HELP

Par curiosité, je voudrais lire la célèbre histoire de Philémon et Baucis dont j'ai tant entendu parler et qui fait partie de la culture générale, m'a-t-on dit.

L'association entre marchand et voleur a beaucoup fait jaser et en dit assez long sur une certaine conception du commerce; inutile d'en rajouter.

Stèle gallo-romaine; Mercure fut adopté en Gaule conquise car il correspondait à des divinités celtiques; il y gagna la spécificité locale d'être aussi le dieu des artisans. La bourse qu'il tient dans sa main droite rappelle sa qualité de dieu du gain ("lucrum, i, n").

Deux graffiti trouvés sur les murs de Pompéi soulignent l'intérêt des Romains pour un libéralisme certain:

A: "Salve lucrum!" B: "Lucrum gaudium!"

Oui, enfin moi, vous savez, sans la traduction....

Son caractère pastoral n'est pas le plus connu, mais il est attesté et peut être mis en relation avec sa présence dans les carrefours ruraux. On le représente portant un mouton, ce qui lui vaut l'épithète de "criophoros" (de "krios", le bélier et "phoros", du verbe "pherein" signifiant "ferre" en latin). Les chrétiens ont repris et réinterprété cette image dans les Evangiles (selon Jean, 10; selon Luc, à travers la parabole de la brebis égarée, 15). Le rapprochement est criant: .

Copie romaine tardive d'un original grec du Vème s. av. J.-C.

Mercure et l'éloquence

Dieu des bonimenteurs liés au commerce plus ou moins honnête? Non: plutôt divinité des lettres où règne l'éloquence, en particulier chez les Romains avec Cicéron. Aelius Aristide, rhéteur et orateur grec du IIème après J.-C., pétri de culture gréco-romaine, rapporte un apologue plus ancien : les premiers hommes végétaient dans la misère et la crainte des animaux ; Jupiter apitoyé leur envoya l’Eloquence, guidée par Mercure, et à partir de ce moment naquirent et se développèrent la vie sociale, l’industrie, les arts et d’une manière générale la civilisation et le bonheur de l’homme...

Mercure

Les voyageurs et les carrefours, du moins les carrefours grecs, sont sous sa protection. La chaîne hôtelière Mercure, créée en 1973, est une référence moderne au dieu romain.

J. de Bologne, dit Gianbologna (né à Douai en 1529 et mort à Florence en 1608), a réalisé au moins cinq statues de Mercure; celle-ci se trouve à la villa Médicis, à Rome.

Celle-là à Florence, au palais du Bargello.

Mercure: un ADN particulier

Les amours de Mercure sont moins célèbres que celles de son père mais présentent des spécifités étonnantes (selon certaines et non toutes les versions légendaires, comme d'habitude).

Mercure + Vénus = Hermaphrodite

Mercure + la fille de Dryops = Pan

Mercure + Vénus + Arès = Eros et Antéros

Pan est une divinité de la nature, assimilé à Faunus chez les Romains. Dans l'Hymne homérique qui lui est consacré. il est fils d'Hermès et d'une nymphe anonyme, "fille de Dryops" (v. 34) qui l'abandonne à la naissance tant il est monstrueux: muni de deux cornes et de pieds de chèvre, il est bruyant, jovial et déjà barbu... Mais Hermès l'emporte chez les dieux où il est bien accueilli, en particulier par Dionysos, dont il fera partie du cortège. Son ardeur sexuelle est à l'image de celle des satyres dont il partage l'apparence.

Statue romaine (restaurée) d'un original grec hellénistique.

Eros est devenu Cupidon chez les Romains.

Comme Eros, fils d'Hermès, restait un enfant, Aphrodite reçut le conseil de lui donner un frère; de son union avec Arès naquit Antéros ('l'amour réciproque'); une grande complicité unit les deux frères, dont la légende fut diversement reprise (cf Platon par exemple). Tandis qu'Antéros vivait une croissance normale, Eros grandit un peu, mais sans atteindre ne serait-ce que l'adolescence...

Fresque de la maison de l'Amour puni à Pompéi (Ier s. ap. J.-C.).

Peithò, la déesse de la persuasion, amène Eros pleurnichant à sa mère; il a fait tomber Arès amoureux d'une autre femme et redoute la punition qui l'attend. Sur l'épaule d'Aphrodite, Antéros guette l'arrivée de son frère.

Tout cela est très grec: une petite phrase en latin?

Mercure, et après?

Exemples d'une descendance mercurienne inattendue:

Voyager vite

Des arts aux arcanes

Métal

J.-B. de Champaigne, Mercure sur son char tiré par deux coqs (vers 1672): plafond du salon de Mercure à Versailles.

Mercure est devenu aussi le dieu des savoirs cachés. Assimilé au Thot égyptien (l'omniscient scribe lunaire des dieux) à partir du IIème siècle avant J.-C., il se transforme en un personnage mythique, Hermès Trismégiste ('trois fois grand'), "qui tametsi homo, fuit tamen antiquissimus, et instructissimus omni genere doctrinae; adeo ut ei multarum rerum et artium scientia Trismegisto cognomen imponeret. Hic scripsit libros, et quidem multos, ad cognitionem divinarum rerum pertinentes, in quibus maiestatem summi ac singularis Dei asserit, iisdemque nominibus appellat, quibus nos, Deum et patrem" (Lactance, De divinis Institutionibus, I, 6).

VOCABULAIRE

On lui attribue entre autres le Corpus Hermeticum et la Table d'Emeraude, des textes à la base du savoir alchimique et de l'hermétisme .

Vocabulaire (au cas où): -tametsi: bien que; instructus + abl.: pourvu de; -doctrina, ae, f: science, contenu d'un enseignement; -adeo ut + subj.: au point que; -scientia, ae, f: savoir, connaissance; -quidem: renforce l'affirmation; -pertinens, entis ad + acc.: touchant à, concernant; -cognitio, onis, f: étude, connaissance; -singularis, is, e: unique; -assero, is, ere, asserui, assertum: soutenir, défendre l'idée que/de; -'quibus nos [appellamus]'.

Hermès Trismégiste, illustration du Viridarium chymicum, compilation alchimique de D. Stolcius von Stolzenberg (1624).

Lactance, De divinis Institutionibus, I, 6: [Hermès Trismégiste] « qui, bien qu'humain, remontait à la plus haute antiquité et maîtrisait toutes sortes de savoir, au point que sa connaissance d'une multitude de sujets et d'arts lui valut le surnom de Trismégiste. Il écrivit des livres, vraiment en grand nombre, portant sur l'étude des choses divines, dans lesquels il affirme la majesté du Dieu unique et suprême, et l'appelle par les mêmes noms que nous, Dieu et Père. » (Trad. personnelle.)

Lucius Caecinus Firmianus, dit Lactantius (Lactance), fut un grand défenseur de la religion chrétienne et le "Cicéron Chrétien" selon Pic de la Mirandole (milieu du IIIème siècle-premier quart du IVème siècle).

En fond, l'inhospitalière planète Mercure, trop proche du soleil; le dieu des voyageurs, attentif à l'hospitalité, n'aurait pas apprécié...

Le métal (Hg), anciennement appelé vif-argent, liquide dans les conditions de pression et de température habituelles, a "peut-être été ainsi nommé parce qu'on comparait sa mobilité à celle du messager des dieux" (cnrtl.fr). Il était utilisé dans les thermomètres et les piles mais a été interdit en 1999 en raison de sa toxicité.

Citius, citius, citius !

