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Cris Laurent Gaudé

beatricepayant13

Created on January 16, 2021

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Transcript

Compte-rendu de lecture

Cris

De Laurent Gaudé

SOMMAIRE

Résumé du livre

Marius

2.1

Présentation des personnages principaux

2.2

L'Homme-cochon

Barboni

2.4

2.3

Jules

Moments marquants

Mon avis

Le résumé...

Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M’Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d’où ils s’élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l’insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un Gazé agonise. Plus loin encore, retentit l’horrible cri de ce soldat fou qu’ils imaginent perdu entre les deux lignes du front, » l’Homme-cochon « . A l’arrière, Jules, le permissionnaire, s’éloigne vers la vie normale, mais les voix de ses compagnons d’armes le poursuivent avec acharnement. Elles s’élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité.

Présentations des personnages principaux

Marius, Barboni et l'Homme-cochon, des hommes rendus fous par la guerre

Jules le marcheur silencieux, ou l'échec de la parole

Des hommes rendus fous par la guerre

Gaudé montre à quel point l'expérience de la guerre peut transformer les hommes et il a choisi , à travers trois destins de personnages, de montrer la déshumanisation qui les guette et la tentation de la folie. Chacun de ces trois soldats, à sa manière, déserte le monde des hommes, représentant chacun une forme de folie pour échapper à l'horreur de la guerre.

2.1

Marius

Des hommes rendus fous par la guerre

Marius

Marius a d'abord été le veilleur, celui qui garde un oeil sur ses camarades ; dès sa première intervention, il se sent heureux d'être encore en vie mais " vieux de plusieurs milliers d'années" (p 28). Avec son ami Boris, ils surprennent la silhouette voûtée d'un homme errant sur les lignes du front, poussant les cris de bêtes qui affectent le moral des soldats. Après réflexion auprès du Médecin, les deux camarades de guerre décident de pourchasser et de résoudre le mystère de l'Homme-cochon.

Marius est la troisième voix qui se fait entendre dans le roman: il interviendra , au total 6 fois dans le chapitre 1; absent du chapitre 2 car ce n'est pas son unité qui monte à l'assaut, on le retrouve dans la 3ème partie du roman: il intervient à nouveau six fois et se lance avec Boris à la poursuite de l'Homme-cochon; absent à nouveau du chapitre 4 qui montre l'anéantissement des hommes de la relève , on retrouve sa voix dans le chapitre final où il se transforme en « Vulcain ».

Marius

Tout le chapitre 3 sera dédié à cette chasse à l'homme ou à la bête, où Boris perdra la vie, tué par le fou. Marius se sentira alors horriblement coupable, et cherchera à tout pris à tuer l'Homme-cochon. A côté de lui, le fou se met à pousser des cris horribles alors que lui n'arrive ni à pleurer ni à parler : "Et ces grands cris fauves étaient ceux que j'aurais aimé pousser. le grand fou nu, le tueur à la baïonnette me prêtait sa voix pour pleurer mon mort. " p 102 .

A partir de ce moment, il se persuadera que s'il le tue, la guerre cessera. Alors que tous meurent au front, Marius, concentré sur sa proie, semble indifférent à la bataille. Il se prend pour Vulcain Dieu du Feu, rien ne peut l'arrêter (p 147 ). Il perd petit à petit contact avec la réalité et sombre dans la folie.

Marius

Lorsqu'un obus éclate près de lui pendant l'assaut de la relève, il trouve une tête déchiquetée, pensant que c'est celle de l'Homme-cochon, il la ramène dans les tranchées, le front ayant été exterminé après l'assaut. Le Médecin, qui a survécu, ne reconnaît plus Marius, il est allé trop loin, "s'est perdu trop longtemps dans des terres impossibles" , il le voit brandir fièrement son trophée, lorsqu'ils entendent les cris du fou, de nouveau, au loin.

Marius comprend que la guerre est plus forte que lui et son langage , et l'image de sa pensée, se disloque peu à peu pour devenir incompréhensible : c'est là qu'il sombre alors dans un mutisme éternel; on n'entendra plus sortir de sa bouche que "le souffle creux d'un homme vaincu" (p 155)

2.2

L'Homme-cochon

Des hommes rendus fous par la guerre

L'Homme-cochon lui, a une forme d'antagoniste, mais ne fait pas partie des narrateurs.

