La société féodale 5e

Thème 2 Société, Eglise et pouvoir politique dans l'Occident féodal

Chapitre 3 La société féodale : campagnes et villes au temps des Seigneurs

I) La Seigneurie de Montcornet, un territoire organisé autour du chateau

La seigneurie

La seigneurie de Montcornet se situe dans le royaume de France, à la frontière entre le royaume de France et de l’empire germanique, sur un éperon barré, le Mont Cornu.La seigneurie est un vaste territoire qui comprend le château, le village de Montcornet et d’autres villages dont Renwez, des terres cultivées, des bois. On remarque une bergerie, des étangs, un moulin et une chapelle. Le village s’étend au pied du château.

Le village s’organise donc autour de ces bâtiments, au croisement des routes. Le village médiéval naît aux X – XIe siècle.La seigneurie est le territoire sur lequel le seigneur exerce son autorité. Il détient le pouvoir de commandement, le ban, sur tous les paysans. Il rend la justice et peut les punir, mais à l’obligation de les protéger. En échange, il exige d’eux des redevances, les banalités et des corvées.

Dans la seigneurie de Montcornet, il y a deux parties : • la réserve : les terres cultivées pour nourrir le seigneur et la forêt pour chasser • les tenures : terres que le seigneur loue aux paysans pour qu’ils puissent vivre.On trouve aussi une chapelle ou l’église qui est le lieu de culte des chrétiens. C’est là qu’ils se réunissent le dimanche pour la messe. C’est le lieu de réunion des villageois. La religion est importante dans la vie quotidienne des hommes au Moyen-Age.Enfin, le château : c’est la demeure du seigneur. C’est là que les villageois pourront se réfugier en cas de menace. Il est construit sur un éperon (une butte) et en partie entouré d’un fossé rempli d’eau (douve).

La vie du seigneur

Le seigneur vit au château. A Montcornet, il a une fonction défensive car il est situé à la frontière du royaume. C’est un lieu d’habitation pour le seigneur, sa famille, ses serviteurs, voire ses vassaux et son entourage. Le seigneur y exerce aussi son pouvoir. Le seigneur rend la justice : les petites fautes sont punies d’une amende, les meurtres de la pendaison. Le seigneur commande tous ceux qui vivent dans sa seigneurie, en échange, il exige des corvées et perçoit des taxes et des banalités. Les principales activités du seigneur sont de faire la guerre ou de se préparer à la guerre par la chasse, les tournois. Le seigneur vit avec ses chevaliers. Pour défendre sa seigneurie, il passe une grande partie de son temps à s’entraîner au combat à cheval. Quand il ne combat pas, il participe à des banquets avec les jongleurs, les musiciens et écoute les récits des exploits des chevaliers.

La chasse

Les tournois

II) La vie des paysans

Les paysans ont une vie très dure, une vie de labeur soumise à l’autorité du seigneur. Ils vivent dans le village au pied du château, leurs maisons sont simples et peu confortables. Ils cultivent surtout des céréales et font peu d’élevage. Leur travail est très pénible en raison de la médiocrité de l’outillage. Ils travaillent du lever au coucher du soleil. Ils vivent pauvrement et ne sont pas à l’abri de la famine. Toutefois leur condition s’améliore grâce aux progrès techniques (charrue qui laboure en profondeur, assolement triennal) qui permettent les défrichements et augmentent l’espace cultivable et habitable. Les paysans travaillent pour le seigneur car ils sont sur ses terres. Ils sont soumis au seigneur et ont des obligations envers lui. En échange de leur tenure, ils doivent verser des taxes et faire des corvées (= travaux gratuits sur les terres réservées au seigneur). Ils paient des banalités contre l’utilisation obligatoire du moulin (pour moudre son blé), du four (pour cuire son pain) et du pressoir (pour presser le raisin pour faire du vin). Le village est un lieu de vie et un lieu de sociabilité où les paysans partagent le travail, échangent et tissent des relations les uns avec les autres. De très nombreuses fêtes rythment la vie des paysans. On célèbre les moments forts de la vie agricole, comme le renouveau de la nature , des événements familiaux (baptême, mariage) ou encore des fêtes religieuses (Noël, mardi gras…).