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Le personnage de Flash (DC® ) apparaît pour la première fois dans Flash Comics en 1940. Il est créé par G. Fox et H. Lampert et s'appelle Jay Garrick dans le 'civil'. Son pétase évoluera vers des formes plus aérodynamiques au fil de ses remplaçants, mais le Flash original rendait bien hommage à Mercure.

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Bacchus, i, m

Bacchus est en grec un autre nom (parfois un adjectif), plus récent, pour désigner Dionysos [dont, bien sûr, vous connaissez globalement la légende]. Il est vite assimilé à Liber (ou Liber Pater) dont, comme tous les anciens dieux italiques, nous n'avons pas de récit mythique propre qui nous soit parvenu.

W. Bouguereau, La Jeunesse de Bacchus (1884) [ou: C'était moins dur d'avoir vingt ans à cette époque].

Bacchus, i, m

Votre professeur, âgé, est décédé avant d'avoit terminé ce travail. Pour lui rendre hommage, vous créerez vous-même un chapitre 'Bacchus' sur le modèle de ce que vous avez parcouru : -des illustrations, avec les références (en faisant attention aux droits); -des explications sur le dieu, en mettant si possible en avant ce qui est plus romain que grec; -des extraits d'auteurs antiques (en traduction et/ou en latin); -des questions pertinentes accompagnant images et textes; -un minimum d'humour dans la présentation.

Un exemple fourni par une illustre élève de Première, secondée par une camarade non moins méritante!

Cest donc ça, l'humour noir?

Vixi quem ad modum volui; quare mortuus sum, nescio!

Psyché

1) Recherchez la célèbre histoire de Cupidon et Psyché (Apulée, L'Ane d'Or ou Les Métamorphoses, IV, 28 - VI, 24). 2) Rappelez-vous: . Quel épisode de la légende cette fresque illustre-t-elle? En cas de mémoire défaillante, les "solutions". 3) Sans version, le monde paraît moins rond: .

Ainsi, il faut des lieux = des espaces consacrés et des règles = une liturgie.

Quomodo?

Ubi?

H. Robert, Ruines romaines (1776).

Why not?

Pour toute religion, il faut des lieux sacrés. Les Romains en ont de toutes sortes (que les traductions en français alignent sur le vocabulaire chrétien, ce qui est trompeur).

Non, pas ça! Je n'en peux plus, arrêtez ce supplice! Plus de clics, par pitié!

N'importe quel endroit peut en fait potentiellement être un lieu saint, même s'il n'est pas consacré à une divinité...

Une source (fons, fontis, m: source ou fontaine, la 'fontaine' moderne n'étant que l'aménagement de la source) peut être sacrée: les vestales se rendent à celle de la nymphe Egérie pour puiser l'eau nécessaire au culte; c'est à un de ces moments que Rhéa Silvia tombera enceinte des oeuvres de Mars . Le Comitium (espace où s'assemblent les comices), la Curie (lieu où se réunit le sénat), etc. sont aussi des templa , mais sans être dédiés à un dieu.

U. Checa, Egérie dictant les lois de Rome à Numa Pompilius (fin XIXème-début XXème s.).

Ruines du Comitium de Paestum.

Les bois sacrés sont nombreux. Ainsi, quand Evandre fait visiter à Enée le site de la future Rome, il lui en présente trois très proches les uns des autres .

Supplément gratuit

Querelle de mots: Le bois sacré se dit en latin lucus, i, m ou nemus, oris, n; or deux mots ne sont jamais tout à fait synonymes. L'opinion la plus communément admise est qu'un lucus est un templum dans un nemus (ou une silva, ae , f), qui en devient sacré. En traduction, un bois sacré (nemus ou lucus au sens large) est un bois (nemus ou parfois silva) dans lequel a été tracée une clairière (lucus au sens précis du terme) qui correspond à un espace sacré défini par un augure (templum). Facile, non?

Nemeton : bois sacré celtique proche du nemus latin ... et jeu de société dans lequel vous incarnez un druide (édité par Blam! en 2018).

Il peut aussi y avoir des éléments cultuels isolés, mais qui se suffisent à eux-mêmes pour déterminer un lieu sacré. Une aedicula, ae, f (rarement aediculum, i, n) par exemple, est une 'chapelle' ou une 'niche' couverte dans laquelle se trouve une (ou plusieurs) statue(s) de divinité(s); beaucoup de laraires (vous avez vu naguère de quoi il s'agissait!) se présentent sous la forme d'aediculae. Un sacellum, i, n est un 'sanctuaire', c'est-à-dire "une petite enceinte consacrée, avec un autel" (Gaffiot), mais sans statue et sans toit .

Un édicule romain typique de Pompéi (Ier s. ap. J.-C.).

Soubassement du sacellum de Venus Cloacina sur le forum de Rome (date de construction inconnue, puis réaménagement au IIème s. av. J.-C.).

Clarifions LA question (même si vous l'avez déjà abordée à propos des augures): qu'est-ce qu'un templum?

Soyons négatifs: Un templum n'est pas toujours ni fondamentalement un édifice, et certains temples ne sont pas des templa; il s'apparente au téménos grec sans se confondre avec lui...

Sans blague! et vous avez des preuves?

Voilà qui m'interpelle dans mon vécu le plus profond... C'est quoi un téménos?

Soyons à présent positifs:

Le templum, de tradition étrusque, est: -Un espace tracé dans le ciel à l'aide du lituus, le bâton particulier des augures, afin de prendre les auspices. Révisez cette page que vous avez normalement déjà lue: . -S'il est "in terris", une aire bien délimitée selon les rites à partir de laquelle les prêtres pourront observer le ciel (un auguraculum par exemple). -Une zone consacrée sur laquelle on pourra édifier certains bâtiments, tels que ... des 'temples' (au sens actuel). -Le bâtiment construit sur un tel emplacement.

Résumons en latin:

Un templum est un locus effatus et saeptus. Quod erat demonstrandum.

Bien dit, mais l'expression est de M. P. Gros...

Ben c'était pas si compliqué!

Je te remercie de la précision, mon cher raton baveur; mais à l'avenir, ta g***!

Un peu de vocabulaire! Se traduisent généralement par 'temple' les mots suivants: -templum,i, n; -aedes, is, f; -delubrum, i, n; -curia, ae, f; -fanum, i, n. Mais pour les nuances =>

C'est un peu vide... De mon temps on mettait au moins un nuage!

Je sais, mais c'est la nouvelle tendance abstracto-conceptuelle...

Templum in the Sky ou La Prise de tête augurale ou Augures étrusques migraineux, tableau fictif imaginairement trouvé dans un Pompéi parallèle.

Un temple (le bâtiment) sert essentiellement à abriter la statue d'un dieu; seuls les prêtres sont abilités à entrer dans la cella, ae, f, la pièce dans laquelle est conservée l'effigie divine, mais on peut l'apercevoir quand les portes sont ouvertes (et lors des exhibitions).

Le culte est rendu en plein air sous forme de processions solennelles (pompa, ae, f) de la statue, d'offrandes, de libations, de prières, de sacrifices, etc.; ces derniers ont lieu sur l'autel (ara, ae, f ou altaria, ium, n, [rarement au singulier] pour les dieux célestes) qui se trouve devant le temple.

Comment construire un temple?

P. P. Rubens, Le Temple de Janus (1635).

Oh oui! quelle bonne question...

A quoi ressemble concrètement un temple romain?

La ressemblance avec les temples grecs est évidente, mais il existe des éléments typiques: L'ordre toscan est propre au monde italique. Les temples ronds sont inspirés des tholoi grecs. Les fana marient traditions romaine et celtique. Le Panthéon reste un cas particulier.

