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Le mythe d'Orphée

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Created on September 7, 2020

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Transcript

Le mythe d'Orphée

Orphée par George de Forest Brush (1890)

Qui Orphée était-il?

Musicien et poète légendaire, Orphée apparaît dans un ensemble de récits relativement récents dans l’Antiquité. Son nom ne figure ni dans les poèmes homériques ni chez Hésiode, cependant il est déjà célèbre au VIe siècle avant J.-C. : dès cette époque, en effet, circulent divers poèmes dont il serait l’auteur, ce qui, pour certains, serait la preuve d’une existence historiquement attestée.

Orphée, bronze de Mathurin Moreau

Des parents illustres

D'après la tradition la plus répandue, Orphée est né en Thrace, une région au nord de la Grèce qui passe pour être habitée par des “sauvages” incultes et féroces. Sa mère est Calliope (“Belle voix” en grec), la plus prestigieuse des neuf Muses, filles de Zeus et de Mnémosyne (la Mémoire) : c’est la muse de la poésie épique et de l’éloquence, celle à qui s’adresse tous les grands poètes pour trouver l’inspiration au moment de chanter, comme l’aède Homère dès les premiers mots de l’Iliade ou de l’Odyssée.Le père d’Orphée est Œagre, roi de Thrace, que les légendes représentent souvent comme un dieu-fleuve. Si Orphée est parfois désigné comme “fils d’Apollon”, cette filiation demeure symbolique : en tant que dieu de la musique et chef des Muses, auxquelles il est très souvent associé, Apollon est en effet le “père spirituel” et le maître d’Orphée. C’est précisément Apollon qui offre à Orphée une lyre à sept cordes et les Muses qui lui enseignent l'art d’en jouer : élève exceptionnellement doué, l’apprenti ajoute deux cordes à sa lyre, obtenant ainsi le chiffre symbolique de neuf qui correspond au nombre des Muses.

Calliope apprenant à Orphée – Alexandre Auguste HIRSCH

La Toute-puissance du chant Orphique

Quand il chante en s’accompagnant de sa lyre, Orphée exerce une force si puissante qu’il enchante le monde dans son entier : il charme les hommes, les animaux, les arbres et les rochers, les dieux et les monstres. Les oiseaux volent en bande au-dessus de sa tête, les fauves s’apprivoisent et même les poissons sortent de l’eau pour l’écouter.

Orphée charmant les animaux, mosaïque trouvée à Palerme, dans les vestiges d’un édifice où se tenait un culte dionysiaque, IIIe siècle après J.-C., Musée archéologique de Palerme (Sicile).

La Toute-puissance du chant Orphique

« Orphée, fils de la Muse, charmait par sa musique même les créatures qui n’avaient pas de langage humain : tous les mythographes et tous les peintres nous le racontent. Selon eux, un lion et un sanglier près d’Orphée l’écoutent, et aussi un cerf et un lièvre qui ne saute pas pour fuir le lion, et toutes les créatures sauvages pour qui le lion est un chasseur terrifiant se rassemblent maintenant en troupeau avec lui. » Philostrate le Jeune (IIIe siècle ap. J.-C.), Tableaux, « Orphée » (trad. A. C.)

Orphée charmant les bêtes, Paulus potter (1650)

Orphée charmant les animaux, Savery

La Toute-puissance du chant Orphique

Comme un certain nombre d’autres héros, Orphée appartient à une génération antérieure à la guerre de Troie, celle des Argonautes : il aurait vécu à une époque où Héraclès accomplissait ses douze travaux, où Egée, père de Thésée, régnait à Athènes et Laomédon, père de Priam, à Troie. On attribuait à Orphée de nombreux voyages : il serait même allé jusqu'en Egypte, d'où il aurait rapporté l'institution des mystères et la croyance dans une autre vie après la mort, donnant ainsi naissance au courant philosophique et religieux nommé « orphisme ». L’un de ces voyages, accompli avec les Argonautes, fait l’objet d’une tradition légendaire importante.En effet, lorsque Jason constitue son équipe pour partir à la conquête de la Toison d’or, il décide d’engager Orphée, sur le conseil du Centaure Chiron : le poète “enchanteur” donnera la cadence aux rameurs et apaisera aussi bien les flots que les querelles entre marins. Orphée permet ainsi au navire Argo de franchir les terribles Symplégades, des écueils qui se refermaient sur les bateaux pour les broyer à l’entrée du Pont-Euxin ; il remplit les oreilles des Argonautes de son chant pour faire obstacle à celui des Sirènes.

Sirènes fuyant le chant d'Orphée

Les Temps heureux : Orphée et Eurydice

A son retour, il épousa la très belle dryade Eurydice (une dryade est une nymphe des chênes) et il s'installa en Thrace pour régner sur le peuple des sauvages Cicones. Le couple vécut très heureux et selon Diodore de Sicile, il eut même un enfant.