2.3

Barboni

Des hommes rendus fous par la guerre

Il représente lui aussi une forme de folie, celle qui s'empare du soldat au coeur du combat: Sa peur se manifeste par un désir de violence irrépressible : "Il faut les saigner: au fusil, à la baïonnette , ou au couteau, il ne faut pas trembler . " p.64.

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2.4

Jules le marcheur silencieux

Ou l'échec de la parole

Jules

Jules est un ancien combattant, devenu permissionnaire, de la première escouade qui a été relevée par les hommes du lieutenant Rénier et son état inquiète ses camarades car Marius, par exemple , lui trouve un regard de haine ; il a dépassé le stade de la peur et risque de se faire tuer à tout instant. Il se définit en marchant jusqu'à la gare comme un rescapé et comme le vieillard des tranchées .

On peut d'abord voir Jules comme un élément pertubateur : lors de sa visite au village, il brise sa quiétude tranquille en venant y apporter le souffle de la guerre et ses conséquences. Il est aussi le porte-parole de ses amis restés au front, Marius et Boris, qu'il pense qu'il ne reverra peut-être jamais, des combattants mais aussi des morts.

+info

Jules au début du chapitre 3: il réalise que ce voyage le fait souffrir car ces permissions représentent "l'espoir de quitter la guerre et de vivre" (p 88) alors Jules décide d'emprunter d'autres chemins et il saute du train en marche pour pouvoir enfin se reposer de cette immense fatigue qui le voûte.

Au dernier chapitre, Jules décide de confier à la terre ses prières, mais les vois continuent à le traquer, il doit apprendre à "imposer le chant" , se montrer plus fort que la pluie de pierres : "je me mets à l'écoute des voix des tranchées" (p 142).

Il entend alors une voix plus étrange que les autres : celle du Gazé qui, tout le long du roman, tentait tant bien que mal de survivre en espérant rejoindre les tranchées, maintenant mourrant et prononçant ses dernières paroles, perdu entre les lignes du front.

Cette voix annonce qu'elle ne tiendra plus longtemps et demande qui se souviendra d'elle, ce qui décide Jules à prendre la boue de la terre, cette boue tant redoutée des soldats, et c'est là qu'il commencera à ériger des stèles de terres, en hommage à ses camarades défunts, pour donner vie à leur voix.

Moments marquants

Ma guerre a commencé depuis longtemps, Marius. Je ne suis même pas sûr de pouvoir en retracer le long fil dangereux. La guerre pour moi est une succession de visages. Je sillonne le monde. Entouré de camarades. Nous nous battons les uns pour les autres. Aujourd'hui c'est pour toi que je me bats . C'est pour cela que je te suis. Et que la guerre se fasse ici, dans ce bois de fantôme, ou là-bas, dans nos tranchées, cela m'importe peu. Je veille sur toi. Nous nous battons ensemble. L'essentiel est de ne pas crever sans personne pour te fermer les yeux.

Boris à Marius, chapitre 3p99

J'avais tort. Nous n'avions rien à redouter de Barboni. Toujours, il est resté de notre côté. Et à la fin, en se précipitant ainsi hors de la tranchée, il a payé pour son crime, il a payé bien plus qu'aucun d'entre nous n'aurait su le faire. J'avais tort, et je voudrais lui demander pardon mais il court comme un dératé. Il court contre cet ennemi qu'aucun d'entre nous n'aurait osé affronter.

Messard en pensant à Barboni, chapitre 4 p143

La fusée d'alarme de Castellac, peut-être, nous a coûté la vie. [ . . . ] elle disait aux ennemis où nous étions. La fusée d'alarme nous a tués mais pourtant je suis reconnaissant à Castellac d'avoir eu ce geste. Nous mourions comme des rats. Tirés comme du gibier. [ . . . ] Tirer cette fusée, c'était prendre le temps de se retourner et de regarder la meute en face, c'était faire un dernier signe aux camarades, là-bas, à l'abri. C'était dire adieu. Et comme plus aucun d'entre nous n'avait la force de crier, ce faisceau bleu qui a fait crisser le ciel a été notre dernier mot, et c'est à Castellac que nous le devons.