Mais si, mais si!

(Il n'est pas question ici d'entrer dans les détails architecturaux!) L'influence hellénique est progressive et variée (matériaux, formes). De nombreux temples sont construits par des hommes politiques ambitieux, qui s'inspirent de modèles vus lors de leurs voyages (études, campagnes militaires, missions diverses). A partir du IIème siècle avant J.-C., les variations sont mineures; une exception avec les remarquables temples à terrasses => . Sous l'Empire, les bâtiments deviennent plus monumentaux, plus richement décorés ; le phénomène est encouragé par le culte et la volonté des empereurs . Seuls quelques éléments secondaires renouvellent un peu l'architecture (apparition des absides par exemple).

N O N

Vous le savez normalement déjà, les Romains considèrent les rituels comme des liens qui obligent les dieux à respecter la demande des hommes.

Mais on n'engage pas les divinités sans une rigueur minutieuse et pointilleuse; au moindre manquement, elles se jouent de l'humanité, en tout cas ne remplissent pas leur part du contrat mal établi... Pour les cultes privés, les formules, prières, exhibitions, sacrifices, etc. sont l'apanage des patres familias et doivent leur efficacité supposée à des générations de pratique ésotérique au sein d'une lignée. Nous ne les connaissons donc pas. En ce qui concerne les rituels publics, nombreux et variés puisque le religieux imprègne la cité, nous avons plus de témoignages, mais ils sont souvent partiels ou résumés.

Si avec ça je n'ai pas ce que je veux, c'est qu'Il est sourdingue ou complètement teubé...

Que toi, Jupiter, ... ma très humble prière et que tu ... afin de ... car, par le Styx, le ... me ... la ... Et que la ... remplisse sa ...

Les rituels sont essentiels, aussi bien gestuels que textuels!

Et il le fait bien, comme à son habitude!

Cicéron rappelle utilement ce qui fait la Romana religio :

VERSION

Tiens, au passage, il serait bon de rédiger une petite fiche biographique sur le plus grand orateur romain...

COR.

Les rituels publics* les mieux recensés**:

miscellaneous

la libatio

la lustratio

les banquets des dieux

devotio & consecratio

les sacrifices

l'evocatio

les "prières"

* Certains, comme les sacrifices ou les 'prières', pouvaient être accomplis de manière privée; la procédure ne devait varier que sur des détails et le nombre des présents. **Ces rituels sont en général complémentaires: la cérémonie d'un sacrifice commence par une lustration et une libation, puis s'accompagne de 'prières'; une dévotion est une 'prière' particulière; un banquet des dieux sans libation et sacrifice n'est guère concevable, etc.

--Comment fêter Palès par O. Vide--

/Recette: bétonner un traité\

Un vieux souvenir: comment chasser les Lémures...

Fricassée de pratiques

Un champ, ça se purifie (trad. page suivante).

Une révision d'haruspicine?

Si vis pacem, para justum bellum!

Un champ, ça se purifie (traduction de la page précédente).

Buste dit de Marcus Porcius Cato, (Cato Censorius ou Cato Major) (-234/-149), sculpté avec le sourire dans la seconde moitié du premier siècle avant J-C.

Bien sûr, toutes ces pratiques, avec leur technicité plus ou moins secrète et leur proximité de la superstition, tombent parfois dans une magie simpliste , même chez des personnages réputés sérieux. Un exemple chez Caton l'Ancien, le modèle du Romain austère, vertueux, avec qui on ne badine pas: .

Eh bien vous avez fini ce tour rapide des rituels! Vous pouvez revenir: -au tout début si vous êtes masochiste; -au croisement principal (dieux/prêtres/lieux & rites); -au supplément gratuit.

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Les prières:

Petite dose de vocabulaire

Elles n'ont rien à voir avec les prières des monothéismes actuels: ce sont avant tout des contrats passés avec les dieux (demande d'aide ou protection, remerciements, etc.) avec un respect scrupuleux des formules détenues par les prêtres concernés. Elles sont faites tête couverte et tournée vers l'est, touchant l'autel ou les genoux de la statue (position du suppliant). Le prêtre dicte ce que doivent répéter les participants. La prière se termine par l' 'adoration' (baiser envoyé de la main gauche) ou la 'prosternation' (dénominations post-classiques). Les voeux solennels sont de même nature .

Devotio & Consecratio: definitio + exercitio

Devotio & Consecratio: correctio

Devotio moderna (nec Latina, nec antiquissima)

Les sacrifices

Les sacrifices animaux sont souvent tenus comme un 'progrès' par rapport aux sacrifices humains, jugés plus archaïques et plus barbares, auxquels on aurait substitué d'autres types d'offrandes. Si les Romains ont peu recours à ces derniers (mais il y a des récidives ), ils pratiquent activement les premiers.

Mode d'emploi ?

Ovide raconte comment ils sont apparus.

Les sacrifices de substitution

Fiction

Nan, mais j't'assure: je nettoyais la lame et le coup est parti tout seul...

Range cette hache, imbécile, tu vas finir par vraiment blesser quelqu'un!

Un petit selfie?

Je n'y vois absolument rien!

Je crois que je vais vomir...

Panneau gauche d'un bas-relief représentant un sacrifice avec examen des entrailles devant le temple de Jupiter Capitolin. (c. 118—125).

Libation (mosaïque romaine du Ier s. de notre ère).

LIBATION

Une libation est une offrande très courante dans l'antiquité gréco-romaine, qui consiste à répandre quelques gouttes d'un liquide en offrande à un dieu. Le vin, le lait, le miel, l'huile d'olive sont les plus

fréquents. La libation est une offrande courante, qui accompagne généralement les sacrifices sanglants, mais peut aussi se faire seule.

Libation contemporaine chez les Akans (Côte d'Ivoire).

Quelques règles à respecter grâce à :

-un exemple (grec pour changer) au chant VI de L'Iliade (v. 258 et sq); -un extrait de Pline l'Ancien (Nat. Hist., XIV, XXIII).

Libo, as, are, avi, atum: 1) <prélever une parcelle de qqc>, détacher de 2) <goûter une petite quantité de> 3) effleurer 4) <offrir en libation aux dieux>, faire une libation

Lustratio, onis, f: purification, lustration

Si les Grecs pratiquaient une forme de lustration, c'était pour effacer une souillure, purifier un fautif (cf la coutume du bouc émissaire ). Pour un Romain, il s'agit d'éliminer toute influence maléfique d'un objet, d'un lieu ou d'une personne, sans forcément notion de faute. On purifie ainsi les champs, les villes, l'armée avant une bataille, les armes en début et fin de période de guerre, les tout jeunes enfants, le peuple à la fin du cens, etc. Outre tout un cérémonial (avec formules et sacrifices), on procède à la lustratio proprement dite par fumigation, aspersion d'eau, agitation de l'air ou combustion de matières spécifiques (laurier, soufre, etc.).

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Vous avez dit banquet des dieux?

Lectisterne, sellisterne, epulum Jovis: vous connaissez tous ces termes pour les avoir déjà lus dans ces pages... Je ne me répéterai donc pas, de crainte de lasser...

Petit jeu (obligatoire): sauras-tu retrouver par toi-même de quoi il s'agit?

Personnellement, et si personne n'y voit d'inconvénient, je préfère m'éclipser.

