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¡Ay Carmela!

Collège Mont-Miroir

Created on April 12, 2017

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Transcript

¡Ay, CARMELA!, Carlos SAURA (1990)

Avec: Carmen MAURA (Carmela), André PAJARES (Paulino) et Gabino DIEGO (Gustavete)Réalisateur : Carlos SAURAScénario: Carlos SAURA et Rafael AZCONA (basé sur l’œuvre homonyme de José SANCHIS SINISTERRA)Production: André Vicente GÓMEZ, pour Iberoamericana Films, S.A. (Madrid) et Ellepi Films, S.R.L. (Rome)

Résumé du film

Carmela (courageuse et spontanée), Paulino (pragmatique et trouillard) et Gustavete (muet) sont des artistes ambulants chargés de distraire les troupes du camp républicain pendant la Guerre Civile espagnole. Nous sommes en 1938, sur le front d’Aragon. Les pénuries, alimentaires surtout, et les dangers du front les poussent à fuir vers Valence, une zone plus tranquille encore contrôlée par les Républicains. Mais ils se perdent en chemin et se retrouvent en zone franquiste où ils sont arrêtés et emprisonnés. Tout semble indiquer alors qu’ils vont être fusillés mais, en apprenant qu’il s’agit d’artistes, un officier italien leur propose un marché : travailler, en échange de leur vie, sous ses ordres pour offrir un spectacle à un groupe de militaires du camp national (franquiste). Ils se voient ainsi imposer les paroles, les dialogues et la direction scénique d’un spectacle dans lequel ils devront, à contrecœur et contre leurs convictions morales et politiques, ridiculiser la République et ses partisans. A ce spectacle doivent également assister des soldats polonais des Brigades Internationales qui seront fusillés le lendemain.

Origine du film

¡Ay Carmela! est, à l’origine, une pièce de théâtre de José SANCHIS SINISTERRA dont la structure diffère de la version cinématographique de Carlos SAURA : - L’œuvre théâtrale ne met en scène que deux acteurs (Carmela et Paulino), alors que Carlos SAURA introduit un 3ème personnage: Gustavete. - Dans la version initiale, Carmela se présente face à Paulino sous la forme d’un fantôme qui retrace, rétrospectivement, les événements qui l’on conduite à la mort. Dans le film, au contraire, Carmela est un personnage réel dont le spectateur ne peut prévoir le destin tragique.

Le contexte historique

La Guerre Civile espagnole (1936-1939)

Le 18 juillet 1936, la Guerre Civile espagnole éclate avec le soulèvement militaire commandé par le général Franco contre la République installée depuis le 14 avril 1931. Cette guerre, qui opposa donc les républicains aux partisans de Franco (les franquistes ou nationalistes), allait se solder 33 mois plus tard – le 1er avril 1939 – par la victoire de l’Espagne nationaliste (franquiste). Dès le début, les insurgés reçurent l’aide d’Hitler et de Mussolini (le bombardement de Guernica en est un exemple). Guerre offensive des insurgés face à une guerre défensive des républicains, aidés uniquement par les étrangers qui intégrèrent les Brigades Internationales. En effet, bien que légalement installée depuis 1931, la République espagnole fut abandonnée par les pays démocratiques de l’Occident : la France et la Grande Bretagne créèrent à Londres le Comité de Non-Intervention, neutralité que l’Allemagne et l’Italie allait transgresser. Après la guerre, Franco instaura une dictature militaire qui allait priver les Espagnols de toutes libertés jusqu’en 1975, année de la mort de « Caudillo » (le 20 novembre).

Progression de la domination franquiste (cliquer sur les images pour agrandir)

Le contexte historique

Les Brigades Internationales

Les Brigades Internationales étaient des unités militaires composés de volontaires antifascistes venant de plus de 50 pays différents. En effet, dès juillet 1936, la résonnance internationale du soulèvement militaire s’était propagée. De nombreux individus, aux tempéraments révolutionnaires ou eux-mêmes victimes du fascisme, voulurent participer au combat espagnol, perçu soit comme une révolution, soit comme une résistance. Parmi ces combattants, beaucoup répondirent à l’appel d’organisations placées sous l’influence dominante de l’Internationale communiste. On estime que, durant toute la guerre, entre 32 000 et 35 000 volontaires servirent dans les Brigades Internationales, dont 15 000 moururent au combat. Elles furent dissoutes en septembre 1938 par le gouvernement espagnol afin de répondre aux exigences du Comité de Non-Intervention.

La Tragédie des Brigades Internationales.Cliquer sur l'icône pour visualiser le documentaire diffusé sur Arte.

