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Réactions mesures Macron

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Created on December 11, 2018

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Transcript

Oubliés ou concernés

Ce qu'ils disent des annonces du Président

Certains sont au SMIC, retraités, patrons et sont donc directement concernés par les mesures annoncées lundi soir par Emmanuel Macron. D’autres, sans travail ou fonctionnaires, se sont sentis oubliés par le Président. Nous les avons tous rencontrés et écoutés.

Les annonces

d'Emmanuel Macron

Le chef de l’État était attendu au tournant du concret après quatre semaines de crise des Gilets jaunes. 100 € pour les salariés au SMIC, heures supplémentaires défiscalisées, annulation de la hausse de la CSG pour les retraités modestes... Emmanuel Macron a tenté lundi soir de poser les bases sociales d’un retour au calme.

+info

Augmentation d’un salaire au smic de 100 euros par mois

CONCERNÉE

100 € par mois c’est beaucoup mais qui va payer ?

Sarah, 47 ans, employée commerciale au Carrefour Market de Dunkerque

Elle travaille 36 h par semaine, est payée au SMIC et bénéficie de la prime d’activité. Elle est donc directement impactée par la mesure annoncée par Emmanuel Macron. Oui, elle a regardé le discours mais entre ce qu’elle a compris la veille et ce qu’on lui explique aujourd’hui, il y a un décalage : « Pour moi, le SMIC allait augmenter de 100 € point barre et toutes les grilles de salaires allaient pouvoir être renégociées. Je n’avais absolument pas compris que cela passait par l’augmentation de la prime d’activité. J’ai appris aussi que ceux qui sont au SMIC mais qui ne touchent pas cette prime ne sont pas concernés... Enfin, cela a l’air beaucoup moins clair qu’au départ, les conditions restent floues. » Au final, elle admet que « 100 € par mois c’est beaucoup, un plein et demi d’essence ». Mais elle « attend de voir si l’argent va bien arriver » et reste sceptique sur le financement : « Qui va payer ? Puisque cela va être versé par l’État, ça veut bien dire que l’on nous donne d’une main ce que l’on va nous reprendre de l’autre, non ? Moi, j’ai l’impression que ce sont toujours les petits qui payent. Pourquoi il ne s’attaque pas, par exemple, à l’exil fiscal plutôt ? Là, ça rapporterait. »

S. F.-P.

Une prime de fin d'année sans impôts ni charges

CONCERNÉ

Ça nous encourage à donner un coup de pouce

Jean-Marc Barki, PDG de Sealock à Sallaumines, fabricant de colles industrielles et dernier fabricant généraliste indépendant de produits sans solvants (25 salariés).

Pour lui, l’idée d’une prime exonérée d’impôts pour les salariés et de charges sociales pour les entrepreneurs est « excellente dans la mesure où elle laisse la totale liberté aux entreprises et qu’elle ne coûte rien. Pour être franc, nous traversons un moment un peu plus difficile et nous n’avions rien prévu en fin d’année, en-dehors des avantages habituels (chèques cadeau, chèques restaurant, etc.). Mais dans la mesure où cette prime est exonérée de taxes et de charges, ça nous encourage à donner un vrai coup de pouce. Auparavant, lorsque je voulais verser 300 euros de prime, cela coûtait 600 euros à l’entreprise et le salarié ne récoltait que 240 euros après impôt. Là, on pourrait verser 300 à 400 euros que le salarié toucherait réellement. Et plutôt que d’attendre fin mars, on va peut-être pouvoir anticiper. Par contre, il est certain qu’une entreprise en difficulté ne va pas forcément penser à une prime à verser, mais plutôt à sauver les emplois ». À noter que cette prime souhaitée par l’État devrait être plafonnée à 1000 euros, et qu’elle restera soumise à la CSG et à la CRDS.

J.-M. P.

Annulation de la hausse de la CSG pour les retraités

CONCERNÉES

Ce qui pèse, ce sont les frais

Christiane, 83 ans, retraitée, pensionnaire à la résidence « Les Dintellières », à Lille

Avec un peu plus de 1 200 € de pension mensuelle, Christiane avait vu la CSG augmenter de 1,7 point au 1er janvier dernier. Quelques dizaines d’euros supplémentaires qui font la différence. « On est bien obligé de compter », dit Christiane qui voit d’un bon œil l’annulation de la hausse de CSG pour tous les retraités en dessous de 2 000 € par mois. « Avec la mutuelle à 120 €, le loyer à 453 €, les factures, les médicaments, la nourriture... on gère au mieux, mais ce n’est pas évident ». Danièle, une voisine, perçoit, elle, 1 000 € de retraite mensuelle. Sa CSG n’avait pas augmenté en 2018, mais c’est le niveau de sa retraite qui la préoccupe. « C’est simple, le 20 du mois je n’ai plus assez. Donc je mange des pâtes. Mais ça va, il y a plus malheureux que moi ». « Ce qui pèse, ce sont les frais annexes qui augmentent, les médicaments pas remboursés pour l’arthrose, les 118 € de mutuelle. Je viens de me faire opérer des yeux, j’en ai eu pour 200 € de ma poche ». Dans ces conditions, les annonces de lundi l’ont laissée de marbre. Au-delà du recul sur la CSG, « symbolique », Marie, retraitée du Dunkerquois, en appelle à un changement de perception. « Il faut arrêter de croire que les retraités sont tous des propriétaires nantis qui passent leurs vacances au Maroc. Les retraités, ce sont des gens qui font jouer la solidarité familiale quand les enfants et petits-enfants en ont besoin, parce qu’il y a des accidents de la vie. C’est une économie pour l’État ».