EVOCATIO, onis, f

L' evocatio consiste, en temps de guerre, à demander aux dieux de la cité adverse d'abandonner l'ennemi pour s'installer à Rome où des temples leur seront construits; c'est, comme toujours chez les Romains, un contrat en bonne et due forme, c'est-à-dire avec formules codifiées. Deux exemples sont attestés, mais il ne semble pas que l' evocatio ait été systématique.

Exemple 1: Véies

Exemple 2: Carthage

Corrigé de l'ex. 1

Un peu de vocabulaire, donc:

-voveo, es, ere, vovi, votum: <promettre par un voeu à un dieu>, vouer -votum, i, n: <promesse à un dieu>, voeu / souhait, voeu (en général) -supplicatio, onis, f: <prières publiques d'actions de grâces [= remerciements] rendues à un ou plusieurs dieux> -obsecratio, onis, f: supplication (pour apaiser les dieux) -precor, aris, ari precatus sum: prier, supplier -preces, precum, f: prières, supplications -precatio, onis, f: action de prier, prière -oro, as, are, avi, atum: parler / <parler en tant qu'orateur>, plaider / prier, solliciter -obtestatio, onis, f: <action de prendre les dieux à témoin pour s'engager solennellement> / prière instante

Un Romain ne cherche pas un contact direct avec une divinité: il a conscience de la différence de nature et du danger lié à cette inégale altérité. Il lui faut donc des intermédiaires pour établir avec les dieux une relation contractuelle à l'aide de rites codifiés et interpréter les signes hermétiques qu'ils nous envoient: il a besoin de prêtres. Mais ces prêtres ne correspondent pas à la conception que nous en avons et dépendent du type de culte concerné (cliquez sur chacun des cultes cités): -cultes populaires; -cultes gentilices; -cultes domestiques; -cultes étatiques; -cas particulier du culte impérial.

I's'la pète avec ses six! Et mes douze, c'est d'la bouse?

J'les ai vus l'premier! C'est moi qu'a gagné!

Romulus et Rémus discutant fraternellement de leurs performances visuelles. Faute de prêtres pour trancher, l'affaire tourna mal...

Dans la Rome royale, la plèbe n'a pas de cultes domestiques (encore moins gentilices!) et peu d'accès aux cultes publics: elle se cantonne le plus souvent à des cultes partagés par tous et régis par la coutume, que l'on connaît mal. Les divinités agraires sont à l'honneur, comme Cérès ou Palès ; les Compitales Lares sont aussi très populaires.

Avec la République, et plus encore l'Empire, ces cultes sont institutionnalisés, associés à des dieux grecs ou tombent en désuétude.

Gravure de Ph. Galle et H. Favolius, Palès (1574)

Les cultes gentilices, sacra gentilicia, sont propres à une gens, et s'adressent le plus souvent à l'ancêtre fondateur (le pater de toute la lignée), qui légitime l'appartenance au patriciat (un membre des cent familles originelles censées avoir fondé Rome ou un personnage héroïques des débuts de la Cité), parfois à une divinité. On les connaît mal: les secrets des puissants sont parfois très bien gardés et s'éteignent avec eux. De plus, ces cultes soulignaient l'opposition entre plébéiens, privés de ce droit, et patriciens, seuls habilités à pratiquer ces célébrations; or cette opposition se fait moins aiguë à partir du IVème siècle avant J.-C. . Enfin, ils disparaissent sous l'Empire. Les prêtres sont les chefs de famille, qui détiennent et transmettent à leurs héritiers les arcanes des formules et rituels.

Exemple 1

Exemple 3

Exemple 2

La gens Julia (ou Iulia), à laquelle appartient Jules César, prétend en toute modestie remonter à Vénus (Genitrix), mère d'Enée, lui-même père de Iule (ou Ascagne), d'où dériverait le nom de la gens.

"Hic [= Caesar] nobilissima Juliorum genitus familia [fuit], et, quod inter omnes antiquitatis studiosos constabat, ab Anchise ac Venere deducens genus."

Velleius Paterculus, Hist. Rom., XLI.

J.-B. Paulin Guérin, Anchise et Vénus (1822).

La gens Potitia et la gens Pinaria avaient l'exclusivité du culte d'Hercule, célébré sur l'Ara Maxima .

Les deux familles avaient en effet accueilli Hercule, avant la guerre de Troie, alors qu'il ramenait les boeufs de Géryon (dixième 'travail'), et que Cacus tentait de les lui dérober (cf note sur l'Ara Maxima). En 312 avant J.-C., les Potitii auraient 'vendu' les secrets des rituels et auraient vu disparaître dans l'année les douze familles qui composaient cette gens... Cette anecdote peut être la version légendaire du fait que les cultes gentilices disparaissent progressivement alors que les plébéiens gagnent le droit de pratiquer des cultes domestiques (IVème siècle avant J.-C.).

B. Bandinelli, Hercule et Cacus (1534).

La gens Horatia célébrait une cérémonie expiatoire le premier octobre, en mémoire du 'rachat' de Publius Horatius par son père, après que le jeune homme eut tué sa soeur.

Comme le dit si bien Tite-Live (I, XXVI, 13): "(...) sacrifiis factis [= abl. absolu] quae deinde genti Horatiae tradita sunt."

Les Horaces et les Curiaces ne vous disent rien? Le tableau de David ne vous dit rien? Travailler ne vous dit rien?

Je ne suis pas responsable de l'orthographe...

J.-L. David, Le Serment des Horaces (1785).

La gens Horatia célébrait une cérémonie expiatoire le premier octobre, en mémoire du 'rachat' de Publius Horatius par son père, après que le jeune homme eut tué sa soeur.

Comme le dit si bien Tite-Live (I, XXVI, 13): "(...) sacrifiis factis [= abl. absolu] quae deinde genti Horatiae tradita sunt."

Les Horaces et les Curiaces ne vous disent rien? Le tableau de David ne vous dit rien? Travailler ne vous dit rien?

Je ne suis pas responsable de l'orthographe...

J.-L. David, Le Serment des Horaces (1785).

Vous connaissez déjà la majeure partie des cultes domestiques (cf chapitre sur le 'classement' des dieux): le focus patrius, le Genius, les Lares, les Pénates ont été évoqués précédemment. Les Etrusques ont transmis le respect et le culte des morts: en témoignent les Parentalia (neuf jours en février pendant lesquels les temples étaient fermés, les mariages prohibés et les affaires suspendues, et qui culminaient le 21 avec les Feralia; le 22 avaient lieu les c(h)aristia, avec banquet familial pour renouer avec le monde des vivants) ou les Lemuria (six jours qui s'achèvent aux ides de mai [le 15] pour se garantir des revenants).

Affiche du CROUS de Clermont-Ferrand (2019).

C'est le pater familias qui connaît les rituels et officie (il peut avoir comme assistant un esclave 'spécialisé'): chaque famille a ses propres pratiques, transmises de père en fils, naturel ou adoptif. Le Grand Pontife est chargé de vérifier que les rituels ont bien eu lieu, car les Manes, Larves ou Lémures mécontents pourraient troubler l'ordre public; mais il ne peut savoir s'ils ont été réalisés correctement puisque c'est le secret du pater familias. Sous la République, les plébéiens acquièrent le droit de célébrer aussi un culte domestique, en parallèle avec l'extension du jus imaginum.

Autel funéraire de Minicia Marcella (vers +105).

Le 16 janvier 27 avant J.-C., le sénat décerne à Octavien (ou Octave) le titre d' augustus ("saint", "béni des dieux"; c'est le terme appliqué aux temples consacrés): c'est la date communément admise du début de l'Empire. Ainsi se manifeste la volonté impériale (ce n'est pas une initiative du sénat) de restaurer les cultes traditionnels mis à mal à la fin de la République et de faire succéder à une période de troubles civils et politiques une ère d'unité sanctifiée par les dieux paternels.