Messard lors de la fusée d'alarme, chapitre 4 p 152

Nous étions tous autour de Marius. Ne sachant que faire pour qu'il baisse le bras, lâche sa dépouille et accepte de me suivre. Nous étions tous autour de Marius et c'est là que nous l'avons entendu. Le cri d'autrefois. Exactement comme avant la pluie d'obus. Poussé à nouveau depuis les terres des tranchées. [ . . . ] Et puis mes yeux sont revenus à Marius. Je n'oublierais jamais son visage à cet instant. Il avait laissé tombé le scalp à ses pieds. Ses lèvre tremblaient. J'ai su tout de suite qu'il avait chaviré et que je ne le sauverais pas.

Le Médecin au retour de Marius, chapitre final p175

A chaque statue que je finis, la voix qui me hante se tait. [ . . . ] Une à une, les voix s'apaisent Mais il en revient toujours. C'est une vague immense que rien ne peut endiguer. Je leur ferais à tous une stèle vagabonde. Je donne vie, un par un, à un peuple pétrifié. [ . . . ] Les hommes découvrent au coin des rues ces grands amas venus d'une terre où l'on meurt. Ils déposent à leur pied des couronnes de fleurs ou des larmes de pitié. Et mes frères de tranchées savent qu'il est ici des statues qui fixent le monde de toute leur douleur. Bouche bée.

Jules, chapitre final p 179

Mon avis

Tout d'abord, si le thème du livre est basé sur la Première Guerre Mondiale, Laurent Gaudé a fait le choix de se focaliser en premier lieu sur l'humain.

De plus, il n'y a aucun héros : chacun est maitre de son propre destin, seulement unis par le même instinct guerrier, les mêmes tourment intérieurs, ils ne sont que des noms, des grades, des postes, juste forts de leur humanité, de leurs croyances, de leurs sentiments et de leurs valeurs.

Cependant, ce que je retiens principalement, c'est l'originalité de la mise en page. Loin de vouloir offrir un témoignage hisorique saisissant, le livre interpelle par les nombreux monologues intérieurs des 12 narrateurs, chacun protagoniste de leur propre histoire, donnant un récit qui s'apparente plus au genre théâtral que romanesque.

Premièrement, Laurent Gaudé représente les tranchées comme on se les imagine, mais en bien plus « bruyantes »: le brouhaha constant des obus qui éclatent, les hurlements des blessés de l'attaque précédente, les cris guerriers de la nouvelle relève. Or il n'y a pas que cela, il ya aussi les voix des anciens camarades de front, tourmentant l'esprit des survivants et des déserteurs.

D'un autre point de vue, Gaudé, ainsi, ne nous permet pas de s'attacher aux personnages, minimisant leur sort, et n'offrant pas vraiment immédiatement l'émotion attendue d'un récit portant sur la Guerre, ce qui pourrait être décevant.

Ce que l'on remarque aussi, c'est la plume de l'auteur. Il n'y a seulement que des phrases courtes, et la justesse des mots est remarquable.

On ne sait pratiquement rien de ces soldats, si ce n'est leur profond sentiment commun de désespoir, les rongeant un peu plus chaque jour, et c'est en effet par ces petits tours de rôle que l'auteur arrive à nous happer dans son univers au semblant chaotique, et de nous donner, par le biais de leurs pensées, une vraie réflexion sur la guerre et le penchant désespérant de l'Homme à s'auto-détruire.

Mais c'est une particularité de l'écriture de l'auteur, cet ancrage dans la réalité nous déstabilise par le biais des destins tragiques des soldats qui n'en étaient pas avant et qui le sont devenus, se doutant parfaitement que leur corps servent de rempart à un monde qui préfère les ignorer, et leur ressenti à cela, leur sentiment d'injustice dénoncent malgré tout la bêtise de la Guerre et l'indifférence de ceux qui n'y sont pas.

VS

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