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Les personnages dans Tartuffe

Lycée Berthelot

Created on November 15, 2020

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Transcript

Tartuffe de Molière

Les personnages dans Tartuffe

étude d'ensemble

Index

1. Tartuffe, un manipulateur de génie ?

2. Dorine : figure traditionnelle de la suivante

3. Orgon et Cléante : l'homme excessif et l'honnête homme

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

Molière a probablement trouvé le nom de Tartuffe dans une pièce italienne, Malmantile, dont un personnage est surnommé Tartufo. Ce mot signifie « truffe » en italien. Il désigne dans la pièce italienne un homme méchant.

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

Le verbe « truffer » existe en français dès le XIIIe siècle. Il désigne le fait de se moquer de quelqu'un, le tromper. On en garde la trace aujourd'hui dans l'expression «prendre quelqu'un pour une truffe ». Le mot « tartuffe » est un nom commun en français au XVIIème siècle. En 1609, on le trouve dans un texte où il est associé à un mot désignant une pierre fausse que l’on fait passer pour une pierre précieuse. Il est donc lié à l’idée d’apparence trompeuse, d’hypocrisie.

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

Répondez aux questions suivantes puis vérifiez vos réponses à l'aide du corrigé. 1. Qui sont les personnages qui se laissent manipuler par Tartuffe ? Dans quelles scènes voit-on les effets de cette manipulation ? 2. Selon vous, quel est l'intérêt de retarder l'entrée en scène de Tartuffe ?

3. En quoi la tirade de l'Exempt, dans le dénouement, souligne-t-elle le talent de Tartuffe pour la manipulation ? (Relevez une citation pour justifier votre propos et expliquez-la.)

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

1. Les deux personnages qui se laissent manipuler par Tartuffe sont Orgon et Mme Pernelle. L'efficacité de cette manipulation est manifeste dès la première scène, lorsque Mme Pernelle exprime son admiration pour Tartuffe. Elle le présente comme « un homme de bien, qu'il faut que l'on écoute » et ajoute que «l'intérêt du Ciel est tout ce qui le pousse ». Elle dresse ainsi le portrait d'un homme pieux et désintéressé. L'emprise qu'il a sur elle apparaît ainsi.

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

Cette emprise est soulignée de façon comique dans la scène 4 de l'acte V. Bien que tous lui assurent que Tartuffe a voulu séduire Elmire, Mme Pernelle n'en croit rien. Elle prétend qu'ils se sont laissé abuser par les apparences. Son aveuglement déchaîne la colère d'Orgon, qui s'exclame : « Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu,/ Ce qui s'appelle vu. » Le comique de mots s'ajoute au comique de situation pour railler la naïveté de Mme Pernelle, qui continue à être persuadée de l'innocence de Tartuffe.

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

Si Orgon est désabusé dans l'acte IV, son propre aveuglement au sujet de Tartuffe aura duré longtemps. Comme sa mère, il croit que cet hypocrite est un saint. La passion d'Orgon pour son protégé est évidente dans la scène 4 de l'acte I, puisqu'il ne se soucie que de lui et non de la santé fragile de son épouse. Elle éclate dans l'hyperbole de la scène suivante. Parlant de l'influence de Tartuffe sur son existence, Orgon déclare : « Il m'enseigne à n'avoir affection pour rien, De toutes amitiés il détache mon âme ; Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme, Que je m'en soucierais autant que de cela. »

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

Les actions d'Orgon illustrent ensuite cette déclaration. Il est vrai qu'il se soucie bien moins de sa famille que de Tartuffe. Ainsi, il chasse Damis et le déshérite au profit du faux dévot, à qui il veut aussi donner sa fille en mariage. Il donne sa maison et ses biens à Tartuffe et lui confie un secret dont dépendent son honneur et sa liberté. On voit par là la puissance de Tartuffe : son emprise sur Orgon ne semble pas avoir de limites.

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

2. L'entrée en scène de Tartuffe est retardée : bien qu'il soit le personnage éponyme, il n'apparaît que dans la scène 2 de l'acte III, c'est-à-dire au milieu de la pièce. Pourtant, tous les personnages ne parlent que de lui depuis la première scène. Le fait qu'il soit le sujet de toutes les conversations souligne son influence et la place déterminante qu'il a acquise dans la famille d'Orgon. Il n'a même pas besoin d'être présent pour être au centre de l'action.

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

En outre, le contraste entre la présence de Tartuffe dans les dialogues et son absence sur scène suscite la curiosité du public. Son entrée en scène est donc d'autant plus remarquée. Or, dès qu'il apparaît, le doute n'est plus permis : quoi qu'en pensent Orgon et Mme Pernelle, c'est bien à un hypocrite que l'on a affaire. En effet, la première didascalie montre qu'il se comporte en comédien : il parle haut de ses actes charitables parce qu'il aperçoit Dorine. De même, sa pruderie affichée signale son affectation. Son entrée en scène retardée attire donc l'attention du public sur sa fausseté.

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

3. Dans le dénouement, la tirade de l'Exempt souligne le talent de Tartuffe pour la manipulation. Il raconte : « [Tartuffe] s'est trahi lui-même, Et par un juste trait de l'équité suprême, S'est découvert au Prince un fourbe renommé, Dont sous un autre nom il était informé ; Et c'est un long détail d'actions toutes noires Dont on pourrait former des volumes d'histoires. » L'hyperbole finale insiste sur le passé criminel de Tartuffe. Ce dernier n'est donc pas seulement un faux dévot : c'est un escroc notoire, qui change fréquemment d'identité pour commettre ses forfaits.