Le culte impérial

La Maison Carrée de Nîmes

Précisions sur l'apocoloquintose

H. Robert, La Maison Carrée, les Arènes et la tour Magne à Nîmes (1786).

Pour des explica-tions!

Pour une visite en 3-D...

Les prêtres* détiennent les secrets des rituels, qui doivent être d'une parfaite minutie pour lier la divinité par une sorte de contrat: les mortels font ce qu'il ont à faire et les dieux, liés par une loi tacite, doivent répondre aux attentes de ceux qui les honorent correctement. La croyance intérieure (commme la foi chrétienne) n'entre pas en ligne de compte. C'est pourquoi les prêtres sont essentiels et nombreux. Le plus souvent, leur charge est à vie, mais ils peuvent parfois démissionner. Ce sont des professionnels qui, en parallèle avec les magistrats, interprètent et surveillent tout ce qui a trait aux dieux : objets, cérémonies, signes, offrandes, etc.

*Comment dit-on prêtre en latin?

Que voulez-vous, sans moi, tout fout le camp...

Sous la monarchie, le roi est aussi le chef religieux; Tite-Live attribue à Numa Pompilius, le deuxième roi mythique de Rome, l'instauration du "deorum metus" et la création des collèges sacerdotaux. Après l'expulsion de Tarquin le Superbe en -509, ses fonctions religieuses sont transférées au rex sacrorum ou rex sacrificulus. Le Pontifex Maximus devient peu à peu sous la République le prêtre le plus éminent et le plus puissant, un peu comme le pape, plus tard, pour les catholiques. Les empereurs portent tous le titre de Pontifex Maximus. Pour devenir prêtre, il faut être citoyen à part entière, exempt de tares physiques et de condamnation. La fonction est d'abord réservée aux patriciens, puis s'ouvre aux plébéiens à partir du IIIème s. av. J.-C.; sous l'Empire, les sacerdoces les plus prestigieux échoient à l'ordre sénatorial, les autres à l'ordre équestre et le citoyen pauvre n'y a plus accès.

Sauf exceptions, comme souvent: les sodales Augustales, par exemple, sont ouverts aux affranchis; sous l'Empire, la volonté impériale peut annuler toutes les restrictions usuelles.

Auguste en Pontifex Maximus (Ier siècle ap. J.-C.)

Bonus: une petite citation.

Le même en Pontifex Minimus (collection personnelle)

Les types de prêtrise sont nombreux (seuls les plus connus seront abordés) et variés, assurent des privilèges honorifiques ou plus matériels (aucune charge publique à payer!), et interfèrent rarement entre eux. Au début de notre ère, on estime à Rome le nombre de prêtres officiels (non étrangers) à environ 270. Certains distinguent les sacerdoces individuels des confréries: bof.

¤Pontifes ¤Epulons ¤Luperques ¤Féciaux ¤Arvales ¤Saliens ¤Augures ¤Haruspices ¤Les Viri sacris faciundis

¤Flamines ¤Vestales ¤Prêtres de cultes étrangers

Oh non! J'le sens pas là, ça va encore être grave long...

Révisons un peu:

Amusons-nous (enfin, essayons)!

Solutions (inutiles)

Rions (jaune)!

Solutions (superflues)

Plaisir de plage!

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Un petit résumé sur les Vestales

-Nombre: 4, 6 puis 7. -Conditions de choix par le Pontifex Maximus: famille patricienne, absence de tare physique, entre 6 et 10 ans, virginité; -Durée: 30 ans (10 ans d'instruction, 10 ans de service complet, 10 ans de formation des nouvelles); -Fonction: entretien du feu sacré, le coeur de Rome qui, s'il s'éteint, est synoyme de catastrophe pour la Cité; rituels (prières, offrandes); auxiliaires pour d'autres cultes; -Discipline: le Pontifex Maximus prend l'autorité paternelle (ou maritale); la plus ancienne vestale (Virgo Maxima ou Vestalis Maxima) exerce l'autorité courante ; -Lieu: elles habitent l' Atrium Vestae, sur le forum ; le temple de Vesta (Aedes Vestae) renfermait les Pénates de Rome et n'était accessible qu'aux matrones, lors des Vestalia (juin); -Privilèges: très respectées, elles ont certaines libertés et avantages dans la vie quotidienne et le domaine juridique ; -Témoignage: ; traduction du témoignage: ; -Pérennité du sacerdoce: il aurait duré 1100 ans officiellement (l'empereur Théodose supprime le sacerdoce en 389).

Palais des Beaux Arts de Lille

Les flamines, au nombre de quinze, ont été créés selon la tradition par Romulus et son successeur, Numa Pompilius. Chacun est dévoué à un seul dieu. Ils sont choisis par le grand pontife (ou élus par la plèbe sous la République pour certains semble-t-il), à vie. On distingue les trois flamines majeurs (flamen Dialis, Martialis et Quirinalis, coorespondant à la première triade capitoline, sacerdoces réservés aux patriciens) des douze autres , qui progressivement purent être accomplis par des plébéiens . Leur fonction est de garder le feu sacré, symbole de leur fonction, dans leur demeure. Une sinécure? Non pas, car leur vie est régie par des interdits et obligations pesants, d'ailleurs allégés progressivement sous la République: interdiction de quitter Rome, d'exercer une magistrature, etc., le flamen Dialis remportant la palme des contraintes .

Un flamine ne badine pas avec son chapeau...

Les haruspices (ou aruspices) sont d'origine étrusque et relèvent, comme les augures, de l'Etrusca disciplina. Les Romains, à titre public ou privé, les consultent régulièrement mais les tiennent en considération très variable. Ils sont spécialisés en extispicine, plus particulièrement en hépatoscopie, mais peuvent empiéter sur le terrain des augures.

L'Etrusca disciplina? C'est quoi déjà, l'Etrusca disciplina?

Et pourquoi ces fichus Romains tiennent-ils ces pauvres haruspices "en considération très variable"?

L'extase en piscine? Les pâtes aux scampi?

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Apprenez, ma petite dame, que l'Etrusca disciplina est la science étrusque de la divination, consignée soigneusement dans une série de livres, après les révélations du mystérieux Tagès. Ces libri codifiaient les rituels et les bases de l'interprétation des signes, fondée sur la relation étroite entre microcosme et macrocosme, c'est-à-dire sur la correspondance entre ce qui est visible à notre échelle et ce qui arrive à l'échelle cosmique.

M'enfin, tout le monde sait ça!

Tout ça me rappelle le foie de Plaisance...

Pfff... Je parie que tu ne sais même pas qui est Tagès!

Rendez-moi mon couteau et je vais vous faire un peu de lecture...

Du foie? Où ça , du foie?

Les haruspices sont d'un rang inférieur à celui des augures, et ils sont aussi beaucoup plus nombreux. Ils s'organisent en un collège de soixante prêtres (fin de la République ou période augustéenne), l'Ordo LX haruspicum, que l'empereur Claude officialisera en 47 et qui durera jusqu'en 408. D'abord recrutés dans l'aristocratie étrusque, où ils composaient une sorte de caste et étaient très respectés, ils viennent ensuite d'horizons plus variés; on les consulte toujours beaucoup, car leur art permet des réponses plus fines que celles des augures. Mais ils se rapprochent des voyantes modernes et sont souvent des charlatans.

Le Devin, 19ème album d'Astérix (1972), met en scène un de ces astrologues profiteurs et sans scrupule.