S. LE.

Heures supplémentaires versées sans impôts ni charges

CONCERNÉ

C'est une bonne nouvelle !

Pierre Flach est chauffeur-routier, salarié de la société Grimonprez à Neuville-en-Ferrain.

« C’est une bonne nouvelle », tranche-t-il. Ce mois-ci, Pierre Flach a effectué cinquante heures supplémentaires. Des heures actuellement déclarées pour le calcul de son impôt sur le revenu. En 2019, ce ne sera plus le cas. « On reviendra comme sous Nicolas Sarkozy. J’ai vu la différence quand François Hollande a supprimé cette défiscalisation. J’ai payé 500 à 600 € d’impôt sur le revenu en plus. » Et puis son patron a rapidement mis le holà sur le nombre d’heures supplémentaires qui lui revenaient aussi plus chères de son côté. « Moi, à 57 ans, je n’en ferai pas plus, mais ça peut en intéresser d’autres. » Comme son voisin de pompe à essence, Clément Nshutu, chauffeur chez Jardel à Lesquin. « C’est une mesure que j’attendais. Déjà, l’an prochain, vu le nombre d’heures supplémentaires que je fais, je paierai moins d’impôts. Et si ça incite mon patron à nous en demander plus, je les ferai. Travailler plus pour gagner plus, ça me va tout à fait. Même si aujourd’hui je gagne 2 000 € par mois et que je vis seul, ça part trop vite. »

L. D.

OUBLIÉ

Il aurait dû parler de gars comme nous

À 55 ans, Philippe, habite à Raismes et est au RSA depuis deux ans.

Il touche 494,52 € par mois et il « n’arrête pas de chercher du boulot ». Il vient de travailler trois semaines dont une non payée et cela risque de lui coûter cher : « Je viens de faire ma déclaration trimestrielle. À cause des 780 € que j’ai gagnés, mon RSA va passer à 270 € par mois pendant trois mois, ce n’est vraiment pas juste. » Et c’est cela qu’il aurait aimé entendre lors du discours du Président : « Il aurait aussi dû parler de gars comme nous, nous laisser la possibilité de travailler. Il a donné un doigt avec le SMIC, j’aurais aimé une main. J’ai travaillé une trentaine d’années comme salarié puis j’ai eu un commerce. Je n’ai plus rien depuis quatre ans et personne ne veut m’embaucher parce que j’ai 55 ans. J’aimerais que le président essaie de vivre avec ce que j’ai chaque jour. Il ne pourrait pas rester comme ça. »

S. F.-P.

OUBLIÉ

Nous sommes le dernier de ses soucis

Cédric, fonctionnaire au conseil départemental du Pas-de-Calais

Croisé ce mardi au cœur de la manifestation régionale des travailleurs sociaux, Cédric a « regardé sans illusion » l’allocution d’Emmanuel Macron. « Du coup je n’ai pas été déçu : il n’a pas parlé une seule seconde de nous. On voit que les fonctionnaires sont le dernier de ses soucis ». En regardant les mesures annoncées, Cédric voit des gestes, bien des gestes, pour le privé. Mais pour le public, rien, ou peu. « La prime d’activité concerne les très petits salaires, les fonctionnaires de catégories C payés au niveau du SMIC. Mais cela intervient alors que les salaires de fonctionnaires n’ont augmenté qu’une fois depuis 2010 et encore, de 0,6%. Et puis dans la fonction publique, on n’aura pas de prime defiscalisée, pas d’heures supplémentaires. Pour autant, quand on travaille avec des publics en difficulté, nous sommes nombreux à faire des heures sup’ pour rien ». La question du coût des mesures – au moins 10 milliards d’euros – interpelle aussi. « Il faudra bien que quelqu’un paye. Ce sera peut-être sur les effectifs de fonctionnaires. Mais on est déjà à l’os... »

S. LE.

OUBLIÉE

100-150 euros, ce serait une bouffée d’oxygène

Rachida Abdelli, 50 ans, est aide-soignante au service de cardiologie du CHRU de Lille.

Elle exerce l’un des métiers érigés en symbole de ceux pas assez payés au regard de leur difficulté et de leur importance. « Je gagne 1 650 € net. Même si depuis trois ans, je suis aussi hôtesse en charge d’orienter les patients, je suis aide-soignante et fière de ce métier. » Un métier dur : « On est en contact avec le pipi, les selles, la souffrance des malades. On est ceux qui accompagnons les patients. » Un métier qu’elle estime pas assez payé. « En tant que femme seule, avec deux enfants, j’ai dû aller dans ma vie au Secours pop ou aux Restos du cœur. Ça va un peu mieux depuis que le plus grand travaille, mais je le vois, je ne suis pas concernée par les mesures annoncées. Je ne suis pas au SMIC, on ne fait pas d’heures supplémentaires, mais on récupère en repos compensateur. Et je ne suis pas encore à la retraite. En tant que fonctionnaire, notre point d’indice n’a pas été revalorisé depuis 2008, sauf une année sous Hollande. Si on pouvait gagner 100-150€ de plus, ce serait une bouffée d’oxygène. »

L. D.

Crédits

TEXTES : SOPHIE FILIPPI-PAOLI, SÉBASTIEN LEROY, LAURENT DECOTTE ET JEAN-MARC PETIT

PHOTOS : BAZIZ CHIBANE, CHRISTOPHE LEFEBVRE, FLORENT MOREAU, PIB

MISE EN FORME : BRUNO MASSEBOEUF