Vivre au village

Martyrologue de St Germain des Prés vers 1270

Les croyances religieuses

Au Moyen-Age, la religion principale de l’Europe est le christianisme. Presque tous les habitants sont catholiques. De la naissance à la mort, la vie d’un chrétien est rythmée par la religion. Des rituels mettent en lien le fidèle avec Dieu (les 7 sacrements). Les chrétiens croient en la vie après la mort. Ils pensent que le jour du Jugement dernier, à la fin des temps, le Christ séparera les bons (qui iront au Paradis) des méchants (qui iront en Enfer). Ils respectent les enseignements de l’Église pour espérer aller au Paradis. Ils pensent que tout dépend de la vie qu’ils auront mené. Ils vont alors à la messe tous les dimanches et peuvent partir en pèlerinage pour réaliser un vœu, retrouver la santé, se faire pardonner leurs péchés, … Le pèlerinage est un voyage vers un lieu saint pour prier. Le plus courant au MÂ est celui de St Jacques de Compostelle en Espagne. St Jacques était un disciple de Jésus. Ce pèlerinage couvre une distance de + de 1000 km avec la traversée des Pyrénées. C’est un voyage long et dangereux qui se fait souvent en groupe. 4 grands itinéraires sont possible en partance de Paris, Vézelay, Le Puy et Arles. Un fois arrivés, les pèlerins touchent les reliques de St Jacques et prient pour leurs péchés, obtenir un miracle, une guérison. L’Église règle également la vie des villageois dans leur paroisse, dirigée par un prêtre. L’église est le plus souvent située au centre du village. Le prêtre guide les fidèles pour les accompagner vers le Salut. Il est chargé du baptême, du mariage, et conduit la messe le dimanche. Les paysans ont l’obligation de payer régulièrement un impôt, la dîme.

La basilique Ste Marie-Madelaine de Vézelay, architecture romane du XIIe siècle

III) Des villes qui se développent

A partir du XIe siècle, les villes se développent et stimulent le commerce. Elles font alors apparaître de nouveaux modes de vie bien différents de ce qu’on va pouvoir trouver dans la seigneurie de Montcornet. Le seigneur ayant besoin d’un nouvel habit va profiter des foires de Champagne pour acheter le drap et la soie dont il aura besoin. Il se rend alors à Troyes où le commerce est très développé.

Le grand commerce se développant dès le XIe siècle, les foires de Champagne permettent la rencontre et les échanges entre les marchands du Nord et de Sud de l’Europe. La ville de Troyes va beaucoup se développer entre le XIe et le XIIIe siècle voyant son nombre d’habitants augmenter. La construction de nouveaux remparts au XIIe siècle montre l’importance de la croissance se la ville. Cette croissance est liée au développement de l’artisanat et du commerce à Troyes. Troyes est sous l’autorité du Comte de Champagne qui protège les artisans et marchands et profite en échange de l’enrichissement de la ville en percevant les taxes et impôts. Mais les plus riches, grâce au commerce florissant vont se libérer peu à peu du Comte en lui rachetant le droit de se gouverner eux-mêmes en 1230 (Charte de franchise). La ville accueille les foires de Champagne à 2 moments de l’année, en juillet – août et en novembre – décembre. On a donc une « foire chaude » et une « foire froide ». La foire est concentrée autour de la place St Jean. Les marchands une fois arrivés en ville commencent à installer les baraques et les produits, c’est « la montre ». Puis c’est la vente des draps et étoffes, ensuite des cuirs et peaux et enfin des épices et teintures. Le dernier moment est consacré aux paiements. A Troyes, les rues de la ville sont étroites, encombrées, sales. Les maisons sont en bois et torchis. Les boutiques occupent les rez-de-chaussée où les artisans travaillent dans de petits ateliers ouverts sur la rue qui regroupent maître, compagnons et apprentis. De nombreux corps de métier sont présents à Troyes. Les artisans sont regroupés en corporations (= association de personnes d’un même métier qui fixe les règlement de la profession). Les modes de vie et activités sont bien différents de ce qu’on trouve à la campagne.

L'Eglise dans la ville

Différents bâtiments marquent la présence de l'Église dans la ville : les églises et les cathédrales, les écoles de l'évêché et les universités, ainsi que les hôtels-Dieu. L'Église exerce diverses fonctions dans la vie quotidienne : elle prend en charge les âmes en leur enseignant et en leur faisant pratiquer la religion catholique (prêches, célébrations religieuses...). Elle s'occupe également de l'enseignement (écoles et universités), et prend en charge les nécessiteux (pauvres et malades). Les ordres mendiants sont composés de moines qui ont fait vœu de vivre dans la pauvreté, comme les Franciscains par exemple. Ils entretiennent des relations étroites avec les habitants des villes dans lesquelles ils sont installés : la charité des habitants leur permet de vivre, tandis qu'ils s'occupent d'enseigner la religion à travers leurs prêches et prêtent assistance aux pauvres. C’est aussi l’époque de la construction de nombreuses cathédrales qui permettent à l’évêque de rassembler tous les fidèles de la ville.

Conclusion La société du Moyen-Age est une société complexe divisée en trois : • Ceux qui combattent : seigneurs et chevaliers qui ont pour activité principale la guerre et la défense du leur territoire, seigneurie ou royaume. • Ceux qui travaillent : les paysans dans les campagnes qui ont une vie rythmée par les travaux agricoles et la religion ; les artisans et commerçants dans les villes qui travaillent dur pour tenter de s’enrichir et ainsi gouverner leur ville. • Ceux qui prient : les évêques, prêtres, moines, mendiants, … qui sont au service de Dieu et accompagnent les fidèles sur leur chemin vers la vie éternelle. Chacun de ces mondes est particulier, différent mais tous sont guidés par la religion chrétienne qui fait le lien entre les hommes.