Ton foie? Tu r'connais pas?

Bronze étrusque représentant un haruspice (IVème s. av. J.-C.).

Trois contempteurs des haruspices:

Caton, De Agricultura, V, 4 : "[Vilicus] haruspicem, augurem, hariolum, Chaldaeum ne quem consuluisse velit."

Cicéron, De Divinatione, II, 24 : "Vetus autem illud Catonis admodum scitum est, qui mirari se aiebat, quod non rideret haruspex, haruspicem cum vidisset."

Caton l'Ancien

Cicéron

Juvénal, Saturae, VI, 548-552 : "Spondet amatorem tenerum vel divitis orbi testamentum ingens calidae pulmone columbae tractato Armenius vel Commagenus haruspex ; pectora pullorum rimabitur, exta catelli, interdum et pueri ; faciet quod deferat ipse."

Juvénal

Les pontifes : 3 ou 5 dans la Rome royale, 9 avec la loi Ogulnia (vers -300), 15 sous Sylla, 16 avec César. Leur chef est d'abord le roi, puis le Pontifex Maximus sous la République .

Leurs fonctions sont impressionnantes: -entretenir le pons Sublicius; -surveiller les pratiques du peuple envers les dieux; -s'occuper des livres sacrés; -établir le calendrier des jours fastes et néfastes; -organiser les grandes fêtes nationales et gérer le culte public; -juger les cas concernant les prêtres ou le domaine religieux; -tenir les Grandes Annales; -etc. Pour un peu plus de détails => .

Aguste en grand pontife, la tête voilée avant un sacrifice (dernières années du Ier s. avant J.-C.).

Le Pontifex Maximus est le chef de la religion nationale.

Il a souvent pour attributs, sur les monnaies le simpulum, la securis, la secespita, l'apex et l'aspergillum.

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Choisi d'abord par cooptation, puis élu par les comices tributes, il contrôle les autres prêtres, nomme flamines et vestales et intervient dans les actes religieux importants accomplis au nom de l'Etat. Tiberius Coruncanius est le premier grand pontife plébéien (en -254). Les empereurs occupent automatiquement cette charge, mais la délaissent peu à peu au fil du délitement de l'Empire. Théodore Ier, 73ème pape, reprend le titre en 642: les pontifes sont les évêques dans le monde chrétien, et le souverain pontife (Summus Pontifex, Maximus Pontifex ou Pontifex Romanus), évêque de Rome, en est le chef.

Les Saliens forment une double sodalité qui remonterait à Numa Pompilius. Celui-ci aurait trouvé un bouclier bilobé tombé du ciel (ancile, is, n: cf page sur les boucliers), en aurait fait fabriquer onze autres semblables pour que d'éventuels voleurs s'y trompent et en aurait confié la garde à une nouvelle confrérie consacrée au dieu de la guerre, les Saliens. En fait, on distingue les douze Saliens du Palatin (Salii Palatini) des douze Saliens du Quirinal (Salii Collini), les premiers étant des Latins, les seconds des Sabins (et peut-être créés par Tullus Hostilius, le roi suivant). Mais leurs rôles et spécificités respectifs sont mal connus. Ils seront toujours recrutés parmi les patriciens et leur collège ne disparaîtra qu'au IVème siècle de notre ère.

Salien portant l'apex, la baguette et la trabée (manteau blanc orné de bandes pourpres); dessin d'après un bas-relief.

Salio, is, ire, salui, saltum: sauter, bondir. Salto, as, are, avi, atum: <sauter souvent>, danser ou mimer.

Chromo publicitaire de Liebig (série de 6 intitulée Les autorités suprêmes de l'ancienne Rome, sans date).

Les Saliens, dévoués à Mars, exécutent une danse guerrière, en armes, en suivant un itinéraire précis à travers la Cité, et chantent le Carmen Saliare, un hymne à la langue si archaïque que Cicéron avoue ne pas le comprendre en entier.

Ces cérémonies avaient lieu aux Grandes Quinquatries, (quinquatrus, uum, f) au mois de mars, lors des fêtes de Minerve guerrière, et lors de l'Armilustrium (armilustrium, ii, n: purification des armes), en octobre. Les Romains, au moins en théorie et au début de leur expansion, commençaient en effet les campagnes militaires au printemps et entamaient une trève hivernale dès l'automne.

A dans cinq mois les copains!

Saliens portant les anciles (dessin d'après un bas-relief).

Les fétiaux (ou féciaux, de fetialis, is, m : un fétial) sont les détenteurs du jus fetiale, une sorte d'ancêtre du droit international, sous les ordres d'un magister fetialum (choisi pour une année) . Créés par Numa Pompilius (ou Ancus Martius), ils disparaissent au IVème siècle de notre ère. Leur fonction est d'accomplir les rituels formalistes nécessaires lors des déclarations de guerre et des conclusions de traités : un traité (foedus, eris, n) doit être irrévocable car attesté par les dieux, et une guerre un "bellum justum", c'est-à-dire une entreprise légitime approuvée par les dieux, donc dont l'issue ne peut être que favorable. Le recours aux fétiaux en matière militaire fut assez clairsemé, d'autant plus que grandissait la puissance de Rome... Et l'esprit très chicaneur des Romains

exploita les failles formalistes à l'occasion de traités peu favorables.

Puisque vous nous suggérez si finement de creuser...

Traduction à déterrer...

Les fétiaux (ou féciaux, de fetialis, is, m : un fétial) sont les détenteurs du jus fetiale, une sorte d'ancêtre du droit international, sous les ordres d'un magister fetialum (choisi pour une année) . Créés par Numa Pompilius (ou Ancus Martius), ils disparaissent au IVème siècle de notre ère. Leur fonction est d'accomplir les rituels formalistes nécessaires lors des déclarations de guerre et des conclusions de traités : un traité (foedus, eris, n) doit être irrévocable car attesté par les dieux, et une guerre un "bellum justum", c'est-à-dire une entreprise légitime approuvée par les dieux, donc dont l'issue ne peut être que favorable. Le recours aux fétiaux en matière militaire fut assez clairsemé, d'autant plus que grandissait la puissance de Rome... Et l'esprit très chicaneur des Romains

exploita les failles formalistes à l'occasion de traités peu favorables.

Puisque vous nous suggérez si finement de creuser...

Traduction à déterrer...

Les fétiaux (ou féciaux, de fetialis, is, m : un fétial) sont les détenteurs du jus fetiale, une sorte d'ancêtre du droit international, sous les ordres d'un magister fetialum (choisi pour une année) . Créés par Numa Pompilius (ou Ancus Martius), ils disparaissent au IVème siècle de notre ère. Leur fonction est d'accomplir les rituels formalistes nécessaires lors des déclarations de guerre et des conclusions de traités : un traité (foedus, eris, n) doit être irrévocable car attesté par les dieux, et une guerre un "bellum justum", c'est-à-dire une entreprise légitime approuvée par les dieux, donc dont l'issue ne peut être que favorable. Le recours aux fétiaux en matière militaire fut assez clairsemé, d'autant plus que grandissait la puissance de Rome... Et l'esprit très chicaneur des Romains

exploita les failles formalistes à l'occasion de traités peu favorables.

Puisque vous nous suggérez si finement de creuser...

Traduction à déterrer...

Les augures (augur, is, m), sans doute le plus ancien collège, très respectés jusqu'à la fin de la République, détiennent le "droit augural": un ensemble de rituels très précis et gardés le plus secret possible, qui ressortissent à l' Etrusca disciplina .

