Zoom sur "enseignement éloquence" au collège Ponsard, Vienne 2020-2021

Zoom sur

Entretien avec Marianne Bielicki , professeure de Lettres et porteuse du projet " classe éloquence" au collège François Ponsard de Vienne.

« En classe entière, c’est difficile, d’où le besoin des demi-groupes. Pour enseigner l’oral, il faut travailler les codes, réfléchir et construire une progression ... Dans les pratiques ordinaires, l’expression orale se fait rarement ainsi en classe. Il est important de poser des questions sur l’oral., de travailler l’écoute avec les élèves »

1) Comment travaillez-vous l’éloquence au collège ?

Le discours que nous tenons sur l’éloquence, sur l'écoute, sur l'accueil de la parole d'autrui induit une attention accrue des élèves . L'enseignement de l'éloquence nous permet de travailler sur la gestion des conflits dans la classe et en arrière plan , c'est le climat de classe qui en bénéficie. Nous développons aussi des compétences disciplinaires de culture littéraire. Prenons cet exemple de réinvestissement entre cours littéraire et l’oral envisagé : Pablo Neruda et Rimbaud à une terrasse de café échangent sur leur conception de la poésie.

2) Selon vous, qu’est-ce que l’éloquence apporte à l’apprentissage de l’oral ?

Dès le début, dans ce format du demi-groupe, ce sont des séances particulières. Le professeur donne son prénom pour symboliser le changement de cadre, proche de l'atelier théâtral. On est bienveillant, on s’écoute, nous respectons des tours de parole. Nous travaillons sur la gestion de l’espace et assurons le respect de la confidentialité. au sein du groupe pour établir une relation de confianceLa question de l’évaluation se pose différemment : on fonctionne sans évaluation sommative, ce qui compte c'est l'évaluation formative pour préserver « la face des élèves » et ne pas trahir notre cadre de travail.

3) Vous constatez des effets sur le climat de classe . Que proposez-vous aux élèves impliqués dans le dispositif ?

Le dispositif nous autorise à essayer, à expérimenter. Il nous offre un peu plus de temps (O,5 H / semaine) et d’occasions d’aider les élèves timides . Ce contexte d’enseignement différent est une opportunité pour que ces élèves timides de REP puissent apprendre l’oral. C'est aussi un enjeu d' équité.

4) Qu’est-ce que cet enseignementvous apporte, à vous ?

Nos séances entre septembre et décembre

En demi-groupe, avec binôme avec un collègue de Français tous les quinze jours :Trois séances d’exercices de cohésion de groupe, de prise de conscience corporelle (respiration, voix), de diction (virelangues), d’improvisation (jeu du traducteur ou du « toc toc toc, je recherche un stage ») ou de narration (« mon camarade, ce super-héros »). Pour ces séances, je me suis inspirée (beaucoup) du stage que nous avions mené deux années de suite dans le cadre de l’École ouverte avec la comédienne Marianne Pommier de la compagnie La Douce, mais aussi du livre « Porter sa voix » de Stéphane de Freitas, et j’ai moi aussi improvisé des activités en fonction des préoccupations des élèves en ce début d’année (le stage, la crise sanitaire). Jeux d’improvisation : se présenter devant les autres. Les élèves ont beaucoup apprécié ces séances qui sortaient de l’ordinaire du cours de Français et les ont réclamées quand nous avons dû les interrompre pour consacrer les séances en groupes aux lacunes liées au premier confinement.

Des ateliers à la classe ...

Une collègue qui pratique le yoga et la méditation va proposer en décembre et janvier deux séances en demi-groupe : « méditer pour se recentrer (attention) » et « méditer pour se lancer (prendre confiance en soi ).

En classe entière, (classe) en alternance avec les séances en demi-groupe : 1. Lecture expressive et enregistrement de textes engagés contre le racisme et pour la fraternité, certains avec des illustrations sonores (GT :Martin Niemöller, mais aussi Fraternité de Walt Whitman, Fable de l'homme invisible de Jacqueline Held, Demain, de Aimé Césaire ou Les bêtes noires ont bon dos de Alain Serres). 2. Présentation orale de lectures cursives sur le thème de la guerre, avec une fiche de notes. 3. Mini-débats Pour / contre : travail sur l’argumentaire et sur la restitution orale des arguments en situation de débat. (Pour permettre le Transfert) Marianne a donné des petits sujets : article du Monde « Pour/contre » en co-animation : comment formuler des arguments écologiques, économiques… Débat "battle de pour/ contre" ensuite : mise en scène de débat contradictoire . Écouter – prendre en compte l’argument de l’autre, y répondre, oui mais.

A suivre dans un prochain "zoom sur"

5) et demain ?

Nous donnons pour perspective aux élèves la préparation des oraux institutionnels. On envisage aussi une rencontre avec des lycéens qui participent à des clubs d’éloquence au Lycée Gabilée , c'est en cours de réflexion Je comptais ensuite axer le second trimestre sur l’éloquence à travers des discours et la production de tribunes.

Merci pour ce partage d'expérimentions Vous pouvez retrouver Les ressources proposées par Marianne Bielicki sur le site des lettres de L'académie de Grenoble.