Paroles de la chanson « El ejército del Ebro » (« ¡Ay Carmela! »)El Ejército del EbroRumba la rumba la rum bam bam ! (bis)Una noche el río pasó,Ay Carmela, ay Carmela. (bis)Y a las tropas invasorasRumba la rumba la rum bam bam ! (bis)Buena paliza les dió,Ay Carmela, ay Carmela. (bis)El furor de los traidoresRumba la rumba la rum bam bam ! (bis)Lo descarga su aviación,Ay Carmela, ay Carmela. (bis)Pero nada pueden bombasRumba la rumba la rum bam bam ! (bis)Donde sobra corazón,Ay Carmela, ay Carmela. (bis)Contrataques muy rabiososRumba la rumba la rum bam bam ! (bis)Deberemos resistir,Ay Carmela, ay Carmela. (bis)Pero igual que combatimosRumba la rumba la rum bam bam ! (bis)Prometemos combatir,Ay Carmela, ay Carmela. (bis)

"El ejército del Ebro"

Un chant populaire et républicain

(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

Le titre du film de Carlos SAURA s’inspire également d’un chant populaire : « ¡Ay Carmela! » – également appelé « El paso del Ebro » ou « El ejército del Ebro » – composé, à l’origine, pendant la Guerre d’Indépendance espagnole contre l’invasion napoléonienne en 1808 et réactualisé par les soldats républicains pendant la Guerre Civile. Ce chant fait référence à la bataille de l’Ebre (fleuve espagnol), le plus grand des combats livrés durant la Guerre Civile entre les forces républicaines et les insurgés. Elle se déroula dans la basse vallée de l’Ebre entre le 25 juillet et le 16 novembre 1938. Ce fut la dernière grande offensive des républicains, mais elle se solda par l’échec tactique et stratégique qui précipita la fin de la guerre. Ce chant rythme le générique du film ¡Ay Carmela! et ses paroles seront entonnées dans la dernière scène par les brigadistes polonais en réaction au numéro du drapeau ; Carmela chantera avec eux avant de mourir.

Ce chant républicain a été réinterprété récemment par le groupe Zebda dans l’album Motivé. Pour l'écouter, cliquer ici:

"La République va chez le docteur"

Analyse du dernier numéro de la 2de représentation face aux militaires fascistes

Paulino saluant les force fascistes.(Cliquer sur l'image pourv l'agrandir.)

Ce dernier numéro du spectacle nationaliste – le « numéro du drapeau » tant redouté par Carmela – dans lequel Carmela, Paulino et Gustavete favorisent le camp franquiste en ridiculisant les républicains et les prisonniers des Brigades Internationales constitue la scène la plus importante du film ; la scène où la tension atteint son apogée. La construction d’un grand plan et l’utilisation de la lumière qui émane principalement d’un projecteur défectueux (clignotant) permettent à Carlos SAURA de mettre en relief la représentation humiliante du drapeau républicain et des idéaux démocratiques :

  • Gustavete, le personnage secondaire muet, est habillé comme un russe, symbole des forces stalinistes venues en aide aux républicains ; il représente la peur que les fascistes éprouvent face au communisme « rouge ».
  • Paulino représente le docteur « Tocametodo » (« tripotémoi »), parodie d’un homosexuel qui ausculte et commente, de manière insolente, les taches rouges et cette horrible couleur mauve qui distingue le drapeau républicain du nationaliste.

"La République va chez le docteur"

Analyse du dernier numéro de la 2de représentation face aux militaires fascistes (suite)

Paulino auscultant la République inquiète incarnée par Carmela.(Cliquer sur l'image pour l'agrandir.)

Paulino abandonne ici ses convictions personnelles pour sauver, ironiquement, Carmela, Gustavete et lui-même. La lumière clignotante du projecteur vient, au contraire, renforcer l’indécision de Carmela quant à sa participation dans ce « rôle » ; une indécision grandissante qui se lit sur son visage, mais également perceptible dans son regard et dans sa façon de serrer ses mains. Cette scène précède la mort symbolique de Carmela. Métaphoriquement, Carmela représente les républicains, la République puisqu’elle en revêt le drapeau. Sa mort symbolise la déroute de l’armée républicaine à la fin de la Guerre Civile. Par ailleurs, sa mort affecte profondément Gustavete et change un des aspects de son personnage : après une vie de silence, sans liberté d’expression, Gustavete, en voyant Carmela tomber sur scène, retrouve finalement la voix pour protester et maintenir l’éthique républicaine.

Document réalisé par Véronique SEBIA, professeure d'espagnol au collège Mont-Miroir (MAICHE, Académie de Besançon).