Orphée et Eurydice par Nicolas POUSSIN (XVIIe siècle)

Orphée et Eurydice par Louis Ducis (1826)

La Mort d'Eurydice

Mais le bonheur d'Orphée et Eurydice fut de courte de durée. Un jour, Eurydice refusa les avances d’un dieu champêtre nommé Aristée qui se mit à la pourchasser ou bien dansait-elle simplement avec des Nymphes, toujours est-il qu'elle posa malencontreusement son pied nu sur un serpent venimeux caché dans l'herbe verte qui la mordit à la cheville. Terrassée par le poison foudroyant la malheureuse Eurydice mourut, laissant Orphée en proie au plus profond désespoir.

La mort d’Eurydice d’Ary Scheffer (1814)

Orphée aux Enfers

C'est alors que commence l'épisode le plus célèbre de la vie d'Orphée : celui-ci va tout faire pour arracher la femme qu'il aime du royaume des morts.

Orphée aux Enfers

Il chante, et, dans ses doigts, sa lyre frémissanteSe marie aux accents de sa voix gémissante.Autour de lui pleuraient, étonnés, attentifs,Et les spectres muets et les mânes plaintifs...Ni la reine des morts, ni son époux farouche,Ne peuvent résister au charme qui les touche. Ange-François Fariau de Saint-Ange (1747-1810)

Orphée aux enfers par Rubens (1635-38)

Orphée aux Enfers

Il la rappelle en vain du geste et de la voix:Elle meurt, sans se plaindre, une seconde fois.Et quelle plainte encore aurait-elle formée?Est-ce un crime pour lui de l'avoir trop aiméeD'un ton faible qu'Orphée entend à peine...Hélas! Adieu, dit-elle, et rentre aux gouffres du trépas. Métamorphoses d'Ovide, traduction de Desaintange)

Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875), Orphée ramenant Eurydice des enfers, 1861, huile sur toile, 112 x 137 cm, détail.

Orphée aux enfers par Rubens (1635-38)

Le désespoir d'Orphée

Accusant de cruauté les dieux de l'Érèbe, Orphée se retira enfin avec son chagrin sur les hauteurs du mont Rhodope et sur l'Hémus battu par les Aquilons.

Près du Strymon glacé, dans les antres de Thrace,Durant sept mois entiers il pleura sa disgrâce:Sa voix adoucissait les tigres des déserts,Et les chênes émus s'inclinaient dans les airs.Telle, sur un rameau, durant la nuit obscure,Philomèle plaintive attendrit la nature;Accuse, en gémissant, l'oiseleur inhumainQui, glissant dans son nid une furtive main,Ravit ses tendres fruits que l'amour fit éclore,Et qu'un léger duvet ne couvrait pas encore.Pour lui plus de plaisir, plus d'hymen, plus d'amour.Seul, parmi les horreurs d'un sauvage séjour,Dans ces noires forêts du soleil ignorées,Sur les sommets déserts des monts HyperboréesIl pleurait Eurydice, et, plein de ses regrets,Reprochait à Pluton ses perfides bienfaits.En vain mille beautés s'efforçaient de lui plaire;Il dédaigna leurs feux, et leur main sanguinaire,La nuit, à la faveur des mystères sacrés,Dispersa dans les champs ses membres déchirés.L'Hèbre roula sa tête encor toute sanglante:Là, sa langue glacée et sa voix expirante,Jusqu'au dernier soupir formant un faible son,D'Eurydice, en flottant, murmurait le doux nom:Eurydice! ô douleur !... touchés de son supplice,Les échos répétaient : Eurydice! Eurydice! Poème de Jacques DELILLE (1738-1813)

Les regrets d’Orphée de Charles Paul Landon (1796)

La Mort d'Orphée

Il existe plusieurs versions de la mort d'Orphée. Cependant le récit le plus connu est sa mise à mort par les femmes de Thraces pour des raisons diverses selon les auteurs.Lorsque Dionysos envahit la Thrace, Orphée négligea de l'honorer mais enseigna d'autres mystères sacrés connus sous le nom d'orphisme et flétrit les sacrifices humains auprès des hommes de Thrace qui l'écoutaient respectueusement. Vexé, Dionysos le livra aux Ménades, en Macédoine. Elles attendirent que leurs maris aient pénétré dans le temple d'Apollon dont Orphée était le desservant, se saisirent des armes déposées à l'extérieur, firent irruption dans le temple, tuèrent leurs maris et mirent en pièces Orphée. Elles jetèrent sa tête dans le fleuve Hébre mais elle flottait, continuant à chanter "Eurydice, Eurydice" puis arrivée à la mer les courants l'emportèrent vers Lesbos où furent fondés un sanctuaire et un oracle.