Dans la Rome royale, ils étaient au nombre de 6 (certains historiens disent 4); ils passèrent à 15 sous Sylla, puis à 16 avec César. Réservée aux patriciens, la fonction s'ouvre pour moitié aux plébéiens (fin du IVème siècle avant J.-C.). A partir de Sylla, l'augurat décline et sous l'Empire, les princes n'y ont plus souvent recours.

Au centre, Auguste en augure, tête voilée, tenant le lituus et encadré à gauche par un de ses fils adoptifs (Caius ou Lucius Caesar) et à droite par sa fille Julia. A ses pieds picore un poulet sacré (bas-relief d'un autel, 2 avant J.-C.).

Les augures sont des "experts officiels pour l'interprétation des signes célestes" (G. Hacquard), mêlant l'ornithomancie et la brontoscopie , manifestations envoyées par Jupiter, le maître des cieux. On les reconnaît à leur toge jaune.

Ils prennent les auspices en tant qu'assistants des magistrats, avant toute action importante accomplie au nom de l'Etat : bataille, désignation d'un magistrat, emplacement d'un temple, etc.

C'est un augure qui parle: "Nos enim nuntiationem solum habemus, consules et reliqui magistratus etiam spectionem." (Cicéron, 2ème Philippique, XXXII)

Trad.

Romulus consulting the Augury, caricature de J. Leech (XIXème s.).

La procédure pour la brontoscopie est mal connue, mais on trouve des témoignages plus fréquents pour celles qui touchent aux volatiles.

On fait comment?

P. P. Rubens, La Consultation des Augures (1617). En fait, il s'agit non pas d'un augure mais d'un haruspice qui examine les entrailles d'une victime.

Le respect des augures reposait sur une tradition solide; Tite-Live (I, 36 dans la trad. Nisard, légèrement revue) rapporte comment Tarquin l'Ancien reçut une leçon d'un augure: comme le roi voulait modifier sa cavalerie,

"Attus Navius, le plus célèbre [augure] d'alors, dit qu'on n'y pouvait rien changer ni rien ajouter sans obtenir l'autorisation des auspices. Le roi fut blessé de la réponse du prêtre. On rapporte que, se raillant de sa science [=artem], il dit : "Or çà, devin, consulte tes pronostics, et dis-moi si ce que je pense maintenant est faisable." Attus interroge l'augure, et répond affirmativement. "Eh bien ! ajoute le roi, je pensais que tu couperais cette pierre avec un rasoir. Prends-la donc et fais ce que ces oiseaux ont déclaré possible." Alors, sans hésiter, Navius, dit-on, trancha la pierre. La statue de cet Attus, représenté la tête voilée, se voyait sur le Comitium, à l'endroit où ce fait eut lieu, et sur les degrés, à gauche, de la salle du sénat. On ajoute que la pierre y fut aussi placée pour consacrer à perpétuité le souvenir de ce prodige. Ce qu'il y a de certain, c'est que, dès ce moment, les augures acquirent tant de crédit, et leur sacerdoce tant de considération, que, dans la suite, on n'osa plus rien entreprendre, ni dans la guerre ni dans la paix, sans les avoir préalablement consultés [=nihil belli domique, nisi auspicato]."

PETIT BILAN

Les Frères Arvales (Fratres Arvales ) forment une très ancienne sodalité qui remonterait à Romulus.

LEGENDE

Ils sont douze, d'origine aristocratique, cooptés puis nommés par l'empereur; le sacerdoce déclinait à la fin de la République, mais Auguste le remit au goût du jour et devint lui-même un Frère (la plupart des empereurs feront d'ailleurs partie des Arvales, qui seront actifs jusqu'au IIIème siècle).

Leur sacerdoce est assez limité: une fois par an ont lieu les Ambarvalia , trois jours de fête à la pleine lune de mai. Ils élisent à cette occasion un chef, le magister.

Lucius Verus (co-empereur avec Marc-Aurèle de 161 à 168) en Frère Arvale (c. +160).

Les Arvales honorent Dea Dia (dius, a, um: lumineux/divin/céleste), une déesse locale et peu connue, chargée de protéger les champs cultivés, assimilée à Cérès (la terre nourricière; les Arvales participent aussi occasionnellement à d'autres rites). Les cérémonies, complexes et antiques, ne sont connues que dans leur forme simplifiée grâce aux Actes (cf illustration) tardifs que l'on a retrouvés (uniquement de l'ère chrétienne). Elles consistent en l'entretien du bois sacré (lucus, i, m) de la déesse, l'exécution d'une danse (le tripudium, ii, n -même nom que l'augure favorable donné par le bon appétit des poulets sacrés) et le chant du Carmen Arvale, un hymne litanique rédigé dans un latin si archaïque qu'il n'était plus compris à la fin de la République.

Un des Acta Arvalium (ici, de 38 ap. J.-C.), sorte de comptes rendus sur marbre des célébrations arvales, conservés chez le magister.

Les Luperques (Lupercus, i, m) sont douze (comme les Arvales), recrutés parmi les gentes Fabia, Quinctilia et Julia (cette dernière seulement à partir de César).

La création de ce collège remonterait à Evandre, donc aux âges légen- daires bien antérieurs à Romulus et Remus (parfois aux jumeaux eux-mêmes).

Ce sont les prêtres de Lupercus ("loup-cervier" ), assimilé plus tard à Faunus, lui-même confondu avec Pan. Il s'agit d'une divinité cornue de la nature, protectrice des troupeaux et garante de fécondité pour la terre comme pour les animaux. L'étymologie rattache 'Lupercus' à 'loup' en indo-européen.

D. Beccafumi, détail des Lupercales (1519).

Les Lupercalia, ium (ou iorum), n étaient les fêtes dédiées à Lupercus-Faunus-Pan.

Deux ou trois choses que nous savons d'elles

Ces festivités étaient parfois jugées débridées et trop hardies mais, sans doute grâce à leur caractère populaire, elles perdureront. Le pape Gélase Ier, à la fin du Vème siècle, y mettra fin en instituant, le 14 février, pour rester dans le thème si l'on ose dire, la saint Valentin.

Fallait bien que quelqu'un y mette bon ordre...

Les Lupercalia, ium (ou iorum), n étaient les fêtes dédiées à Lupercus-Faunus-Pan.

Deux ou trois choses que nous savons d'elles

Ces festivités étaient parfois jugées débridées et trop hardies mais, sans doute grâce à leur caractère populaire, elles perdureront. Le pape Gélase Ier, à la fin du Vème siècle, y mettra fin en instituant, le 14 février, pour rester dans le thème si l'on ose dire, la saint Valentin.

Fallait bien que quelqu'un y mette bon ordre...

Les épulons furent créés en -196 par une loi portant le nom d'un tribun de la plèbe, Caius Licinius Lucullus, qui en fut l'un des premiers membres. Il semble que ce sacerdoce ait été réservé aux plébéiens. Il comptait trois prêtres au début, puis l'effectif passa à sept sous Sylla et à dix avec César (lui aussi épulon en -46 d'ailleurs). Sous l'Empire, ce collège est un des "quattuor amplissima collegia" .

Rôles des épulons

Revers d'un denier de -51 (de la série des deniers 'Coelia'); sur l'autel, au centre de la pièce, se lit: "L·CALDVS VII VIR·EPU", c'est-à-dire "Lucius Caldus/ [membre des] septemviri epulones".

Récréation

Un peu de vocabulaire

Le christianisme est perçu d'abord comme une secte juive parmi d'autres: tant qu'il n'y a pas de trouble à l'ordre public, elle ne pose pas de problème; si elle contrarie les lois ou les moeurs, il convient de la réprimer.

