Ce que le confinement m'a appris

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moments inoubliables

vus par Mme Aubé

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Les noms ont été changés afin de conserver l'anonymat.

Lors d'une présentation orale, Jacob voulait nous faire découvrir le livre Osti de fif de l'auteur Jasmin Roy. Il a préparé minutieusement sa communication, même avec sa psychologue. Jacob était nerveux et sa meilleure amie s'est tenue debout derrière la classe pour le soutenir. Il a profité de ce moment pour nous mentionner qu'il était homosexuel et que son prénom était Jacob...et non le fif. Tous les élèves se sont levés pour l'applaudir. Il s'est affirmé et a attiré le respect de son entourage. Il pouvait enfin être lui-même.

En revenant de la semaine de relâche, la direction est venue nous informer du décès soudain de la maman d'Antoine. Deux élèves du groupe avaient auparavant perdu un parent. Ils voulaient être là pour Antoine. C'était naturel. Nous avons pleuré, parlé, fabriqué une carte...J'étais impressionnée de voir leur solidarité et leur compréhension de ce monde qui peut parfois être cruel. Le deuil peut paraitre insurmontable, mais le support de nos pairs fait toute la différence.

Les élèves devaient composer une chanson pour voir les notions de poésie. Ils avaient la possibilité de chanter leur création devant le groupe lors de la présentation. C'est alors que Justin, sorti de nulle part, a entonné le texte créé par son équipe. Personne ne savait que Justin avait une voix magnifique, à la Claude Dubois! Nous avons ainsi découvert un talent. Par la suite, il a participé à tous les spectacles musicaux du collège pour notre plus grand bonheur.

Accompagnée de son amie, Sabrina est venue me confier que ça n'allait pas du tout à la maison. Des marques sur son corps en témoignaient. Nous avons convenu d'appeler la DPJ. Sabrina et sa famille ont obtenu de l'aide immédiatement. Il y a quelques années, j'ai reçu un message de Sabrina me disant que , grâce aux ressources, sa famille avait trouvé la paix et avait enfin les outils pour gérer les conflits. Ça allait beaucoup mieux. Le courage de Sabrina m'impressionne encore.

Lors d'un stage humanitaire avec un groupe d'élèves, nous avions visité un bidonville, des batays et un orphelinat. La pauvreté était omniprésente. Certains élèves pleuraient et avaient un choc culturel. Nous avons soupé tous ensemble et le constat des élèves fut le suivant: eux, ils n'ont rien et sont heureux, ils ont la soif de vivre...et nous, nous avons tout et nous sommes malheureux. Quelle leçon de vie! Ils ont réalisé qu'en allant aider à l'étranger, ils avaient eux aussi été aidés.

Bruno était assis à mes côtés, il pleurait. Ses difficultés scolaires le décourageaient. Il aurait aimé que ce soit différent, son TDA ne lui rendait pas la vie facile. Soudain, Simon s'approcha avec toute l'empathie du monde pour le réconforter. Il lui demanda ce qui n'allait pas, lui fit part brièvement de son parcours scolaire houleux et lui donna quelques conseils. Bruno sourit enfin et se sentit mieux. J'étais émue de voir deux adolescents de 13 ans s'épauler dans leurs difficultés. Inspirant!

Durant les dernières années, j'ai pu superviser plusieurs projets personnels. Parmi ceux-ci, trois élèves ont décidé de rendre hommage à un de leur parent décédé (le père ou la mère). Ce fut, pour elles, un moment pour retourner dans leurs souvenirs. Ce projet leur a demandé beaucoup de courage et a fait remonter des souffrances. À la fin du projet, elles étaient toutes d'accord pour affirmer que ça leur avait fait un bien immense de créer du positif avec cette épreuve. Cette résilience, à un si jeune âge, m'impressionne infiniment.

Cassandre avait une soif de vivre, de sortir des sentiers battus! Son désir de conquérir le monde lui donnait un sentiment de vide...elle voulait quitter sa vie de tous les jours pour explorer le globe. Nous avons eu de très longues et passionnantes discussions sur la vie: le système scolaire, l'environnement, les voyages, l'avenir, le féminisme, la résilience...Je suis fière de vous dire que Cassandre a réalisé ses rêves en voyageant à travers le monde afin de mieux se connaitre et assouvir son besoin de liberté.

En tant que titulaire, je devais organiser une activité pour tisser les liens entre les élèves de mon groupe. Ils ont eu l'idée GÉNIALE de passer une nuit à l'école. Ils ont été si convaincants que j'ai finalement accepté. Cette nuit ne fut pas de tout repos mais nous avons beaucoup ri, dansé, joué, chanté et mangé. Ce fut aussi un moment pour discuter entre nous et les élèves ont livré des témoignages touchants. Rien de mieux pour dissiper des perceptions.

Deux filles magnifiques de 3e secondaire sont venues me voir afin de démarrer un journal étudiant numérique. Leur sens du devoir, leur professionnalisme, leur créativité et leur esprit critique me stimulent à devenir une meilleure personne. Merci Raphaëlle et Amélie! Vous avez une place de choix dans ma carrière et dans mon coeur.

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