La mort d'Orphée par Emile Lévy (1866)

La Mort d'Orphée

Les Muses en larmes recueillirent ses membres et les enterrèrent à Leibèthres en Thessalie, au pied du mont Olympe où le chant du rossignol est plus beau que partout ailleurs parait-il. Quant à la tête d'Orphée, après avoir été attaquée par le serpent de Lemnos qu'Apollon changea sur-le-champ en pierre, elle fut transportée dans une caverne à Antissa, consacrée à Dionysos. Là, elle rendait des oracles nuit et jour au point qu'Apollon, voyant ses oracles de Delphes, de Grynéon et de Claros désertés, vint un jour voir la tête d'Orphée et s'écria: " Cesse donc de te mêler de mes affaires ! " La tête désormais demeura silencieuse.

La Tête d'Orphée, par John William WATERHOUSE

La Mort d'Orphée

La lyre d'Orphée avait également été portée par les eaux jusqu'à Lesbos et déposée dans le temple d'Apollon. C'était un sacrilège que de la toucher. Néanthe, fils du tyran de la ville voulut jouer de la lyre merveilleuse mais il fut dévoré par des chiens que la musique avaient attirés.Sur intervention d'Apollon et des Muses, la lyre figura comme constellation dans le ciel.

La tête d'Orphée (1865) Gustave Moreau

Orphée, figure du poète

Nombreux sont les poètes qui se sont, au fil de leurs oeuvres, identifiés à la figure d'Orphée. Depuis Du Bellay au XVIe siècle...

Que n’ai-je encor la harpe thracienne, Pour réveiller de l’enfer paresseux Ces vieux Césars, et les ombres de ceux Qui ont bâti cette ville ancienne ? Ou que je n’ai celle amphionienne, Pour animer d’un accord plus heureux De ces vieux murs les ossements pierreux, Et restaurer la gloire ausonienne ? Pussé-je au moins d’un pinceau plus agile Sur le patron de quelque grand Virgile De ces palais les portraits façonner : J’entreprendrais, vu l’ardeur qui m’allume, De rebâtir au compas de la plume Ce que les mains ne peuvent maçonner. Du Bellay, Les Antiquités de Rome

Orphée, Eurydice et HermèsMusée du Louvre© Agnès Vinas

Orphée, figure du poète

Nombreux sont les poètes qui se sont, au fil de leurs oeuvres, identifiés à la figure d'Orphée. Depuis Du Bellay au XVIe siècle jusqu'à Gérard de Nerval au XIXe siècle.

El DesdichadoGérard de NervalJe suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constelléPorte le Soleil noir de la Mélancolie.Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :Modulant tour à tour sur la lyre d’OrphéeLes soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Orphée, source d'inpiration des compositeurs

La musique qui vous a accompagnés est tirée du prologue de l'Orfeo de Monteverdi (1607). Nombreux sont les compositeurs qui ont été inspirés par la figure d'Orphée. Ce personnage lie d'ailleurs étroitement poésie et musique. Après Monteverdi, ce seront Gluck au XVIIIe siècle ou encore Offenback, dans une version parodique, au XIXe siècle. Si vous êtes curieux, suivez ce lien vers un site qui évoque ces diverses créations et vous permet d'en écouter des extraits.

Ce que nous apprend le mythe d'Orphée sur la poésie

Poésie et musique sont, dès l'Antiquité, intrinsèquement liées. Le poète cherche la musicalité grâce au rythme et aux sonorités de ses oeuvres

Orphée est aussi bien poète que musicien.

Orphée est le fils d'une Muse et descend des dieux de l'Olympe Zeus et Arès. Il est le fils spirituel d'Appolon, dieu des arts et de la beauté

Poésie et sacré sont étroitement liés. L'inspiration du poète est un phénomène mystérieux, souvent perçu comme presque divin.

Le lyrisme est un registre poétique par lequel le poète cherche à faire partager au lecteur ses sentiments.

Orphée est inséparable de sa lyre.

Orphée charme tout par sa musique : les animaux les plus sauvages, la femme qu'il aime et jusqu'aux dieux qu'il convainc de le laisser aller aux Enfers.

La poésie a de multiples vertus : elle adoucit les âmes les plus dures, agit sur tous et peut même être utilisée pour changer le monde.

Nombreux seront les poètes qui trouveront l'inspiration dans l'expression de leur souffrance. Le registre de la mélancolie et de la plainte, forme particulière du registre lyrique, est nommé registre élégiaque.

Orphée connaît un destin tragique, c'est son désespoir qui rend ses chants si poignants.

Le récit de la vie d'Orphée est tiré des sites suivants: https://mythologica.fr/grec/orphee.htm https://eduscol.education.fr/odysseum/orphee-poete-des-origines-et-fondateur-de-lorphisme