D'ailleurs, les premiers chrétiens se réunissent souvent dans les synagogues ou pratiquent discrètement leur culte en privé. L'opinion publique leur est plus hostile que le pouvoir en place au début , puis, à partir du IIème siècle, quand les pratiques chrétiennes se différencient ouvertement et de manière jugée provocante, voire séditieuse, commencent les persécutions, qui atteignent leur apogée sous la Tétrarchie (début du IVème s.). L'empereur Constantin Ier, par l'édit de Milan (313), y met fin en instaurant la liberté de culte . Les chrétiens, en particulier en Orient, sont émiettés en petites communautés plus ou moins indépendantes, avec un évêque à leur tête, et des prêtres, diacres, diaconesses, etc. Le pape (l'évêque de Rome; saint Pierre fut le premier) est au sommet de la hiérarchie, mais la doctrine n'est pas encore bien fixée et la portée "oecuménique" (c'est-à-dire concernant tous les chrétiens) de ses décisions souvent contestée. Le premier concile (oecuménique!) de Nicée, à l'instigation de Constantin, en 325, met de l'ordre dans ces flottements.

Prêtres étrangers:

Dans le cadre religieux d'une pax deorum universelle, et avec la volonté politique d'intégrer sans trop les brusquer les peuples soumis, les Romains se sont montrés très ouverts, reconnaissant, voire adoptant ou assimilant à leurs propres dieux nombre de divinités étrangères. Le clergé des cultes reconnus est lui aussi accepté. Ainsi, après consultations des Livres Sibyllins à l'occasion de la peste de -293, Esculape (l'asklépios grec) est officiellement adopté. Mais il faut l'autorisation du sénat pour qu'un temple soit bâti dans le pomerium de Rome. Et l'on distingue avec soin religio, onis, f (religion officielle dont le respect fait partie du mos majorum ) de superstitio, onis, f (cultes non officiels, croyances personnelles; le christianisme sera par exemple une superstitio parmi d'autres jusqu'au IIIème siècle environ). Les Juifs ont leurs synagogues , Isis a son temple sur le Champ de Mars, Mithra ses sanctuaires enterrés .

Un exemple de prêtres étrangers: les Galles, prêtres de Cybèle.

Le culte de la Magna Mater est introduit à Rome en -204, après consultation des livres sibyllins, pour assurer la victoire contre Carthage. Le sénat accepte la construction d'un temple sur le Palatin (donc à l'intérieur du pomerium), temple inauguré en -191. Les Galles sont recrutés parmi les esclaves ou les pérégrins jusqu'à ce que l'empereur Claude ordonne que l'Archigalle à la tête de ce clergé soit de citoyenneté romaine. Les Galles s'émasculent rituellement (sauf l'Archigalle car un citoyen romain ne peut être traité de la sorte ).

Que me dites-vous là? J'aimerais en savoir plus...

Bas-relief trouvé à Ostie: un archigalle accomplissant un sacrifice (IIIème s.).

Les viri sacris faciundis sont les gardiens et les interprètes des Livres Sibyllins.

Les Livres quoi???

Mon dieu! Ils sont combien?

Sacris faciundis? Ils conjuguent grammaire fine et discret archaïsme? Sont-ce des monstres?

Les bras m'en tombent!

Ai-je bien fermé le gaz?

Si leurs interventions se font toujours sur ordre, et selon des modalités précises, leurs domaines d'expertise sont assez variés, surtout sous la République: prodiges à interpréter, purifications, dédicaces de temple, célébrations de ludi, introduction de cultes étrangers; comme souvent, leur rôle diminue sous l'Empire (surveillance des cultes étrangers publics et organisation des ludi saeculares).

Plus de détails

Concrètement, ils font comment?

Détail de la frise nord de l'Ara Pacis Augustae (13 à 9 avant J.-C.): une partie de la procession des Decemviri.

Concrètement, en cas de crise majeure (famine, peste, tremblement de terre, guerre mal engagée, etc.) et uniquement sur ordre de l’État, les viri sacris faciundis se réunissent sous la présidence d’un magister et cherchent une réponse au problème dans les Livres Sibyllins. La méthode pour sélectionner et interpréter les vers oraculaires n’est pas très claire ; toujours est-il qu’ils rendent un responsum circonstancié, après avoir examiné diverses archives, semble-t-il, explicitant les vers choisis, et en déduisant des préconisations (sacrifices, offrandes, prières, culte particulier, etc.). Le sénat est libre de ne pas tenir compte du résultat, mais un édit d’application est obligatoire en cas d’acceptation. C’est donc au pouvoir civil et non religieux que revient la décision finale, et les prêtres n’ont qu’une voix consultative.

Cicéron en particulier y fait allusion dans le De Divinatione, II, LIV ; mais il s’adresse à des personnes qui connaissent la procédure, sans donc avoir besoin de la détailler, et les interprétations ingénieuses des traducteurs restent des spéculations.

Je le savais!

Les viri sacris faciundis ont d'abord été deux (donc des duumviri ou duoviri), puis, à partir de -367 , dix (on les nomme évidemment decemviri), quinze et enfin seize à la fin de la République (15 ou 16, ils gardent la même appellation de quindecimviri). Ils jouissent d'un grand prestige et jouent un rôle important, au moins jusqu'à l'Empire, où ils forment encore l'un des quatre collèges majeurs, comme vous le savez déjà. La numismatique nous donne quelques renseignements supplémentaires.

C'est affreux, il faut que je vérifie le point de grammaire révisé à la page précédente!

Mon dieu, je ne me contrôle plus! Il me faut y retourner!

Que sont les Livres Sibyllins?

Vous avez déjà rencontré les Livres Sibyllins... Pour mémoire: Il s'agit de trois livres d'oracles grecs, sous la forme de quelques milliers d'hexamètres (en grec). Conservés dans le temple de Jupiter Capitolin, « maître des signes », ils sont détruits en -83 dans l'incendie du Capitole, et sont remplacés par une compilation (plus courte) de prophéties recueillies auprès de plusieurs sibylles. Les Romains n'étaient pas gênés par ce changement de contenu, puisque seul le principe de la consultation était important, et non le fonds de réponses possibles, tant qu'elles étaient cautionnées par une sibylle. Ils seront déplacés dans le temple d’Apollon, dieu prophétique, sous Auguste. Les chrétiens les brûleront définitivement au début du Vème siècle.

Quomodolibri illi inventi sunt?

D'où viennentces livres?

Citations

Fin de la pause: on reprend le fil de la religion.

D'après les deux citations de Cicéron, on retrouve chez les Romains les caractéristiques de toutes les religions:

Un ensemble de croyances plus ou moins dogmatiques pour expliquer la place et le rôle de l'homme dans le cosmos

Des spécialistes: les prêtres

Des rituels et des lieux précis pour être en relation avec les dieux

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En fait, ces prêtres incarnent quasiment leur dieu et se doivent de garder une pureté inhumaine: un flamine est "esclave du dieu dont il est le prêtre" (C. Jullian).

Le flaminat se modifie à partir d'Auguste: le nombre de prêtres augmente à Rome au gré des princes, et en province sont créés des flamines pour le culte impérial. Ainsi, en 363, à Timgad (Algérie actuelle), on dénombre 36 flamines perpetui !

Le christianisme ne fait pas disparaître la fonction, mais la vide de son contenu religieux pour ne conserver que l'honorabilité du titre.

Flamen avec son galerus, mais sans l'apex (IIème siècle ap. J.-C.).