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

L'hypocrisie de Tartuffe se révèle aussi dans sa maîtrise de la casuistique. La casuistique était une discipline religieuse destinée à régler les cas de conscience à l'aide d'une argumentation. Au XVIIe siècle, elle était surtout pratiquée par les Jésuites. Elle était aussi utilisée par les directeurs de conscience, des confesseurs privés auxquels faisaient appel de grands personnages.

Tartuffe : un manipulateur de génie ?

Dans Tartuffe, on trouve une parodie de casuistique dans le dernier acte. Orgon raconte qu'il était ennuyé car il détenait des papiers compromettants confiés par l'un de ses amis. Voici son cas de conscience : soit il trahissait son ami et donnait les documents au roi, soit il restait fidèle à son ami mais trahissait la confiance du souverain. Orgon a donc demandé l'aide de son directeur de conscience, Tartuffe. Celui-ci lui a conseillé de lui donner les papiers. Ainsi, Orgon serait en quelque sorte dégagé de sa responsabilité. Il pourrait sans mentir dire que ces papiers n'étaient pas en sa possession.

Dorine : figure traditionnelle de la suivante

Le conflit entre maître et valet est un topos de la comédie classique. Il est emprunté à la commedia dell'arte, où les personnages de Zanni, Arlequin ou Scapin jouent sans cesse des tours à leurs maîtres. Ce motif est également présent dans la comédie latine de l'Antiquité. Il n'a aucune vraisemblance sociologique : c'est seulement un outil au service du comique.

Dorine : figure traditionnelle de la suivante

Dans Tartuffe, Dorine reprend ce rôle de la suivante. Elle en a les attributs traditionnels : effrontée, drôle, provocante, quelque peu entremetteuse... Ses affrontements avec son maître donnent lieu à des scènes où le comique de mots est accompagné du comique de gestes. En effet, la comédie classique a fréquemment recours aux gifles ou coups de bâtons. C'est le cas dans la scène 2 de l'acte II, où Dorine ne se tait qu'après qu'Orgon a menacé de la battre.

Orgon et Cléante : l'homme excessif et l'honnête homme

Castigat ridendo mores. Corriger les moeurs par le rire : telle est l'ambition de la comédie. Elle se moque donc des défauts humains et sociaux. Le ridicule s'abat sur les personnages excessifs pour dénoncer les mauvais comportements.

Orgon et Cléante : l'homme excessif et l'honnête homme

Contrastant avec ces personnages outranciers, d'autres personnages, incarnent un modèle social, un idéal humain.Ce modèle de bon sens et de modération est celui de l'honnête homme. Au XVIIe siècle, l'honnête homme est cultivé sans prétention et élégant sans affectation. Sociable, il respecte les bienséances et sait faire la conversation sans ennuyer. Il ne s'emporte jamais, sait se maîtriser. Il est intelligent généreux et courageux.

Orgon et Cléante : l'homme excessif et l'honnête homme

Dans Tartuffe, le personnage grotesque, aveuglé par sa passion, est Orgon. Cléante, quant à lui, incarne l'honnête homme. Deux scènes révèlent particulièrement ce contraste: la scène 5 de l'acte I et le dénouement.

Orgon et Cléante : l'homme excessif et l'honnête homme

Dans la scène 5 de l'acte I, Cléante déclare : De tous vos façonniers on n'est point les esclaves.Il est de faux dévots ainsi que de faux braves ;Et comme on ne voit pas qu'où l'honneur les conduitLes vrais braves soient ceux qui font beaucoup de bruit,Les bons et vrais dévots, qu'on doit suivre à la trace,Ne sont pas ceux aussi qui font tant de grimace.Hé quoi ? vous ne ferez nulle distinctionEntre l'hypocrisie et la dévotion ?Vous les voulez traiter d'un semblable langage,Et rendre même honneur au masque qu'au visage,Égaler l'artifice à la sincérité,Confondre l'apparence avec la vérité,Estimer le fantôme autant que la personne,Et la fausse monnaie à l'égal de la bonne ?

Cléante oppose le lexique de la fausseté à celui de la vérité. Il apparaît donc comme un homme intelligent et lucide.

Orgon et Cléante : l'homme excessif et l'honnête homme

Cléante déplore le manque de mesure de ses contemporains. Il incarne l'idéal de modération du classicisme.

Il ajoute : Les hommes la plupart sont étrangement faits !Dans la juste nature on ne les voit jamais ;La raison a pour eux des bornes trop petites ;En chaque caractère ils passent ses limites ;Et la plus noble chose, ils la gâtent souventPour la vouloir outrer et pousser trop avant.

Orgon et Cléante : l'homme excessif et l'honnête homme

Face à lui, Orgon est excessif et peu habile à discourir : C'est un homme... qui... ha !... un homme... un homme enfin.Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde,Et comme du fumier regarde tout le monde.Oui, je deviens tout autre avec son entretien ;Il m'enseigne à n'avoir affection pour rien,De toutes amitiés il détache mon âme ;Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme,Que je m'en soucierais autant que de cela.

Orgon et Cléante : l'homme excessif et l'honnête homme

Le ridicule d'Orgon est aussi marqué par le fait qu'il n'apprend pas de ses erreurs, qu'il tombe d'un excès dans un autre. Ce manque de lucidité apparaît dans le dénouement. Déçu par Tartuffe, Orgon renie tous les dévots. Cléante, au contraire, lui rappelle qu'il ne faut pas se méfier de tous sous prétexte qu'un hypocrite l'a trompé. Il lui montre la voie de la sagesse : respecter les vrais dévots et se défier des imposteurs.

Orgon et Cléante : l'homme excessif et l'honnête homme

Le contraste entre les deux hommes marque donc bien la supériorité de l'honnête homme.